Arabie saoudite: Des experts en économie et en développement urbain incitent à l’investissement dans des villes durables

Table ronde virtuelle organisée lundi par l'Université Prince Sultan à Riyad (Photo fournie)
Table ronde virtuelle organisée lundi par l'Université Prince Sultan à Riyad (Photo fournie)
Short Url
Publié le Mercredi 16 mars 2022

Arabie saoudite: Des experts en économie et en développement urbain incitent à l’investissement dans des villes durables

  • Les économies urbaines sont confrontées à un défi de taille: le taux annuel de décarbonisation doit augmenter de 500%
  • «La primauté a conduit au fait de négliger entièrement d'autres villes, permettant un déséquilibre régional remarquable dans le développement du pays»

RIYAD: Des experts en économie et en développement urbain ont souligné l'importance de concilier le développement économique et la préservation de l'environnement lors d'une table ronde virtuelle organisée lundi par l'Université Prince Sultan à Riyad.
La réunion, intitulée «La gestion économique des villes: les défis, les stratégies et les opportunités» et modérée par l'économiste Talat Hafez, a vu la participation du prince Faisal ben Ayyaf, maire de Riyad, et de plusieurs experts nationaux et internationaux.
D'après Le-Yin Zhang, professeure de développement économique urbain à l’University College de Londres, les villes qui connaissent la croissance la plus rapide se trouvent dans trois pays: la Chine, l'Inde et les États-Unis.

 

Faits MARQUANT

Edward Glaeser, professeur d'économie Fred et Eleanor Glimp à l'Université de Harvard, a déclaré qu'il était nécessaire de reformuler les économies afin d’équilibrer les investissements et les préoccupations liées à l’écologie.

 

Zhang, qui est également l'auteure de «Managing the City Economy» (La gestion économique des villes), a souligné que l’objectif de réduire à zéro les émissions nettes de carbone était sans aucun doute une étape cruciale vers une économie verte.
Le défi de taille auquel sont confrontées les économies urbaines est que le taux annuel de décarbonisation doit augmenter de 500%. Les revenus tirés des ventes de pétrole et de gaz seront selon elle réduits de moitié dans les années 2020.
Zhang a énoncé trois principales opportunités d'innovation de manière à atteindre l’objectif de réduire à zéro les émissions nettes de carbone: le développement de batteries avancées, l'électrolyseur d'hydrogène et la capture et le stockage directs de l’air. Ces possibilités s'ajoutent à la fabrication d'équipements, aux infrastructures et aux services à faible émission de carbone, tels que l’énergie photovoltaïque et les véhicules électriques.
«Une nouvelle compétitivité pourrait être développée dans ce processus», a-t-elle expliqué. Dans ce contexte, elle a évoqué la ville chinoise de Shenzhen, qui a produit à elle seule plus de 40% des batteries de véhicules électriques dans le monde en 2021.
Zhang a également conclu que les pays en développement devaient trouver une nouvelle force dans ce paysage technologique et qu'il était «nécessaire de trouver un équilibre entre la peur et l'optimisme dans la course au zéro émission».
Edward Glaeser, professeur d'économie à l’institut Fred et Eleanor Glimp de l'Université de Harvard, ont quant à eux insisté sur le besoin de reformuler les économies de manière à équilibrer les investissements et les préoccupations liées à l’écologie.
Glaeser, qui est aussi président du département d'économie de Harvard, a corroboré l'importance de la technologie et de l'innovation afin d’atteindre la durabilité.
Le Dr Said al-Cheikh, directeur général du Centre d'études et de consultation de l'Université des affaires et de la technologie, a mis l’accent sur les principaux défis auxquels sont confrontées les villes à croissance rapide comme Riyad, Djeddah et Dammam. Leur développement rapide suscite des inquiétudes quant à la forte dépendance à l'égard des recettes d'exportation de pétrole et à une forte augmentation de la consommation d'eau.
Al-Cheikh a également mis en garde contre le fait que l'augmentation de la taille des grandes villes engendre déjà une périurbanisation à faible densité, entraînant une dépendance continue à l’égard des voitures privées pour le transport, d’où une pollution environnementale accrue.
«La primauté urbaine est une indication d'un développement déséquilibré et pose des problèmes complexes, notamment le déclin de l'économie rurale, qui à son tour, creuse l'écart de développement entre les régions rurales et urbaines et aggrave ainsi l'étalement urbain, la congestion et la dégradation de l'environnement», a-t-il ajouté.
Pour Al-Cheikh, économiste en chef à la Banque commerciale nationale entre 1998 et 2018, le secteur des services est le plus pertinent en raison de la dynamique générée par les revenus élevés des exportations de pétrole. Celles-ci stimulent le commerce et créent un besoin de services financiers et de services d’administration publique. La part de l'agriculture dans le produit intérieur brut a cependant diminué dans toutes les villes.
«Cette transformation du secteur de l’économie a entraîné un changement de la concentration spatiale de la population avec 26% au total à La Mecque, 25% à Riyad et 15% dans la province orientale, représentant 66% de la population en 2017, contre 64% en 1992», a-t-il souligné.
«À l'inverse, on observe une croissance lente des villes de taille moyenne et un déclin spectaculaire de la proportion de la population urbaine vivant dans des villes de moins de 300 000 habitants.»
Al-Cheikh a enfin affirmé que la primauté urbaine offre beaucoup d'avantages, en particulier une meilleure infrastructure, qui entraîne une productivité plus élevée et de nombreuses opportunités d'emploi.
«Mais la primauté a conduit au fait de négliger entièrement d'autres villes, permettant un déséquilibre régional remarquable dans le développement du pays», a-t-il soutenu.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.