Présidentielle: La campagne à l'heure des droits des femmes

La campagne présidentielle a été placée mardi sous le signe des droits des femmes, les quatre principaux candidats de gauche se joignant à la manifestation parisienne à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes (Photo, AFP).
La campagne présidentielle a été placée mardi sous le signe des droits des femmes, les quatre principaux candidats de gauche se joignant à la manifestation parisienne à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

Présidentielle: La campagne à l'heure des droits des femmes

  • L'écologiste Yannick Jadot et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon ont profité du défilé pour évoquer longuement leurs propositions à 33 jours du premier tour
  • La socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel n'ont pour leur part fait que de brefs passages

PARIS: Congés parentaux, lutte contre les féminicides, égalité salariale: la campagne présidentielle a été placée mardi sous le signe des droits des femmes, les quatre principaux candidats de gauche se joignant à la manifestation parisienne à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes.

L'écologiste Yannick Jadot et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon ont profité du défilé pour évoquer longuement leurs propositions à 33 jours du premier tour. La socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel n'ont pour leur part fait que de brefs passages.

"On est là pour dire à quel point la cause des femmes sera une priorité du prochain quinquennat", a déclaré Yannick Jadot à la presse. Le candidat écologiste a proposé un congé parental de 16 semaines, dont huit obligatoires pour les deux parents mais aussi l'égalité des salaires dans l'entreprise et l'inscription de "l'IVG dans la Constitution". 

Sans oublier, "le fameux milliard d'euros qui permettra de sortir de l'impunité sur les violences faites au femmes" également proposé par Anne Hidalgo.

A droite et à l'extrême droite, Valérie Pécresse propose des "plans de rattrapage" en entreprise pour atteindre l'égalité salariale. Marine Le Pen veut l'inscription des "harceleurs de rue" au fichier des délinquants sexuels.

«Passer en force»

"La question des féminicides, c'est tout de même un casse-tête", a aussi insisté M. Mélenchon.Concernant l'égalité salariale, il propose de "passer en force" et d'augmenter "de 10%" dans les entreprises non respectueuses de la loi sur l'égalité.

Sur les 12 candidats engagés dans la course à l’Élysée, un tiers sont des femmes: Marine Le Pen (RN), Anne Hidalgo (PS), Valérie Pécresse (LR, également première femme à être désignée candidate du principal parti de droite) et Nathalie Arthaud (LO). Une proportion identique aux scrutins de 2002 et 2007. 

Témoignages contre Zemmour

Pour le candidat d'extrême droite Éric Zemmour la journée a mal débuté, avec la publication par Mediapart de témoignages de huit femmes l'accusant de comportements inappropriés et d'agressions sexuelles pour des faits présumés allant de 1999 à 2019.

"Mediapart veut faire un coup le jour de la journée de la femme en recyclant des témoignages déjà sortis l'an dernier. Minable à cinq semaines du premier tour", a immédiatement réagi son entourage.  Aucune plainte n'a été annoncée contre lui.

Mardi soir à Paris, lors d'un meeting avec ses supportrices, il a tenu à se poser en "défenseur des femmes" et de leur sécurité face aux "caïds" et aux "racailles". 

La veille, Éric Zemmour avait prôné sur LCI "un équilibre" entre les "valeurs" de chaque sexe, arguant que "quand il y a un excès de valeurs féminines, c’est-à-dire la paix (…) il y a une faiblesse de la société par rapport à des sociétés qui resteraient plus viriles et qui pourraient les agresser". Pour lui, pas besoin d'agir sur l'inégalité salariale, qui selon lui, est de "5%" et va se résorber.

Le candidat Emmanuel Macron a souligné dès lundi vouloir faire "encore" de l'égalité femmes-hommes la "grande cause" de son quinquennat s'il était réélu. Il propose le "triplement du montant de l'amende des délits d'outrages sexistes" ou la "création d'un fichier des auteurs de violences conjugales".

Patrimoine 

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a par ailleurs dévoilé les déclarations des biens et participations des candidats à l’Élysée: environ un demi-million d'euros de patrimoine pour Emmanuel Macron, quelque 1,2 million pour Marine Le Pen, 4,2 pour Eric Zemmour ou encore 9,7 pour Valérie Pécresse.

Outre les quatre premiers candidats dans les sondages, les suivants ont déclaré près d'1,4 million pour Jean-Luc Mélenchon, 412 000 pour Yannick Jadot, 220 000 pour Fabien Roussel, 575 000 pour Anne Hidalgo, quelque deux millions d'euros pour Nicolas Dupont-Aignan, environ 630 000 euros pour Jean Lassalle, 219 000 pour Nathalie Arthaud et enfin 122 000 euros pour Philippe Poutou. 

Du côté de l'extrême droite, Marion Maréchal, qui a rallié dimanche Eric Zemmour, a affirmé sur BFMTV qu'elle voterait "sans hésitation" pour Marine Le Pen si celle-ci parvenait au second tour face à Emmanuel Macron, mais a défendu la capacité de son candidat à "affaiblir le cordon sanitaire" entre la droite et l'extrême droite.

"A terme, l'idée sera de devoir se rassembler notamment dans la construction d’une future majorité présidentielle" aux élections législatives en juin, a fait valoir la nouvelle recrue.

Selon un sondage Elabe publié vendredi soir, Emmanuel Macron atteint 33.5% (+8.5 en une semaine) des intentions de vote exprimées, Mme Le Pen conserve une avance sur les autres prétendants au second tour (15%, -2), M. Mélenchon (13%, +0.5) dépasse M. Zemmour en baisse (11%, -3) et distance Valérie Pécresse (10.5%, -1.5). Anne Hidalgo est à 1,5%, derrière Fabien Roussel (3,5%). 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.