Ukraine: Zelensky veut des avions de combat «au plus vite», la Russie au bord du défaut de paiement

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo, AFP / Présidence ukrainienne)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo, AFP / Présidence ukrainienne)
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

Ukraine: Zelensky veut des avions de combat «au plus vite», la Russie au bord du défaut de paiement

  • «Prenez une décision au plus vite, envoyez nous des avions!», a lancé M. Zelensky aux Occidentaux dans une nouvelle vidéo mercredi sur sa chaîne Telegram
  • Il a remercié Varsovie pour avoir proposé d'envoyer des Mig-29 à l'Ukraine et regretté qu'«aucune décision» «n'ait (encore) été prise»

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mercredi les Occidentaux à lui envoyer "au plus vite" des avions de chasse, à commencer par les Mig-29 proposés par Varsovie malgré une mise en garde du Kremlin, au 14e jour de l'invasion russe et alors que les sanctions ont amené Moscou au bord du défaut de paiement.

"Prenez une décision au plus vite, envoyez nous des avions!", a lancé M. Zelensky aux Occidentaux dans une nouvelle vidéo mercredi sur sa chaîne Telegram. Il a remercié Varsovie pour avoir proposé d'envoyer des Mig-29 à l'Ukraine et regretté qu'"aucune décision" "n'ait (encore) été prise".

La Pologne a pris les Américains par surprise mardi en se disant "prête à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne) et à les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis", pour que ces derniers les livrent à l'Ukraine.

Washington, qui craint un élargissement du conflit car la Russie a prévenu qu'elle considérerait l'envoi de tels avions par un pays tiers comme une implication directe dans la guerre en Ukraine, a rejeté sèchement la proposition.

"Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable", a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby.

"C'est un scénario très indésirable et potentiellement dangereux", a répété le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

La vice-présidente américaine Kamala Harris, qui sera en Pologne mercredi, doit cependant discuter avec les dirigeants polonais de la manière de fournir une "assistance militaire" à l'Ukraine, selon des responsables de l'administration américaine, qui ont requis l'anonymat.

«Certains progrès»

Ces débats sur les avions de combat interviennent au moment où la tension semblait baisser légèrement sur le terrain: la Russie et l'Ukraine se sont entendus mercredi sur des cessez-le-feu pour permettre la mise en place de plusieurs couloirs humanitaires autour de zones durement frappées par les combats ces derniers jours, qui ont obligé les civils à rester parfois des jours cachés dans des caves. 

"Certains progrès ont été réalisés" dans les négociations destinées à "mettre fin dès que possible à l'effusion de sang insensée et à la résistance des forces armées ukrainiennes", a ainsi déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Elle a aussi assuré que la Russie ne cherchait pas à "renverser le gouvernement" ukrainien, contrairement à ce qu'ont affirmé des responsables russes depuis deux semaines.

Des couloirs ont notamment été définis entre Russes et Ukrainiens pour évacuer dans la journée les civils depuis Energodar vers Zaporojie (sud), de Izioum à Lozova (est) et de Soumy à Poltava (nord-est), où un corridor avait déjà permis l'évacuation de milliers de civils mardi. Plusieurs couloirs sont également prévus pour évacuer, vers Kiev, les civils depuis plusieurs villes situées à l'ouest de la capitale, dont Boutcha, Irpin et Gostomel.

Selon M. Zelensky, un peu plus de 5 000 personnes ont déjà pu être évacuées de Soumy mardi et 18 000 aux alentours de Kiev.

Toujours plus de réfugiés

Le nombre de réfugiés qui ont fui l'Ukraine depuis l'invasion par l'armée russe le 24 février augmente de jour en jour, et est désormais estimé entre "2,1 et 2,2 millions de personnes", a déclaré mercredi le Haut commissaire aux réfugiés Filippo Grandi lors d'une conférence de presse à Stockholm.

Mardi soir, plusieurs villes ont encore été la cible d'attaques russes. A Severodonetsk, dans l'est du pays, 10 personnes sont mortes dans des bombardements sur des habitations, selon le responsable de la région administrative de Lougansk. Et dans la région de Jytomyr, à l'ouest de Kiev, neuf personnes sont mortes dans des frappes aériennes. 

Dans la capitale, les sirènes ont retenti quatre fois dans la nuit. Mercredi matin, les musiciens de l'Orchestre symphonique de Kiev, dirigés par le chef d'orchestre Guerman Makarenko, ont donné un concert sur la place Maïdan, retransmis en direct à la télévision publique. 

Alors que la neige commençait à tomber, ils ont joué l'hymne ukrainien et l'Ode à la Joie de Beethoven, l'hymne européen, selon un journaliste de l'AFP.

Inquiétude sur Tchernobyl

Au nord, à la frontière ukraino-bélarusse, l'inquiétude montait à nouveau sur la situation à la centrale de Tchernobyl. L'opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé mercredi que l'alimentation électrique de la centrale et de ses équipements de sécurité avait été "complètement" coupée, en raison d'actions militaires russes.

La veille, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait indiqué que les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale avaient cessé de lui transmettre des données. 

Le site de Tchernobyl, où eut lieu la plus grave catastrophe nucléaire civile en 1986, et situé depuis dans une zone d'exclusion, comprend des réacteurs déclassés et des installations de déchets radioactifs.

Les Etats-Unis ont par ailleurs dit redouter que les forces russes puissent "prendre le contrôle" des structures de "recherche biologique" en Ukraine et s'emparer de matériaux sensibles.

«Guerre économique»

En Russie, les sanctions occidentales font de plus en plus sentir leurs effets. 

Le Kremlin a dénoncé mercredi la "guerre économique" déclarée par les Etats-Unis à la Russie, à la suite de l'annonce par Washington d'un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz, en supplément des autres sanctions.

Dans la foulée, le Royaume-Uni a aussi indiqué qu'il cesserait d'ici à la fin de l'année ses achats de brut et de produits pétroliers russes.

Le président Zelensky a chaleureusement remercié son homologue américain pour ce "signal d'une puissance maximale adressé au monde entier".

Il a appelé l'Union européenne à suivre cet exemple en adoptant des "mesures dures, des sanctions contre la Russie pour sa guerre", mais sans appeler directement à un embargo européen sur le pétrole ou le gaz.

Les Européens, beaucoup plus dépendants que les Américains du brut russe, refusent pour l'instant d'aller aussi loin, alors que la guerre fait déjà flamber les prix des hydrocarbures.

La crise énergétique actuelle est "comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973", a affirmé mercredi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.

La présidence française de l'UE a néanmoins annoncé mercredi matin de nouvelles sanctions européennes contre Moscou et Minsk. Les Vingt-sept ont notamment ajouté trois banques bélarusses aux grandes banques russes déjà débranchées de la plateforme financière internationale Swift, et ajouté 14 oligarques et 146 sénateurs russes à leur liste de personnes visées par des sanctions. 

Depuis des jours, la liste d'entreprises occidentales - notamment de grands groupes de consommation comme McDonald's ou Coca-Cola - coupant ou suspendant tout ou partie de leurs activités et de leurs liens avec la Russie s'allonge, ajoutant aux licenciements.

La Banque centrale russe a annoncé une nouvelle mesure de défense de son économie, avec une suspension des ventes des devises étrangères jusqu'au 9 septembre.

Pourparlers jeudi en Turquie

De son côté, l'agence de notation Fitch a de nouveau abaissé mardi la note qu'elle accorde à la dette de la Russie, une décision signifiant que le risque d'un défaut souverain est à ses yeux "imminent".

Un défaut de paiement de Moscou serait une première depuis la grande crise financière de 1998.

Autre effet des sanctions: selon le quotidien russe Kommersant, Moscou pourrait bientôt manquer de médicaments, notamment d'insuline outre autres produits fabriqués à l'étranger.

Jeudi, la diplomatie tentera de reprendre ses droits, avec une rencontre annoncée en Turquie des ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, ukrainien Dmytro Kuleba, avec leur homologue turc Mevlüt Cavusoglu comme médiateur.

Le président Zelensky a suggéré, dans un entretien à la chaîne américaine ABC, ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l'invasion.

Il s'est aussi dit prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance.


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
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  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.


Sénégal: la prise du pouvoir approche pour l'opposant antisystème Diomaye Faye

Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
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  • L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%)
  • Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable

DAKAR: L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye pourrait être proclamé définitivement vainqueur de la présidentielle d'ici à la fin de la semaine, parachevant une ascension extraordinaire et express jusqu'au sommet de l'Etat.

Après des semaines de crise qui ont fait craindre un report de l'élection jusqu'à décembre ou une vacance du pouvoir, l'appareil s'emploie à rétablir à marche forcée la norme de transition réglée qui caractérise le pays et à rendre possible une passation conforme à la tradition entre le sortant Macky Sall et son successeur d'ici à la semaine prochaine.

L'organe chargé de proclamer les résultats finaux provisoires les a rendus publics mercredi alors qu'il avait jusqu'à vendredi pour le faire. L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%).

Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable.

Les candidats ont 72 heures pour saisir le Conseil, dit la Constitution. Mais le Conseil a décidé lui aussi de réduire les délais, probablement pour faire en sorte qu'une passation ait lieu avant le 2 avril, date officielle de fin du mandat de M. Sall.

Le Conseil a donné à tout contestataire jusqu'à jeudi minuit (vendredi 00H00 GMT) pour se manifester.

Il a invoqué "les circonstances exceptionnelles" ayant entraîné "la compression de tous les délais". Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars.

L'ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d'une passation avant l'expiration de son mandat.

Un transfert dans les temps importe dans un pays qui s'enorgueillit de ses pratiques démocratiques et qui est considéré comme l'un des plus stables en Afrique de l'Ouest secouée par les coups d'Etat.

En l'absence de contestation, "le Conseil proclame immédiatement les résultats définitifs du scrutin", dit la Constitution. En cas de recours, le Conseil a, théoriquement, cinq jours pour statuer.

Les adversaires de M. Faye ont reconnu sa victoire et aucun n'a jusqu'alors exprimé publiquement l'intention de soulever d'objection. Les résultats provisoires paraissent rendre la victoire de M. Faye irréfutable tout en confirmant la magnitude de ce qui s'apparente à un séisme politique.

«Dernier» Conseil 

Bassirou Diomaye Faye est le premier opposant à l'emporter dès le premier tour depuis l'Indépendance en 1960.

Jamais porté à une fonction élective nationale auparavant, il devrait devenir à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays de 18 millions d'habitants.

Son avènement pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il se présente comme l'homme de la "rupture" avec douze années de présidence Sall, du rétablissement d'une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger, et d'un "panafricanisme de gauche". Il fait voeu de combattre la corruption et l'injustice.

Face à l'éventualité d'une vacance de pouvoir, le président Sall a dit plusieurs fois qu'il serait parti le 2 avril, même si le Conseil constitutionnel a laissé la porte ouverte à une prolongation si nécessaire.

Le Conseil des ministres qu'il a présidé mercredi était le "dernier", selon le communiqué de ses services. Il a demandé au gouvernement de "prendre toutes les dispositions requises" pour préparer les dossiers de passation, en vue de "l’installation dans les meilleures conditions" du nouveau président, dit le communiqué.

Les trois dernières années de la présidence Sall ont été marquées par les retombées des crises globales, un farouche bras de fer avec l'opposition antisystème et les troubles intérieurs.

Le Sénégal a connu un nouvel accès de fièvre en février quand M. Sall a décrété l'ajournement de l'élection. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, et les lettres de créance démocratiques du Sénégal ont été examinées sous un autre jour.

M. Faye a lui-même été détenu des mois avant sa libération en pleine campagne électorale mi-mars.

Il a énoncé "la réconciliation nationale", la "refondation" des institutions et "l'allègement sensible du coût de la vie" comme ses "chantiers prioritaires". Il a pris soin de rassurer à l'étranger, attentif à ses promesses de reconsidérer ou renégocier les partenariats existants. Le Sénégal "restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive", a-t-il dit.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.