Pour les réfugiés, des papiers à Paris mais des rêves d'Ukraine

Des Ukrainiens font la queue devant le centre d'accueil des réfugiés à Paris le 17 mars 2022. (Photo, AFP)
Des Ukrainiens font la queue devant le centre d'accueil des réfugiés à Paris le 17 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Pour les réfugiés, des papiers à Paris mais des rêves d'Ukraine

  • «Je remercie la France, un pays super, que j'adore, où j'ai beaucoup d'amis. Certains me proposent même de me prêter une maison dans les Alpes. Mais il me reste une seule certitude, je veux rentrer chez moi, être enterré sur ma terre»
  • Un sentiment qui résume celui d'une écrasante majorité des personnes rencontrées dans le centre, où 440 lits ont été installés

PARIS : Ca y est, Oleksandr Plevako vient d'obtenir son titre provisoire de séjour en France, qu'il brandit dans le centre parisien dédié aux réfugiés fuyant l'Ukraine. Mais déjà, il serre le poing, en signe de lutte: "Dès que je peux, je rentre!" 

D'ailleurs, raconte dans un français impeccable cet ex-diplomate de 65 ans, il a bien failli ne jamais quitter son pays, même après l'invasion russe du 24 février.

L'ancien membre de la délégation ukrainienne auprès de l'Unesco était resté à Kiev avec son père, gravement malade. Mais ce dernier est mort le 28, en plein conflit.

"Le temps de l'enterrer, je suis parti le 2 mars, en train, vers la Hongrie, puis je suis arrivé le 8" en France, explique-t-il calmement, cheveux blancs coiffés sur le côté et regard bleu bienveillant. 

Ce jeudi, dans le lieu d'accueil qui s'est installé dans un hall du parc des expositions, Porte de Versailles à Paris, Oleksandr Plevakov est venu parer au plus pressé: obtenir des papiers. 

Pour le reste, il ne demande ni hébergement ni allocation. Il se tient prêt à rentrer, même s'il faut attendre "un, deux, trois ans", assure-t-il. 

"Je remercie la France, un pays super, que j'adore, où j'ai beaucoup d'amis. Certains me proposent même de me prêter une maison dans les Alpes. Mais il me reste une seule certitude, je veux rentrer chez moi, être enterré sur ma terre", confie-t-il.

Il s'en doute, "l'Ukraine ne sera plus la même", "mais je veux aider à mon niveau".

«Reviens quand ce sera fini»

Un sentiment qui résume celui d'une écrasante majorité des personnes rencontrées dans le centre, où 440 lits ont été installés.

"Entre 300 et 500 personnes passent chaque jour. On peut avoir des arrivées 24 heures sur 24, de personnes qui dorment une nuit ou deux avant de continuer leur chemin (vers d'autres pays). On oriente les autres vers des hébergements", explique Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d'asile, co-gestionnaire du lieu.

Avec environ 20 000 déplacés d’Ukraine déjà répertoriés en France, ce centre ouvert mercredi "permet de faire face aux flux", abonde Didier Leschi, patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii). 

L'objectif de l'Ofii, qui a ouvert huit guichets sur place, est de délivrer quotidiennement 250 autorisations provisoires de séjour, dit-il, alors qu'une longue file de centaines de personnes, poussettes ou bagages en mains, attendait d'être reçue.  

Olga Tarasova, 65 ans également, n'attend elle aussi qu'une chose: "Dès que c'est fini, je prends le premier avion". 

Ses deux fils, 46 et 38 ans, sont restés combattre dans la capitale. 

"Je voulais me procurer une kalachnikov et protéger ma famille. Mais ils m'ont dit 'maman, tu seras plus en sécurité loin d'ici, reviens quand ce sera fini'", raconte-t-elle, en sanglots. 

«Quand Poutine aura rejoint Staline»

La petite grand-mère blonde passe un Kleenex sur son visage. "J'étais au téléphone avec mon voisin quand il a été arrêté par des Russes avec sa femme et ses deux enfants. Ils les ont tués alors que j'étais à l'autre bout du fil", assure-t-elle. 

"Donc j'espère que quand je rentrerai, (Vladimir) Poutine aura rejoint Staline en enfer", tempête-t-elle dans la salle d'attente, approuvée par des hochements de tête.

Parmi les Ukrainiens rencontrés, seule Oksana Shevtchenko, 37 ans, envisage une nouvelle vie en France.

Il faut dire que son futur mari, un gradé de l'armée française qui avait anticipé l'offensive russe, est venu en personne à Kiev l'exfiltrer la veille de l'invasion. 

"Il m'a dit 'tu as une heure, prends tes papiers, tes diplômes, les deux chiens, on s'en va'", raconte-t-elle, en montrant les lettres rédigées par cet officier pour qu'elle puisse obtenir ses papiers. Contacté, ce dernier requiert l'anonymat.

"Je devrais être heureuse d'être dans un pays en paix, de me marier bientôt. Mais ma vie a changé en quelques heures. Je ne peux plus rentrer, je sais que je ne retrouverai pas le Kiev d'avant. Je veux juste que mes parents puissent me rejoindre", eux qui sont restés à Mykolaïv.

Pour se remonter le moral, elle se dit que les Français, au moins, comprendront les noms du Labrador et du Chihuhua: ils s'appellent Sophie et Jolie.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.