Douze «missiles balistiques» tirés par l'Iran sur l'Irak à Erbil

Maison endommagé à la suite d'une attaque à Erbil, la capitale de la région autonome kurde du nord de l'Irak, le 13 mars 2022 (Photo, AFP).
Maison endommagé à la suite d'une attaque à Erbil, la capitale de la région autonome kurde du nord de l'Irak, le 13 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Douze «missiles balistiques» tirés par l'Iran sur l'Irak à Erbil

  • L'attaque a été menée avec «douze missiles balistiques tirés contre un quartier d'Erbil et qui visaient le consulat américain»
  • L'Irak partage sa longue frontière orientale avec l'Iran, qui exerce chez son voisin irakien un rôle incontournable sur le plan politique et économique

ERBIL: Douze "missiles balistiques" tirés "hors des frontières de l'Irak, et plus précisément de l'est", ont visé dimanche le consulat américain à Erbil, la capitale du Kurdistan d'Irak, sans faire de victime, ont affirmé les forces de sécurité kurdes.

L'Irak partage sa longue frontière orientale avec l'Iran, qui exerce chez son voisin irakien un rôle incontournable sur le plan politique et économique.

Mais en Irak, ce sont généralement des tirs de roquettes ou des drones piégés, jamais revendiqués et d'une ampleur moindre, qui visent les intérêts américains et les troupes de la coalition internationale antijihadistes. Washington accuse des factions irakiennes pro-Iran, qui réclament le départ des soldats américains.

Dimanche avant l'aube, un correspondant de l'AFP à Erbil, dans le nord de l'Irak, a entendu trois explosions.

L'attaque a été menée avec "douze missiles balistiques tirés contre un quartier d'Erbil et qui visaient le consulat américain", selon un communiqué de l'unité de lutte antiterroriste du Kurdistan.

"Les missiles ont été tirés hors des frontières de l'Irak et du Kurdistan, (venant) plus précisément de l'est" du pays. "Il n'y a pas de pertes humaines, que des dommages matériels", ajoute le communiqué.

De son côté, un porte-parole du département d'Etat américain a assuré qu'il n'y avait "ni dommage, ni victime dans aucune des installations du gouvernement américain".

La chaîne de télévision locale Kurdistan24, dont les studios se trouvent non loin de nouveaux locaux du consulat américain, a publié sur ses réseaux sociaux des images de ses bureaux endommagés, avec des pans effondrés du faux plafond et du verre brisé.

"Nous condamnons cette attaque terroriste lancée contre plusieurs secteurs d'Erbil, nous appelons les habitants à garder le calme", a indiqué dans un communiqué le Premier ministre du Kurdistan Masrour Barzani.

Paris «condamne avec la plus grande fermeté» l’attaque à Erbil

Paris a condamné "avec la plus grande fermeté" les tirs de missiles sur Erbil, dans le Kurdistan irakien, dans la nuit de samedi à dimanche, estimant qu'ils menaçaient la stabilité de toute la région.

Cette attaque "menace la stabilité de l'Irak et de la région", selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères, qui rappelle son "attachement à la souveraineté de l'Irak, ainsi qu'à sa stabilité et celle de la Région autonome du Kurdistan en son sein".

Tensions régionales

Les tirs contre Erbil interviennent près d'une semaine après la mort en Syrie de deux hauts gradés des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d'Iran, tués dans une attaque imputée à Israël.

"Le régime sioniste (Israël, NDLR) paiera pour ce crime", promettaient mardi les Gardiens dans un communiqué.

En janvier 2020, l'Iran avait tiré des missiles en Irak sur des bases abritant des soldats américains, en représailles à l'assassinat par Washington du général iranien Qassem Soleimani mené quelques jours plus tôt sur le territoire irakien.

En une demi-heure, 22 missiles sol-sol iraniens s'étaient ainsi abattus sur les bases de Aïn al-Assad (ouest) et Erbil (nord).

Les tensions régionales et les aléas géopolitiques se répercutent régulièrement sur l'actualité irakienne.

Le pays avait connu en début d'année une recrudescence d'attaques à la roquette ou aux drones armés. Téhéran et plusieurs groupes alliés dans la région commémoraient le deuxième anniversaire de la mort du général Soleimani et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, tués par un tir de drone américain.

Fin janvier, six roquettes ont été tirées sur l'aéroport international de Bagdad, sans faire de victimes. A Erbil, la dernière attaque du genre remonte à septembre, quand des "drones armés" ont visé l'aéroport.

L'attaque de dimanche intervient aussi au moment où les négociations sur le nucléaire iranien, sur le point d'aboutir, ont été brutalement suspendues, suite à de nouvelles exigences de Moscou.

Conclu par l'Iran d'un côté, et les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l'Allemagne de l'autre, ce pacte était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions qui asphyxient son économie.

Mais il s'est délité en 2018 après le retrait de Washington, décidé par Donald Trump, qui a rétabli ses mesures contre l'Iran. En réaction, l'Iran s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire. Les négociations avaient repris après l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.