Ukraine: Moscou emploie une arme hypersonique, Zelensky appelle à parler de paix

Cette photo d'archive prise le 9 mai 2018 montre des avions intercepteurs supersoniques MiG-31 russes transportant des missiles hypersoniques Kinzhal (Dagger) survolant la Place Rouge lors du défilé militaire du jour de la Victoire à Moscou. (AFP)
Cette photo d'archive prise le 9 mai 2018 montre des avions intercepteurs supersoniques MiG-31 russes transportant des missiles hypersoniques Kinzhal (Dagger) survolant la Place Rouge lors du défilé militaire du jour de la Victoire à Moscou. (AFP)
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Publié le Samedi 19 mars 2022

Ukraine: Moscou emploie une arme hypersonique, Zelensky appelle à parler de paix

  • Ce type de missiles, très manœuvrable, défie tous les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou
  • La Russie n'avait jusque-là jamais fait état de l'emploi de ce missile balistique dans les deux conflits où elle est belligérante, l'Ukraine et la Syrie

KIEV, Ukraine : La Russie a intensifié son offensive russe en Ukraine samedi, annonçant l'emploi, pour la première fois, d'un missile hypersonique tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky jugeait qu'il était temps pour Moscou d'accepter de «discuter» sérieusement de paix.

Le ministère russe de la Défense a assuré avoir utilisé la veille des missiles hypersoniques «Kinjal» pour détruire un entrepôt souterrain d'armements dans l'ouest de l'Ukraine, une première selon l'agence d'Etat Ria Novosti.

Ce type de missiles, très manœuvrable, défie tous les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou.

La Russie n'avait jusque-là jamais fait état de l'emploi de ce missile balistique dans les deux conflits où elle est belligérante, l'Ukraine et la Syrie. Il a été déployé de nombreuses fois en exercices depuis le premier test réussi en 2018.

Le président Zelensky a pour sa part estimé que «des négociations portant sur la paix et la sécurité pour l'Ukraine sont la seule chance pour la Russie de minimiser les dégâts causés par ses propres erreurs».

«Il est temps de nous réunir. Il est temps de discuter. Il est temps de restaurer l'intégrité territoriale et la justice pour l'Ukraine», a plaidé le chef d'Etat dans une vidéo publiée sur Facebook, filmée de nuit dans une rue déserte.

«Autrement, a-t-il prévenu, les pertes pour la Russie seront telles qu'il faudra plusieurs générations pour qu'elle s'en remette».

Plusieurs rounds de tractations entre Kiev et Moscou se sont déroulés en présentiel et par visioconférence depuis l'invasion russe de l'Ukraine lancée le 24 février. Le quatrième s'est ouvert lundi au niveau de délégations négociant à distance.

Le chef de la délégation russe a évoqué vendredi soir un «rapprochement» des positions sur la question d'un statut neutre de l'Ukraine --à l'instar de la Suède et de l'Autriche-- et des progrès concernant la démilitarisation du pays. Il a toutefois relevé des «nuances» à propos des «garanties de sécurité» réclamées par l'Ukraine.

Mais un membre de la délégation ukrainienne, le conseiller de la présidence Mikhaïlo Podoliak, a indiqué que les «déclarations de la partie russe ne sont que leurs demandes de départ».

«Notre position n'a pas changé: cessez-le-feu, retrait des troupes (russes) et garanties de sécurité fortes avec des formules concrètes», a-t-il tweeté.

«C'est l'enfer»

Sur le terrain, le ministère russe de la Défense indiqué avoir détruit des centres radio et de renseignement à l’extérieur d’Odessa, à Velykodolynske et Velykyi Dalnyk.

L’Ukraine a pour sa part admis samedi avoir «temporairement» perdu accès à la mer d’Azov, même si la Russie de facto contrôlait l’ensemble de la côte depuis début mars et l’encerclement de la ville portuaire stratégique de Marioupol.

L'armée russe a affirmé vendredi avoir réussi à y pénétrer et combattre en centre ville aux côtés de troupes de la «république» séparatiste de Donetsk.

Selon un conseiller du ministère ukrainien de l’Intérieur, Vadym Denysenko, cité par l’agence Interfax-Ukraine, la situation est «catastrophique» à Marioupol. Des «combats sont en cours pour Azovstal», une grosse aciérie à la périphérie de la ville. «Une des plus grosses aciéries d'Europe est de facto en train d’être ruinée», a-t-il dit.

Les autorités ukrainiennes ont accusé l'aviation russe d'avoir «sciemment» bombardé mercredi le théâtre de Marioupol, ce que la Russie a démenti.

«Plus d'un millier» de personnes avaient trouvé refuge dans un abri antiaérien sous ce bâtiment, essentiellement des «femmes, enfants et personnes âgées», selon la mairie de ce port sur la mer d'Azov.

M. Zelensky a affirmé samedi que plus de 130 survivants avaient pu être extirpés des décombres.

«Certains souffrent malheureusement de blessures graves. Mais, à ce stade, nous ne disposons pas d'informations sur le nombre de décès» éventuels, a-t-il indiqué, précisant que «les opérations de secours se poursuivent».

Fuyant «l'enfer» de Marioupol, des familles ont raconté les cadavres gisant plusieurs jours dans les rues, la faim, la soif et le froid mordant des nuits passées dans des caves avec des températures inférieures à zéro.

«Ce n'est plus Marioupol, c'est l'enfer», dit Tamara Kavunenko, 58 ans. Les Russes «ont tiré tant de roquettes», ajoute-t-elle, «les rues sont jonchées de nombreux cadavres de civils».

Selon Volodymyr Zelensky, grâce aux couloirs humanitaires instaurés dans le pays, plus de 180.000 Ukrainiens ont pu s'éloigner des combats dont plus de 9.000 personnes de Marioupol.

«Mais les occupants continuent de bloquer l'aide humanitaire, tout particulièrement autour des zones sensibles. C'est une tactique très connue. (...) C'est un crime de guerre», a lancé M. Zelensky. La Russie «répondra de cela. A 100%», a-t-il insisté.

Selon le parquet général ukrainien, une journaliste ukrainienne de la télévision Hromadske enlevée par des forces russes à Berdiansk, station balnéaire sur la mer d’Azov et «sa localisation est inconnue».

Depuis le 24 février, plus de 3,2 millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, dont près des deux tiers vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode.

D'après un décompte au 18 mars du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme en Ukraine, au moins 816 civils ont été tués en Ukraine et plus de 1.333  blessés. Il a souligné que ce bilan était probablement très inférieur à la réalité.

Urgence humanitaire

Les besoins humanitaires se font «de plus en plus urgents», avec plus de 200.000 personnes privées d'eau dans la région de Donetsk et de «graves pénuries» de nourriture, d'eau et de médicaments, a déclaré vendredi Matthew Saltmarsh, porte-parole au Haut Commissariat aux réfugiés.

Le maire de Mykolaïv (sud) a fait savoir sur Facebook que plusieurs villages des alentours étaient désormais occupés par les Russes et que sa ville avait subi un feu nourri. «La journée a été difficile», a déploré Oleksandr Senkevitch.

D'après des médias ukrainiens, l'armée russe a mené une frappe de grande ampleur, tuant au moins quarante soldats dans leur quartier général.

Les bombardements ont perduré vendredi à Kiev et à Kharkiv (nord-ouest), deuxième ville du pays où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.

La capitale s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants. Selon la mairie, 222 personnes --dont 60 civils-- y ont été tués.

Aucun bilan global n'a été fourni à ce stade. M. Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'«environs 1.300» militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.

Ces armes dont la Russie se targue

La Russie utilise dans son offensive contre l'Ukraine une partie de sa nouvelle génération de missiles, qualifiés par Moscou d'«invincibles», d'«hypersoniques», d'une portée illimitée ou invisibles des radars, quatre ans après avoir été dévoilés par Vladimir Poutine.

Avangard, missile «invincible»

Les missiles hypersoniques russes Avangard («avant-garde» en russe) sont capables de changer de cap et d'altitude à très haute vitesse, les rendant «pratiquement invincibles» selon M. Poutine, qui compare la percée scientifique et militaire de leur développement «à la création du premier satellite artificiel de la Terre», le fameux Spoutnik.

Testés avec succès en décembre 2018, leur vitesse a alors atteint Mach 27 -- soit 27 fois la vitesse du son -- et touché une cible située à environ 6.000 km, selon le ministère russe de la Défense. Ils ont été mis en service en décembre 2019.

Kinjal, «poignard» hypersonique

Utilisés pour la première fois vendredi par l'armée russe, les missiles hypersoniques Kinjal («poignard» en russe) ont permis la destruction d'un entrepôt souterrain d'armements dans l'ouest de l'Ukraine.

Ce type de missiles, très manœuvrable, défie les système de défense anti-aérienne, selon Moscou. Ils ont atteint, lors des essais, toutes leurs cibles à une distance pouvant atteindre 1.000 à 2.000 km. Ils équipent les avions de guerre MiG-31.

Leur emploi en Ukraine est une première mondiale pour un armement hypersonique, selon des experts.

Sarmat, du pôle Nord au pôle Sud

Le missile lourd balistique intercontinental de cinquième génération Sarmat est censé échapper aux défenses antimissiles.

D'un poids dépassant 200 tonnes, il est plus performant que son prédécesseur - le missile Voïevoda d'une portée de 11.000 km - et «n'a pratiquement pas de limites en matière de portée», selon M. Poutine, le jugeant à même de «viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud». 

Peresvet, laser de combat

Les caractéristiques techniques des systèmes laser de combat Peresvet («très clair» en russe) sont classées secrètes. Ils sont prêts au combat depuis décembre 2019, selon le ministère de la Défense.

Poséidon, drone sous-marin géant  

Le Poséidon, drone sous-marin à propulsion nucléaire, est capable de se déplacer à plus d'un kilomètre de profondeur, à une vitesse de 60 à 70 nœuds, tout en restant invisible pour les systèmes de détection, selon une source au sein du complexe militaro-industriel russe, citée par l'agence officielle TASS.

Des tests ont eu lieu au printemps 2020 à partir du sous-marin Belgorod, M. Poutine a insisté sur sa «portée illimitée».

Bourevestnik, l'oiseau

Là aussi d'une «portée illimitée», toujours selon Vladimir Poutine, et capables de surmonter quasiment tous les systèmes d'interception, les missiles de croisière Bourevestnik («oiseau de tempête» en russe) à propulsion nucléaire sont en cours de développement par l'armée russe. Leurs caractéristiques techniques sont classées secrètes.

Zircon, missile marin «invisible»

Le premier tir officiel du missile hypersonique Zircon (du nom d'un minéral utilisé par la joaillerie) date d'octobre 2020. Il vole à Mach 9 pour atteindre des cibles maritimes comme terrestres.

Fin décembre 2021, Vladimir Poutine a annoncé un premier tir d'essai réussi d'une salve de Zircon. D'autres essais ont eu lieu depuis octobre 2020 dans l'Arctique russe, notamment à partir de la frégate Amiral Gorchkov et d'un sous-marin immergé.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.