Présidentielle: Macron pris à partie sur la Corse

Une femme agite depuis sa fenêtre un drapeau corse le 13 mars 2022, lors d'un rassemblement de soutien à la figure nationaliste corse Yvan Colonna une semaine après son agression en prison à Arles. (Photo, AFP)
Une femme agite depuis sa fenêtre un drapeau corse le 13 mars 2022, lors d'un rassemblement de soutien à la figure nationaliste corse Yvan Colonna une semaine après son agression en prison à Arles. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

Présidentielle: Macron pris à partie sur la Corse

  • La Corse est en proie aux violences depuis l'agression en prison le 2 mars d'Yvan Colonna, assassin du préfet Erignac
  • Tout en étant partagés sur le degré d'autonomie à accorder à l'île, les adversaires du président-candidat ont critiqué ce pavé dans la mare à un peu plus de trois semaines du scrutin du 10 avril

PARIS : Ballottés d'une crise à l'autre, les candidats à la présidentielle ont dénoncé mercredi l'offre inopinée d'ouvrir un dialogue sur l'autonomie de la Corse, accusant Emmanuel Macron de "céder à la violence" ou de "manoeuvre électoraliste" à 25 jours du premier tour.

Dans un contexte de vives tensions sur l'île, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a entamé mercredi après-midi une visite de deux jours pour tenter d'y ramener le calme en offrant la perspective d'une "autonomie" pour la Corse. Peu avant son arrivée, le groupe clandestin FLNC a cependant menacé de reprendre la lutte.

La Corse est en proie aux violences depuis l'agression en prison le 2 mars d'Yvan Colonna, assassin du préfet Erignac.

Tout en étant partagés sur le degré d'autonomie à accorder à l'île, les adversaires du président-candidat ont critiqué ce pavé dans la mare à un peu plus de trois semaines du scrutin du 10 avril.

Pour l'écologiste Yannick Jadot, "ça fait des mois que nous défendons l'idée d'une autonomie de plein droit, de plein exercice en Corse". "Ce qui est terrible, c'est qu'il faut un drame, comme d'habitude avec ce quinquennat, pour commencer à entrevoir des solutions", a-t-il dit mercredi.

A l'opposé, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a tweeté : "Passer de l'assassinat d'un préfet à la promesse d'autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique ? Je refuse que le clientélisme cynique d'Emmanuel Macron brise l'intégrité du territoire français : la Corse doit rester française".

Même tonalité chez Eric Zemmour qui a dénoncé dans un communiqué une "basse manoeuvre électoraliste". 

«Macron paie cash»

La candidate LR Valérie Pécresse, dont la position est moins tranchée, a pour sa part reproché à Emmanuel Macron de "céder à la violence". "Il faut ramener l'ordre en Corse avant d'entamer les négociations", a-t-elle affirmé, estimant que le chef de l'Etat "paie cash son mépris des territoires".

De son côté, la socialiste Anne Hidalgo a dénoncé "une volonté d'enjamber l'élection présidentielle avec un ministre de l'Intérieur qui nous explique qu'on engage un processus long d'autonomie".

Selon un sondage Ifop pour Corse-Matin, réalisé les 10 et 11 mars et publié mercredi, une majorité de Français (53%) soutiennent l'idée que la Corse bénéficie désormais d'un "statut d'autonomie de plein droit et de plein exercice", lui transférant des compétences de nature législative. Une majorité (60%) s'oppose également à l'indépendance.

Rarement, sous la Vème République, campagne présidentielle n'aura donné autant l'impression d'être comme happée par l'actualité, marquée par la guerre en Ukraine, la crise sanitaire, les questions de pouvoir d'achat et à présent la Corse.

Ce qui oblige les candidats à être dans la réactivité permanente face au président sortant qui, fort de son statut de favori dans les sondages, impose son tempo et son agenda au grand dam de ses opposants qui l'accuse de "fuir le débat démocratique".

A plus ou moins 30%, M. Macron a creusé l'écart dans les sondages depuis quelques semaines et l'invasion russe de l'Ukraine, conflit qui pèse lourdement dans la campagne.

Le gouvernement a dévoilé mercredi un "plan de résilience" pour aider les entreprises, notamment celles très consommatrices d'énergie, à faire face aux conséquences économiques du conflit, qui entraîne flambée des prix de l'énergie et des matières premières. Le Premier ministre Jean Castex avait déjà lâché du lest ces derniers jours sur le pouvoir d'achat des Français.

Marion Maréchal, tête d'affiche 

Pendant ce temps, la campagne se poursuit à un rythme soutenu pour les candidats dont certains commencent, avant même le sprint final, à montrer quelques signes d'essoufflement. Entre meetings, déplacements, rencontres et médias, le challenge est politique mais aussi physique.

Chez le candidat de Reconquête!, Erice Zemmour, qui avait semblé chercher ses mots lundi soir sur TF1 et dont la campagne donne des signes de flottement, le programme est du reste réduit cette semaine avant un grand meeting vendredi à Metz.

Reconquête! place aussi certains espoirs dans sa nouvelle recrue, Marion Maréchal, qui sera la tête d'affiche d'une réunion publique en soirée à Orléans aux côtés du transfuge de LR Guillaume Peltier.

Mais à ce stade le ralliement de la nièce de Marine Le Pen n'a pas fait bouger les lignes dans les intentions de vote de premier tour pour Eric Zemmour qui stagnent entre 11 et 13% derrière sa rivale d'extrême droite qui oscille entre 17-19%.

Cette dernière devait participer dans la soirée à l'émission de Cyril Hanouna sur C8, "Face à Baba", pour débattre notamment avec Yannick Jadot.


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.

 


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines vers l'Angleterre

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
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  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
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  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.