Nucléaire iranien: Washington juge qu'un accord est «proche»

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian lors d'une réunion à Moscou le 15 mars 2022 (Photo, AFP).
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian lors d'une réunion à Moscou le 15 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Nucléaire iranien: Washington juge qu'un accord est «proche»

  • Les Etats-Unis ont jugé mercredi qu'un compromis était proche pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien
  • Le but des pourparlers est de faire revenir les deux parties à leurs engagements respectifs

VIENNE: Les Etats-Unis ont jugé mercredi qu'un compromis était "proche" pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien, après plusieurs signaux positifs dont la levée d'un des derniers obstacles et la libération de deux Irano-Britanniques, même si la prudence reste de mise dans un contexte géopolitique tendu.

"Nous sommes proches d'un possible accord, mais nous n'y sommes pas encore", a déclaré mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, appelant à "résoudre urgemment" les dernières divergences. 

"Nous pensons que les questions en suspens peuvent être surmontées", a-t-il assuré.

"C'est bien parti", confirme un diplomate occidental, tandis qu'une autre source espère une conclusion "cette semaine" dans un dossier où les échéances ont rarement été respectées.

Début mars, on évoquait déjà l'imminence d'un accord. Mais vendredi, les pourparlers de Vienne, qui visent à sauver le pacte de 2015 destiné à empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, étaient abruptement suspendus et le négociateur iranien Ali Baghéri repartait bredouille.

En cause, les garanties réclamées par la Russie pour que les sanctions la visant en raison de la guerre en Ukraine ne concernent pas sa coopération avec Téhéran.

«Deux sujets» à régler

Initialement, la requête ne portait que sur le domaine nucléaire et paraissait "raisonnable" mais elle avait ensuite été élargie, se heurtant au refus des Américains, avait expliqué une source proche de l'Union européenne, coordinatrice des discussions.

Finalement, une visite à Moscou du chef de la diplomatie iranienne a débloqué les choses, la Russie disant avoir reçu les garanties nécessaires.

"Il est maintenant clair que la manoeuvre tactique de la Russie, qui a tenté de se servir de l'accord pour faire une brèche dans le régime de sanctions occidentales liées à l'Ukraine, n'a pas fonctionné", commente pour l'AFP Ali Vaez, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group.

Selon l'UE, l'essentiel du texte sur le nucléaire est prêt et "on en est au stade des notes de bas de page".

Téhéran assure de son côté qu'il ne reste plus que "deux sujets" à régler avec les Etats-Unis, qui avaient quitté en 2018 l'accord et rétabli les sanctions anti-Iran, sous la présidence de Donald Trump. En réaction, la République islamique s'est progressivement affranchie des limites imposées à son programme nucléaire.

Le but des pourparlers, entre l'Iran d'un côté, de l'autre la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et indirectement les Etats-Unis, est donc de faire revenir les deux parties à leurs engagements respectifs.

Mais Téhéran craint que Washington ne renie une nouvelle fois sa parole une fois le président Joe Biden parti. 

«Crise majeure»

Son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a de nouveau insisté mercredi sur cette question d'une "garantie économique" qui protégerait le pays de sanctions internationales si l'histoire devait se répéter. 

L'autre point de contentieux porte sur les Gardiens de la Révolution, armée idéologique dont l'Iran demande le retrait de la liste noire, d'après une source proche du dossier.

Les négociateurs ne peuvent se permettre "d'échouer maintenant", veut croire M. Vaez. "Trop de temps, d'énergie et de capital politique ont été investis, et les alternatives sont bien moins séduisantes", dit-il.

Autre lueur d'espoir, deux Irano-Britanniques condamnés en Iran à de la prison pour des accusations qu'ils ont toujours niées ont été libérés mercredi.

"C'est un autre élément suggérant que les discussions", qui ont démarré en avril 2021 dans la capitale autrichienne, "touchent au but", estime dans une note Henry Rome, chez Eurasia Group.

Alors que l'Iran retient une dizaine de détenteurs de passeports occidentaux, le sort des quatre "otages" américains est aussi dans la balance. L'émissaire américain Robert Malley a promis qu'ils ne seraient pas oubliés et Ned Price a exhorté Téhéran à des "progrès urgents" vers leur libération.

"Un nouveau coup de théâtre" n'est pas exclu, préviennent toutefois experts et diplomates.

"Chaque heure qui passe accroît le risque que le conflit en Ukraine ne vienne compliquer les discussions" tant il bouleverse l'ordre géopolitique, souligne Daryl Kimball, de l'Arms Control Association, interrogé par l'AFP.

Or, au vu du développement du programme nucléaire iranien, qui enrichit désormais l'uranium à un taux de 60%, proche des 90% nécessaires à la confection d'une bombe, "une restauration rapide du pacte de 2015 est essentielle pour éviter une autre crise majeure", ajoute-t-il.

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), gendarme onusien du nucléaire, a émis un rapport donnant de nouveaux détails sur ces avancées techniques, qui se sont poursuivies au moment même où s'intensifiaient les pourparlers à Vienne.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.