Nouvelles frappes en Ukraine, Kiev appelle Pékin à «condamner la barbarie russe»

A Mykolaïv, des témoins donnaient des bilans variant du simple au double après la destruction par six roquettes de cette caserne (Photo, AFP).
A Mykolaïv, des témoins donnaient des bilans variant du simple au double après la destruction par six roquettes de cette caserne (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

Nouvelles frappes en Ukraine, Kiev appelle Pékin à «condamner la barbarie russe»

  • A Mykolaïv, des témoins donnaient des bilans variant du simple au double après la destruction par six roquettes de cette caserne
  • A Zaporojie, l’administration régionale a indiqué qu'un bombardement vendredi avait fait neuf morts et 17 blessés

KIEV: L'Ukraine a appelé samedi la Chine, allié stratégique de Moscou, à "condamner la barbarie russe" après de nouvelles frappes - y compris avec un nouveau missile hypersonique vanté par Vladimir Poutine - qui ont fait des dizaines de morts.

Les sirènes ont retenti samedi soir à Kiev, selon les réseaux sociaux, et les raids aériens russes se sont à nouveau succédé à un rythme rapide dans la journée sur Mykolaïv, une ville du sud de l'Ukraine où des dizaines de soldats ont été tués la veille dans une frappe contre une caserne de l'armée, a indiqué sur les réseaux sociaux le gouverneur local Vitaliy Kim.

Il n'a pas fourni de précisions sur l'étendue des dégâts ni sur le nombre des éventuelles victimes.

A Mykolaïv, des témoins donnaient des bilans variant du simple au double après la destruction par six roquettes de cette caserne.  

"Pas moins de 200 soldats dormaient dans les baraquements", a raconté un militaire de 22 ans interrogé sur place, selon lequel "au moins 50 corps ont été extraits". Un autre militaire a estimé qu'il pourrait y avoir eu 100 morts.

Les Russes "ont lâchement effectué des frappes de missiles contre des soldats qui dormaient. Une opération de secours se poursuit toujours", a déclaré samedi le gouverneur Vitaly Kim dans une vidéo publiée sur Facebook. 

Dans l'ouest du pays, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir utilisé la veille de tout nouveaux missiles hypersoniques "Kinjal", vantés par Vladimir Poutine, pour détruire un entrepôt souterrain d'armements.

"L'Ukraine est malheureusement devenue un terrain d'essai pour tout l'arsenal russe de missiles", a déclaré au site Ukraïnska Pravda le porte-parole des forces aériennes ukrainiennes, Iouri Ignat. 

A Marioupol, l'inquiétude pour des orphelins bloqués dans un sanatorium

Un groupe de 19 enfants, pour la plupart orphelins, sont "en grand danger", bloqués dans un sanatorium de Marioupol, ville ukrainienne assiégée par les forces russes, ont affirmé samedi leurs proches et des témoins à l'AFP.

Les enfants et adolescents, âgés de 4 à 17 ans, ont été envoyés dans cette clinique pour mineurs spécialisée dans le traitement des maladies pulmonaires, avant le déclenchement de l'offensive russe le 24 février.

Ils sont désormais "en grand danger", leurs tuteurs n'ayant pas pu les récupérer en raison des combats dans cette ville bombardée avec ses habitants depuis plusieurs semaines, a raconté à l'AFP un témoin, Alexeï Volochtchouk.

1 400 frappes aériennes

Selon le ministère ukrainien de la Défense, les troupes russes, dont la progression sur le terrain a été beaucoup plus difficile que prévu face à la résistance acharnée des Ukrainiens, ont effectué 291 frappes de missiles et 1 403 raids aériens depuis le début de l’invasion le 24 février.

A Zaporojie (ouest de Kiev), l’administration régionale a indiqué qu'un bombardement vendredi avait fait neuf morts et 17 blessés. Sept personnes ont aussi été tuées et cinq blessées par des tirs de mortier russes à Makariv, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Kiev, selon la police régionale.

Les bombardements n'ont pas davantage cessé à Kiev, la capitale et à Kharkiv, grande ville russophone du nord-ouest, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon des chiffres officiels ukrainiens. Un homme et un enfant de 9 ans y ont encore été tués par un bombardement, ont indiqué les autorités locales samedi.

A Marioupol, ville portuaire du sud-est, encerclée et bombardée avec ses habitants depuis plusieurs semaines, Kiev a admis avoir perdu l'accès à la mer d’Azov. L'armée russe a affirmé vendredi avoir réussi à entrer dans la ville.

Selon un conseiller du ministère ukrainien de l’Intérieur, Vadym Denysenko, cité par l’agence Interfax-Ukraine, la situation y est "catastrophique". 

Des familles ont raconté les cadavres gisant plusieurs jours dans les rues, la faim, la soif et le froid mordant des nuits passées dans des caves avec des températures inférieures à zéro.

Un groupe de 19 enfants, pour la plupart orphelins, sont  "en grand danger", bloqués dans un sanatorium de la ville -  leurs tuteurs n'ayant pu les récupérer en raison des combats - ont affirmé samedi leurs proches et des témoins à l'AFP.

Et "l'une des plus importantes usines métallurgiques d'Europe", Azovstal, a été "détruite", occasionnant d'"énormes pertes économiques" pour l'Ukraine, a affirmé une députée ukrainienne, Lesia Vasylenko, sur son compte Twitter.

Le bilan du bombardement mercredi d'un théâtre où plus d'un millier de personnes s'étaient réfugiées dans un abri souterrain, que Kiev accuse Moscou d'avoir frappé "sciemment", était par ailleurs toujours inconnu samedi.

Des Ukrainiens âgés trouvent refuge dans des rames de métro à Kiev

Valentyna Katkova, 77 ans, ne sait pas ce qui lui donne le plus envie de pleurer: le grand âge et la maladie ou le fait de vivre terrée dans le métro de Kiev pour échapper aux bombes russes.

Comme Mme Katkova, vêtue d'un manteau couleur lilas et d'un bonnet en tricot, quelque 200 personnes ont trouvé refuge dans la station de métro de Syrets, dans le nord-ouest de la capitale ukrainienne que les forces russes tentent d'encercler.

Si la plupart de ces personnes dorment sur des couvertures ou des matelas posés sur le sol du quai ou des couloirs, voire dans des tentes, Mme Katkova et d'autres personnes âgées préfèrent le confort rudimentaire des rames de métro, chacune s'aménageant son petit coin.

La Chine et la «bonne décision»

Face à la poursuite des bombardements meurtriers, et à des négociations qui s'éternisent, la présidence ukrainienne a exhorté la Chine à prendre position.

La Chine, allié stratégique de Moscou, est un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et l'un des grands absents, avec l'Inde, du concert de condamnations et de sanctions qui s'est abattu sur la Russie.

"La Chine peut être un élément important du système de sécurité mondial si elle prend la bonne décision de soutenir la coalition des pays civilisés et de condamner la barbarie russe", a tweeté Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de M. Zelensky et un des participants aux négociations avec la Russie. 

Le président américain Joe Biden s'était entretenu vendredi avec son homologue chinois Xi Jinping, pour lui exposer "les conséquences si la Chine fournissait un soutien matériel à la Russie", selon la Maison blanche.

Mais M. Xi a maintenu l'ambiguïté, se bornant à souligner que les conflits militaires n'étaient "dans l'intérêt de personne", selon la télévision chinoise.

A New Delhi, c'est le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, qui a exhorté l'Inde, gros acheteur d'armes et de pétrole russes, à sortir de sa réserve et à condamner l'invasion. Son homologue indien, Narendra Modi, s'est gardé de mentionner l'Ukraine, et la déclaration conjointe s'est bornée à un appel à "un arrêt immédiat de la violence."

Le président Zelensky a cependant encore une fois souligné que "des négociations portant sur la paix et la sécurité pour l'Ukraine sont la seule chance pour la Russie de minimiser les dégâts causés par ses propres erreurs", dans une vidéo publiée sur Facebook, filmée de nuit.

Plusieurs rounds de tractations entre Kiev et Moscou ont eu lieu depuis le 24 février. Le quatrième s'est ouvert lundi au niveau de délégations négociant par visioconférence.

Le chef de la délégation russe a affirmé voir vendredi soir un "rapprochement" des positions sur la question d'un statut neutre de l'Ukraine et la démilitarisation du pays. 

Mais le négociateur ukrainien Mikhaïlo Podoliak a souligné que les "déclarations de la partie russe ne sont que leurs demandes de départ".

L'Ukraine refuse un simple statut de neutralité et exige des "garanties de sécurité absolues". 

Pour la cheffe de la diplomatie britannique cependant, Liz Truss, ces pourparlers ne sont qu'un "écran de fumée" avant une nouvelle offensive. 

«Crime de guerre» russe

Le président ukrainien a indiqué que 180.000 personnes avaient pu à ce jour fuir des zones de combat par des couloirs humanitaires.

"Mais les occupants continuent de bloquer l'aide humanitaire, tout particulièrement autour des zones sensibles. C'est une tactique très connue. (...) C'est un crime de guerre", a lancé M. Zelensky.

Selon les autorités ukrainiennes, 6.623 personnes ont été évacuées par les couloirs humanitaires samedi, dont 4.128 fuyant Marioupol et 1.820 fuyant Kiev.

Depuis le 24 février, plus de 3,2 millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, dont près des deux tiers vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode.

D'après un décompte au 18 mars du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme en Ukraine, au moins 816 civils ont été tués en Ukraine et plus de 1.333 blessés. Il a souligné que ce bilan était probablement très inférieur à la réalité.

Kiev, la capitale, s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants. Selon la mairie, 222 personnes --dont 60 civils-- y ont été tués.

Aucun bilan global n'a été fourni à ce stade. M. Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars. 

L'Ukraine a indiqué avoir "562 prisonniers de guerre russes", et les détenir conformément au droit international, "comme un pays civilisé".

Dans une liaison vidéo avec Berne, Volodymyr Zelensky a fustigé samedi les entreprises comme le groupe Nestlé qui poursuivent leurs activités en Russie. Il a appelé la Suisse à geler les actifs des milliardaires russes et des proches du Kremlin.

L'Australie, de son côté, a annoncé dimanche, dans un communiqué du gouvernement, un embargo sur ses exportations vers la Russie de minerai d'aluminium, un matériau stratégique pour l'industrie de l'armement. la Russie est dépendante à hauteur de 20% de l'Australie pour ses besoins en aluminium, selon canberra.

L'Italie dénonce des menaces de la Russie pour son soutien aux sanctions

L'Italie a dénoncé samedi des menaces de la Russie à son égard, après des déclarations d'un responsable de la diplomatie russe sur les sanctions européennes.

Alexeï Paramonov, directeur du département européen du ministère russe des Affaires étrangères, a accusé l'Italie, dans une interview à l'agence publique russe RIA-Novosti, de succomber à une "hystérie antirusse" et d'oublier "en une seconde" des siècles de relations et d'accords bilatéraux. 

Il a ajouté espérer que la promesse faite au début du mois par le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire - qui était par la suite revenu sur ses propos - d'une "guerre économique et financière totale" contre la Russie n'allait pas "faire des émules en Italie et entraîner une série de conséquences irréversibles".

Le ministère italien des Affaires étrangères a déclaré "rejeter fermement ces déclarations menaçantes" de la partie russe, et a assuré que Rome et ses partenaires européens allaient "continuer d'exercer une pression maximale" sur la Russie pour arrêter l'intervention militaires menée contre l'Ukraine. 


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
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  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.


Sénégal: la prise du pouvoir approche pour l'opposant antisystème Diomaye Faye

Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
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  • L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%)
  • Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable

DAKAR: L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye pourrait être proclamé définitivement vainqueur de la présidentielle d'ici à la fin de la semaine, parachevant une ascension extraordinaire et express jusqu'au sommet de l'Etat.

Après des semaines de crise qui ont fait craindre un report de l'élection jusqu'à décembre ou une vacance du pouvoir, l'appareil s'emploie à rétablir à marche forcée la norme de transition réglée qui caractérise le pays et à rendre possible une passation conforme à la tradition entre le sortant Macky Sall et son successeur d'ici à la semaine prochaine.

L'organe chargé de proclamer les résultats finaux provisoires les a rendus publics mercredi alors qu'il avait jusqu'à vendredi pour le faire. L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%).

Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable.

Les candidats ont 72 heures pour saisir le Conseil, dit la Constitution. Mais le Conseil a décidé lui aussi de réduire les délais, probablement pour faire en sorte qu'une passation ait lieu avant le 2 avril, date officielle de fin du mandat de M. Sall.

Le Conseil a donné à tout contestataire jusqu'à jeudi minuit (vendredi 00H00 GMT) pour se manifester.

Il a invoqué "les circonstances exceptionnelles" ayant entraîné "la compression de tous les délais". Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars.

L'ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d'une passation avant l'expiration de son mandat.

Un transfert dans les temps importe dans un pays qui s'enorgueillit de ses pratiques démocratiques et qui est considéré comme l'un des plus stables en Afrique de l'Ouest secouée par les coups d'Etat.

En l'absence de contestation, "le Conseil proclame immédiatement les résultats définitifs du scrutin", dit la Constitution. En cas de recours, le Conseil a, théoriquement, cinq jours pour statuer.

Les adversaires de M. Faye ont reconnu sa victoire et aucun n'a jusqu'alors exprimé publiquement l'intention de soulever d'objection. Les résultats provisoires paraissent rendre la victoire de M. Faye irréfutable tout en confirmant la magnitude de ce qui s'apparente à un séisme politique.

«Dernier» Conseil 

Bassirou Diomaye Faye est le premier opposant à l'emporter dès le premier tour depuis l'Indépendance en 1960.

Jamais porté à une fonction élective nationale auparavant, il devrait devenir à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays de 18 millions d'habitants.

Son avènement pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il se présente comme l'homme de la "rupture" avec douze années de présidence Sall, du rétablissement d'une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger, et d'un "panafricanisme de gauche". Il fait voeu de combattre la corruption et l'injustice.

Face à l'éventualité d'une vacance de pouvoir, le président Sall a dit plusieurs fois qu'il serait parti le 2 avril, même si le Conseil constitutionnel a laissé la porte ouverte à une prolongation si nécessaire.

Le Conseil des ministres qu'il a présidé mercredi était le "dernier", selon le communiqué de ses services. Il a demandé au gouvernement de "prendre toutes les dispositions requises" pour préparer les dossiers de passation, en vue de "l’installation dans les meilleures conditions" du nouveau président, dit le communiqué.

Les trois dernières années de la présidence Sall ont été marquées par les retombées des crises globales, un farouche bras de fer avec l'opposition antisystème et les troubles intérieurs.

Le Sénégal a connu un nouvel accès de fièvre en février quand M. Sall a décrété l'ajournement de l'élection. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, et les lettres de créance démocratiques du Sénégal ont été examinées sous un autre jour.

M. Faye a lui-même été détenu des mois avant sa libération en pleine campagne électorale mi-mars.

Il a énoncé "la réconciliation nationale", la "refondation" des institutions et "l'allègement sensible du coût de la vie" comme ses "chantiers prioritaires". Il a pris soin de rassurer à l'étranger, attentif à ses promesses de reconsidérer ou renégocier les partenariats existants. Le Sénégal "restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive", a-t-il dit.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.