Ukraine: sur la sellette, Renault arrête son usine russe et réexamine sa filiale

Dans son communiqué, publié après une réunion de son conseil d'administration, le groupe n'a pas annoncé de sortie de Russie, tout en commençant à ouvrir la porte à un tel scénario (Photo, AFP).
Dans son communiqué, publié après une réunion de son conseil d'administration, le groupe n'a pas annoncé de sortie de Russie, tout en commençant à ouvrir la porte à un tel scénario (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 24 mars 2022

Ukraine: sur la sellette, Renault arrête son usine russe et réexamine sa filiale

  • La Russie est le deuxième marché du groupe Renault dans le monde derrière l'Europe, avec près de 500 000 véhicules vendus en 2021
  • Comme d'autres grands groupes internationaux installés en Russie, Renault était sous pression pour y cesser ses activités

PARIS : Le constructeur automobile français Renault, publiquement ciblé par le président ukrainien pour ses activités en Russie, a annoncé mercredi soir suspendre immédiatement les activités de son usine de Moscou et évaluer "les options possibles concernant sa participation" dans sa grosse filiale russe, AvtoVAZ. 

La Russie est le deuxième marché du groupe Renault dans le monde derrière l'Europe, avec près de 500 000 véhicules vendus en 2021. AvtoVAZ, rachetée à 69% fin 2016, produit notamment les deux voitures les plus vendues en Russie, les Lada Vesta et Granta, avec une part de marché de 28,8% au total.

Dans son communiqué, publié après une réunion de son conseil d'administration, le groupe n'a pas annoncé de sortie de Russie, tout en commençant à ouvrir la porte à un tel scénario.

Il a en tout cas averti être "en conséquence (...) contraint de revoir ses perspectives financières pour l'année 2022 avec une marge opérationnelle du groupe de l'ordre 3%", contre plus de 4% précédemment. En anticipation, Renault prévoit d'enregistrer une charge d'ajustement de 2,195 milliards d'euros dans ses comptes du premier semestre, soit la valeur de ses actifs en Russie.

Comme d'autres grands groupes internationaux installés en Russie, Renault était sous pression pour y cesser ses activités en raison de l’invasion de l'Ukraine lancée par le président Vladimir Poutine.

Un peu plus tôt dans la journée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, intervenant par liaison vidéo devant le Parlement français, avait exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir "la machine de guerre" russe en Ukraine, citant nommément le constructeur automobile.

"Les entreprises françaises doivent quitter le marché russe. Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres, ils doivent cesser d'être les sponsors de la machine de guerre de la Russie. Ils doivent arrêter de financer le meurtre d’enfants et de femmes, le viol", a-t-il martelé. "Tout le monde va se rappeler que les valeurs valent plus que les bénéfices".

Puis le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé sur Twitter à un boycott mondial de Renault, diffusant un montage mettant côte à côte le "positionnement du groupe", une vieille publicité avec l'acteur Kevin Spacey, depuis accusé d'agressions sexuelles, et la photo d'un civil devant une voiture détruite et l'inscription "Sponsor de la guerre de Poutine".

Le chef de la diplomatie ukrainienne salue la réaction de Renault

KIEV : Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a salué mercredi soir la décision de Renault de suspendre les activités de son usine à Moscou, quelques heures après avoir appelé à un "boycott" mondial du constructeur automobile français Renault.

"Je salue la déclaration du groupe Renault sur l'arrêt de ses activités industrielles en Russie. Un geste responsable dans le contexte de l'agression barbare de la Russie contre l'Ukraine", a écrit le ministre des Affaires étrangères en anglais sur Twitter.

Cette usine à Moscou produit des SUV Duster, Kaptur, Arkana et Nissan Terrano. Mais la majorité de la présence du groupe en Russie passe par sa filiale AvtoVAZ, qui l'a aidé à vendre près de 500 000 véhicules en Russie en 2021, faisant du pays son deuxième marché derrière l'Europe.

Auparavant, M. Kouleba avait accusé sur Twitter le constructeur français de "soutenir une guerre brutale d'agression", appelant en conséquence "les clients et les entreprises à travers le monde à boycotter le groupe Renault".

Mesures nécessaires

Dans son communiqué, Renault "rappelle qu'il met déjà en œuvre les mesures nécessaires pour respecter les sanctions internationales", tout en assurant vouloir agir "de manière responsable envers ses 45 000 salariés en Russie".

AvtoVAZ dispose notamment d'une gigantesque usine à Togliatti (sud-ouest, sur la Volga), qui emploie 35 000 personnes. La firme avait annoncé le 16 mars envoyer ses employés en congés payés pour trois semaines en raison d'une pénurie de composants importés, liée aux sanctions occidentales dues à l'invasion de l'Ukraine.

Dans sa seule usine en nom propre, près de Moscou, qui avait été arrêtée plusieurs semaines et venait de reprendre le travail, la marque au losange produit des SUV Duster, Kaptur, Arkana, et des Nissan Terrano.

Les récentes sanctions annoncées contre la Russie ont sonné le glas des investissements massifs effectués par les grands constructeurs automobiles mondiaux dans le pays en période de croissance, dans les années 2000.

Le groupe Renault est particulièrement exposé, étant associé en Russie avec le conglomérat public russe Rostec, dirigé par Sergueï Tchémézov, un allié de Vladimir Poutine.

Parmi les autres entreprises françaises citées par le président Zelensky, Leroy Merlin, qui comme Auchan appartient à l'association familiale Mulliez, a indiqué mercredi avoir "décidé au début du conflit de suspendre les nouveaux investissements" en Russie mais souligné qu'une fermeture serait considérée comme une "faillite préméditée", "ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie".


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.