«La rafle des notables» juifs en France en 1941/42, une tragédie méconnue

La journaliste française Anne Sinclair et son partenaire, l'historien Pierre Nora, lors d’un hommage national à la mémoire de Jean Daniel, fondateur du magazine français Nouvel Observateur, à l'hôtel des Invalides à Paris, le 28 février 2020. (Stéphane De Sakutin / AFP)
La journaliste française Anne Sinclair et son partenaire, l'historien Pierre Nora, lors d’un hommage national à la mémoire de Jean Daniel, fondateur du magazine français Nouvel Observateur, à l'hôtel des Invalides à Paris, le 28 février 2020. (Stéphane De Sakutin / AFP)
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Publié le Lundi 21 mars 2022

«La rafle des notables» juifs en France en 1941/42, une tragédie méconnue

  • Basé sur un livre de la journaliste Anne Sinclair, un documentaire raconte la «rafle des notables» de 1941/42, restée méconnue du grand public
  • On commémorera dimanche le 80e anniversaire de ce convoi, parti de Drancy pour Auschwitz le 27 mars 1942

PARIS : Ils étaient magistrats, politiciens, commerçants français, mais ce statut privilégié ne les a pas protégés des nazis, car ils étaient juifs : basé sur un livre de la journaliste Anne Sinclair, un documentaire raconte la «rafle des notables» de 1941/42, restée méconnue du grand public.

La majorité de ces hommes, raflés le 12 décembre 1941 à Paris, a ensuite fait partie du premier convoi de déportation de juifs de France. On commémorera dimanche le 80e anniversaire de ce convoi, parti de Drancy pour Auschwitz le 27 mars 1942, avant la rafle du Vél d'Hiv de juillet suivant.

Entretemps, ces notables ont été internés dans le camp de Royallieu, à Compiègne (nord-est).

«On les laissait mourir à petit feu» dans ce «camp nazi à une heure de Paris», dit à l'AFP la journaliste Anne Sinclair.

Diffusé mercredi à 22h40 sur la chaine de télévision publique France 2, le documentaire «La rafle des notables» est basé sur le livre éponyme qu'elle a publié en 2020.

Car parmi ces notables au destin tragique se trouvait son grand-père paternel, Léonce Schwartz, un négociant en dentelles. S'il a échappé à la déportation, il est mort en mai 1945, usé par son internement.

«Au départ, cette histoire était une quête personnelle, que j'ai voulu élargir à une rafle très méconnue du grand public. Cela me fait un plaisir fou que ça puisse toucher un public plus large» grâce au documentaire, poursuit Anne Sinclair, qui en dit le texte et est présente à l'image.

Les cibles de cette rafle étaient 743 juifs français bien installés dans la société.

«Il y avait un ancien ministre, Pierre Masse, des présidents de cour de cassation, de grands avocats, le frère de Léon Blum (ancien président du Conseil, ndlr), le mari de (l'écrivaine) Colette, Maurice Goudeket», énumère Anne Sinclair.

Choc des cultures

Mais pour parvenir à 1.000 prisonniers, on y ajouta 300 juifs étrangers socialement moins favorisés. Et leur internement commun à Compiègne donna lieu à un choc des cultures.

«C'est l'une des spécificités de ce camp très particulier», souligne Anne Sinclair.

En effet, les juifs français totalement assimilés ne comprenaient pas ce qui leur arrivait: «Ils se disaient +On a fait la guerre de 14, on a toujours été Français depuis des générations, qu'est-ce qu'on fait là?+»

«Ils n'avaient pas les clés de lecture qu'avaient les juifs venus de Pologne, de Roumanie ou de Hongrie, qui avaient subi des pogroms et connaissaient déjà les ravages du nazisme», selon Mme Sinclair.

Dans un précédent ouvrage, «21 rue La Boétie» (2012), elle avait déjà raconté l'histoire de son autre branche familiale: la spoliation des biens de son grand-père maternel, le marchand d'art Paul Rosenberg, qui a fui aux Etats-Unis en 1940 pour échapper aux nazis.

«C'est une période qui me hante: on a du mal à comprendre comment, il n'y a pas si longtemps, un peuple a décidé d'exterminer industriellement et méthodiquement un autre», explique-t-elle.

Sur la forme, le documentaire a dû composer avec l'absence quasi-totale d'images d'archives de ce «Camp de la mort lente», du titre d'un livre de Jean-Jacques Bernard, le fils du dramaturge Tristan Bernard, qui y fut lui-même interné.

«L'absence d'images doit-elle conduire à l'absence de récit et à l'impossibilité de transmettre? Le dispositif de réalisation devait démontrer l'inverse», a commenté le réalisateur, Gabriel Le Bomin, qui s'est notamment appuyé sur des séquences animées pour combler cette absence.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".


Glucksmann veut couper l'herbe sous le pied de Macron et dégaine son discours sur l'Europe

Lors du meeting de Strasbourg, Raphaël Glucksmann devrait parler institutions, budget, élargissement de l'UE, et évoquer la question de la défense européenne, un sujet qui tient à coeur à ce fervent partisan du soutien à l'Ukraine. (AFP)
Lors du meeting de Strasbourg, Raphaël Glucksmann devrait parler institutions, budget, élargissement de l'UE, et évoquer la question de la défense européenne, un sujet qui tient à coeur à ce fervent partisan du soutien à l'Ukraine. (AFP)
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  • Glucksmann espère pouvoir renverser les courbes, et prendre la deuxième place, actuellement occupée par la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer, qui stagne derrière Le RN Jordan Bardella
  • Raphaël Glucksmann va "montrer le grand écart entre le discours de Macron et la réalité", abonde Christophe Clergeau, insistant sur les projets bloqués par la France

STRASBOURG: Raphaël Glucksmann, tête de liste du parti socialiste et de Place publique aux européennes, veut couper l'herbe sous le pied d'Emmanuel Macron avec un "grand discours" sur l'Europe mercredi soir lors d'un meeting à Strasbourg, à la veille de celui du chef de l'Etat à la Sorbonne.

"Ce sera un moment important", prévient l'entourage de l'eurodéputé et leader de Place publique, qui va présenter "sa vision pour L'union européenne", son "plan Europe 2030", qui sera articulé sur trois axes: "Défense, Ecologie, Solidarités".

L'essayiste de 44 ans, qui avait convaincu un peu plus de 6% des électeurs aux européennes de 2019, est actuellement en dynamique, crédité de 12 à 14% des intentions de vote, selon les instituts de sondage.

Il espère toujours pouvoir renverser les courbes, et prendre la deuxième place, actuellement occupée par la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer, qui stagne derrière Le RN Jordan Bardella.

Jouant sur l'idée d'un vote utile à gauche, il tente notamment de grignoter les électeurs déçus d'Emmanuel Macron et de l'insoumis Jean-Luc Mélenchon.


Dans l'Orne, le bureau de poste itinérant tente de conquérir les villages

Un accès "France Services" permet de réaliser une poignée de démarches administratives concernant notamment la Caisse d'allocations familiales (CAF), l'agence France Travail ou encore les impôts. (AFP).
Un accès "France Services" permet de réaliser une poignée de démarches administratives concernant notamment la Caisse d'allocations familiales (CAF), l'agence France Travail ou encore les impôts. (AFP).
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  • Première destination ce matin-là pour leur camion de poste itinérant: le parking de la mairie de Ménil-Hubert-en-Exmes, bourg d'une centaine d'habitants dans l'Orne
  • Achat de timbres, envoi de plis, affranchissement de colis, virements La Banque Postale ou services de téléphonie La Poste Mobile: "c'est l'équivalent d'un bureau de poste statique"

NENIL-HUBERT-EN-EXMES: Pour les postières Angélique Vincke et Christine Roger, de nouveaux gestes s'imposent depuis mardi à chaque ouverture de bureau, et ça commence par quelques kilomètres de conduite.

Première destination ce matin-là pour leur camion de poste itinérant: le parking de la mairie de Ménil-Hubert-en-Exmes, bourg d'une centaine d'habitants dans l'Orne, dépourvu de poste, mais aussi de commerces et d'école.

Achat de timbres, envoi de plis, affranchissement de colis, virements La Banque Postale ou services de téléphonie La Poste Mobile: "c'est l'équivalent d'un bureau de poste statique" et "une nouvelle aventure" pour Angélique Vincke, qui se partagera à terme avec sa collègue l'accueil des clients dans neuf villages, à raison de deux par jour.

Un accès "France Services" permet de réaliser une poignée de démarches administratives concernant notamment la Caisse d'allocations familiales (CAF), l'agence France Travail ou encore les impôts.

Au total, cinq camions jaunes vont sillonner pendant une période de test d'un an l'Orne, la Creuse, la Haute-Marne, le Gers et le Jura. Ils devraient permettre de toucher 13.000 habitants dans 40 communes, selon le groupe public.

Il ne sera en revanche pas possible d'effectuer des retraits d'argent liquide. Ce service, plus compliqué à mettre en place, n'est testé que dans le camion qui circulera dans la Creuse.

Budget de l'expérimentation: un million d'euros.

"On n'est pas dans une notion de rentabilité", plutôt "une notion de service public", détaille à l'AFP Frédéric Bonté, adjoint au directeur exécutif régional de La Poste en Normandie.

"Nous avons créé ce camion pour aller vers les gens" avec "l'intégralité des produits essentiels que l'on vend majoritairement dans les bureaux de poste", souligne-t-il. Et "on a été très bien accueilli par les maires", "tant dans l'idée dès le début" que "dans la mise en pratique".

"C'est une expérience", "on va faire un petit peu de pub", a promis le maire, Emile Lampérière. "Peut-être qu'à certaines personnes, ça peut rendre service, pour d'autres il y a peut-être pas besoin..."

Des « habitudes » ailleurs 

Le départ est donné à 9H05. Après une sortie millimétrée du bureau de poste de Gacé, le camion Renault Trucks sillonne près de huit kilomètres de routes départementales, à travers champs et forêt.

Déploiement des pieds pour stabiliser le "bureau", mise en place des emballages Colissimo sur les étagères, lancement de l'ordinateur et finalement ouverture des portes. A 9H30, tout est prêt, ou presque: la machine à café, pour offrir un café et une madeleine à chaque client, ne veut pas.

A chaque arrêt, les deux employées doivent repositionner la balance pour compenser l'éventuelle pente de la chaussée.

Il s'agit "d'irriguer le territoire", dit Frédéric Bonté, en allant dans des communes qui n'ont jamais eu de bureau de poste et raccourcir les chemins pour les habitants.

"Ça fait sept kilomètres de moins à l'aller, sept de moins en retour" pour déposer une lettre, juge Jeanine Barbey, 72 ans, première adjointe du maire et auto-proclamée "très très bonne cliente de La Poste", avec "beaucoup de courrier". Mais "nous sommes habitués à ne pas avoir de services de proximité donc forcément on prend la voiture".

Le guichet "France Services", lui, "peut être une aide vraiment précieuse", par exemple "pour des personnes pas très habituées" aux démarches sur internet, souligne Jeanine Barbey.

Pour le courrier, par contre, "c'est bien de venir" jusque dans le village, mais "on ira plus souvent sur Gacé quand même", dit-elle.

Pour le maire, "les gens ont leurs habitudes", cette nouvelle poste mobile "ne va pas les empêcher d'aller chercher leur pain à Gacé."

Parfois, le facteur prend aussi le courrier affranchi lors de sa tournée au village et "les timbres, on a l'habitude de les acheter au bureau de poste (à Gacé) en faisant les courses", confirme Marie-Jo Lampérière, 75 ans.

De quoi faire pointer à plusieurs habitants le risque qu'Angélique Vincke et Christine Roger trouvent parfois "le temps long" le mardi matin.