Corée du Sud: le conservateur Yoon Suek-yeol élu président

«Ceci est la victoire du grand peuple sud-coréen», a lancé Yoon Suk-yeol devant ses partisans en liesse, rassemblés à l'aube à l'Assemblée nationale. (Photo, AFP)
«Ceci est la victoire du grand peuple sud-coréen», a lancé Yoon Suk-yeol devant ses partisans en liesse, rassemblés à l'aube à l'Assemblée nationale. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 10 mars 2022

Corée du Sud: le conservateur Yoon Suek-yeol élu président

«Ceci est la victoire du grand peuple sud-coréen», a lancé Yoon Suk-yeol devant ses partisans en liesse, rassemblés à l'aube dans l'Assemblée nationale. (Photo, AFP)
  • Yoon Suk-yeol succèdera pour cinq ans en mai au président sortant Moon Jae-in, qui ne pouvait se représenter
  • Le candidat de gauche, Lee Jae-myung, a reconnu sa défaite

SÉOUL: Le conservateur Yoon Suk-yeol, un ancien procureur général novice en politique, a été élu jeudi président de Corée du Sud, battant de justesse le candidat du parti de centre-gauche au pouvoir au terme d'une élection polarisée à l'extrême. 

M. Yoon, le candidat du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la principale formation de l'opposition de droite, l'a emporté avec 48,59% des voix contre 47,79% pour son rival du Parti démocratique Lee Jae-myung, selon des résultats portant sur 98% des suffrages publiés par l'agence de presse Yonhap. L'élection présidentielle sud-coréenne ne comporte qu'un seul tour. 

« Ceci est la victoire du grand peuple sud-coréen », a lancé M. Yoon devant ses partisans en liesse, rassemblés à l'aube dans l'Assemblée nationale. 

La victoire sur le fil de M. Yoon, 61 ans, marque un retour en grâce spectaculaire pour le PPP, durement affecté en 2017 par la destitution puis l'incarcération pour abus de pouvoir de la présidente Park Gung-hye, qui appartenait à cette formation. 

Paradoxalement, M. Yoon, alors procureur à Séoul, avait joué un rôle-clé dans l'enquête qui avait abouti à la chute de Mme Park. 

Selon les analystes, le résultat de la présidentielle de mercredi pourrait relancer ce que les médias ont « baptisé le »cycle de la vengeance », une caractéristique de l'extrême polarisation de la vie politique dans ce pays de 52 millions d'habitants: tous les ex-présidents sud-coréens encore en vie ont fait de la prison pour corruption au terme de leur mandat. 

Yoon Suk-yeol succèdera pour cinq ans en mai au président sortant Moon Jae-in, qui ne pouvait se représenter. Il a promis d'ordonner une enquête sur son prédécesseur -qui l'avait nommé procureur général au début de son mandat- sans préciser pour quels motifs. 

Le candidat de gauche, Lee Jae-myung, a reconnu sa défaite. 

« J'ai fait de mon mieux, mais je n'ai pas été à la hauteur des attentes », a déclaré M. Lee à ses partisans du Parti démocratique. « Ce n'est ni votre défaite, ni celle du Parti démocratique. Toute la responsabilité retombe exclusivement sur moi », a-t-il ajouté. 

« Election entre perdants »  

Le taux de participation à l'élection de mercredi s'est élevé à 77,1%, confirmant le vif intérêt des électeurs malgré une campagne marquée par les scandales, les agressions verbales et la pauvreté du débat d'idées entre les deux favoris aussi impopulaires l'un que l'autre. Les médias sud-coréens avaient surnommé ce scrutin « l'élection entre perdants ». 

Cette forte participation intervient alors même que la Corée du Sud est frappée de plein fouet par la pandémie, avec plus de 340 000 nouveaux cas de Covid-19 recensés mercredi et plus d'un million de malades en isolement chez eux. La loi électorale avait été aménagée pour que les malades de Covid puissent voter séparément pendant 90 minutes après la clôture du scrutin pour le reste de la population. 

Si l'on en croit les sondages publiés à la sortie des urnes, le résultat reflète un net clivage entre les sexes chez les électeurs âgés de moins de 30 ans, résultat d'une campagne marquée par des déclarations jugées sexistes de M. Yoon. Dans cette tranche d'âge, 58,7% des hommes ont voté pour le candidat de droite et seulement 36,3% pour M. Lee. A l'inverse, les femmes du même âge ont voté à 58% pour M. Lee et seulement à 33,8% pour M. Yoon. 

La proposition de M. Yoon qui a le plus retenu l'attention vise à supprimer le ministère de l'Egalité hommes-femmes, au motif que, malgré les données prouvant le contraire, les Sud-Coréennes ne souffrent pas de « discrimination systémique entre les sexes », selon lui. 

M. Yoon, complètement novice en politique, avait été choisi en juin pour représenter le Parti du pouvoir au peuple (PPP), la principale formation d'opposition de droite. Il a fait campagne en proposant un assouplissement du droit du travail, visant notamment le salaire minimum et le temps de travail maximum. Il prône également la fermeté à l'égard de la Corée du Nord. 

Son rival Lee Jae-myung, un ancien ouvrier et ex-gouverneur de la province la plus peuplée du pays, avait proposé des mesures originales, notamment un revenu universel minimum. Mais il était dans le collimateur pour une opération foncière suspecte et de nombreuses gaffes. 

 


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"