Hong Kong: les maisons de retraite frappées de plein fouet par le Covid-19

Des agents de santé traitent des patients dans une zone d'attente à côté du service des accidents et des urgences de l'hôpital Princess Margaret à Hong Kong. (AFP).
Des agents de santé traitent des patients dans une zone d'attente à côté du service des accidents et des urgences de l'hôpital Princess Margaret à Hong Kong. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 11 mars 2022

Hong Kong: les maisons de retraite frappées de plein fouet par le Covid-19

  • Les maisons de retraite sont devenus l'épicentre de l'épidémie, leurs pensionnaires représentant près de 60% des décès liés au coronavirus depuis janvier
  • Hong Kong a enregistré près de 3 000 décès cette année, en majorité des personnes âgées, réfractaires à la vaccination

HONG KONG: Kathleen Wong était heureuse d'avoir trouvé une place dans une maison de retraite pour sa mère de 89 ans. Mais son soulagement a tourné au cauchemar depuis que Hong Kong est submergé par une vague de Covid qui fait un grand nombre de victimes chez les personnes âgées, en grande partie non-vaccinées.

Ces établissements sont devenus l'épicentre de l'épidémie de coronavirus sans précédent qui frappe la ville, leurs pensionnaires représentant près de 60% des décès liés au coronavirus depuis janvier, quand le variant Omicron est apparu.

Hong Kong a enregistré près de 3.000 décès cette année, en majorité des personnes âgées, réfractaires à la vaccination.

"Je suis en permanence sur le qui-vive, redoutant un appel annonciateur de mauvaises nouvelles", explique Mme Wong à l'AFP.

Sa mère, qui souffre de troubles cognitifs et a besoin d'aide pour se nourrir, fait partie des près de 60.000 pensionnaires des maisons de retraite de la ville. Plus de 1.700 résidents sont décédés du Covid-19, et 22.070 ont été contaminés depuis le début de l'année.

Les hôpitaux hongkongais sont submergés: les corps s'entassent, les patients âgés attendent désespérément d'être pris en charge dans des salles de soins improvisées, voire en plein air.

Les maisons de retraite, sous-équipées et souffrant d'un manque cruel de personnel, font face avec leurs maigres moyens, explique Cheng Ching-fat, secrétaire général du syndicat des salariés de ces établissements.

Les résidents vivent, souvent alités, dans de minuscules chambres de 6,5 mètres carrés, séparées par des cloisons sommaires. 

«Les envoyer mourir»

Ces maisons "n'ont pas été conçues ou équipées pour (placer les gens) en quarantaine... nous sommes dans une impasse", déplore M. Cheng. "Contraindre les personnes âgées à retourner dans les maisons de retraite, c'est comme de les envoyer mourir".

Deux ans de stricte politique "zéro Covid" ont permis de contenir en grande partie le coronavirus à Hong Kong, jusqu'à l'arrivée d'Omicron début 2022.

En moins de trois mois, quelque 600.000 contaminations ont été enregistrées à Hong Kong, contre seulement 12.000 au cours des deux premières années de la pandémie. Selon une étude de l'Université de Hong Kong, le nombre total d'infections serait proche de 2 millions, soit plus d'un quart des habitants.

Hong Kong connaît actuellement un des taux de létalité les plus élevés du monde développé.

Pour le microbiologiste Siddharth Sridhar, cela n'a malheureusement rien de surprenant. Dans un tweet, il a évoqué un système de santé débordé, un faible taux de vaccination chez les personnes âgées et une très faible immunité collective dans un territoire jusqu'ici quasiment épargné par le virus. Trois facteurs qui ont "créé une tempête parfaite", selon lui.

David, gériatre auprès d'une soixantaine de maisons de retraite, estime que le faible nombre de décès du Covid-19 à Hong Kong au cours des deux premières années a contribué à un "faible niveau de vigilance" de la part des familles des personnes âgées.

Jusqu'à présent, moins de 50% des septuagénaires ont reçu deux doses de vaccin, et seulement 32% des plus de 80 ans. 

Selon lui, beaucoup ont hésité à se faire vacciner, la crainte des effets secondaires étant plus forte que celle d'une maladie quasiment inexistante pendant deux ans. Une crainte que les autorités n'ont rien fait pour apaiser.

"Beaucoup de proches nous ont dit que ce serait très dur pour eux si les personnes âgées souffraient d'effets secondaires et en mouraient", explique à l'AFP David, qui a demandé à témoigner sous pseudonyme.

Mercredi, la cheffe de l'exécutif, Carrie Lam, a annoncé que tous les résidents de maisons de retraite recevraient au moins une dose de vaccin d'ici deux semaines.

Mais pour le syndicaliste Cheng Ching-fat, cela arrive "trop tard" et "ils ne peuvent pas empêcher les personnes âgées de mourir".

Personnel épuisé 

A Gracious Alliance, une maison de retraite sur l'île de Hong Kong, en quinze jours, la moitié des 32 résidents et l'ensemble du personnel ont été contaminés, a affirmé sa directrice Rebecca Chau Tsang.  

Une grande pièce comprenant des toilettes a été utilisée pour placer en quarantaine les cas positifs et une autre pour les cas contacts.  

Mais cela a été "presque inutile "étant donné la forte transmissibilité d'Omicron, selon elle.  

Des membres du personnel souffrant de légers symptômes sont restés pour prêter main forte, un soignant a travaillé jusqu'à 20 heures par jour, "cela nous a tous épuisés".  

Mme Wong, dont la mère séjourne dans l'une des rares maisons de soins de Hong Kong encore épargnées par le Covid, affirme que "le problème vient du gouvernement qui n'a pas de solution et n'a pas été efficace". 

"Tout ce que nous pouvons faire, c'est nous asseoir et attendre, mais combien de temps les personnes âgées peuvent-elles tenir le coup?".


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
Short Url
  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Short Url
  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.