Les pays du CCG sont les mieux placés pour faire face aux difficultés en Ukraine

Les entreprises régionales exposées à l’urée et à l’aluminium devraient profiter des problèmes d’approvisionnement mondial liés aux pénuries et aux prix élevés de gaz. (Shutterstock)
Les entreprises régionales exposées à l’urée et à l’aluminium devraient profiter des problèmes d’approvisionnement mondial liés aux pénuries et aux prix élevés de gaz. (Shutterstock)
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Publié le Mardi 15 mars 2022

Les pays du CCG sont les mieux placés pour faire face aux difficultés en Ukraine

  • Les entreprises des marchés émergents peuvent mieux résister à la hausse des taux en raison de la durée structurelle plus courte, des besoins de financement nets limités et des valeurs solides
  • Il faudra des semaines, voire des mois, pour qu’une solution à la crise ukrainienne puisse voir le jour

RIYAD: Les tensions s’exacerbent en Europe de l’Est, où se déroule une véritable guerre entre la Russie et l’Ukraine, soutenue par les pays occidentaux.
Le conflit et les sanctions ont eu des répercussions sur les exportations russes, alors que les États-Unis et le Royaume-Uni ont imposé une nouvelle interdiction sur les importations de pétrole russe, ce qui aggrave la situation à Moscou. De plus, l’accès aux devises étrangères est limité et plusieurs banques russes ont été exclues de la plate-forme interbancaire Swift.
«Dans l’ensemble, les sanctions qui ont été annoncées ont une portée plus large que ce qui était initialement prévu et elles sont susceptibles d’avoir une incidence particulière sur la Banque centrale russe», déclare Christian Kock, directeur de recherche au Gulf Research Center, dans un entretien accordé à Arab News.
Cela se répercute sur les marchés mondiaux des capitaux et des matières premières. Les marchés européens ont été les plus durement touchés lorsque le marché boursier de Londres a subi ses plus grosses pertes hebdomadaires au cours de la première semaine de mars, depuis le début de la pandémie de Covid-19, en mars 2020.
À mesure qu’elle se poursuit, la crise ukrainienne devrait continuer de définir les tendances des marchés financiers. Pourtant, le CCG (Conseil de coopération du Golfe, NDLR) a de meilleures chances de résister à la tempête, expliquent des experts interrogés par Arab News.
«Au moment où la Réserve fédérale tente de rattraper son retard et de lutter contre une inflation élevée et persistante, des craintes de stagflation apparaissent au sein de  l’économie mondiale», affirme Ali el-Adou, responsable de la gestion d’actifs chez Daman Investments, à Dubaï.
Les marchés mondiaux se sont fortement redressés, à l’exception des valeurs énergétiques et des matières premières, ajoute Jaap Meijer, directeur de la recherche chez Arqaam Capital, à Dubaï.
Au niveau des revenus fixes, «les écarts de crédit des obligations à haut rendement se sont fortement élargis», fait-il observer. Ces derniers ont tendance à se creuser en période d’incertitude financière, lorsque les investisseurs se tournent vers ce qu’on appelle des « valeurs refuges », comme les bons du Trésor américain et d’autres instruments souverains.
«La hausse des prix du pétrole a également amélioré les perspectives de crédit de pays comme Oman et Bahreïn», ajoute-t-il.
En Égypte, les écarts de crédit se sont également creusés pendant la crise, note M. Meijer. Le directeur de la recherche chez Arqaam s’attend à ce que la hausse des prix du blé et des denrées alimentaires, les coûts du carburant et l’échec d’une adjudication de bons du Trésor entraînent une hausse des taux plus rapide que celle prévue par la Banque centrale d’Égypte.
«Nous nous attendons à une augmentation des taux, une semaine après la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine. L’inflation est susceptible de dépasser le niveau supérieur de son objectif de 5 à 9%», indique M. Meijer.
«Pourtant, des taux d’intérêt plus élevés n’auront pas d’effet important sur la croissance économique puisque l’extension du crédit privé est modérée, tandis que le gouvernement vise un excédent primaire de 2%», prédit-il.
M. El-Adou s’attend à ce que les écarts entre les taux souverains des marchés émergents continuent de se creuser avant de s’estomper, étant donné que, pour le moment, les contractions des politiques monétaires atténuent les perspectives de resserrement considérable des écarts de crédit.
Il estime que les entreprises des marchés émergents peuvent mieux résister, sur une base relative, à la hausse des taux en raison de la durée structurelle plus courte, des besoins de financement nets limités et des valeurs solides.
Les investisseurs devraient surpondérer la dette souveraine sur les marchés émergents en maintenant un biais à haut rendement en vue de réduire le mouvement haussier des écarts, recommande M. El-Adou.
Les deux experts estiment que les matières premières constituent des investissements solides.
«Nous restons positifs au niveau du secteur des matières premières dans les pays du CCG. La hausse des prix du gaz a augmenté le prix de revient pour les producteurs européens d’urée et d’aluminium, tandis que les prix de l’énergie restent régulés pour les acteurs du CCG. Cela se traduira par une augmentation considérable des marges bénéficiaires nettes pour le secteur», précise M. Meijer.
Pression sur les prix du pétrole
Étant donné que l’Opep+ s’en tient à une production mensuelle de 0,4 million de barils par jour en avril et que la production du Koweït a été interrompue pour des raisons de maintenance, tandis que les exportations de la Russie ont été gravement entravées, M. Meijer s’attend à une nouvelle pression à la hausse sur les prix du pétrole.
Cette augmentation devrait avoir lieu en dépit du fait que les pays membres de l’Agence internationale de l’énergie ont mis 60 millions de barils de pétrole sur le marché après la crise ukrainienne.
Du côté des actions, M. El-Adou souligne que plusieurs approches peuvent aider les investisseurs à faire face à l’incertitude.
«Le maintien de liquidités importantes permet de surmonter la volatilité liée à la géopolitique, à l’inflation ainsi qu’à l’incertitude de la hausse des taux, et d’ajouter les actifs survendus de façon opportune», explique-t-il. Un actif survendu est un actif qui s’est négocié à la baisse, mais dont le prix pourrait considérablement augmenter.
Le responsable de la gestion d’actifs chez Daman Investments a averti qu’il fallait éviter les titres technologiques de longue durée malgré les baisses de valeur par rapport à leurs sommets de cinquante-deux semaines, ce qui les rend attrayants. Il préfère également l’exposition à une technologie de qualité, qui montre la capacité de générer de solides flux de trésorerie.
Meilleur positionnement du CCG
En matière de régions, M. El-Adou a déclaré qu’il déclassait les actions de l’Union européenne à «sous-pondérées» en raison des menaces géopolitiques. Cela s’applique plus spécifiquement à l’Europe de l’Est.
Les titres Mena restent attrayants malgré le chaos qui règne sur la scène internationale. «Il convient de conserver une exposition élevée aux actions du CCG puisque la région bénéficiera des prix élevés du pétrole et du gaz, ce qui entraînera une baisse de la prime de risque des actions. Cela justifiera les fortes valorisations actuelles», affirme M. El-Adou.
Pour M. Meijer, les marchés du CCG servent désormais de refuge sûr dans la mesure où les marchés d’actions ont une corrélation positive de 35% avec les prix du pétrole.
Il ajoute que les entreprises régionales exposées à l’urée et à l’aluminium devraient profiter des problèmes d’approvisionnement mondial liés aux pénuries et aux prix élevés de gaz.
Par ailleurs, les banques du CCG résistent à la crise ukrainienne grâce aux prix élevés du pétrole dans leur pays d'origine.
M. Meijer affirme qu’il reste neutre et qu’il se veut positif au sujet des banques du CCG, étant donné qu’il s’attend à une hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine à partir du mois prochain, les taux interbancaires en Arabie saoudite ayant fortement augmenté.
«Cependant, nous surveillons de près les attentes en matière de taux ainsi que les répercussions du cycle de resserrement attendu de la Réserve fédérale américaine et de la crise ukrainienne, étant donné que la Réserve fédérale américaine est devenue légèrement plus accommodante», souligne M. Meijer.
Il affirme que les revenus pétroliers sont en partie réinjectés aux Émirats arabes unis, ce qui explique l’abondance de liquidités dans le système national.
Cependant, en Arabie saoudite, la situation est légèrement différente, étant donné que les recettes pétrolières sont transférées au fonds souverain, qui continue de constituer son portefeuille d’investissements internationaux. «Avec une forte croissance du crédit, cela a resserré la liquidité du système bancaire et a entraîné une forte hausse des taux interbancaires», poursuit M. Meijer.
Il faudra des semaines, voire des mois, pour qu’une solution à la crise ukrainienne puisse voir le jour. En attendant, les pays du CCG semblent être mieux placés que d’autres pour affronter les difficultés à venir.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.