En Afghanistan, les cryptomonnaies offrent une échappatoire à la crise

Arezo, 19 ans, compte parmi une centaine d'étudiantes qui reçoivent depuis septembre 200 dollars - environ 180 euros - par mois en cryptomonnaie dans cette ville de l'ouest de l'Afghanistan, grâce à l'ONG américaine Code To Inspire. (AFP)
Arezo, 19 ans, compte parmi une centaine d'étudiantes qui reçoivent depuis septembre 200 dollars - environ 180 euros - par mois en cryptomonnaie dans cette ville de l'ouest de l'Afghanistan, grâce à l'ONG américaine Code To Inspire. (AFP)
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

En Afghanistan, les cryptomonnaies offrent une échappatoire à la crise

  • Cet engouement naissant a été relevé par le cabinet Chainalysis dans son classement mondial 2021 sur l'adoption des cryptomonnaies, qui place l'Afghanistan au vingtième rang sur 154 pays
  • Les monnaies numériques et leur architecture décentralisée, imperméable aux sanctions internationales, permettent à une poignée de jeunes d'échapper au marasme

HERAT: En plein cœur d'un bazar d'Hérat, Arezo Akrimi sort son smartphone et échange sa cryptomonnaie contre une liasse de billets. Une manière inespérée pour cette jeune Afghane de financer la survie de sa famille, dans un pays en plein naufrage économique.


Arezo, 19 ans, compte parmi une centaine d'étudiantes qui reçoivent depuis septembre 200 dollars - environ 180 euros - par mois en cryptomonnaie dans cette ville de l'ouest de l'Afghanistan, grâce à l'ONG américaine Code To Inspire.


Cette somme, qu'elle convertit dans un bureau de change en afghanis, la monnaie locale, est cruciale pour payer le loyer et nourrir sa famille de six personnes. Seule, sa mère fonctionnaire n'a plus d'emploi depuis que les talibans ont exclu la plupart des femmes de la fonction publique.


Depuis l'arrivée au pouvoir en août des fondamentalistes islamistes, l'Afghanistan a vu son économie s'effondrer et le chômage exploser, notamment à cause de l'immense crise de liquidités provoquée par le gel de milliards d'avoirs détenus à l'étranger. 


Mais les monnaies numériques et leur architecture décentralisée, imperméable aux sanctions internationales, permettent à une poignée de jeunes d'échapper au marasme.


"Ca a vraiment été très utile", sourit Arezo. "C'était très surprenant pour moi d'apprendre qu'on pouvait utiliser cela en Afghanistan."


Cette solution d'urgence permet à Code To Inspire, une organisation initialement fondée pour enseigner la programmation informatique aux femmes d'Hérat, d'aider directement ses élèves malgré les sanctions internationales. 


A cause du gel des avoirs, les banques afghanes ont fermé pendant plusieurs semaines après le retour au pouvoir des talibans et limitent les retraits depuis leur réouverture, créant de longues files d'attente devant les distributeurs. Les virements bancaires vers l'Afghanistan sont eux quasi-impossibles, pour éviter que les fonds ne tombent aux mains des islamistes.

«Surmonter les sanctions»
Les transferts de cryptomonnaie, opérés hors du système bancaire grâce à la technologie de la "blockchain", une sorte de livre de comptes réputé infalsifiable, ont permis à l'ONG de contourner ces obstacles tout en s'assurant que chaque donation était bien reçue par les jeunes femmes ciblées, explique à l'AFP sa fondatrice, Fereshteh Forough.


"La crypto est un moyen incroyable de surmonter toutes sortes de sanctions politiques et économiques, mais aussi un outil capable de changer la vie des gens qui vivent dans un régime autoritaire", estime cette Américaine, dont les parents ont fui l'Afghanistan dans les années 1980.


Pour garantir la sécurité financière de ses étudiantes, l'ONG évite de les payer en bitcoins, la plus célèbre des cryptomonnaies dont le cours joue régulièrement aux montagnes russes. Elle privilégie le "BUSD", un "stablecoin" dont le cours est adossé au dollar.


"Un BUSD, c'est un dollar", résume Mme Forough.


Au-delà de cette initiative humanitaire, les cryptomonnaies gagnent des adeptes à Hérat avec la crise, selon Hamidullah Temori.


Dans son bureau de change qui accepte ces devises décentralisées, le courtier constate depuis six mois un afflux de nouveaux clients, dont beaucoup viennent régulièrement convertir en afghanis sonnants et trébuchants des cryptoactifs envoyés par des proches depuis l'étranger. 


"Depuis que les talibans règnent, les transferts (de cryptomonnaie) depuis et vers l'étranger ont augmenté de 80%", raconte-t-il.


"La cryptomonnaie est plus pratique", ajoute le financier de 26 ans. Les transferts sont instantanés et les commissions bien moins importantes qu'en passant par Western Union ou par la hawala, ce système de transfert d'argent de gré à gré traditionnellement plébiscité par les Afghans.


A Kaboul, Noor Ahmad Haidar s'est également converti par la force des choses. Le jeune homme, qui s'est lancé début 2021 dans l'exportation de safran vers les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada, compte 90% de ses commandes payées en bitcoins depuis le changement de régime.


"J'évite de passer par le processus chaotique des transferts bancaires. Depuis août, c'est vraiment devenu la seule option disponible, et la plus pratique pour moi", relate-t-il.

«Prendre des risques»
Cet engouement naissant a été relevé par le cabinet Chainalysis dans son classement mondial 2021 sur l'adoption des cryptomonnaies, qui place l'Afghanistan au vingtième rang sur 154 pays. Le pays figurait auparavant parmi les derniers.


"Je ne pense pas que ce soit uniquement en réponse à la prise de pouvoir des talibans", explique Kim Grauer, directrice de la recherche du cabinet. "C'est aussi parce que nous sommes à un moment où il y a plus de solutions permettant d'échanger des cryptomonnaies sur son téléphone et plus de gens comprennent de quoi il s'agit."


Si la dynamique est en hausse, le volume des échanges demeure très faible, et le restera à cause du manque d'accès à Internet et du haut niveau d'analphabétisme en Afghanistan, rappelle-t-elle.


Plus de 10 des 38 millions d'Afghans ne savent pas lire, selon les derniers chiffres de l'Unesco.


Mais pour ceux qui peuvent s'aventurer dans cet univers, les cryptomonnaies font figure de bouée de sauvetage.


A côté de ses études, Ruholamin Haqshanas écrit depuis Hérat pour des médias basés en Inde, spécialisés dans les nouvelles technologies. 


Depuis l'avènement des talibans, son salaire, entièrement versé en stablecoins, lui permet d'encaisser l'inflation galopante et la chute libre de l'afghani, qui avait perdu en janvier 35,6% de sa valeur face au dollar en un an, selon les données du Programme alimentaire mondial (PAM).


"Les stablecoins offre une très bonne protection contre la perte de valeur de la monnaie", juge cet étudiant de 22 ans, qui gagne désormais plus que son père médecin.


Le jeune homme tente également de spéculer sur certaines cryptomonnaies plus volatiles, grâce aux conseils d'un groupe WhatsApp qui rassemble 13 000 membres à Hérat. 


Etudiante elle aussi, Parisa Rahamati a gagné 600 dollars en février, en pariant sur le cours de monnaies décentralisées comme l'Ethereum et l'Avax. Des revenus inespérés qu'elle a partagés avec sa mère, veuve et sans emploi.


"Tu dois accepter de prendre des risques", confie la jeune femme de 22 ans. "Les crypto, c'est 50/50, tu peux doubler ta mise ou bien descendre à zéro."


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.