Corse: Darmanin engage la «parole de l'État», la peine de Colonna suspendue

Gérald Darmanin répond aux journalistes à la préfecture de Corse lors d'une conférence de presse à Ajaccio le 17 mars 2022 (Photo, AFP).
Gérald Darmanin répond aux journalistes à la préfecture de Corse lors d'une conférence de presse à Ajaccio le 17 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Corse: Darmanin engage la «parole de l'État», la peine de Colonna suspendue

  • Le ministre de l'Intérieur a assuré jeudi en Corse engager la parole de l'État sur une possible autonomie de l'île
  • A Paris la justice a suspendu la peine d'Yvan Colonna pour motif médical

AJACCIO: Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a assuré jeudi en Corse engager "la parole de l'État" dans ses discussions avec les responsables nationalistes sur une possible autonomie de l'île, alors qu'à Paris la justice a suspendu la peine d'Yvan Colonna pour "motif médical".

Cette suspension, prévue par la loi en cas de pronostic vital engagé, est "un soulagement pour la famille", a réagi auprès de l'AFP Sylvain Cormier, l'un des avocats du militant indépendantiste, toujours dans le coma dans un hôpital de Marseille après son agression à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) le 2 mars, par un détenu radicalisé.

Cette annonce est intervenue au milieu de la visite de Gérald Darmanin en Corse qui a répété, pendant deux jours d'entretiens avec les élus corses, être prêt à mener des discussions pouvant "aller jusqu'à l'autonomie" de l'île.

"Il faut maintenant qu'un processus de travail s'enclenche" afin que "de manière apaisée nous puissions envisager la réforme qui s'impose", a déclaré jeudi à Aubervilliers le président candidat Emmanuel Macron.

La veille, le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, s'était réjoui des "engagements très forts" de M. Darmanin. 

Néanmoins, l'ancien avocat d'Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet Erignac en 1998, avait demandé que ces échanges soient "consignés dans un document, avec un calendrier", avant de pouvoir considérer avoir "posé la première pierre d'un processus historique".

Une demande acceptée par le ministre.

L'objectif annoncé par chacune des parties est d'aboutir à un éventuel projet, qui pourrait exiger une réforme constitutionnelle, "d'ici à la fin de l'année": "est-ce qu'on se mettra d'accord à l'issue de ces nombreuses et difficiles discussions, je n'en suis pas certain, mais commençons par ce dialogue", a tempéré M. Darmanin.

«Calme fragile»

Cette main tendue du gouvernement a suscité jeudi la mise en garde de Jean-Pierre Chevènement, en poste à l'Intérieur quand le préfet Erignac a été assassiné: en Corse, "nous assistons à un chantage permanent à la violence. Depuis 1975, les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique (...) sont allés de reculade en reculade", a-t-il déploré dans un entretien à L'Opinion.

Le sénateur (LR) de Corse-du-Sud Jean-Jacques Panunzi a déclaré à l'AFP qu'il était "inutile de faire imaginer aux Corses qu'on risque d'avoir un statut d'autonomie surtout à la polynésienne", qui est selon lui "à la frontière de l'indépendance". "S'il suffisait d'un nouveau statut pour régler le problème corse, il serait réglé depuis 40 ans", a-t-il ajouté.

Les trois syndicats étudiants corses, à l'origine des grandes manifestations de Corte et Bastia, ont quant à eux assuré jeudi soir que "seule la libération des prisonniers politiques permettra une issue à la situation de violence actuelle", ajoutant que, "sans ce geste", la mobilisation "risque de s'amplifier".

Un nouveau collectif de prisonniers corses emprisonnés sur le continent réclame de son côté le rapprochement de tous les détenus corses dans une prison insulaire.     

Gérald Darmanin a poursuivi les consultations jeudi après-midi à Porto-Vecchio. De retour à Ajaccio vendredi, il se rendra ensuite à Bastia dans l'après-midi.

Détonateur

Sur l'agression d'Yvan Colonna, qu'il a qualifiée d'"ignoble", le ministre a une nouvelle fois promis "toute la lumière". Outre l'enquête judiciaire, des auditions ont commencé mercredi à l'Assemblée nationale et les conclusions de l'enquête administrative seront rendues publiques "dans une dizaine de jours", a-t-il précisé.

Pour la première fois, dix photos tirées de la vidéo de la tentative d'assassinat enregistrée par une caméra de surveillance de la prison ont été diffusées jeudi soir sur le site de France 3 Corse.

L'agression du militant indépendantiste a été le détonateur des tensions entre l'État et les nationalistes, frustrés que leurs victoires aux élections territoriales de 2015, 2017 puis 2021, n'aient pas fait aboutir leurs revendications. 

Parmi elles, le rapprochement à la prison corse de Borgo des deux autres membres du +commando Erignac+, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.

Se félicitant du retour à un "calme fragile" sur l'île, le ministre de l'Intérieur a rappelé jeudi que ces rapprochements étaient conditionnés à l'arrêt durable des violences. 


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.