Plusieurs explosions à Kiev, une gare de Zaporojie bombardée

Une colonne de fumée s'élève à Kiev, mercredi à l'aube. (AFP).
Une colonne de fumée s'élève à Kiev, mercredi à l'aube. (AFP).
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Publié le Mercredi 16 mars 2022

Plusieurs explosions à Kiev, une gare de Zaporojie bombardée

  • Les combats se rapprochent aussi de la grande ville stratégique de Dnipro
  • Plus à l'ouest, Mykolaïv, dernier verrou sur la route d'Odessa, sur la mer Noire, est aussi régulièrement bombardée

KIEV: L'offensive russe en Ukraine s'est intensifiée mardi, avec une série de frappes sur Kiev, où trois Premiers ministres européens se sont rendus, en signe de solidarité avec la ville assiégée.

Plusieurs fortes explosions ont été entendues à l'aube mercredi à Kiev, suivies de colonnes de fumées noires dans le ciel, a constaté l'AFP, alors que l'armée russe a intensifié ces derniers jours ses tirs contre les villes ukrainiennes.

Vers 06H00 (05H00 GMT), au moins trois fortes explosions ont retenti dans l'ouest de la capitale, déjà visée la veille et placée depuis sous couvre-feu jusqu'à jeudi matin.

Plusieurs épaisses colonnes de fumées noires ont peu après été observées dans le ciel de la ville, comme la veille, où plusieurs frappes russes avaient touché des immeubles résidentiels.

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Ce qui reste d'un immeuble d'habitation à Kiev. (AFP/STATE EMERGENCY SERVICE OF UKRAINE / HANDOUT).

D'autres explosions ont été entendues en début de matinée.

Aucun bilan ou précisions n'étaient donnés dans l'immédiat par les autorités locales, alors que la presse n'était pas autorisée à circuler dans la ville, sous tension, en raison du couvre-feu.

"Des sites civils de Zaporojie ont été bombardés pour la première fois", a indiqué sur Telegram le gouverneur régional Olexandre Staroukh

Mardi, au moins quatre personnes avaient été tuées et une quarantaine d'autres secourues dans un immeuble d'habitation d'un quartier de l'ouest de Kiev, Sviatochine, après une frappe russe qui a provoqué un incendie, selon les autorités locales. Au moins deux autres attaques avaient fait plusieurs blessés dans la ville.

La ville ukrainienne de Zaporojie, largement épargnée par l'offensive russe et refuge des personnes fuyant la cité assiégée de Marioupol, a été visé par des frappes mercredi, notamment l'une de ses gares, selon les autorités locales.

"Des sites civils de Zaporojie ont été bombardés pour la première fois", a indiqué sur Telegram le gouverneur régional Olexandre Staroukh.

"Des roquettes sont tombées sur la zone de la gare Zaporojie-2. Selon les premières données, personne n'a été tué", a-t-il dit, ajoutant qu'une autre roquette était tombée sur le jardin botanique.

Zaporojie est la destination du couloir humanitaire pour les centaines de milliers d'habitants de la ville portuaire de Marioupol, assiégée par les forces russes. 

La ville se situe également à proximité d'une centrale nucléaire bombardée le 4 mars et occupée depuis par les Russes. 

La population de Zaporojie manque d'eau et de nourriture, se terrant dans les caves depuis des jours.

Après une série d'échecs, faute de cessez-le-feu russo-ukrainien, les évacuations se sont cependant accélérées mardi. Selon la présidence ukrainienne, quelque 20 000 personnes ont pu quitter la ville. 

Située à environ 55 kilomètres de la frontière russe et à 85 kilomètres du fief séparatiste de Donetsk, Marioupol est la plus grande ville encore aux mains de Kiev dans le bassin du Donbass qui comprend les régions de Donetsk et de Lougansk.

La prise par Moscou de cette ville portuaire, peuplée avant la guerre de 450 000 habitants et située au bord de la mer d'Azov, serait un important tournant dans l'invasion de l'Ukraine.

Elle permettrait de faire la jonction entre les forces russes venues de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports de Berdiansk et Kherson, et les troupes séparatistes et russes dans le Donbass.

Trois semaines après avoir envahi l'Ukraine, l'armée russe a intensifié ces derniers jours ses tirs, visant notamment les villes où des combats font rage comme Kharkiv (nord), les faubourgs de Kiev, Marioupol (sud) ou Mykolaïv (sud), mais aussi l'ouest du pays.                

Des pourparlers russo-ukrainiens visant à arrêter le bain de sang doivent reprendre mercredi, après une concession importante du président ukrainien Volodymyr Zelensky, prêt à renoncer à adhérer à l'Otan.

Un geste qui semble toutefois insuffisant pour le président russe Vladimir Poutine, selon un communiqué publié par le Kremlin à l'issue d'un entretien qu'il a eu mardi avec le président du Conseil européen, Charles Michel.

Lors de cette conversation, M. Poutine "a souligné que Kiev ne manifestait pas d'engagement sérieux à trouver des solutions mutuellement acceptables", selon ce communiqué.

Le président russe a justifié en partie l'invasion de l'Ukraine par la crainte de voir l'ex-république soviétique rejoindre l'alliance militaire occidentale, qu'il considère comme une menace existentielle pour la Russie.

"Les réunions continuent. D'après ce que l'on m'a dit, les positions dans les négociations semblent plus réalistes. Cependant, il faut encore plus de temps pour que les décisions soient dans l'intérêt de l'Ukraine", a déclaré de son côté mardi soir le président ukrainien.

Au moins quatre personnes ont été retirées mortes et une quarantaine d'autres dégagées vivantes d'un immeuble d'habitation d'un quartier ouest de Kiev, Sviatochine, après une frappe russe qui a provoqué un incendie, selon les autorités locales. 

La veille, à la limite nord-ouest de la capitale, deux journalistes, l'Irlandais Pierre Zakrzewski, caméraman rôdé aux zones de guerre travaillant pour Fox News, et l'Ukrainienne Oleksandra Kuvshinova qui l'accompagnait, ont été tués, tandis qu'un journaliste britannique de Fox News, Benjamin Hall, a été grièvement blessé, selon la chaîne de télévision américaine et des médias ukrainiens. Le journaliste américain Brent Renaud avait déjà péri dimanche dans la banlieue nord-ouest.

Kiev vit "un moment dangereux et difficile", a jugé mardi son maire Vitali Klitschko, décrétant un couvre-feu de 20H00 (18H00 GMT) à jeudi 07H00 (05H00 GMT).

De longues files d'attentes se sont formées pendant la journée devant les supermarchés, les habitants faisant des réserves.

"Nous tenons le coup", a assuré l'un d'eux, Vlad Volodko, 26 ans. Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants depuis le début du conflit le 24 février.

Mykola Vasylinko, un réfugié de 62 ans, trouvait la situation supportable: "Nous sommes venus de Tchernihiv (150 km au nord de Kiev), la situation y est bien pire" car les Russes "ont essayé de l'effacer de la surface de la Terre".

A Marioupol, autre ville martyre dans le sud-est de l'Ukraine, la situation reste très difficile, mais quelque 20 000 civils ont pu la quitter mardi à bord de 4 000 voitures, selon la présidence ukrainienne. Mais jusqu'à 300 000 personnes y restent coincées, terrées dans des caves et privées de tout.

"C'est la première fois que je peux respirer depuis des semaines", a déclaré Mykola, père de deux enfants, au volant de sa voiture où s'entassaient pèle-mêle couvertures, chaussures et autres possessions hâtivement embarquées. Sa famille fait partie des quelque milliers de personnes arrivées mardi à Zaporijie, 250 km au nord-ouest de Marioupol.

Au total, environ 29 000 personnes ont été évacuées mardi de plusieurs villes ukrainiennes assiégées, selon la même source.

Biden annonce une aide sécuritaire de $800 millions

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Le président américain Joe Biden. (AFP).

Joe Biden va annoncer mercredi une assistance sécuritaire supplémentaire à l'Ukraine de 800 millions de dollars pour aider le pays à faire face à l'invasion russe, a indiqué mardi soir un responsable de la Maison Blanche.

Le président américain doit faire cette annonce après une intervention par vidéo de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky devant le Congrès des Etats-Unis. Cela porte "le total annoncé au cours de la seule semaine passée à 1 milliard de dollars", a précisé ce responsable sous couvert de l'anonymat.

M. Zelensky intervient lui à 13H00 GMT devant les membres du Congrès américain, dont les membres pressent régulièrement le président Biden de durcir le ton face à la Russie.

Le président ukrainien avait déjà échangé avec plus d'une centaine d'élus et sénateurs américains par visioconférence le 5 mars, plaidant pour un durcissement des sanctions économiques contre la Russie.

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Les Premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki, tchèque Petr Fiala et slovène Janez Jansa, partis de Pologne en train, sont arrivés mardi soir à Kiev. (AFP/UKRAINE PRESIDENCY / HANDOUT).

«Nous serons avec vous»

Les Premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki, tchèque Petr Fiala et slovène Janez Jansa, partis de Pologne en train, sont arrivés mardi soir à Kiev pour affirmer "le soutien sans équivoque" de l'Union européenne à l'Ukraine.

Ils se sont entretenus avec le président Zelensky et son Premier ministre Denys Chmygal. 

"Nous ne vous laisserons jamais seuls. Nous serons avec vous parce que nous savons que vous vous battez non seulement pour votre liberté (...) mais aussi pour nous", a tweeté Mateusz Morawiecki.

Le vice-Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski, également du voyage, a réclamé une "mission de paix" de l'Otan, "protégée par les forces armées", pour "fournir une aide humanitaire et pacifique en Ukraine", selon l'agence polonaise PAP.

Alliée de l'Ukraine et membre de l'Otan, la Turquie, qui a refusé de s'aligner sur les sanctions occidentales contre la Russie, multiplie également les efforts de médiation. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu est à Moscou, où il aura des entretiens mercredi, puis ira en Ukraine jeudi afin de rechercher un cessez-le-feu, selon Ankara.

Trois millions de réfugiés

En attendant l'issue des négociations, la Russie élargit son offensive à l'ensemble de l'Ukraine, visant désormais aussi l'Ouest.

Après des frappes sur une base militaire proche de la Pologne dimanche, une frappe lundi contre une tour de télévision près de Rivne (nord-ouest) a fait 19 morts, selon les autorités locales mardi.

Les combats se rapprochent aussi de la grande ville stratégique de Dnipro (centre). Son aéroport a été bombardé et largement détruit dans la nuit de lundi à mardi, a souligné son maire.

Plus à l'ouest, Mykolaïv, dernier verrou sur la route d'Odessa, sur la mer Noire, est aussi régulièrement bombardée. 

Dans une maternité de la ville, les femmes, à chaque alerte, descendent au sous-sol, où une salle d'accouchement a été aménagée. "C'était un lieu utilisé par les plombiers, les techniciens. Il y a quatre ou cinq jours, nous avons eu deux femmes qui ont accouché simultanément dans cette pièce", a raconté le médecin-chef, Andriy Hrybanov.

En presque trois semaines de guerre, plus de trois millions de personnes ont fui l'Ukraine, majoritairement vers la Pologne, d'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dont 1,4 million d'enfants, soit "pratiquement un enfant par seconde", selon l'Unicef.

Un sommet extraordinaire de l'Otan consacré au conflit est prévu le 24 mars à Bruxelles, ainsi qu'un sommet des dirigeants de l'UE. Le président américain Joe Biden s'y rendra pour réaffirmer "l'engagement à toute épreuve" des Etats-Unis auprès de leurs alliés, selon la Maison Blanche.

Irruption télévisée

En Russie, dans un rare moment de protestation publique, une femme, Marina Ovsiannikova, a fait irruption lundi soir sur le plateau d'une grande chaîne de télévision russe pour laquelle elle travaillait, avec une pancarte critiquant l'offensive en Ukraine.

"Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment ici", pouvait-on y lire. 

La protestataire a été arrêtée, le Kremlin dénonçant un acte de "hooliganisme". 

Mardi, au cours d'une audience judiciaire pas directement liée à son action télévisée mais à une vidéo qu'elle avait diffusée sur internet, elle a rejeté toute culpabilité.

"Je reste convaincue que la Russie commet un crime (...) et qu'elle est l'agresseur de l'Ukraine", a-t-elle calmement affirmé. Elle a été condamnée à 30 000 roubles d'amende (environ 250 euros), puis libérée. 

L'utilisation du mot "guerre" par des médias ou des particuliers pour décrire l'intervention russe en Ukraine est passible de poursuites et de lourdes peines. Les autorités russes parlent d'"opération militaire spéciale".

Nouvelles sanctions

Parallèlement, les Occidentaux continuent à durcir leurs sanctions contre la Russie. 

Un quatrième train de mesures punitives de l'UE est entré en vigueur mardi, qui interdisent notamment l'exportation en Russie de berlines de luxe, champagne, bijoux et autres articles haut de gamme prisés par les élites qui soutiennent Vladimir Poutine.

Londres a aussi décidé de nouvelles sanctions, dont des droits de douane punitifs, une interdiction d'exporter des produits de luxe vers la Russie et des gels d'avoirs de plus de 370 personnes et entités russes.

Et le Trésor américain a annoncé de nouvelles sanctions visant le président bélarusse Alexandre Loukachenko, ainsi que des personnes et une entité russes.

La Russie a pour sa part adopté mardi pour la première fois des contre-sanctions, visant le président américain Joe Biden, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et plusieurs membres de leurs gouvernements, a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères. Aucun détail sur ces mesures n'a été donné.

La Russie a par ailleurs annoncé mardi avoir "notifié" son retrait du Conseil de l'Europe. Cette organisation dédiée à la défense des droits humains menaçait de l'exclure jeudi de ses rangs.  

Ukraine: Reprise des pourparlers entre Kiev et Moscou

Le président ukrainien devrait appeler une nouvelle fois à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays, une mesure soutenue par plusieurs élus du Congrès, mais que le président américain a pour l'instant écartée.

"Imaginez vos villes bombardées, encerclées", avait lancé mardi M. Zelensky devant les parlementaires canadiens, en réclamant à nouveau cette zone d'exclusion aérienne.

Des élus américains des deux camps exhortent aussi Joe Biden à faciliter la livraison d'avions polonais Mig-29 à l'Ukraine, ce à quoi Washington a opposé un refus définitif.

"Les Russes ont déjà tué 97 enfants" en bombardant "des écoles, des hôpitaux, des habitations", avait encore affirmé M. Zlensky devant les députés canadiens qui l'ont acclamé debout pendant plusieurs minutes.

Dans ce contexte de frappes intenses, des négociations entre Moscou et Kiev, entamées mardi, doivent reprendre mercredi, dans l'espoir d'arrêter l'hécatombe.

Le président ukrainien a apporté mardi un peu d'espoir, jugeant que les positions étaient désormais "plus réalistes".

Cependant, a-t-il reconnu, "il faut encore plus de temps pour que les décisions soient dans l'intérêt de l'Ukraine." Il a également fait un geste envers Moscou, se disant prêt à renoncer à toute adhésion de son pays à l'Otan, un casus belli pour la Russie. 

Pas de quoi néanmoins fléchir le président russe Vladimir Poutine, selon un communiqué publié à l'issue de son entretien mardi avec le président du Conseil européen Charles Michel.

Lors de cette conversation, M. Poutine "a souligné que Kiev ne manifestait pas d'engagement sérieux à trouver des solutions mutuellement acceptables", selon ce communiqué.

Médiation turque 
Les efforts de médiation de la Turquie, pays membre de l'Otan mais ayant refusé de s'associer aux sanctions contre Moscou, se poursuivent également. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu est à Moscou, où il aura des entretiens mercredi, puis ira en Ukraine jeudi afin de rechercher un cessez-le-feu, selon Ankara.

Les occidentaux veulent aussi réaffirmer leur unité et leur engagement aux côtés de l'Ukraine.
Parallèlement, Varsovie a réclamé la mise en place d'une "mission de paix" de l'Otan, "protégée par les forces armées" pour venir en aide à l'Ukraine. Le sujet pourrait être abordé lors d'un sommet extraordinaire de l'Otan prévu le 24 mars à Bruxelles.

Joe Biden s'y rendra pour réaffirmer "l'engagement à toute épreuve" des Etats-Unis auprès de leurs alliés, selon la Maison Blanche.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.