Deux ans après la déclaration de pandémie, la frustration de l'OMS

Ce n'est que le 11 mars 2020 que de nombreux pays ont semblé prendre réellement conscience du danger. Un retard à l'allumage qui irrite toujours l'OMS. (Photo, AFP)
Ce n'est que le 11 mars 2020 que de nombreux pays ont semblé prendre réellement conscience du danger. Un retard à l'allumage qui irrite toujours l'OMS. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Deux ans après la déclaration de pandémie, la frustration de l'OMS

  • Deux ans après, la pandémie a fait officiellement plus de 6 millions de morts, voire 18 selon une étude publié vendredi par la revue The Lancet
  • L'OMS a été d'autant plus agacée par le manque de réaction des Etats qu'elle a elle-même été accusée dès le début d'avoir mal géré la crise

GENÈVE : Il y a deux ans jour pour jour, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifiait pour la première fois l'épidémie de la Covid-19 de "pandémie", poussant les Etats à agir.

Ce mot n'existe pas dans la classification de l'OMS pour définir les stades épidémiques, mais son utilisation avait suscité une véritable prise de conscience sur les dangers du nouveau coronavirus. Et la planète s'était confinée.

Deux ans après, la pandémie a fait officiellement plus de 6 millions de morts, voire 18 selon une étude publié vendredi par la revue The Lancet, et l'OMS assure toujours et encore avoir lancé la véritable alerte six semaines plus tôt, mais déplore que peu de gens aient alors pris la peine de l'écouter.

C'est en effet le 30 janvier 2020 que l'agence sanitaire des Nations unies a déclaré la situation d'"urgence de santé publique de portée internationale" (PHEIC). Le coronavirus n'avait fait aucun décès en dehors de la Chine, et moins de 100 infections avaient été signalées toujours en dehors du géant asiatique où ont été enregistrés les premiers cas fin 2019.

Mais la formule, bien qu'elle soit le plus haut niveau d'alerte possible prévu par le Règlement sanitaire international de l'OMS, était trop technique pour le grand public. Sans compter que l'acronyme anglais PHEIC a la même prononciation que le mot anglais "fake", comme dans "fake news" (fausses nouvelles).

Ce n'est que le 11 mars 2020 que de nombreux pays ont semblé prendre réellement conscience du danger. Un retard à l'allumage qui irrite toujours l'OMS.

"Le monde était obsédé par le mot de pandémie", a souligné le directeur des urgences de l'OMS, Michael Ryan.

A ses yeux, "l'alerte lancée en janvier était bien plus importante que l'annonce de mars". 

"Voulez-vous que l'alerte vous dise que vous venez de vous noyer, ou préférez-vous que l'alerte vous dise que le déluge arrive?", a-t-il lancé, lors d'une session de questions/réponses sur les réseaux sociaux jeudi.

"Les gens n'écoutaient pas. Nous tirions la sonnette d'alarme et les gens ne réagissaient pas", a-t-il déclaré.

«Voilà votre pandémie!»

L'OMS a été d'autant plus agacée par le manque de réaction des Etats qu'elle a elle-même été accusée dès le début d'avoir mal géré la crise.

Certains lui ont reproché d'avoir tardé à reconnaître que la transmission du virus entre humains était possible, mais c'est sur ses réticences à déclarer l'alerte sanitaire puis la pandémie que les principales critiques se fondent.

"Beaucoup de gens dans les médias et partout font valoir cet argument de taille, à savoir que l'OMS aurait déclaré la pandémie trop tardivement. C'est faux!" a insisté M. Ryan.

Pour lui, "le monde avait bien été averti de l'imminence de la pandémie". 

Le 11 mars 2020, "nous étions tellement frustrés que nous avons dit: OK, vous voulez une pandémie, voilà votre pandémie".

À cette date, le coronavirus avait déjà pris pied dans de nombreux pays en dehors de la Chine, en particulier en Italie et en Iran, avec au total plus de 118 000 cas signalés dans 114 pays et près de 4 300 décès.

Le 9 mars, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus avait déjà averti que "la menace d'une pandémie est devenue très réelle".

Deux jours après, le chef de l'OMS qualifia la situation de "pandémie" lors d'une conférence de presse retransmise en ligne. Un terme qu'il martela 10 fois.

Et d'alerter: "Nous sommes profondément préoccupés tant par les niveaux alarmants de propagation et de gravité que par les niveaux alarmants d'inaction" dans le monde.

"Nous avons donc estimé que la Covid-19 peut être qualifié de pandémie", avait-il dit.

Deux ans plus tard, Maria Van Kerkhove, en charge de la lutte contre la Covid-19 à l'OMS, ne cache pas sa frustration face à l'erreur manifeste d'appréciation de la situation par les pays.

"Cela va se reproduire! Quand allons-nous vraiment apprendre?" a-t-elle lancé, lors de la session sur les réseaux sociaux.


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.


Washington condamne les violences contre les Druzes en Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
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  • Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, de Bachar al-Assadr
  • Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont condamné jeudi les violences contre la communauté druze en Syrie, parlant d'actes "répréhensibles et inacceptables".

"Les violences récentes et la rhétorique incendiaire visant les membres de la communauté druze en Syrie sont répréhensibles et inacceptables", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué.

"Les autorités intérimaires doivent faire cesser les combats, tenir les auteurs de violences et de dommages aux civils responsables de leurs actes et assurer la sécurité de tous les Syriens", a-t-elle ajouté.

Le plus influent chef religieux druze en Syrie s'en est pris au pouvoir du président Ahmad al-Chareh jeudi, dénonçant une "campagne génocidaire" contre sa communauté, après que des affrontements confessionnels ont fait plus de 100 morts en début de semaine selon une ONG.

Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence.

Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, du dirigeant de longue date Bachar al-Assad.

La porte-parole du département d'Etat a confirmé que des représentants américains avaient rencontré la délégation syrienne à New York mardi.

Elle a indiqué que les Etats-Unis ont exhorté les autorités post-Assad à "choisir des politiques qui renforcent la stabilité", sans fournir d'évaluation sur les progrès accomplis.

 


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
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  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.