L'Ukraine rejette l'ultimatum russe sur Marioupol, 8 morts dans un bombardement à Kiev

Un pompier à Kiev devant le centre commercial carbonisé par une frappe russe. (AFP).
Un pompier à Kiev devant le centre commercial carbonisé par une frappe russe. (AFP).
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Publié le Lundi 21 mars 2022

L'Ukraine rejette l'ultimatum russe sur Marioupol, 8 morts dans un bombardement à Kiev

  • Le président américain Joe Biden se rendra vendredi à Varsovie pour y rencontrer son homologue polonais et discuter de l'invasion russe
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que Jérusalem «serait le bon endroit pour trouver la paix»

KIEV: Même si les chars russes ne parviennent toujours pas à encercler Kiev, cela n'empêche pas Moscou de continuer de faire monter la pression sur la capitale ukrainienne en bombardant des sites civils tel que ce centre commercial de Kiev, situé dans une zone populaire très fréquentée. 

La frappe d'une très forte puissance a pulvérisé des véhicules et laissé sur le parking un cratère béant de plusieurs mètres de large devant un immeuble de dix étages carbonisé et encore fumant. Des débris, véhicules anéantis, ferrailles tordues, jonchaient la scène sur des centaines de mètres. 

C'est dans ce contexte que l'Ukraine a rejeté lundi l'ultimatum du Kremlin exigeant la capitulation de la ville assiégée de Marioupol, alors qu'un nouveau bombardement à Kiev a fait au moins huit morts, dévastant les abords d'un centre commercial de la capitale.

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Cette photo prise et publiée par le service de presse des forces terrestres ukrainiennes le 20 mars 2022 montre un char russe carbonisé, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine, en première ligne dans la région de Kiev. (AFP)


"Il n'est pas question de parler de reddition ou de déposer les armes. Nous en avons déjà informé la partie russe", a déclaré le vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk au journal Ukrayinskaya Pravda. "C'est une manipulation délibérée et une véritable prise d'otages".

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Le ministère de la Défense russe avait appelé l'Ukraine à "déposer ses armes" et exigé une "réponse écrite" à son ultimatum qui a expiré lundi matin, au nom de la sauvegarde des habitants et des infrastructures de la ville de Marioupol.


"Nous demandons aux autorités officielles de Kiev d'être raisonnables et d'annuler les instructions données précédemment, qui obligeaient les militants à se sacrifier et à devenir des +martyrs de Marioupol+", avait lancé Mikhail Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense.

Le président ukrainien appelle l'UE à cesser tout «commerce» avec la Russie

Dans une vidéo sur Telegram, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l'Union, et en particulier l'Allemagne, à cesser tout commerce avec la Russie, notamment concernant "les ressources énergétiques", car ainsi "la Russie n'aura plus d’argent pour cette guerre".

Selon M. Mizintsev, la Russie et l'Ukraine ont convenu d'un itinéraire permettant aux habitants de Marioupol de se rendre sur le territoire contrôlé par Kiev le 21 mars. "A partir de 10 heures, heure de Moscou (...) la Russie ouvre des corridors humanitaires depuis Marioupol vers l'Est, et en accord avec la partie ukrainienne, vers l'Ouest", a détaillé M. Mizintsev. 


"Les occupants continuent à se comporter comme des terroristes", a répliqué Iryna Verechtchouk sur Telegram. "Ils disent qu'ils sont d'accord (pour instaurer un) corridor humanitaire et le matin, ils bombardent le lieu d'évacuation. Le gouvernement fait tout ce qui est possible. La chose la plus importante pour nous est de sauver la vie et la santé de nos citoyens".


Selon les autorités locales, les soldats russes ont transporté de force autour de 1 000 habitants vers la Russie, les privant de leur passeport ukrainien - un possible crime de guerre. 


Mme Verechtchouk a également affirmé au journal Ukrainska Pravda que des enfants étaient "kidnappés" dans des orphelinats.


"350 enfants vont être emmenés de force en Russie sans nous permettre de les récupérer", a-t-elle dit, demandant aux autorités russes de leur dire "dans quel orphelinat" ils seront placés, et "pourquoi". "C'est du terrorisme", a-t-elle répété.


La vice-Première ministre a demandé que la priorité soit donnée à un corridor humanitaire, permettant à environ 350 000 personnes encore bloquées à Marioupol de partir.

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Cratère béant
Dans la nuit, les services de secours avaient indiqué que des "tirs ennemis" avaient provoqué un incendie sur plusieurs étages du centre commercial, situé le district de Podilsky.

Ils ont publié des images d'une caméra de surveillance, montrant une énorme explosion et un nuage en forme de champignon, suivi d'une série de déflagrations moins importantes.

Les pompiers ont extrait des décombres du bâtiment au moins un homme, couvert de poussière, selon d'autres images vidéo publiées par les services de secours. 

Des riverains habitant dans un immeuble voisin, dont les fenêtres ont été soufflées par l'explosion, ont affirmé avoir vu un lance-roquettes mobile près du centre commercial plusieurs jours auparavant. Une énorme déflagration a secoué toute la ville lors de l'attaque, selon des journalistes de l'AFP.

Nouveau couvre-feu instauré à Kiev, de lundi soir à mercredi matin

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a annoncé qu'un nouveau couvre-feu serait imposé dans la capitale ukrainienne à partir de lundi soir, jusqu'à mercredi matin.


"Il commencera aujourd'hui à 20H00 (18H00 GMT) et durera jusqu'à 07H00 (05H00 GMT) le 23 mars", a écrit l'ancien champion du monde de boxe sur sa chaîne Telegram.

"Les commerces, pharmacies, stations-services, établissements ne seront pas ouverts demain", a-t-il précisé. "Je demande à chacun de rester chez soi ou dans des abris au moment où les sirènes retentissent".


Plusieurs couvre-feux ont déjà été observés dans la capitale, que les troupes russes cherchent toujours à encercler. Le dernier en date a duré 35 heures la semaine dernière, de mardi soir à jeudi matin. 

Nouvelles sanctions

M. Borrell s'exprimait avant une réunion lundi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'UE, consacrée à l'examen de nouvelles sanctions contre Moscou.

L'UE devrait aussi approuver la constitution d'une force militaire de 5.000 combattants et s'engager sur une augmentation de ses dépenses militaires afin d'être en mesure de mener seule des interventions d'ici 2025 - "une partie de la réponse" au conflit, selon M. Borrell.

Le Kremlin a de son côté estimé qu'un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait "tout le monde" et "aurait une influence très sérieuse sur le marché mondial du pétrole".

L'UE a déjà adopté plusieurs trains de sanctions contre Moscou, ciblant massivement entreprises, banques, hauts responsables et oligarques, et interdisant les exportations vers la Russie.

Les importations de gaz ou de pétrole russes ont jusqu'ici été épargnées en raison de leur coût pour les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes. 

Toujours sur le front diplomatique, une nouvelle visioconférence sur la guerre est prévue à 15H00 GMT entre les dirigeants américain Joe Biden, français Emmanuel Macron, britannique Boris Johnson, allemand Olaf Scholtz et italien Mario Draghi, selon Washington et Paris.

Biden en Pologne vendredi 
Peu avant, la Maison Blanche a annoncé que le président américain Joe Biden se rendra vendredi à Varsovie pour y rencontrer son homologue polonais et discuter de l'invasion russe. Elle a précisé que M. Biden irait auparavant en Belgique pour rencontrer des dirigeants de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne.


La ville portuaire de Marioupol, dans le sud du pays, est une cible centrale dans la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Elle constitue un pont terrestre entre les forces russes en Crimée, au sud-ouest, et le territoire contrôlé par la Russie, au nord et à l'est.


La ville, majoritairement russophone, subit de lourds bombardements des forces russes depuis le début de l'invasion le 24 février.


Le consul général de Grèce à Marioupol, qui a organisé plusieurs évacuations de ressortissants grecs, a comparé cette ville à Guernica ou encore Alep, à son arrivée dimanche à Athènes.


"Marioupol fera partie de la liste des villes dans le monde qui ont été complètement détruites par la guerre, comme Guernica, Stalingrad, Grozny, Alep...", a déclaré M. Androulakis à des journalistes à l'aéroport.


Selon l'administration militaire de la région de Donetsk, Marioupol est devenue "une ville fantôme". 


"Actuellement, plus de 80% des infrastructures de la ville sont endommagées ou détruites. Sur ces 80%, environ 40% ne sont pas récupérables", a détaillé Pavlo Kirelenko, un responsable. 


Les Nations unies ont qualifié la situation humanitaire dans la ville d'"extrêmement grave", les "habitants étant confrontés à une pénurie critique et potentiellement mortelle de nourriture, d'eau et de médicaments".

Kiev: au moins huit morts dans un bombardement sur un centre commercial

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Lundi matin, pompiers et militaires s'affairaient dans les décombres pour rechercher d'autres victimes. (AFP).

Les forces russes tentent toujours par ailleurs d'encercler Kiev, la capitale ukrainienne, où un bombardement sur un centre commercial dans la nuit de dimanche a lundi, a provoqué le mort d'au moins huit personnes, selon le parquet général.


Des corps de victimes étaient étendus lundi matin devant le centre commercial Retroville, dans le nord-ouest de Kiev, a constaté un journaliste de l'AFP, tandis que les pompiers et militaires s'affairaient dans les décombres pour rechercher d'autres victimes. 


La frappe d'une très forte puissance a pulvérisé des véhicules et laissé sur le parking un cratère béant de plusieurs mètres de large devant un immeuble de dix étages carbonisé et encore fumant. Des débris, véhicules anéantis, ferrailles tordues, jonchaient la scène sur des centaines de mètres. 


"Des tirs ennemis" ont provoqué un incendie sur plusieurs étages du centre commercial situé dans le district de Podilsky, avaient de leur côté précisé auparavant les services de secours sur Facebook.

Lundi matin, pompiers et militaires s'affairaient dans les décombres pour rechercher d'autres victimes

Zelensky espère Jérusalem 
Dans un entretien diffusé par CNN, le président ukrainien s'est dit "prêt à des négociations" avec le président russe. "Je suis prêt depuis les deux dernières années et je pense que sans négociations, on n'arrêtera pas la guerre".


Il avait auparavant dénoncé le bombardement de l'école d'art de Marioupol, détruite par des frappes russes alors que 400 personnes - femmes, enfants et personnes âgées - y étaient réfugiées selon les autorités locales.


Dans la nuit de dimanche à lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que Jérusalem "serait le bon endroit pour trouver la paix".


"Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, essaie de trouver un chemin pour la négociation avec la Russie et nous lui en sommes reconnaissants. Pour tous ses efforts, afin que tôt ou tard, nous puissions commencer la discussion avec la Russie. Peut-être à Jérusalem. C'est le bon endroit pour trouver la paix. Si c'est possible", a dit le chef d'Etat dans une vidéo publiée sur Telegram.


Les Nations unies ont estimé qu'environ 10 millions d'Ukrainiens ont fui leur foyer, dont un tiers environ est parti à l'étranger, principalement en Pologne.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.