La guerre en Ukraine redessine «pour tous» la carte du blé et de la faim

Des manifestants se rassemblent devant le Parlement sud-africain pour montrer leur soutien au peuple ukrainien, protestant contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et appelant le gouvernement sud-africain à condamner l'action des Russes, au Cap le 15 mars 2022. (AFP)
Des manifestants se rassemblent devant le Parlement sud-africain pour montrer leur soutien au peuple ukrainien, protestant contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et appelant le gouvernement sud-africain à condamner l'action des Russes, au Cap le 15 mars 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

La guerre en Ukraine redessine «pour tous» la carte du blé et de la faim

  • Trois semaines après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, toutes les cartes sont rebattues
  • Certains pays comme l'Égypte, qui fait venir 90% de son blé de Russie et d'Ukraine, ont réduit leurs prévisions d'importations ou commencé à chercher d'autres origines

PARIS: Une course effrénée aux grains est lancée et aura "des conséquences pour tous": l'effondrement redouté de la superpuissance agricole qu'est l'Ukraine pose la question de la sécurité alimentaire mondiale, de la Mediterrannée aux confins de l'Asie, alerte le chercheur français Sébastien Abis.

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De la chute des exportations à l'angoisse des semis pour la prochaine campagne, "la crise s'enlise et s'aggrave", constate le directeur général du club de réflexion sur l'agriculture Demeter et chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).


Trois semaines après le début de l'invasion russe de l'Ukraine - qui était alors le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé derrière la Russie et les Etats-Unis - toutes les cartes sont rebattues.


"La guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique", a déploré la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, tandis que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres mettait en garde contre "un ouragan de famines" dans de nombreux pays déjà fragiles. 


"L'insécurité alimentaire s'impose d'abord aux Ukrainiens, beaucoup de familles doivent fuir et ceux qui restent sont face à la préoccupation de trouver de la nourriture alors que les balles fusent", souligne Sébastien Abis.


Mais l'emballement a vite gagné le monde. "Les marchés ont surréagi parce que l'Ukraine est une superpuissance à l'exportation: les prix ont flambé car tout le monde se demande qui va pouvoir remplacer l'offre ukrainienne de blé, de maïs ou d'huile de tournesol (dont Kiev assure 50% du commerce mondial)", explique-t-il.

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Certains pays comme l'Égypte, qui fait venir 90% de son blé de Russie et d'Ukraine, ont réduit leurs prévisions d'importations ou commencé à chercher d'autres origines. "D'autres, comme l'Argentine, font le choix de la sécurité alimentaire nationale en décidant de suspendre leurs exportations" d'huile de soja, dont elle est la première exportatrice mondiale.

Du maïs sous quel drapeau? 

A moyen terme, plusieurs questions se posent: "Que se passera-t-il si le maïs ukrainien stocké tombe aux mains des Russes ? Va-t-on pouvoir acheter au risque des sanctions ? Est-ce que demain ces produits seront vendus sous drapeau russe ou ukrainien ?" interroge-t-il.


Plus largement, "est-ce que des produits d'origine russe peuvent continuer à circuler ? Certains pays, vu leurs besoins, vont continuer à se fournir", estime-t-il.


Relevant que la Russie elle-même a "restreint ses exportations de céréales vers l'Eurasie" (Kazakhstan, Bélarus, Arménie, Kirghizstan), il s'interroge sur la destination de ces productions, notant que "la Chine fait face à une grande sécheresse et va devoir augmenter ses importations".


Dès à présent, la flambée des prix s'impose comme préoccupation majeure pour tous les pays importateurs: la Libye, "dont les deux tiers du blé vient de Russie et d'Ukraine", l'Indonésie, "deuxième acheteur mondial", l'Ethiopie qui dépend à plus de 30% de ses importations russes, mais aussi le Pakistan, la Turquie, l'Erythrée...


"La tonne de blé entre 380 et 440 euros, c'est intenable pour les pays importateurs. Est-ce qu'il peut y avoir un +prix géopolitique+ du blé pour certains pays, pour éviter qu'ils ne tombent dans une grande instabilité politique? Les Etats-Unis y réfléchissent", dit-il.

«Plus grand-chose à perdre»

Car "la crise touchera tout le monde": "En France, on peut avoir des turbulences sociales se nourrissant de cette insécurité. En dictature, vous ne descendez pas manifester sans risque. Mais quand l'estomac est vide, on n'a plus grand-chose à perdre", souligne-t-il.


Alors que les prix mondiaux ont déjà dépassé le niveau record de 2008 qui avait conduit à des émeutes de la faim, il relève qu'"en Irak, il y a eu des manifestations tout le week-end contre les prix élevés".


Huit à treize millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de sous-nutrition dans le monde si les exportations alimentaires de l'Ukraine et de la Russie étaient durablement empêchées, s'est alarmée l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui estime déjà que les superficies plantées ce printemps en Ukraine pour le maïs et le tournesol "seront réduites de 30%".


"On est dans une crise globale. Quand bien même la guerre s'arrêterait demain, il y aura des conséquences", notamment du fait de la destruction d'une partie des infrastructures logistiques en Ukraine.


"Et plus le conflit dure, plus l'instabilité mondiale va s'intensifier, prévient-il: si vous avez demain un gros pépin climatique en plus - comme une nouvelle sécheresse intense en Amérique du Nord ou des pluies diluviennes en Australie - ce sera dramatique."


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com