Le Javelin, arme antichar symbole de la résistance ukrainienne

Un soldat américain marche avec un lanceur de missiles sol-air javelot lors d'un exercice militaire conjoint entre les Forces démocratiques syriennes (SDF) et la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre le groupe État islamique (EI), à Deir Ezzor, nord-est de la Syrie, le 7 décembre 2021. (AFP)
Un soldat américain marche avec un lanceur de missiles sol-air javelot lors d'un exercice militaire conjoint entre les Forces démocratiques syriennes (SDF) et la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre le groupe État islamique (EI), à Deir Ezzor, nord-est de la Syrie, le 7 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

Le Javelin, arme antichar symbole de la résistance ukrainienne

  • Les Occidentaux, qui veulent soutenir militairement l'Ukraine sans entrer directement en conflit avec la Russie, ont multiplié les livraisons d'armement à l'armée ukrainienne
  • Symbole du soutien des Etats-Unis, allié le plus puissant de l'Ukraine face à la Russie, le Javelin est apprécié des militaires pour ses caractéristiques techniques

WASHINGTON: Les images de soldats ukrainiens portant un lance-missile Javelin sur l'épaule ont fait le tour du monde: cette arme antichar capable de percer les blindages les plus sophistiqués, particulièrement utile dans un contexte de guérilla, est devenue le symbole de la résistance ukrainienne.

Les Occidentaux, qui veulent soutenir militairement l'Ukraine sans entrer directement en conflit avec la Russie, ont multiplié les livraisons d'armement à l'armée ukrainienne depuis le début de l'invasion russe le 24 février --à la suite d'autres envois dans les semaines précédant l'offensive.

Selon un haut responsable américain, les Ukrainiens ont notamment déjà reçu 17 000 armes antichars de divers pays occidentaux.

Mardi, avant l'annonce prévue mercredi par Joe Biden d'une aide sécuritaire supplémentaire de 800 millions de dollars, un haut responsable de la Maison Blanche a précisé que les Etats-Unis avaient livré environ 2 600 Javelin à l'Ukraine depuis un an.

Les forces ukrainiennes ont aussi reçu des milliers des NLAW britanniques, des AT4 et des Carl-Gustav de fabrication suédoise ou encore des Panzerfaust allemands et des Instalaza C90 espagnols.

«Nés libres», des volontaires bélarusses se joignent aux troupes ukrainiennes

Pour le jeune Bélarusse Gleb Gounko, aller combattre en Ukraine sera une première. Mais la cause n'a rien de nouveau pour lui. Se rangeant aux côtés des Ukrainiens, il entend bien se battre aussi pour la liberté de son pays.

"Je vais en Ukraine non seulement pour soutenir l'Ukraine, pour me battre pour l'Ukraine, mais aussi pour le Bélarus", déclare à l'AFP le jeune homme de 18 ans vivant à Grojec, en Pologne. "Parce que notre liberté dépend aussi de la situation là-bas", explique-t-il, ses tatouages sur les poignets clamant en anglais "Born free" (Né libre).  

Originaire de Minsk, Gleb Gounko en est parti en 2020, l'année où le président bélarusse Alexandre Loukachenko a déclenché une répression cruelle contre ses opposants.

Ceci après les manifestations de masse qui ont éclaté lorsque M. Loukachenko a revendiqué sa victoire dans une élection qualifiée de frauduleuse par l'Occident. 

Le dirigeant bélarusse, au pouvoir depuis près de 30 ans, s'est attiré les foudres de la communauté internationale pour avoir soutenu l'invasion de l'Ukraine par la Russie. 

Mais si le régime bélarusse est aligné sur le Kremlin, de nombreux citoyens se rangent du côté de l'Ukraine et même, à l'instar de Gounko, prennent les armes. 

"Les Bélarusses ne sont pas en mesure d'aider l'Ukraine (officiellement, ndlr) avec des armes, comme le fait le monde entier, mais ils ne peuvent pas rester à l'écart, alors ils vont se battre pour l'indépendance du pays frère", insiste sur Facebook la Fondation Maison bélarusse à Varsovie.  

Cette ONG, qui œuvre en faveur des droits de l'Homme et de la démocratie au Bélarus, s'est chargée de la logistique de l'envoi de volontaires bélarusses en Ukraine. 

«Notre liberté et la vôtre»
"Aux yeux du monde entier, Loukachenko et (le président russe Vladimir) Poutine sont deux terroristes", déclare à l'AFP Pavel Koukhta, responsable du centre d'accueil des volontaires.  

"C'est une bataille entre la démocratie et la liberté d'un côté et la dictature de l'autre", souligne ce Bélarusse de 24 ans.  

Pavel Koukhta a connu la guerre, ayant combattu les forces pro-Poutine dans le Donbass, dans l'est ukrainien, entre 2016 et 2018, où il a été blessé par l'explosion d'une mine. 

"Nous nous sommes battus sous le mot d'ordre +notre liberté et la vôtre+", indique ce soldat de métier. Son frère aîné a été tué par les forces de sécurité bélarusses lors d'une manifestation. 

"À l'époque, dans le Donbass, nous pensions que Poutine allait occuper le Bélarus. Mais avec Loukachenko, cela s'est fait sans un seul coup de feu", dit Pavel Koukhta.  "Loukachenko ne décide plus de rien. Tout passe par la Russie et Poutine", insiste-t-il. 


Pendant que M. Koukhta parlait à l'AFP, le centre d'accueil grouillait de monde, les volontaires remplissant des cartons de gilets pare-balles, batteries, conserves, médicaments et autres produits essentiels pour les combattants.

Le prochain groupe de volontaires devait rejoindre l'Ukraine dans la soirée et s'est déjà réuni au centre, le moral au beau fixe, tous convaincus de s'être rangé du bon côté de l'Histoire.

Tel grand-père, tel petit-fils 
Alexey Kovaltchouk, qui travaille depuis des années comme moniteur saisonnier de snowboard en Ukraine, avoue ressentir "une sorte de colère agréable, une colère de guerre".

Ayant aidé à évacuer des gens de la station de ski de Bukovel, dans l'ouest de l'Ukraine, juste après l'invasion russe, il a déjà été témoin direct du conflit. 

"J'ai vu des femmes, des enfants en pleurs. Ils essuyaient les larmes dans leurs yeux. J'ai vu le feu", raconte cet homme de 41 ans qui a passé plusieurs années dans les forces spéciales. "J'ai vu des situations difficiles là-bas et, grâce à des amis et à des parents, je comprends ce qui se passe maintenant à Marioupol, Kharkiv, Kiev et dans d'autres villes", indique-t-il. "Je ne comprends pas comment on peut tuer des civils. Je ne comprends pas cela", insiste-t-il. 


Andreï Korsak, un autre volontaire, s'approche en serrant dans ses mains de vieilles photos de famille en noir et blanc et sépia. 


"J'emmène mes grands-pères en Ukraine... Ils y ont tous deux combattu pendant la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci a aussi défendu Varsovie en 1920", explique-t-il en montrant du doigt leurs portraits en uniforme. 


"Aujourd'hui, un siècle plus tard, moi, leur petit-fils, je suis obligé d'aller combattre à nouveau les hordes russes, pour les stopper", dit ce gentil livreur d'Ikea de 53 ans, originaire de la ville bélarusse de Polotsk. 

"Je ferai tout pour arrêter ce mal", ponctue Andreï Korsak. Il aurait préféré ne tuer personne mais, précise-t-il, "si on en arrive là, j'imaginerai que j'ai devant moi un membre des unités anti-émeute de Minsk". "Ce sera alors plus facile pour moi".

«Sainte-Javeline»
Mais c'est le Javelin américain qui est devenu leur arme de prédilection, au point qu'un "meme" circulant sur les réseaux sociaux en a fait une icône, sous les traits de Marie-Madeleine, sainte emblématique de la tradition orthodoxe. Devenue "Sainte-Javeline" protectrice de l'Ukraine, elle brandit un de ces missiles, sous son auréole aux couleurs de l'Ukraine, jaune et bleu.

Symbole du soutien des Etats-Unis, allié le plus puissant de l'Ukraine face à la Russie, le Javelin est apprécié des militaires pour ses caractéristiques techniques.

Equipé de deux charges explosives, il peut percer les chars les plus sophistiqués du monde, notamment les chars russes T-90, dont le blindage explosif réagit à l'impact d'un projectile afin de réduire ou de stopper sa perforation. La première charge du Javelin explose au contact du char, et libère la deuxième charge, plus forte, qui perce le blindage.

D'une portée de 2 500 mètres, il est utilisable en mode d'attaque directe pour détruire un mur ou, s'il est tiré vers le haut, pour abattre un appareil volant à faible altitude comme un hélicoptère. Mais il est aussi utilisable en mode d'attaque en cloche: le missile monte jusqu'à 160 mètres d'altitude et retombe sur la cible à la verticale, comme le javelot des légionnaires romains (javelin en anglais).

Comme un jeu vidéo 
C'est cette trajectoire par le haut qui en fait une arme redoutable contre les chars car les blindés s'ouvrent par le toit, où le véhicule est le plus vulnérable.

Moins lourd que d'autres systèmes antichars qui nécessitent un trépied, le Javelin est portable sur l'épaule. Il est éjecté à quelques mètres du lanceur avant que le système de propulsion ne s'active, ce qui permet au soldat d'être moins repérable et de l'utiliser même depuis l'intérieur d'un bâtiment.

De type "tire et oublie", il permet de verrouiller la cible avant la mise à feu et il est entièrement autoguidé. Le tireur peut se mettre à l'abri avant même que le missile ait touché sa cible.

Selon un militaire américain consulté par l'AFP, il est très facile d'utilisation. "Si vous avez joué à des jeux vidéo, vous pouvez l'utiliser", explique-t-il.

En outre, contrairement aux autres armes antimissiles, qui sont jetables après usage, le Javelin est doté d'une unité de commande de tir, équipée d'un GPS, d'une caméra infrarouge et d'un zoom puissant, qui est réutilisable à l'infini. C'est sur cette unité que s'accroche le tube abritant le missile qui, lui, est jetable.

Cette unité de commande de tirs est précieuse car "on peut encore l'utiliser quand on n'a plus de munitions, pour surveiller et observer" l'ennemi, note le militaire américain.

Fabriqué par les constructeurs américains Raytheon et Lockheed Martin, le Javelin coûte 178 000 dollars pièce, système de lancement et missile compris, selon le budget 2021 du Pentagone. Chaque missile de rechange coûte environ 78 000 dollars.


Trump dévoile des investissements pour alimenter l'IA en électricité

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, le sénateur américain Dave McCormick (R-PA), le président américain Donald Trump, le PDG du groupe Blackstone Jon Gray et la présidente et directrice des investissements de Google Ruth Porat assistent au sommet de l'énergie et de l'innovation de Pennsylvanie sur le campus de l'université Carnegie Mellon à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 15 juillet 2025. (AFP)
Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, le sénateur américain Dave McCormick (R-PA), le président américain Donald Trump, le PDG du groupe Blackstone Jon Gray et la présidente et directrice des investissements de Google Ruth Porat assistent au sommet de l'énergie et de l'innovation de Pennsylvanie sur le campus de l'université Carnegie Mellon à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 15 juillet 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a annoncé mardi des investissements d'entreprises privées dans l'énergie et les infrastructures en Pennsylvanie, Etat industriel de l'est des Etats-Unis
  • Le secteur des technologies s'est jeté à corps perdu dans le développement de l'IA générative, mais craint que les besoins massifs en électricité ne puissent être satisfaits par l'infrastructure existante

Pittsburgh, États-Unis: Donald Trump a annoncé mardi des investissements d'entreprises privées dans l'énergie et les infrastructures en Pennsylvanie, Etat industriel de l'est des Etats-Unis, au moment où le secteur de la tech est confronté aux besoins toujours croissants en électricité de l'intelligence artificielle (IA).

En tout, plusieurs organisations vont injecter environ 92 milliards de dollars dans des projets de centres de données (36 milliards) et de sites de production d'énergie (56 milliards).

Le secteur des technologies s'est jeté à corps perdu dans le développement de l'IA générative, mais craint que les besoins massifs en électricité ne puissent être satisfaits par l'infrastructure existante, en particulier aux Etats-Unis.

L'IA générative demande d'énormes capacités de calcul informatique, principalement pour faire fonctionner les processeurs voraces en énergie de Nvidia, cette entreprise californienne de puces électroniques devenue la plus grosse capitalisation boursière au monde en surfant très tôt sur la vague de l'IA.

Les autorités américaines s'attendent à ce que d'ici à 2028, les besoins en électricité des entreprises de la tech pour l'IA soient équivalents à ceux de 5 millions de foyers.

"Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous pensons que c'est le destin de l'Amérique de dominer toutes les industries et d'être la première dans toutes les technologies, y compris la première super puissance au monde dans l'IA", a déclaré Donald Trump sur scène.

"Et nous sommes largement en avance sur la Chine, je dois le dire. Et les usines arrivent, la construction commence", a ajouté le président américain, lors du premier Sommet sur l'énergie et l'innovation de Pennsylvanie à l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh.

- Rester "leader" -

Parmi les groupes présents, Google a annoncé un investissement sur deux ans de 25 milliards de dollars dans des centres de données et infrastructures d'IA dans des Etats du nord-est du pays, ainsi que 3 milliards de dollars pour moderniser deux centrales hydroélectriques en Pennsylvanie.

"Nous soutenons l'appel clair et urgent du président Trump à investir dans les infrastructures, les technologies et la production d'énergie nécessaires à l’essor de l'IA, afin que les États-Unis restent leader dans ce domaine", a déclaré Ruth Porat, directrice des investissements d'Alphabet et Google.

"Alors que les États-Unis et la Chine se livrent une course pour dominer la guerre de l’intelligence artificielle, les géants technologiques investissent massivement pour gagner des parts dans cette quatrième révolution industrielle", a commenté l'analyste Dan Ives de Wedbush.

Il estime qu'environ 15 % des budgets informatiques sont désormais réservés à l'IA ou influencés par cette technologie.

D'autres entreprises technologiques, sociétés énergétiques et firmes financières étaient présentes à Pittsburgh, dont Blackstone, qui a aussi promis 25 milliards de dollars pour des centres de données et infrastructures.

Les groupes comptent en outre investir dans des programmes d'apprentissage.

Pour le sénateur républicain David McCormick, ces investissements sont d'une "importance énorme" pour son Etat de Pennsylvanie, mais ils sont aussi "cruciaux pour le futur du pays".

- Course avec Pékin -

Ses déclarations reflètent la tendance partagée par les deux bords politiques à Washington que les Etats-Unis doivent en faire davantage pour ne pas perdre du terrain face à la Chine dans cette course à l'intelligence artificielle.

"Si les Etats-Unis ne mènent pas cette révolution sous nos propres conditions, nous céderons le contrôle de notre infrastructure, de nos données, de notre leadership, et de notre mode de vide à la Chine communiste", a déclaré le sénateur McCormick dans une tribune à Fox News.

Donald Trump a lancé le projet "Stargate" en janvier, qui vise jusqu'à 500 milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures d'IA.

La firme japonaise d'investissements dans la tech SoftBank, ainsi que les entreprises américaines de la Silicon Valley OpenAI (ChatGPT) et Oracle, ont décidé d'investir 100 milliards de dollars dans la phase initiale du projet.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a fait machine arrière sur de nombreuses réglementations adoptées sous Joe Biden pour cadrer le développement des puissants algorithmes d'IA et limiter les exportations de certaines technologies avancées à des pays alliés.

Le président américain devrait dévoiler son propre programme-cadre pour le développement de l'intelligence artificielle au cours du mois de juillet.


Volodymyr Zelensky procède à un remaniement gouvernemental en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP)
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  • La nouvelle cheffe du gouvernement sera Ioulia Svyrydenko, actuelle ministre de l'Économie, qui s'est illustrée par la finalisation de l'accord sur les minerais avec Washington.
  • Le président Zelensky a également annoncé la nomination de Roustem Oumerov, actuel ministre de la Défense et membre de l'équipe de négociations avec la Russie, au poste d'ambassadeur à Washington.

KIEV, UKRAINE : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé son intention de remanier son gouvernement, notamment en remplaçant le Premier ministre et le ministre de la Défense, afin d'insuffler un nouvel élan après plus de trois ans et demi d'invasion russe.

Cette réorganisation, qui inclut des figures loyales à M. Zelensky, est marquée par plusieurs points notamment les négociations avec Moscou en vue d'un cessez-le-feu sont dans l'impasse ; les États-Unis promettent un soutien renouvelé à Kiev. 

Une Première ministre aux solides connexions américaines

La nouvelle cheffe du gouvernement sera Ioulia Svyrydenko, actuelle ministre de l'Économie, qui s'est illustrée par la finalisation de l'accord sur les minerais avec Washington. Les négociations houleuses de cet accord avaient failli mettre en péril les relations entre les deux pays.

« Elle a été le personnage-clé, menant les négociations seule. Elle a réussi à éviter l'échec », a déclaré à l'AFP Timofï Mylovanov, un ex-ministre de l'Économie qui avait recruté Mme Svyrydenko dans son équipe.

Les analystes s'accordent à dire qu'elle a gagné le respect de ses partenaires américains, y compris des vétérans de la politique en poste.

« L'Ukraine est actuellement une priorité pour M. Trump et son administration. Svyrydenko a fait ses preuves et continuera à le faire », a estimé l'analyste politique Volodymyr Fessenko.

Âgée de seulement 39 ans, Mme Svyrydenko a également gagné la confiance du milieu des affaires ukrainien grâce à sa gestion de l'économie de guerre du pays, estime Andy Hunter, président de la Chambre de commerce américaine en Ukraine.

« Nous avons jusqu'à présent entretenu une relation de confiance, transparente et collaborative », a-t-il déclaré à l'AFP. 

Un nouvel ambassadeur pour les États-Unis 

Le président Zelensky a également annoncé la nomination de Roustem Oumerov, actuel ministre de la Défense et membre de l'équipe de négociations avec la Russie, au poste d'ambassadeur à Washington.

« L'Ukraine a besoin d'une dynamique plus positive dans ses relations avec les États-Unis, ainsi que de prendre de nouvelles mesures dans la gestion de notre secteur de la défense », a déclaré M. Zelensky à M. Oumerov lors d'une réunion la semaine dernière.

Donald Trump a vertement critiqué l'aide de plusieurs dizaines de milliards de dollars accordée par son prédécesseur Joe Biden à l'Ukraine, mais a finalement autorisé les États membres de l'OTAN à faire des achats d'armement au nom de Kiev.

La nomination de M. Oumerov « ne signifie qu'une chose. La question fondamentale dans les relations entre les États-Unis et l'Ukraine est celle de l'armement », a estimé Volodymyr Fessenko.

« Les approvisionnements en armes sont le problème numéro un. Le deuxième est celui des négociations pour mettre fin à la guerre. M. Oumerov a été impliqué dans les deux », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre sortant, Denys Chmygal, un technocrate sans prétention, prendra la tête du ministère de la Défense, a annoncé M. Zelensky.

Un contrôle présidentiel accru ? 

Ses rivaux l'accusent depuis longtemps de chercher à consolider son pouvoir et certains médias critiques ne voient dans la nomination de Mme Svyrydenko qu'une nouvelle étape de ce processus.

Elle est en effet considérée comme loyale à Andriï Iermak, le directeur de cabinet très influent de M. Zelensky.

Un article du très respecté journal indépendant Ukrainska Pravda décrit ce remaniement comme un « renforcement du chef du cabinet présidentiel — si c'est encore possible ».

« Il est évident que l'influence du cabinet présidentiel va croître », a déclaré à l'AFP le député de l'opposition Mykola Kniajytsky.

« Les autorités poursuivent une politique de centralisation et refusent le dialogue », a-t-il accusé.

Et maintenant ? 

Ioulia Svyrydenko a fait du renforcement de l'économie, de l'augmentation de la production d'armes et de l'expansion des programmes sociaux ses priorités gouvernementales.

Selon M. Fessenko, la nomination de Denys Chmygal au ministère de la Défense devrait « remettre de l'ordre » dans cette institution ébranlée par des scandales de corruption à répétition.

Les législateurs et les commentateurs politiques s'attendent à ce que le Parlement entérine la démission du gouvernement mercredi et approuve la nouvelle administration le lendemain. Ils anticipent également d'autres changements dans le nouveau gouvernement, notamment au ministère de l'Énergie. 


Finance: Londres promet de déréguler pour attirer les entreprises internationales dans la City

Rachel Reeves, chancelière de l'Échiquier britannique, prononce son discours lors du dîner des services financiers et professionnels, organisé par le Lord Mayor de la ville de Londres, à Mansion House, dans la ville de Londres, le 15 juillet 2025. (AFP)
Rachel Reeves, chancelière de l'Échiquier britannique, prononce son discours lors du dîner des services financiers et professionnels, organisé par le Lord Mayor de la ville de Londres, à Mansion House, dans la ville de Londres, le 15 juillet 2025. (AFP)
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  • La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a promis mardi aux banques et aux marchés de déréguler le secteur pour tenter de redonner du souffle à l'économie britannique et séduire les entreprises étrangères
  • Si les annonces de la Chancelière mardi sont applaudies par la City, les professionnels de la finance craignent que celle-ci ne choisisse alors de cibler les banques ou les contribuables les plus riches

LONDRES: La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a promis mardi aux banques et aux marchés de déréguler le secteur pour tenter de redonner du souffle à l'économie britannique et séduire les entreprises étrangères.

"J'ai placé les services financiers au coeur de la mission de croissance de ce gouvernement", car sans eux le pays "ne peut pas réussir", a assuré dans un discours Mme Reeves, dont le gouvernement peine à concrétiser sa promesse de relancer l'économie.

La Chancelière de l'Echiquier, de son titre officiel, s'est exprimée mardi soir lors d'un discours très attendu par les milieux financiers à Mansion House, la résidence officielle du lord-maire de la City de Londres, puissant centre financier britannique.

Sa position n'est pas nouvelle: Mme Reeves avait déjà dit en novembre dernier, dans son premier "discours de Mansion House", vouloir favoriser la prise de risque dans les services financiers au Royaume-Uni, jugeant que la réglementation post-crise financière était "allée trop loin" et bridait la croissance.

Les réformes dites "de Leeds" annoncées mardi vont dans le même sens.

Le gouvernement compte notamment créer un service dédié pour "courtiser activement les sociétés de services financiers internationales", selon un communiqué diffusé plus tôt mardi, avec l'objectif de devenir "la destination numéro un des sociétés de services financiers d'ici 2035".

Le Trésor et les régulateurs du secteur ont lancé plusieurs autres chantiers de réforme, visant à autoriser les banques à prêter davantage aux particuliers pour un achat immobilier, à revenus équivalents, simplifier les règles d'introduction en Bourse ou encore assouplir le régime de responsabilité des hauts dirigeants.

Londres, qui a déjà annoncé ces derniers mois l'assouplissement de règles régissant les fonds de pension pour dégager des milliards d'investissement, veut aussi réformer les règles qui séparent les activités de détail et d'investissement au sein d'une banque ("ring-fencing" ou cloisonnement).

Et la banque d'Angleterre a annoncé mardi un report d'un an, à 2028, de nouvelles règles durcissant les exigences de fonds propres des banques.

"La place de Londres est confrontée à un exode de sociétés cotées en Bourse vers de nouveaux horizons et le gouvernement veut inverser la tendance", selon Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, pour qui les entreprises "déplorent depuis longtemps les difficultés pour lever des fonds" dans la capitale britannique.

Mme Reeves est aussi sous pression pour équilibrer les comptes du Royaume-Uni, après plusieurs revirements coûteux du gouvernement du Premier ministre Keir Starmer, qui a annulé des coupes dans les aides sociales après une fronde de sa propre majorité travailliste.

De nombreux économistes estiment que Mme Reeves, qui a promis une discipline "de fer" sur les finances publiques - elle a répété mardi soir que ses règles d'équilibre budgétaires étaient "non négociables" - n'aura d'autre choix que d'augmenter les impôts lors du prochain budget à l'automne.

Si les annonces de la Chancelière mardi sont applaudies par la City, les professionnels de la finance craignent que celle-ci ne choisisse alors de cibler les banques ou les contribuables les plus riches.