Pression de l'armée russe sur Kiev et l'est de l'Ukraine, appel américain à une diplomatie «sérieuse»

De la fumée s'élève au-dessus de la ville de Vasylkiv, près de Kiev, le 27 février 2022, après que des frappes russes (Photo, AFP).
De la fumée s'élève au-dessus de la ville de Vasylkiv, près de Kiev, le 27 février 2022, après que des frappes russes (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 12 mars 2022

Pression de l'armée russe sur Kiev et l'est de l'Ukraine, appel américain à une diplomatie «sérieuse»

  • La capitale ukrainienne ainsi que Marioupol, sur la mer d'Azov, sont les principales zones où les Russes concentrent toujours leurs efforts
  • Dans une vidéo Volodymyr Zelensky s'est tourné vers les mères de soldats russes, les exhortant à empêcher que leurs fils soient envoyés à la guerre

DNIPRO: Les forces russes augmentaient la pression vendredi sur Kiev et l'est de l'Ukraine, où la grande ville de Dnipro a à son tour été prise pour cible, les Etats-Unis déplorant que Vladimir Poutine ne s'engage pas dans "une diplomatie sérieuse". 

La capitale ukrainienne ainsi que Marioupol, sur la mer d'Azov, Kryvy Rig, Kremenchug, Nikopol et Zaporijie sont les principales zones où les Russes concentrent toujours leurs efforts, a déclaré l'armée ukrainienne dans un communiqué.

"Incapable d'obtenir un succès, l'ennemi continue ses attaques à l'aide de missiles et de bombes sur les villes situées profondément dans le territoire de l'Ukraine, Dnipro, Lutsk et Ivano-Frankivsk", a-t-elle ajouté.

Marioupol, un port stratégique assiégé depuis une douzaine de jours et constamment bombardé par les Russes, est dans une situation "quasi désespérée", a alerté l'ONG Médecins sans frontières (MSF): "Des centaines de milliers de personnes" y vivent sans eau, sans chauffage et, selon un bilan officiel, il y a déjà eu 1.582 morts.

Des corps y sont abandonnés dans les rues, une immense fosse commune a été creusée pour les autres. Ces derniers jours, on voyait des gens se battre pour de la nourriture.

Dans une vidéo diffusée samedi sur Telegram, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est tourné vers les mères de soldats russes, les exhortant à empêcher que leurs fils soient envoyés à la "guerre" en Ukraine.

"Je veux le dire encore une fois aux mères russes. Particulièrement, aux mères de conscrits. N'envoyez pas vos enfants à la guerre dans un pays étranger", a déclaré M. Zelensky.

Dnipro bombardée

Sur le terrain, la guerre a déjà poussé plus de 2,5 millions de personnes à se réfugier à l'étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacées en Ukraine même, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Jusqu'ici épargnée par la progression des soldats russes, Dnipro, une cité industrielle d'un million d'habitants arrosée par le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l'est en partie prorusse de l'Ukraine et le reste de son territoire, a été visée par des raids qui ont fait au moins un mort.

Pas de présence visible de soldats bélarusses en Ukraine, selon Washington

Les Etats-Unis n'ont constaté aucun signe qui montrerait la présence de militaires bélarusses en Ukraine, malgré le soutien que Minsk apporte à Moscou, a assuré vendredi le Pentagone.

"Nous n'avons vu aucun élément qui montrerait que des militaires ou des forces bélarusses sont entrés en Ukraine", a déclaré le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.

"Cela ne signifie pas que cela ne pourrait pas arriver", a-t-il tempéré

"Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d'enfants, un immeuble d'habitations et une usine de chaussures (...) où un incendie s'est ensuite déclaré", ont raconté les services d'urgence ukrainiens.

On pouvait voir sur des images vidéo des sapeurs-pompiers éteindre des flammes dans des ruines fumantes. Certains bâtiments n'étaient plus qu'un amas de poutres et de structures métalliques tordues.

Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv a été touché vendredi, mais aucune victime n'était cette fois à déplorer.

Dima Kassianov, un garçon de huit ans, a eu moins de chance: hospitalisé après avoir été blessé à la tête par un éclat du missile russe qui a détruit l'appartement où il vivait dans cette agglomération du nord-est, il est allongé, inconscient, sur un lit, un oeil recouvert d'un pansement.

"Cibler des civils, des hôpitaux, des écoles est inexcusable" et les auteurs de ces actes "devront rendre des comptes", a mis en garde vendredi l'ONU à l'occasion d'une réunion de son Conseil de sécurité.

Kiev se prépare

Quatre soldats ukrainiens ont par ailleurs été tués et six blessés dans le bombardement de l'aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest de l'Ukraine. Celui d'Ivano-Frankivsk, dans l'extrême ouest, a aussi été visé. 

Ces bases ont été "mises hors service", a affirmé le ministère russe de la Défense.

Des raids aériens nocturnes ont également eu lieu au-dessus des villes de Tchernihiv (nord) et de Soumy (nord-est).

A la morgue de Mykolaïv, une cité des bords de la mer Noire soumise au feu russe depuis des jours, les cadavres s'entassent à même le sol et dans la cour, a constaté l'AFP.

"Nous avons repoussé l'ennemi hors des limites de notre ville", a assuré le gouverneur de la région Vitaly Kim. 

Les Russes continuent parallèlement leur manœuvre d'encerclement de Kiev. Après avoir atteint ses faubourgs, ils cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de la capitale pour la "bloquer", a déclaré l'état-major ukrainien.

"Kiev est un symbole de la résistance" qui se prépare à une "défense acharnée", a proclamé dans une vidéo Mykhailo Podolyak, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Près de 20.000 personnes ont déjà évacuées mercredi et jeudi de la capitale et de ses environs, quelque 100.000 au total ces deux jours de l'ensemble des zones en proie aux combats en Ukraine.

La France va accueillir 2.500 Ukrainiens réfugiés en Moldavie

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a précisé dans un tweet, que cet accueil avait été décidé par le président Emmanuel Macron. "C'est la première grande opération de ce type", a commenté le ministère.

Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), 105.000 Ukrainiens se trouvaient le 10 mars en Moldavie, petit pays de 2,6 millions d'habitants, l'un des plus pauvres d'Europe.

Dans le sud occupé par les troupes de Moscou, le maire de Melitopol a été enlevé vendredi par des soldats russes.

"Il s'agit de toute évidence d'un signe de faiblesse des envahisseurs (...) Ils sont passés à un nouveau stade de terreur dans lequel ils essaient d'éliminer physiquement les représentants des autorités ukrainiennes locales légitimes", a souligné le président Zelensky.

Envoi de combattants «volontaires»

"L'ennemi n'a obtenu aucun succès significatif ces dernières 24 heures, il a été stoppé dans presque toute les directions par nos missiles, nos frappes aériennes et terrestres", a affirmé Oleksiy Arestovytch, un autre conseiller de M. Zelensky.  

Un ralentissement de la progression des soldats russes que constatent aussi des sources militaires occidentales, tandis que le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l'envoi de combattants "volontaires", notamment en provenance de Syrie.

"C'est une guerre avec un ennemi très têtu (...) qui a décidé d'embaucher des mercenaires contre nos citoyens. Des assassins de Syrie, d'un pays où tout a été détruit par les occupants, comme ils nous le font subir à nous", a réagi le chef de l'Etat ukrainien.

Le maître du Kremlin a de plus demandé à son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l'Otan en Europe orientale.

«Secteurs phares de l'économie russe»

Sur le front des sanctions, la pression s'intensifie aussi.

Tout en se disant soucieux d'éviter une "confrontation directe" entre l'Alliance atlantique et la Russie, car elle provoquerait "la Troisième Guerre mondiale", Joe Biden, de concert avec l'Union européenne, s'est montré vendredi désireux de mettre la Russie au ban du commerce international. 

YouTube étend au monde entier son blocage des médias proches du pouvoir russe

YouTube a annoncé vendredi que le blocage des médias financés par la Russie allait désormais s'appliquer dans le monde entier, et non plus seulement en Europe, une mesure supplémentaire visant à couper les ponts avec Moscou.

"Nos lignes directrices interdisent les contenus qui nient, minimisent ou banalisent des événements violents bien documentés et nous retirons les contenus sur l'invasion russe de l'Ukraine qui enfreignent ce règlement", a indiqué un porte-parole du site de partage de vidéos détenu par Google. 

Le président américain a en particulier décrété l'interdiction d'importations de "secteurs phares de l'économie russe" comme "les produits de la mer, la vodka et les diamants".

Dans la foulée, les Etats-Unis et l'UE ont banni les exportations en Russie des objets de luxe.

Le G7 a toutefois exhorté la communauté internationale à éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires. Le risque étant, a mis en garde l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), que huit à 13 millions de personnes supplémentaires souffrent de sous-nutrition dans le monde.

La vice-présidente américaine Kamala Harris, en visite en Roumanie, a regretté que le chef de l'Etat russe "ne montre aucun signe d'engagement dans une diplomatie sérieuse", son "comportement atroce et scandaleux" requérant d'"autres mesures".

"Si (le président russe Vladimir) Poutine intensifie les bombardements, fait le siège de Kiev (...), nous savons que nous devrons prendre encore des sanctions massives", a martelé le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une réunion près de Paris avec les autres dirigeants européens.


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.