A Calais, un palmarès satirique des pires dispositifs anti-migrants

Des migrants grimpant à l'arrière de camions à destination de la Grande-Bretagne, le 10 décembre 2020 (Photo, AFP).
Des migrants grimpant à l'arrière de camions à destination de la Grande-Bretagne, le 10 décembre 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

A Calais, un palmarès satirique des pires dispositifs anti-migrants

  • La cérémonie des Barbelés awards était organisée par une quarantaine d'associations, dont Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre
  • Au moins 348 personnes ont péri à la frontières depuis 20 ans, dont 5 depuis le début de cette année

CALAIS: "Bienvenue en absurdie": à Calais, des associations ont remis jeudi soir des prix satiriques aux pires mesures prises pour décourager les candidats à l'exil vers l'Angleterre - arbres coupés, tentes lacérées, distributions de nourriture interdites, ou encore abris rendus inaccessibles.

Cette première cérémonie des "Barbelés awards", était organisée par une quarantaine d'associations, dont Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre ou encore Médecins du Monde, pour tourner en dérision l'"hypocrisie, l'absurdité et l'inhumanité" de "l'arsenal répressif inédit" déployé à la frontière franco-britannique.

Les prix ont été remis dans un cinéma de Calais, en présence de militants associatifs, ainsi que quelques exilés et habitants de cette ville dont le paysage urbain est marqué par les murs, grillages et barbelés érigés ces dernières années.

Ils ont décerné un "Barbelé d'Or" aux violences policières, incarnées par le cas de Bhrané, un Érythréen qui a eu la mâchoire fracturée et le crâne enfoncé par un tir tendu de LBD40 au visage le 11 novembre 2020.

Il a été hospitalisé pendant 2 mois à Lille, selon les organisateurs.

Bhrané a porté plainte, mais il n'y a pas eu de suites, et il a depuis été expulsé vers les Pays-Bas, où il avait déjà été débouté du droit d'asile, a indiqué la Cabane juridique, association calaisienne d'accès aux droits.

Dans la catégorie "arts de la table" ont été primés les 20 arrêtés préfectoraux successifs pris depuis septembre 2020 pour interdire la distribution de denrées alimentaires dans certaines zones du littoral.

D'autres mesures, dont la destruction de forêts, la fermeture de plages, l'installation d'arceaux à vélo sous des ponts et de rochers autour d'un supermarché désaffecté pour empêcher d'y poser des tentes, étaient en lice.

Après avoir remercié le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour son "ingéniosité", les participants ont remis symboliquement les récompenses à la mairie de Calais.

Environ un millier de migrants vivent autour de Calais, dans des campements provisoires d'où ils sont expulsés très régulièrement pour éviter la reconstitution d'un bidonville.

La présidente du Secours Catholique, Véronique Devise, a appelé à "l'arrêt immédiat de la politique stérile de lutte contre les points de fixations, et la mise en place de maisons de migrants sur le littoral".

"Le défi de la fraternité peut être relevé: l'élan de solidarité inédit des Français au profit des Ukrainiens (...) en est la preuve", a-t-elle souligné, exprimant l'espoir que "l'accueil des Ukrainiens ouvre la voie à l'accueil de tous les autres exilés". 

Au moins 348 personnes ont péri à la frontières depuis 20 ans, dont 5 depuis le début de cette année.


L'ex-PDG d'Assu 2000 visé par une enquête en France pour harcèlement sexuel

Une des victimes prend la parole lors d'une conférence de presse organisée par l'Association marocaine pour les droits des victimes à Tanger, dans le nord du Maroc, le 17 juin 2022, concernant le procès de Jacques Bouthier, l'ancien PDG français d'Assu 2000. (Photo, AFP)
Une des victimes prend la parole lors d'une conférence de presse organisée par l'Association marocaine pour les droits des victimes à Tanger, dans le nord du Maroc, le 17 juin 2022, concernant le procès de Jacques Bouthier, l'ancien PDG français d'Assu 2000. (Photo, AFP)
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  • A ce jour, quatre personnes ont déposé plainte contre lui pour harcèlement sexuel, selon le parquet
  • Les policiers ont notamment auditionné mardi à Paris une ex-attachée commerciale de 29 ans qui travaillait à la succursale de Tanger, au Maroc, et qui a déposé plainte en octobre 2022, selon deux sources proches du dossier

PARIS: L'ex-PDG du groupe Assu 2000, Jacques Bouthier, est visé par une enquête pour harcèlement sexuel, ouverte par le parquet de Paris en mai 2022, notamment pour des faits s'étant produits au Maroc, a indiqué jeudi une source proche du dossier, confirmée par le parquet.

A ce jour, quatre personnes ont déposé plainte contre lui pour harcèlement sexuel, selon le parquet.

Les policiers ont notamment auditionné mardi à Paris une ex-attachée commerciale de 29 ans qui travaillait à la succursale de Tanger, au Maroc, et qui a déposé plainte en octobre 2022, selon deux sources proches du dossier.

Selon cette plaignante, qui a témoigné jeudi dans le quotidien Le Parisien, M. Bouthier "venait très souvent au Maroc, et il prenait toujours le temps de venir saluer ses collaborateurs."

"Ma cliente attend que l’enquête permette d'établir clairement la responsabilité de Jacques Bouthier, et espère à terme obtenir la reconnaissance de son statut de victime. Elle souhaite aussi dénoncer la loi du silence qui régnait chez Assu 2000 et qui a permis à ce type d’agissements de perdurer", a commenté auprès de l'AFP son avocate, Me Anne-Claire Le Jeune.

Sollicitée, l'avocate de M. Bouthier n'a pas souhaité s'exprimer.

Au Maroc, huit collaborateurs de l'ex-patron français ont été renvoyés devant un tribunal criminel à Tanger, notamment pour "traite humaine" et "harcèlement sexuel", à l'issue d'une enquête ouverte après des plaintes déposée au printemps 2022.

Les faits présumés se sont produits entre 2018 et avril 2022 dans des succursales de Tanger du groupe Assu 2000.

Une des avocates des plaignantes marocaines, Me Aicha Guellaa, a confirmé à l'AFP que deux plaintes avaient également été déposées en France.

Jacques Bouthier, 76 ans, est par ailleurs mis en examen à Paris depuis mai 2022 notamment pour traite d'êtres humains et viols sur mineure. Il est aussi poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d'enlèvement et séquestration en bande organisée.

Jusqu'alors incarcéré, il a obtenu lundi, pour des raisons médicales, sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, assortie d'une caution de 500 000 euros.


Retraites: les syndicats annoncent une 10e journée de mobilisation le 28 mars

Des personnes assistent à une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 23 mars 2023. (Photo, AFP)
Des personnes assistent à une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 23 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • « Alors que l'exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme»
  • Alors que les incidents se multiplient depuis une semaine à Paris et dans plusieurs grandes villes, « la responsabilité de la situation explosive n'incombe donc pas aux organisations syndicales mais bien au gouvernement»

PARIS: Les syndicats ont annoncé jeudi une dixième journée de grèves et de manifestation, le 28 mars, et des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end, pour protester contre la réforme des retraites.

"Alors que l'exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme", ont-ils affirmé à l'issue d'une neuvième journée de mobilisation qui a réuni selon eux "plus de trois millions de manifestants".

Un niveau équivalent au record du 7 mars - même si l'Intérieur a dénombré moins de 1,1 million de personnes dans les rues - qui atteste d'un net regain de participation après l'usage du 49.3 pour faire passer la réforme au Parlement et au lendemain d'une intervention télévisée d'Emmanuel Macron qui a hérissé ses opposants.

Les manifestations, grèves et débrayages "sont une réponse aux contre-vérités exprimées par le président de la République et son entêtement incompréhensible", ont souligné les syndicats.

Alors que les incidents se multiplient depuis une semaine à Paris et dans plusieurs grandes villes, "la responsabilité de la situation explosive n'incombe donc pas aux organisations syndicales mais bien au gouvernement", ont-elles ajouté.


Projet de loi olympique: l'Assemblée adopte un article controversé sur la vidéosurveillance algorithmique

L'Assemblée a aussi adopté l'extension du champ des "criblages", ces procédures d'enquêtes administratives existant actuellement pour l'accès à de grands événements. (Photo, AFP)
L'Assemblée a aussi adopté l'extension du champ des "criblages", ces procédures d'enquêtes administratives existant actuellement pour l'accès à de grands événements. (Photo, AFP)
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  • L'article 7 du projet de loi olympique a été adopté avec 59 voix pour (majorité présidentielle - LR - RN) face à 14 contre (Nupes)
  • Il prévoit à titre expérimental que la sécurisation «de manifestations sportives, récréatives ou culturelles» d'ampleur puisse recourir à des algorithmes

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé jeudi le recours à de la vidéosurveillance dite "intelligente", basée sur des algorithmes, que l'exécutif veut expérimenter avant et pendant les JO-2024, malgré les craintes de dérives sécuritaires de la gauche.

L'article 7 du projet de loi olympique a été adopté avec 59 voix pour (majorité présidentielle - LR - RN) face à 14 contre (Nupes). Il prévoit à titre expérimental que la sécurisation "de manifestations sportives, récréatives ou culturelles" d'ampleur puisse recourir à des algorithmes.

Les JO sont en ligne de mire mais l'expérimentation, qui doit s'arrêter fin 2024, pourrait démarrer dès la promulgation de la loi, et concerner par exemple la prochaine Coupe du monde de rugby en septembre-octobre.

Le but affiché: analyser les images captées par des caméras et des drones, pour détecter automatiquement des faits ou gestes potentiellement à risque.

La liste des "événements" à détecter doit être fixée par décret. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a cité en exemple "un départ de feu, des goulots d'étranglement de population, un colis ou un sac abandonné".

Les députés de la Nupes s'inquiètent du possible dévoiement de cette technologie, craignant que les JO ne servent de tremplin pour généraliser par la suite ce type de surveillance à la population.

"Les événements prédéterminés concernent non pas des personnes mais des situations", a insisté Gérald Darmanin, sans les convaincre.

Les associations de défense des libertés sont contre, comme le Conseil national des barreaux.

Les députés de l'opposition ont tenté de circonscrire davantage l'expérimentation, de la cantonner aux abandons de bagage, ou d'imposer le fait que l'Etat soit seul responsable de l'analyse des données, sans recourir au privé, mais sans succès.

Un amendement du RN Aurélien Lopez-Liguori, président du groupe d'étude sur la sécurité et la souveraineté numériques, a été adopté, pour prioriser le recours à des entreprises européennes.

Mais le fait que des députés de la majorité, membres de ce groupe d'étude, ont cosigné ou sous-amendé cet amendement RN, a indigné à gauche.

«Criblages»

L'Assemblée a aussi adopté l'extension du champ des "criblages", ces procédures d'enquêtes administratives existant actuellement pour l'accès à de grands événements.

Le but est qu'elles puissent concerner également les "participants", comme les athlètes et leurs équipes, les diffuseurs ou les partenaires. L'accès aux "fan zones", où seront retransmis des événements, a aussi été inclus.

Députés insoumis et écologistes ont dénoncé des mesures "disproportionnées" et "intrusives", s'inquiétant que des personnes puissent être exclues en raison d'opinions politiques. Ils ont notamment échoué à obtenir l'exclusion des journalistes du champ des criblages.

La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a expliqué qu'il fallait se prémunir contre des personnes présentant "des cartes de presse factices".

Elle a aussi insisté sur le fait que les criblages ne concerneraient pas les spectateurs.

L'Assemblée a par ailleurs autorisé l'extension des compétences du préfet de police de Paris, en matière de sécurité aux départements des Yvelines, du Val d'Oise, de l’Essonne et de Seine‑et‑Marne, du 1er juillet au 15 septembre 2024.