La France n'est plus l'ennemie de la finance et des grandes fortunes

Le jeune ministre français Olivier Dussopt, délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics,  lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale (Alain Jocard/AFP)
Le jeune ministre français Olivier Dussopt, délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics, lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale (Alain Jocard/AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 09 octobre 2020

La France n'est plus l'ennemie de la finance et des grandes fortunes

  • La France est-elle devenue un pays où la fiscalité est désormais favorable aux plus riches
  • La banque suisse UBS a ainsi révélé mercredi que la fortune des milliardaires français atteint 443 milliards de dollars et a quintuplé en dix ans

PARIS : Longtemps perçue comme un matraqueur fiscal des hauts revenus, la France est en réalité un pays où la fiscalité est désormais favorable aux plus riches, via une politique défendue par un gouvernement soucieux de retenir et d'attirer les investisseurs. 

Plusieurs études sont venues documenter cette évolution cette semaine. La banque suisse UBS a ainsi révélé mercredi que la fortune des milliardaires français atteint 443 milliards de dollars et a quintuplé en dix ans (+439% par rapport à 2009). Seule la Chine fait mieux en termes d'accroissement des richesses. 

Un rapport qui tranche avec l'avertissement de la Banque mondiale, pour qui la crise sanitaire devrait faire basculer près de 10% de la population mondiale dans l'extrême pauvreté en 2020. En France, le Secours populaire craint aussi un appauvrissement sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Pour Gabriel Zucman, professeur d'économie à Berkeley, trois facteurs expliquent la "prospérité" des très grandes fortunes françaises: une "fiscalité favorable", une "bonne entente avec les milieux politiques" et la "spécialisation dans les secteurs à très forte marge qui ont bénéficié de la mondialisation, comme le luxe" par exemple, résume pour l'AFP ce spécialiste des inégalités.

"Il y a aussi des effets de valorisation boursière", complète Jacques Le Cacheux, professeur d'économie à Pau et à Sciences Po Paris. "Les grosses fortunes ont les reins plus solides, donc ils ne vendent pas lorsque les cours sont bas et au contraire ils peuvent se permettre d'acheter et s'enrichissent lorsque les cours boursiers remontent", explique-t-il à l'AFP.

A cela s'ajoutent les stratégies d'optimisation fiscale. "Si on se concentre sur les 0,5% les plus fortunés, ils ont un taux d'imposition inférieur à la tranche juste en dessous car ils ont les moyens de manipuler leur base fiscale pour limiter leurs impôts", explique Jonathan Goupille, chercheur en économie au CNRS.

Effets des réformes fiscales

Pensée pour stimuler l'investissement dans l'économie réelle, la réforme emblématique du président Emmanuel Macron, qui a transformé l'impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI), a eu pour effet de "beaucoup alléger la fiscalité des très très riches, qui n'ont pas forcément beaucoup de biens immobiliers dans leur patrimoine", constate Jacques Le Cacheux. 

Une autre réforme fiscale a encouragé le versement de dividendes. Avant 2018, ils étaient imposés, comme les autres revenus, selon un barème progressif allant jusqu'à 45%. Avec l'instauration d'une taxe forfaitaire de 30% sur les revenus du capital (dite "flat tax"), percevoir des dividendes est devenu plus intéressant sur le plan fiscal. 

Résultat, en un an, les versements aux actionnaires ont augmenté de 9 milliards pour atteindre 23,2 milliards en 2018, dont les deux tiers versés à seulement 0,1% des foyers fiscaux, selon un rapport publié jeudi par France Stratégie, un organisme rattaché aux services du Premier ministre.

Pour Jonathan Goupille, un ancien élève de l'économiste Thomas Piketty, "si les réformes de François Hollande avaient permis d'obtenir une progressivité fiscale", celles d’Emmanuel Macron ont "réintroduit une régressivité fiscale et les individus les plus fortunés payent moins d’impôts (en pourcentage de leur revenus) que la classe moyenne supérieure. Dans les années à venir, cela va avoir un impact sur le concentration de patrimoine" et donc sur l'accroissement des inégalités. 

Toutefois, cette politique a permis de limiter l'exil fiscal. "En 2017, dans un contexte où le candidat puis président élu (Emmanuel Macron) annonce qu'il supprimera l'ISF pour le remplacer par l'IFI, le nombre de départs chute nettement, à 380", constate France Stratégie. De 2002 à 2007, environ 900 foyers redevables de l'ISF quittaient la France chaque année. 

Cette politique fiscale a-t-elle aussi des effets sur l'investissement ?

Pour France Stratégie, il est trop tôt pour tirer des conclusions.

L'augmentation des dividendes versés est liée à des "comportements d'optimisation fiscale" mais "ce n'est pas de la création de richesse", a fustigé en revanche Thomas Piketty sur la radio France Inter vendredi. 

Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt défend pour sa part la politique fiscale. Il assurait jeudi sur l'antenne de FranceInfo que la France est "devenue le premier pays en termes d'attractivité pour les investisseurs étrangers", et que le gouvernement "travaille aussi pour faire revenir des contribuables de l'étranger vers la France". (AFP)


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
Short Url
  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
Short Url
  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Short Url
  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com