En Espagne, l'envolée des prix fait flamber la colère sociale

Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation contre le prix du carburant, à Barcelone le 23 mars 2022. (Photo, AFP)
Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation contre le prix du carburant, à Barcelone le 23 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

En Espagne, l'envolée des prix fait flamber la colère sociale

  • Appelant à « freiner la détérioration des conditions de vie» et à « contenir les prix», les deux principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et UGT comptaient mobiliser avec une grève nationale mercredi
  • Cette journée d'action, soutenue par plusieurs associations de consommateurs, survient alors que la hausse des prix a atteint en février son plus haut niveau depuis 35 ans en Espagne (7,6%)

MADRID : Grève des transporteurs routiers, manifestations d'agriculteurs et de pêcheurs, grogne du secteur industriel... en Espagne, l'inflation record attise la colère contre le gouvernement de gauche, pressé d'agir au plus vite face à la flambée des prix de l'énergie.

Appelant à "freiner la détérioration des conditions de vie" et à "contenir les prix", les deux principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et UGT comptaient mobiliser avec une grève nationale mercredi. Des manifestations sont prévues dans une soixantaine de villes, notamment à Madrid à partir de 18h00.

Cette journée d'action, soutenue par plusieurs associations de consommateurs, survient alors que la hausse des prix a atteint en février son plus haut niveau depuis 35 ans en Espagne (7,6%), en raison de la flambée des prix de l'énergie, dopés par la guerre en Ukraine.

"Mois après mois, les factures d'électricité, le chauffage, l'essence, les aliments, le logement et le transport augmentent. L'ensemble de la société souffre de cette situation", soulignent les organisateurs de cette grève, qui s'ajoute à une longue série de débrayages et de manifestations depuis dix jours en Espagne.

Le pays est confronté depuis le 14 mars à une grève illimitée des camionneurs, lancée par une plateforme de transporteurs indépendants. Ce mouvement, qui s'accompagne de multiples barrages routiers, perturbe fortement l'approvisionnement des supermarchés et met en difficulté de nombreuses entreprises.

Le gouvernement affronte également une grève des pêcheurs, qui ont cessé le travail lundi pour trois jours à l'appel d'une fédération regroupant près de 9 000 embarcations, et des chauffeurs de taxis, qui ont organisé mercredi des opérations escargots pour protester contre l'envolée des prix des carburants.

La colère s'est aussi étendue aux éleveurs et aux agriculteurs, touchés de plein fouet par la hausse du coût des engrais et des matières premières. 

Près de 150 000 d'entre eux étaient venus manifester dimanche à Madrid, avec des chasubles fluorescents rappelant le mouvement des "gilets jaunes".  

«Agir de façon unie»

Ce mouvement de grogne sociale - le plus important depuis l'arrivée au pouvoir en 2018 du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez - a reçu le soutien des partis d'opposition, et en particulier de Vox (extrême droite), qui a organisé samedi ses propres rassemblements dans plusieurs villes d'Espagne.

Cette formation ultra-nationaliste, en plein essor, surfe sur le mécontentement d'une partie de la population, notamment dans les zones rurales, en accusant le gouvernement de "ruiner les classes moyennes" et les personnes "les plus défavorisées".

Une situation inconfortable pour l'exécutif, qui a pris ces derniers mois de multiples mesures pour augmenter les bas salaires et contenir les prix de l'énergie mais voit ses efforts réduits à néant par la spirale inflationniste.

Soucieux de désamorcer les critiques, Pedro Sanchez a promis voilà dix jours un "plan national" sur l'impact économique de la guerre en Ukraine, avec de fortes baisses d'impôts. Une enveloppe de 500 millions d'euros a par ailleurs été mise sur la table pour compenser la hausse du prix du gazole pour les transporteurs.

"Nous vivons un moment extraordinairement complexe", a souligné lors d'un point presse mercredi M. Sanchez, en disant vouloir faire son maximum pour "amortir" l'impact de la hausse des prix. Le Premier ministre s'est dit "convaincu" de parvenir à un accord "cette semaine" avec les transporteurs. 

L'exécutif reste cependant évasif sur les contours et l'ampleur globale de son plan, M. Sanchez cherchant à obtenir au préalable une réponse commune de l'UE face à la crise énergétique lors du sommet de jeudi à Bruxelles. 

L'UE doit "agir de façon unie" pour "réduire les prix de l'énergie", a-t-il insisté mardi.

Madrid exhorte depuis des mois l'UE à modifier le mécanisme qui couple les prix de l'électricité au marché du gaz. Cet appel est resté vain jusqu'à présent, mais Pedro Sanchez - qui a multiplié depuis mi-mars les rencontres avec ses homologues européens - espère un revirement à la faveur du contexte ukrainien.

Que se passera-t-il en l'absence d'accord ? Ces derniers jours, l'exécutif a assuré qu'il agirait de façon indépendante et adopterait des me


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.