De Damas à Mykolaïv, un médecin syrien rattrapé par la guerre

«Je ne pouvais pas y croire. Nous vivions calmement ici. Que font les Russes? De quoi essayent-ils de nous sauver? D'eux-mêmes?". (Photo, AFP)
«Je ne pouvais pas y croire. Nous vivions calmement ici. Que font les Russes? De quoi essayent-ils de nous sauver? D'eux-mêmes?". (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 13 mars 2022

De Damas à Mykolaïv, un médecin syrien rattrapé par la guerre

  • Le Dr Jari connaît la guerre ; son pays natal, la Syrie, est plongé dans l'abîme depuis onze ans
  • «La Syrie et l'Ukraine sont dans la même situation désormais», constate tristement le médecin

MYKOLAÏV : Le docteur Oussama Jari avait fui Damas pour trouver la paix avec son épouse ukrainienne à Mykolaïv, ville portuaire sur les bords de la mer Noire. La guerre et les bombes russes les ont rattrapés.

Le regard las derrière ses lunettes, le Dr Jari, vêtu d'une blouse incongrue imprimée de motifs nautiques – bateaux, gouvernails, bouées de sauvetage –, examine quelques patients. Ils ont tous passé la nuit dans le sous-sol de l'établissement, où des matelas ont été installés et des bidons d'eau stockés.

L'hôpital ophtalmologique est situé à Ingoulskyi, dans le nord-est de Mykolaïv, non loin de la ligne de front. Dans la nuit de vendredi à samedi, ce quartier populaire, qui abrite aussi un hôpital oncologique et un orphelinat, a été la cible de bombardements incessants. Aucune victime n'a été rapportée, mais de nombreuses fenêtres ont été soufflées, des trous d'obus marquent le sol, et la chaufferie du quartier a été touchée.

"Je ne pouvais pas y croire. Nous vivions calmement ici. Que font les Russes ? De quoi essayent-ils de nous sauver ? D'eux-mêmes ?". Le Dr Jari connaît la guerre. Son pays natal, la Syrie, est plongé dans l'abîme depuis onze ans, et a vécu à partir de 2015 sous les bombardements de la Russie, venue soutenir son fidèle allié, le président syrien Bachar al-Assad, toujours au pouvoir.

Installé à Damas avec son épouse, qu'il avait rencontrée lors de ses études de médecine en Ukraine, Oussama Jari a fui le conflit et la capitale syrienne en 2014 pour "aller trouver la paix" à Mykolaïv. Mais la guerre, toujours elle, les a poursuivis.

"La Syrie et l'Ukraine sont dans la même situation désormais", constate tristement le médecin. "La guerre, c'est la guerre, que ce soit là-bas, ici ou ailleurs, et c'est la pire chose qu'on puisse imaginer".

Il se refuse toutefois à toute considération politique. "Les Russes ? Leur gouvernement ? je ne veux pas en parler", élude-t-il.

«Déchirée»

Le Dr Jari monte à l'étage examiner quelques patients. Parmi eux, Natalia Malichka, une jeune femme blonde toute menue, qui veille son fils Timour, 14 ans.

Aux premiers jours de la guerre, l'adolescent coupait du bois de chauffage avec son grand-père et a pris un éclat de bois dans l'oeil. Ils n'ont pu se rendre à l'hôpital immédiatement, car les bus ne fonctionnaient plus, et la blessure s'est aggravée. L'adolescent, flottant dans un sweat shirt bleu ciel à capuche, garde le regard baissé, reste mutique.

Natalia débite son histoire dans un flot de paroles, et elle tremble de tout son corps en parlant. A l'hôpital, elle veille Timour. Mais elle a aussi deux autres fils de 10 et 20 ans à la maison. 

"Je suis déchirée. Quand je suis ici avec Timour, je sais que mon bébé est à la maison, et je ne sais pas si je le reverrai. Quand je suis avec mon fils cadet je ne sais pas ce qui se passe pour Timour. Je suis déchirée", répète-t-elle.

La nuit du bombardement sur Ingoulskyi, elle était à la maison avec ses deux garçons, "j'étais rassurée car je savais que Timour était dans le sous-sol de l'hôpital avec les médecins. Mais malgré ça il m'a appelée, il était terrifié".

"Tout tremblait. Nous ne savions pas si nous retrouverions l'hôpital debout en remontant du sous-sol", acquiesce Krasimira Rilkova, la directrice de l'hôpital ophtalmologique, l'air aussi exténué que son collègue Oussama Jari.

Mykolaïv, ville de 500 000 habitants, constitue le dernier verrou sur la mer Noire avant Odessa, premier port ukrainien et cible stratégique et symbolique pour Moscou.

De violents combats entre l'armée ukrainienne et les forces russes s'y déroulent depuis plusieurs jours, ces dernières ayant été repoussées à plusieurs reprises.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël devant la CIJ pour se défendre d'accusations de « génocide »

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. (AFP)
Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Pretoria a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah
  • Israël a précédemment souligné son engagement "inébranlable" envers le droit international et qualifié l'affaire de l'Afrique du Sud de "totalement infondée" et "moralement répugnante"

LA HAYE: Israël va répondre vendredi devant la plus haute juridiction de l'ONU aux allégations de l'Afrique du Sud selon lesquelles il aurait intensifié une campagne "génocidaire" avec son opération militaire à Rafah.

Pretoria a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, essentielle selon Israël pour éliminer les militants du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Israël a précédemment souligné son engagement "inébranlable" envers le droit international et qualifié l'affaire de l'Afrique du Sud de "totalement infondée" et "moralement répugnante".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a juré d'anéantir le Hamas, est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure à Rafah, où sont retranchés selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien.

Israël a annoncé jeudi que son armée allait "intensifier" ses opérations au sol à Rafah, malgré les mises en garde internationales contre une offensive d'envergure dans cette ville surpeuplée du territoire palestinien.

Les avocats de Pretoria ont déclaré jeudi devant la CIJ que "le génocide" commis par Israël "a atteint un niveau horrible", évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire.

"L’Afrique du Sud avait espéré, lors de notre dernière comparution devant cette cour, mettre un terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple", a déclaré Vusimuzi Madonsela, le représentant de Pretoria.

"Au lieu de cela, le génocide d'Israël s’est poursuivi à un rythme soutenu et vient d’atteindre un nouveau et horrible niveau", a-t-il ajouté.

Nouvelles mesures 

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain – notamment l'opération à Rafah – nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.

L'opération israélienne à Rafah "est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien", a déclaré Vaughan Lowe, un avocat de l'Afrique du Sud.

"C'est Rafah qui a amené l'Afrique du Sud devant la cour. Mais ce sont tous les Palestiniens en tant que groupe national, ethnique et racial qui ont besoin de la protection contre le génocide que la cour peut ordonner", a-t-il ajouté.

Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.

Pretoria demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.

L'Afrique du Sud souhaite que la cour ordonne à Israël de cesser "immédiatement" toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah, de permettre l'accès humanitaire et de rendre compte des mesures prises dans l'exécution de ces ordonnances.


Plus d'un tiers des zones humides de Méditerranée menacées par la montée des eaux

Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique. (AFP).
Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique. (AFP).
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  • Les zones humides côtières figurent parmi les zones les plus menacées par le réchauffement climatique: en raison de la montée des eaux,
  • Le parc naturel régional de Camargue, plus grande zone humide française, "pourrait par exemple subir la submersion d'une surface de terre équivalente à quatre fois la superficie de Paris"

PARIS: Plus d'un tiers des zones humides du bassin méditerranéen sont menacées par les risques de submersion marine causés par le réchauffement climatique, qui risque de détruire un habitat précieux pour les oiseaux côtiers, alerte vendredi une étude scientifique.

Les zones humides côtières figurent parmi les zones les plus menacées par le réchauffement climatique: en raison de la montée des eaux, plus de la moitié d'entre elles dans le monde pourraient disparaître sous les eaux d'ici 2100, ont déjà montré de précédentes études.

Cette nouvelle étude, parue dans la revue Conservation Biology, a modélisé les futurs risques de submersion en fonction des différents scénarios du Giec (le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU) sur 938 sites côtiers du pourtour méditerranéen.

Elle révèle que 34,4% de ces sites, soit 320 zones humides côtières, sont menacées de disparition d'ici à 2100 par la hausse du niveau de la mer, même dans les scénarios climatiques les plus optimistes (avec un réchauffement de +1,8 degré).

Dans les scénarios pessimistes (jusqu'à +4,4 degrés), ce chiffre pourrait monter à 495, soit plus de la moitié.

Le parc naturel régional de Camargue, plus grande zone humide française, "pourrait par exemple subir la submersion d'une surface de terre équivalente à quatre fois la superficie de Paris", indique un communiqué du Museum national d'histoire naturelle, qui a participé à l'étude avec l'Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes de la Tour du Valat.

Parmi ces zones menacées, figurent entre 54,1% et 60,7% de sites d'importance internationale pour les oiseaux d'eau, comme les flamants roses, les avocettes élégantes ou le canard chipeau, notamment lors de la période d'hivernage ou de nidification. Ces oiseaux ne disposant pas d'habitat alternatif, ces menaces pourraient "affecter négativement" leur nombre et les écosystèmes qui y sont associés.

"Ces chiffres sont sans doute sous-estimés", notent les auteurs de l'étude, soulignant que de nombreuses zones côtières, notamment en Espagne, n'ont pas été incluses et que d'autres menaces (érosion côtière, salinisation, surtourisme...) n'ont pas été prises en compte.

Pour toutes ces raisons, ils recommandent "la mise en place urgente de mesures d'adaptation" dans ces sites, comme la construction de digues mais surtout, plus efficaces à long terme, la mise en place de solutions fondées sur la nature (fixation de dunes avec de la végétation) ou encore une extension des aires protégées pour lutter notamment contre une urbanisation non maitrisée.