Pourquoi parler de la Zakat dans un ouvrage consacré au financement du terrorisme?

Un membre des forces gouvernementales irakiennes tient une enveloppe du bureau du groupe de charité et d'aumône de l'État islamique (EI) appelant les riches à faire un don aux pauvres, ce qui est connu dans l'Islam sous le nom de "Zakat", enveloppe trouvée en inspectant le 13 mars 2017 le musée détruit de Mossoul qu'ils ont repris aux djihadistes la semaine précédente. AHMAD AL-RUBAYE / AFP
Un membre des forces gouvernementales irakiennes tient une enveloppe du bureau du groupe de charité et d'aumône de l'État islamique (EI) appelant les riches à faire un don aux pauvres, ce qui est connu dans l'Islam sous le nom de "Zakat", enveloppe trouvée en inspectant le 13 mars 2017 le musée détruit de Mossoul qu'ils ont repris aux djihadistes la semaine précédente. AHMAD AL-RUBAYE / AFP
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Publié le Jeudi 24 mars 2022

Pourquoi parler de la Zakat dans un ouvrage consacré au financement du terrorisme?

  • En France, par exemple, dans un rapport rédigé avec André Reichardt en 2015, j’indiquais que, pour une mosquée d'environ 2 000 fidèles, plus d’1 million d’euros en espèces pouvait être récolté durant le mois du ramadan.
  • La France, pour des raisons liées à la loi de 1905 dite de la séparation de l’Église et de l’État, est dans l’impossibilité de mettre en place des contrôles sur cette obligation pesant sur les fidèles musulmans

La réponse est simple, le terrorisme se finance grâce à de l’argent en espèces de préférence, non traçable.
Il se trouve que la Zakat remplit dans certains pays ces critères.
Au contraire, dans des pays où l’islam est la religion d’État, la Zakat est très contrôlée.
C’est ce paradoxe qui est mis en lumière ici.
Troisième pilier de l'islam, la zakât al-maal est l’aumône annuelle obligatoire que les musulmans doivent verser au titre de la solidarité.
Il est difficile de donner des estimations précises du montant de la Zakat à travers le monde. Néanmoins, les estimations les plus sérieuses évaluent le montant de la Zakat à un chiffre supérieur à celui du montant de l'aide annuelle versée au développement.

Avec une telle manne, pas étonnant que des groupes terroristes cherchent à exploiter cette obligation religieuse à des fins criminelles.


En France, par exemple, dans un rapport rédigé avec André Reichardt en 2015, j’indiquais que, pour une mosquée d'environ 2 000 fidèles, plus d’1 million d’euros en espèces pouvait être récolté durant le mois du ramadan.
Avec une telle manne, pas étonnant que des groupes terroristes cherchent à exploiter cette obligation religieuse à des fins criminelles.
D’autant que si on raisonne en termes de risque de financement du terrorisme, elle cumule tous les écueils possibles, multiplication des acteurs, petites sommes, absence de traçabilité et méfiance dans les structures officielles.
C’est la raison pour laquelle les tentatives de maîtrise de ce flux se sont multipliées à travers le monde.
L'essayiste Jean-Paul Gourévitch souligne par exemple que Daech, Al Qaida ou encore Aqmi et Boko Haram ont mis en place des systèmes parallèles s'appuyant sur les coutumes existantes dans le monde musulman pour les utiliser pour acheter des armes, administrer des territoires conquis, réaliser de la propagande, ou encore implanter des cellules actives ou dormantes.
La France, pour des raisons liées à la loi de 1905 dite de la séparation de l’Église et de l’État, est dans l’impossibilité de mettre en place des contrôles sur cette obligation pesant sur les fidèles musulmans, pas plus d’ailleurs que sur le denier des autres religions présentes sur le territoire.
Des solutions semblent pourtant se faire jour sur le plan international.
Ainsi, le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs algérien a publié, le 16 août 2021, un communiqué aux fidèles les informant de la possibilité de déposer leur dons sur des comptes CCP répartis à travers les wilayas ou via le service électronique BaridiMob.
Le 20 novembre 2021, c’est le Sénégal, où Touba lance officiellement une structure chargée de la collecte et de la distribution de la Zakat.

En 2016, les revenus de la Zakat et des impôts s’élevaient à 9 milliards de dollars.


Plusieurs pays ont également mis en place des fonds officiels pour la collecte de la Zakat, fonds obligatoires en Arabie saoudite, Pakistan et Malaisie, ou volontaires au Koweït, en Égypte ou en Jordanie.
L’Arabie saoudite a mis en place un contrôle très strict de la Zakat, interdisant purement et simplement les collectes en espèces (sauf pour les organisations caritatives agréées). Les dons sont centralisés à la King Salman Foundation, qui se charge ensuite de la redistribution. Le Royaume a également lancé un impôt par voie électronique et un certificat d’autorisation de Zakat.
Ces nouvelles incluent tous les dons faits par des particuliers et des entreprises, et empêchent toute fuite potentielle des fonds vers des groupes terroristes. L’Autorité générale en charge de la Zakat exerce des contrôles stricts.
En 2016, les revenus de la Zakat et des impôts s’élevaient à 9 milliards de dollars.
On peut ajouter à l’arsenal législatif du Royaume des lois permettant de condamner à un emprisonnement d’au moins trois ans ou au paiement d’une amende de 2 millions de riyals (533 333 dollars) les personnes coupables d’avoir collecté de l’argent sans permis délivré par une agence gouvernementale. La peine d’emprisonnement peut aller jusqu’à dix ans, et l’amende jusqu’à 5 millions de riyals (1,3 million de dollars) si le financement est avéré au profit d’une organisation terroriste.
Il est également interdit aux imams de mosquées de recevoir de l’argent sur le fondement d’une aide ou pour organiser des banquets d’iftar, repas du soir pris quotidiennement au coucher du soleil pendant le jeûne du mois du ramadan.
L’exemple du Kazakhstan est également très parlant. Fin 2021, les autorités kazakhes ont annoncé la création d'un fonds caritatif spécial Zakat placé sous l'administration spirituelle des musulmans du Kazakhstan. Ce fond est officiellement enregistré auprès du ministère de la Justice et se compose de 17 bureaux de représentation implantés dans chaque région du pays. C'est le conseil d'administration de la Fondation qui prend les décisions de financement. Les bureaux de représentation distribuent les aides financières suivant un certain nombre de projets portés par la fondation, tous à vocation solidaire ou humanitaire.
Le système est extrêmement efficace pour les personnes dans le besoin car chaque imam des mosquées dispose de la liste des familles nécessiteuses de sa région.

Comme je l’ai signalé à de nombreuses reprises et dans de nombreux écrits publiés au fil des années, il ne serait pas absurde que les autorités musulmanes qui remplacent le CFCM mettent en place un système plus transparent pour éviter tout détournement.
J’ajoute que le proximité du ramadan, qui débute dans quelques jours, devrait permettre d’engager une réflexion dans ce sens.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com