En Ukraine, la destruction du système de santé plonge le pays dans une catastrophe humanitaire

Les forces russes ont pris les maternités pour cibles et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
Les forces russes ont pris les maternités pour cibles et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
Les forces russes ont pris les maternités pour cibles et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
Les forces russes ont pris les maternités pour cibles et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
Un Ukrainien blessé lors d’une attaque russe reçoit des soins à l’hôpital central de Mykolaïv, à cent kilomètres d’Odessa, dans l’ouest de l'Ukraine, le 8 mars 2022. (vidéo extraite d’un document de la police/AFP)
Un Ukrainien blessé lors d’une attaque russe reçoit des soins à l’hôpital central de Mykolaïv, à cent kilomètres d’Odessa, dans l’ouest de l'Ukraine, le 8 mars 2022. (vidéo extraite d’un document de la police/AFP)
Des personnes sortent d’un hôpital pour enfants endommagé après une frappe aérienne russe à Marioupol, dans le sud-est du pays, le 9 mars 2022. (AFP)
Des personnes sortent d’un hôpital pour enfants endommagé après une frappe aérienne russe à Marioupol, dans le sud-est du pays, le 9 mars 2022. (AFP)
Les forces russes ont pris les maternités pour cibles et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
Les forces russes ont pris les maternités pour cibles et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
On voit sur cette photo un hôpital de campagne établi par le groupe de secours américain Samaritan’s Purse dans le parking souterrain d’un centre commercial à Sokilnyky, dans la partie ouest de l’Ukraine. (Yuriy Dyachyshyn/AFP)
On voit sur cette photo un hôpital de campagne établi par le groupe de secours américain Samaritan’s Purse dans le parking souterrain d’un centre commercial à Sokilnyky, dans la partie ouest de l’Ukraine. (Yuriy Dyachyshyn/AFP)
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

En Ukraine, la destruction du système de santé plonge le pays dans une catastrophe humanitaire

  • Vingt-quatre des attaques signalées ont conduit à l’endommagement ou la destruction totale des établissements de santé
  • Médecins et personnel de santé se voient dans l’obligation de soigner les malades, les personnes âgées et les blessés, alors que les établissements de santé sont bombardés

DJEDDAH: La guerre en Ukraine a contraint les médecins et les infirmiers à devenir presque surhumains du jour au lendemain. Ils se voient dans l’obligation de soigner les malades, les personnes âgées et les blessés qui ne sont pas en mesure de fuir ce pays ravagé par la guerre, alors que les établissements de santé sont bombardés.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février, quelque quarante-trois attaques contre des établissements de santé ont été recensées par le système de surveillance de l’Organisation mondiale de la santé.

Vingt-quatre des attaques signalées ont conduit à l’endommagement ou la destruction totale des établissements de santé, tandis que, dans cinq cas, des ambulances ont été touchées. Ces attaques ont fait douze morts et trente-quatre blessés, mais les organismes d’aide redoutent que le bilan national ne soit bien plus élevé.

Crédit: Arab News
Crédit: Arab News

«L’OMS condamne fermement les actes de violence contre le système de santé. Chaque attaque prive des personnes de services vitaux. Prendre les établissements de soins de santé pour cible est une violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme», déclare l’agence des Nations unies dans un communiqué publié le 14 mars.

En raison de la perturbation du commerce et de la distribution, l’oxygène, l’insuline, les fournitures chirurgicales, l’anesthésie, les kits de transfusion et d’autres fournitures médicales, y compris celles qui sont destinées à la gestion des complications de la grossesse, se font dangereusement rares en Ukraine.

«Les chaînes d’approvisionnement ont été gravement perturbées. De nombreux distributeurs ne sont pas opérationnels, certains stocks sont inaccessibles en raison d’opérations militaires, les fournitures médicales s’épuisent et les hôpitaux ont du mal à fournir des soins aux malades et aux blessés», dit l’OMS.

Les forces russes ont pris les maternités pour cible et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)
Les forces russes ont pris les maternités pour cible et ces dernières se sont transformées en centres de traitement des blessés. En Ukraine, les femmes enceintes, ainsi que les nouvelles mères et leurs bébés, sont particulièrement vulnérables. (AFP)

La détérioration des infrastructures de santé a également suscité des inquiétudes croissantes au sujet de l’hypothermie, des engelures et des maladies respiratoires qui se déclarent dans des conditions de froid extrême. Les sonnettes d’alarme ont également été tirées pour les problèmes de santé mentale et la pénurie de traitements de maladies chroniques comme les troubles cardiovasculaires, le diabète et les cancers.

«Face à cette crise sinistre qui s’aggrave, nous mobilisons des efforts de secours considérables», affirme le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, alors qu’un fonds de 40 millions de dollars (1 dollar = 0,91 euro) alloué par le Fonds central d’intervention d’urgence a été annoncé le 14 mars dernier pour venir en aide aux organismes humanitaires.

En raison des combats actifs dans le nord, l’est et le sud du pays, de nombreux agents de santé communautaires ont été contraints de fuir ou de se cacher, laissant les personnes âgées et les individus à mobilité réduite se débrouiller tout seuls.

Des enfants déplacés par la guerre en Ukraine jouent au centre caritatif de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022. (Clodagh Kilcoyne/Reuters)
Des enfants déplacés par la guerre en Ukraine jouent au centre caritatif de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022. (Clodagh Kilcoyne/Reuters)

La scène n’est malheureusement que trop commune. Des bâtiments en flammes, des personnes entassées qui ont trouvé refuge dans des abris antibombes, des blessés transportés par des ambulanciers et des morts recouverts de morceaux de carton attendant d’être transférés dans une morgue pour être identifiés par leurs proches.

Dans un communiqué conjoint publié le 13 mars, l’OMS, le Fonds des nations unies pour l’enfance et le Fonds des nations unies pour la population ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la fin des attaques contre les établissements et les professionnels de santé en Ukraine.

«Attaquer les plus vulnérables – les bébés, les enfants, les femmes enceintes, ceux qui souffrent déjà de maladies, ainsi que les agents de santé qui mettent leur propre vie en péril pour sauver les autres – est un acte de cruauté inadmissible», affirment-ils.

Les images les plus choquantes prises en Ukraine ces derniers jours sont sans doute celles qui montrent les conséquences épouvantables d’un bombardement contre une maternité de Marioupol, une ville portuaire assiégée, le 9 mars.

Au moins trois personnes auraient été tuées dans l’attaque, dont une jeune fille, tandis qu’une autre femme enceinte blessée est décédée, avec son bébé, le 14 mars. Les images de ces femmes que l’on évacue des ruines symbolisent désormais le bilan brutal de la guerre menée contre les civils.

Un Ukrainien blessé lors d’une attaque russe reçoit des soins à l’hôpital central de Mykolaïv, dans l’ouest de l'Ukraine, le 8 mars 2022. (vidéo extraite d’un document de la police/AFP)
Des personnes sortent d’un hôpital pour enfants endommagé après une frappe aérienne russe à Marioupol, dans le sud-est du pays, le 9 mars 2022. (AFP)

Selon le Fonds pour la population – l’agence des Nations unies chargée de la santé sexuelle et reproductive –, deux autres maternités ukrainiennes avaient déjà été détruites avant cette attaque.

Située aux abords de Kiev, la maternité de Leleka offre la meilleure expérience d’accouchement aux femmes enceintes. Aujourd’hui, elle s’est transformée en hôpital pour fournir des soins aux soldats blessés tout en dispensant des soins obstétriques de première nécessité.

Plus de vingt bébés sont nés à l’hôpital depuis le 24 février. Les villageois voisins qui fuient les bombardements pourraient mettre jusqu’à quatre heures pour atteindre l'hôpital, autrefois facilement accessible par une autoroute. Désormais, les gens doivent emprunter les routes de campagne pour s’abriter.

«C’est vraiment difficile de comprendre aujourd’hui ce qui se passe à Kiev, notamment avec nos hôpitaux, qui étaient considérés comme les meilleurs et les plus nombreux d’Ukraine. Personnellement, je n’aurais jamais imaginé que cela puisse devenir une réalité en Europe. Je n’ai vu de telles images que dans les films auparavant», déclare Vadim Zukin, directeur de la maternité de Leleka.

Les patients de l’hôpital national d’Ohmatdyt, le plus grand hôpital pour enfants d’Ukraine, situé près du centre de Kiev, ont été réveillés aujourd’hui par des tirs de roquette; des fragments d’obus ont été retrouvés près de l’hôpital.

EN CHIFFRES

36 tonnes de fournitures médicales vitales sont parvenues à Lviv (OMS).


10 tonnes de kits de traumatologie et de chirurgie d’urgence sont arrivées à Kiev (OMS).


40 millions de dollars ont été alloués par le Fonds central d’intervention d’urgence pour renforcer les efforts des organismes humanitaires.


Il y a 6,7 millions d’Ukrainiens déplacés à l’intérieur du pays.


2,8 millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge dans des pays voisins.

L’hôpital a également ouvert ses portes afin de traiter tous les patients touchés par la guerre. Le photographe du New York Times, Juan Diego Arredondo, a été transporté à Ohmatdyt pour y être soigné, tandis qu’on a annoncé la mort, sur les lieux, de son collègue Brent Renaud.

Anastasia Magerramova, attachée de presse d’Ohmatdyt, a partagé des images et des vidéos à l’intérieur de l’hôpital. On y voit des salles remplies de patients en état de choc. Les médecins et le personnel hospitalier ont déplacé certains d’eux au sous-sol, tandis que les plus vulnérables disposent au moins d’un médecin traitant et d’une infirmière à leurs côtés.

Les responsables russes affirment que la maternité a été reprise par des extrémistes ukrainiens pour servir de base et qu’aucun patient ou médecin ne s’y trouve encore. L’ambassadeur de Russie auprès de l'ONU et l’ambassade de Russie à Londres ont également affirmé que les images des conséquences de l’attaque avaient été manipulées.

Cette image satellite prise le 14 mars 2022 montre un hôpital et des immeubles détruits lors de bombardements aériens russes à Marioupol, en Ukraine. (Technologies Maxar/AFP)
Cette image satellite prise le 14 mars 2022 montre un hôpital et des immeubles détruits lors de bombardements aériens russes à Marioupol, en Ukraine. (Technologies Maxar/AFP)

Moscou affirme que son «opération militaire spéciale» en Ukraine vise à protéger la sécurité de la Russie et celle des russophones dans la région orientale du Donbass. Les nations occidentales ont accusé la Russie d’envahir un pays souverain et d’y commettre des crimes de guerre.

«Les attaques contre le personnel de santé ont des répercussions directes sur la capacité des personnes à accéder aux soins essentiels, en particulier les femmes, les enfants et d’autres groupes vulnérables», déclarent les organismes des Nations unies dans leur communiqué conjoint.

«Nous avons déjà constaté que les besoins en soins de santé des femmes enceintes, des nouvelles mères, des jeunes enfants et des personnes âgées en Ukraine augmentent, tandis que l’accès aux services est terriblement limité par la violence.»

Plus de 4 300 naissances ont eu lieu en Ukraine depuis le début de l’invasion russe «et 80 000 femmes ukrainiennes devraient accoucher dans les trois prochains mois», indiquent les responsables de l’ONU.

Cette photo montre un hôpital de campagne établi par le groupe de secours américain Samaritan’s Purse dans le parking souterrain d’un centre commercial à Sokilnyky, dans la partie ouest de l’Ukraine. (Yuriy Dyachyshyn/AFP)
Cette photo montre un hôpital de campagne établi par le groupe de secours américain Samaritan’s Purse dans le parking souterrain d’un centre commercial à Sokilnyky, dans la partie ouest de l’Ukraine. (Yuriy Dyachyshyn/AFP)

«En Ukraine, le système de santé est vraiment mis à rude épreuve et son effondrement serait une catastrophe. Tous les efforts possibles devraient être déployés pour empêcher que cela se produise.»

«Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat avec un accès sans entrave afin que les personnes dans le besoin puissent accéder à l’aide humanitaire. Une résolution pacifique pour mettre fin à la guerre en Ukraine est possible.»

La situation humanitaire à Marioupol est particulièrement désastreuse, puisque l’aide ne peut être acheminée. Par ailleurs, les civils sont dans l’incapacité de fuir après les échecs répétés de la mise en place de couloirs d'évacuation. L’accès à la nourriture et à l’eau potable constitue également un véritable problème de santé.

«Pour les jeunes enfants, cela peut être particulièrement dangereux», déclare Kate White, responsable des situations d’urgence chez Médecins sans frontières, dans un communiqué publié le 11 mars.

«Contrairement aux adultes, leur corps ne peut supporter de fortes fluctuations de l’apport alimentaire et hydrique. Ils sont donc exposés à un risque élevé de déshydratation. L’eau contaminée peut également provoquer une diarrhée qui, à son tour, peut enclencher un cercle vicieux, puisque la diarrhée entraîne une plus grande déshydratation. Dans des situations extrêmes, cela peut également conduire à la mort.»

Crédits: Arab News
Crédits: Arab News

Environ dix-huit millions de personnes en Ukraine auraient été touchées par la guerre, dont 6,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Plus de 2,8 millions d’individus ont trouvé refuge dans les pays voisins au cours des deux semaines qui ont suivi l’invasion. La majorité d’entre eux se sont dirigés vers l’Ouest, en Pologne. Il s’agit de la crise de réfugiés dont la croissance a été la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il est interdit aux hommes ukrainiens âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays, ce qui signifie que ceux qui traversent les frontières vers les pays voisins sont principalement des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées, selon le Comité international de la Croix-Rouge.

Alors que les organismes humanitaires s’efforcent d’évacuer les civils pris au piège dans la zone de conflit et de fournir du matériel médical ainsi que des logements sanitaires aux personnes déplacées, les plaies invisibles causées par le traumatisme de la guerre seront, quant à elles, plus difficiles à traiter.

«Très souvent, les conséquences sur la santé mentale mettent des années à se manifester, mais elles nécessitent également une assistance immédiate. Nous devrons faire face aux répercussions de cette guerre sur la santé mentale à grande échelle pendant des années», conclut Kate White.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.