France: le gouvernement tente l'apaisement en évoquant une autonomie de la Corse

Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une conférence de presse après la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée à Paris le 16 mars 2022. (Photo, AFP)
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une conférence de presse après la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée à Paris le 16 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

France: le gouvernement tente l'apaisement en évoquant une autonomie de la Corse

  • « Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'autonomie. Voilà, le mot est dit», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un entretien au quotidien Corse Matin
  • Quelques heures à peine après ces déclarations, le FLNC a quant à lui menacé de reprendre la lutte, dénonçant le « déni méprisant» de l'Etat, et affirmant que « chez nous la révolte provoque l'insurrection»

AJACCIO : Le gouvernement français s’est dit "prêt à aller jusqu’à l’autonomie" de la Corse, pour tenter de calmer les tensions sur l’île méditerranéenne, tandis qu'un mouvement clandestin a menacé mercredi de reprendre les armes. 

"Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'autonomie. Voilà, le mot est dit", a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un entretien au quotidien Corse Matin, juste avant d'arriver dans l'île méditerranéenne pour une visite de deux jours.

"Ce sont des mots importants, qui ouvrent une perspective, mais des mots auxquels il convient maintenant de donner des prolongements et des concrétisations", a réagi auprès de l'AFP le président autonomiste du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni.

Quelques heures à peine après ces déclarations, le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) -un des principaux mouvements indépendantistes clandestins- a quant à lui menacé de reprendre la lutte, dénonçant le "déni méprisant" de l'Etat, et affirmant que "chez nous la révolte provoque l'insurrection". 

Le FLNC avait déposé les armes depuis 2014 mais revendiqué un attentat en septembre près de la ville côtière d'Ajaccio.

"Si l’Etat français demeurait encore sourd (…), il ne pourra y avoir de sacrifice de la jeunesse qui n’entraîne une réaction proportionnée de notre part", a mis en garde l'organisation dans un communiqué transmis à Corse-Matin.

"Les discussions seront forcément longues, forcément difficiles",  avait prévenu M. Darmanin mercredi matin, assurant néanmoins que "l'avenir (des Corses) est pleinement dans la République française".

Dès son arrivée à Ajaccio mercredi après-midi, M. Darmanin devait s'entretenir avec les élus, dont Gilles Simeoni, à qui il avait promis lundi un "cycle sans précédent de discussions" .

Rappelant que l'autonomie est "le droit commun de toutes les grandes îles de Méditerranée", M. Simeoni a notamment évoqué "le statut très abouti d'autonomie des Açores", avec une reconnaissance de ce peuple dans la Constitution portugaise et des "compétences exclusives du gouvernement des Açores dans les domaines principaux de la vie quotidienne".  

"Une autonomie croupion" 

Cette offre d'autonomie a été moins bien reçue côté indépendantiste: "La seule autonomie qui vaille est celle qui octroie un pouvoir législatif" dans "des domaines vitaux" comme "la fiscalité, l'emploi, le domaine linguistique et également l'accès au logement", a plaidé auprès de l'AFP Josepha Giacometti, unique élue indépendantiste à l'assemblée de Corse, du parti Corsica Libera.

Sinon ce serait "une autonomie croupion, une décentralisation améliorée".

Mercredi matin, plusieurs bâtiments publics de l'île étaient occupés. "Ce sont des occupations pacifiques, qui montrent que la mobilisation reste forte et qu'elle continuera et s'amplifiera si la réponse politique attendue par tout le monde n'est pas apportée", a prévenu Gilles Simeoni.

Sur le centre des impôts d'Ajaccio, une banderole "Etat français assassin" en corse, montrait cependant la colère de certains. Mais dans son entretien à Corse-Matin, M. Darmanin a été clair: "Le retour au calme est une condition sine qua non" du dialogue.

Cette colère en Corse depuis deux semaines a éclaté avec l'agression d'Yvan Colonna le 2 mars à la prison d'Arles (sud de la France), où il purge une peine de prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet de Corse, Claude Erignac, en 1998 à Ajaccio. Elle a culminé en quasi émeute dimanche à Bastia, avec 102 blessés, dont 77 parmi les forces de l’ordre.

L'agression d'Yvan Colonna, toujours dans le coma, a été le détonateur des tensions entre l'Etat et les nationalistes, frustrés que leurs victoires dans les urnes (élections territoriales de 2015, 2017 puis 2021) n'aient pas fait aboutir leurs revendications pendant le quinquennat.

A moins d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle française, la réouverture du dossier corse et la perspective d'une éventuelle autonomie suscitent de vives réactions.

La candidate de droite à l'élection, Valérie Pécresse, a notamment accusé le président Emmanuel Macron de "céder à la violence", alors que du côté de l'extrême-droite, Marine Le Pen a dénoncé  un message "catastrophique" et martelé que "la Corse doit rester française".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.