Macron et la guerre en Ukraine, un rendez-vous avec le destin national et le leadership européen 

Le président français Emmanuel Macron lors de l'émission "La France face à la guerre" diffusée sur la chaîne de télévision française TF1, à Saint-Denis, au nord de Paris, le 14 mars 2022. LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Le président français Emmanuel Macron lors de l'émission "La France face à la guerre" diffusée sur la chaîne de télévision française TF1, à Saint-Denis, au nord de Paris, le 14 mars 2022. LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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Publié le Mardi 15 mars 2022

Macron et la guerre en Ukraine, un rendez-vous avec le destin national et le leadership européen 

  • Une enquête d'opinion publiée le 4 mars indique que 60% des Français sont «satisfaits de la gestion de la crise en Ukraine par Emmanuel Macron»
  • La montée en popularité du président candidat est aussi liée à ses prises de position sur la sécurité de l'Europe et de la France. Il a réaffirmé son engagement pour une Europe plus souveraine avec un pôle de défense européenne

PARIS: À un mois du premier tour de l’élection présidentielle française, la guerre en Ukraine domine l’actualité et offre une occasion inopinée au président candidat Emmanuel Macron de conforter son destin national et de renforcer son leadership européen.

La guerre contre l'Ukraine s’est imposée à l’agenda de l'Europe et du monde, permettant au président français d’attendre la dernière minute pour officialiser sa candidature à la présidentielle de 2022 par une simple lettre publiée le 3 mars dans les quotidiens régionaux, après l'annulation d'un rassemblement électoral qui avait été prévu à cet effet.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a été marqué par des crises sans précédent: Gilets jaunes, pandémie, conflit russo-ukrainien… Le défi serait pour lui de pouvoir passer d’un «président des crises» à un candidat favori.

Effort diplomatique

Il semble en effet que l'implication du président candidat dans l'effort diplomatique pour éviter puis pour arrêter la guerre, ainsi que la perception de l’opinion publique qui le voit comme leader en temps de guerre, aient suscité l’adhésion d’une majorité politique des Français. C’est ce que révèle une enquête d'opinion publiée le 4 mars indiquant que 60% des d’entre eux sont «satisfaits de la gestion de la crise en Ukraine par Emmanuel Macron», contre 38% de mécontents.

Selon les derniers sondages, il est clair également que les chances de Macron de remporter un nouveau mandat présidentiel augmentent compte tenu de son rôle de premier plan dans la guerre contre l'Ukraine.

Malgré une entrée en campagne souhaitée tardive et discrète et un contexte international compliqué, Emmanuel Macron continue à progresser dans les derniers sondages, en atteignant ou dépassant les 30 % d’intentions de vote au premier tour. Au second tour, il est toujours gagnant dans tous les cas de figure.


Prises de position

La montée en popularité de Macron ne se résume pas uniquement à sa gestion de la crise ukrainienne, mais aussi à ses prises de position sur les questions liées à la sécurité de l'Europe et de la France. Il a en effet réaffirmé son engagement pour une Europe plus souveraine et pour la création d’un pôle de défense européenne. Il compte revitaliser l'Europe pour assurer la paix et la sécurité des Français.

Remarquons que le caractère exceptionnel d’une brève campagne électorale dominée par l’événement ukrainien, ce qui est rare dans les annales de la Ve République, sert aussi les intérêts du président sortant qui dirige le navire du pays dans cette phase délicate de l'histoire contemporaine de l'Europe.

Le trio de candidats des droites, Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Éric Zemmour, semble se disputer la qualification pour le second tour. Mais les dernières enquêtes d’opinion soulignent que seuls deux candidats concurrents de Macron semblent se stabiliser ou progresser. Il s’agit de Marine Le Pen (extrême droite, Rassemblement national) et Jean-Luc Mélenchon (gauche radicale, la France insoumise). Ainsi, le scénario de 2017 (confrontation Macron-Le Pen) risque de se répéter cette année, et une nouvelle fois en faveur de Macron.

De surcroît, les positions prorusses ou plutôt «molles» des concurrents de Macron les plus en vue – Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse – ne bénéficient du soutien que d'une petite minorité dans l'opinion publique, qui craint le retour des guerres et l’épanouissement des vagues de l'autoritarisme et du fascisme.
 
Leadership européen confirmé

Depuis qu’Emmanuel Macron a pris la présidence tournante de l’Union européenne (UE) au début de cette année, la crise ukrainienne accapare l’actualité et pousse les chancelleries européennes à suivre la situation de près.

À un moment où le déclenchement des hostilités dans le conflit russo-ukrainien paraissait inévitable, le président français a décidé de battre le fer et s’est rendu au Kremlin pour tenter une sortie diplomatique. Un dialogue avec Vladimir Poutine de près de six heures sans concessions, n’a pas abouti, ni réussi à amadouer le maître du Kremlin, comme en témoigne une conférence de presse «surréaliste» entre les deux présidents européens.
 
Apparement, Poutine ulcéré par le refus américain et de l’Alliance atlantique d’accorder des garanties de sécurité, refuse de céder d’un iota et exige des réponses, notamment concernant la non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan et l’architecture de la sécurité européenne.

L’échec français n’est pas dû seulement au durcissement de Poutine et de sa lecture de la situation, mais aussi au fossé creusé entre Moscou et Kiev depuis 2014 (annexion de la Crimée et guerre dans le Donbass). De toute façon, l’épreuve de force dépasse le terrain ukrainien et ressemble à un duel à distance entre Moscou et Washington.

L’impasse diplomatique et la détermination de Poutine à changer le statu quo au prétexte du «traitement infligé à la population d’origine russe dans l’Est ukrainien» et de l’extension de l’infrastructure de l’Otan dans le voisinage russe, ont conduit à l’invasion de l’Ukraine.  L’éclatement de la guerre et la polarisation accélérée entre la Russie et l’Occident n’ont pas amené Macron à cesser ses efforts diplomatiques, tout en dirigeant l’UE vers plus de fermeté et d’union pour tenir tête à Moscou, et en considérant la Russie comme un agresseur.

Continuité du dialogue

Ce retour brutal à l'histoire tragique de l'Europe, ne laisse pas Macron indifférent. Il reconnaît que «les négociations avec le président Vladimir Poutine sont difficiles parce qu'il refuse un cessez-le-feu». Mais, le maître de l’Élysée parie sur la continuité du dialogue pour trouver une issue au moment opportun, tout en insistant sur la nécessité de respecter la Russie et son peuple.

Alors que Macron bataillait pour l’autonomie stratégique européenne, il plaide pour une association de la Russie à la construction d’une paix durable dans le cadre d'une «structure de sécurité à grande échelle sur notre continent, parce que l'histoire et la géographie le dictent».

Tandis que la guerre se poursuit, les dirigeants européens se sont réunis pour un sommet au château historique de Versailles les 10 et 11 mars. Il était remarquable que le président Emmanuel Macron ait déclaré lors de son ouverture que «l'Europe, qui a changé sous l'influence de la crise de la pandémie de Covid, changera plus rapidement et plus fort sous l'influence de la guerre».

Malgré les divergences sur la dépendance à l'égard des importations de gaz et d'énergie en provenance de Russie et sur la réponse à apporter à la demande ukrainienne d'adhérer immédiatement à l'Union européenne, on peut dire que le mot d'ordre de l'unité a prévalu dans les discours et les discussions en vue de faire pression sur la Russie pour mettre un terme à cette guerre et parvenir rapidement à un cessez-le-feu. Macron a été franc en déclarant ne pas s'attendre à une solution rapide du conflit.

Il est clair que le président français, qui est en première ligne, assume bien son leadership national et concrétise ses idées sur le développement d'une action européenne commune, car il estime que la crise actuelle confirme la nécessité d'une Europe capable de se défendre.

C’est au château de Versailles que la structure de l'Europe a été décidée après la Première Guerre mondiale. Ce château a accueilli la signature de la défaite de l'Allemagne à l'époque, mais il a également été le site de la capitulation de la France après son occupation par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ainsi, pour que l'histoire ne se répète pas dans la vengeance et la série de guerres, il y avait une volonté européenne de ne pas rompre définitivement avec la Russie, mais sans céder devant elle en ce moment critique.

 


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.