Zelensky demande à l'Otan « une aide militaire sans restriction », Biden arrive à Bruxelles

Aparté à Bruxelles entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden. (AFP).
Aparté à Bruxelles entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden. (AFP).
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Publié le Jeudi 24 mars 2022

Zelensky demande à l'Otan « une aide militaire sans restriction », Biden arrive à Bruxelles

  • Le président Zelensky, qui doit s'exprimer par vidéoconférence lors des sommets de Bruxelles, a appelé l'Otan à fournir des armes à son pays
  • La Suède et l'Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l'Ukraine de 5 000 et 2 000 nouvelles armes antichar respectivement

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé jeudi aux pays de l'Otan de fournir "une aide militaire sans restriction" à son pays, pour qu'il puisse faire face à l'armée russe que Kiev affronte pour l'instant "dans des conditions inégales".


"Pour sauver les gens et nos villes, l'Ukraine a besoin d'une assistance militaire sans restriction. De même que la Russie utilise, sans restriction, tout son arsenal contre nous", a déclaré M. Zelensky dans un message vidéo publié sur son compte Telegram à l'attention des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance atlantique, réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles.


"L'armée ukrainienne résiste depuis un mois dans des conditions inégales ! Je répète la même chose depuis un mois maintenant", a-t-il souligné. 


Il a renouvelé notamment ses demandes d'avions de chasse et de chars,  notamment pour "débloquer" Marioupol, Berdiansk ou Melitopol, des villes du sud de l'Ukraine assiégées ou occupées par l'armée russe.  


"Vous avez des milliers d'avions de chasse. Mais on ne nous en a pas encore donnés", a-t-il lancé. 


"Vous avez au moins 20.000 chars (...) L'Ukraine a demandé un pour cent de tous vos chars ! Donnez-les nous ou vendez-les nous ! Mais nous n'avons toujours pas de réponse claire".


Le président ukrainien a par ailleurs accusé la Russie d'utiliser des bombes au phosphore sur des cibles ukrainiennes. 


"Ce matin (...) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau", a affirmé M. Zelensky, relayant des accusations émises jeudi par le gouverneur de la région de Lougansk (est) après des bombardements sur la localité de Roubijné. 


Un autre responsable local de Lougansk avait déjà accusé le 13 mars les forces russes d'utiliser des bombes au phosphore. Et un responsable d'Irpin, à la périphérie nord-ouest de Kiev, avait relayé mercredi sur les réseaux sociaux des accusations similaires concernant sa ville.

Il a aussi lancé un vibrant appel aux citoyens du monde entier à manifester contre l'invasion russe de son pays, un mois jour pour jour après son commencement et à quelques heures d'une série de sommets à Bruxelles jeudi entre dirigeants occidentaux.

"Allez-y avec des symboles ukrainiens pour défendre l'Ukraine, pour défendre la liberté, pour défendre la vie!", a lancé M. Zelensky dans la nuit de mercredi à jeudi via un message vidéo en anglais. "Retrouvez-vous sur les places, dans la rue, montrez-vous et faites-vous entendre!"

"Exprimez-vous, manifestez depuis vos bureaux, vos maisons, vos écoles et vos universités, manifestez au nom de la paix !", a martelé le président. "Le monde doit arrêter la guerre".

Il s'est également adressé aux Russes: "Si vous le pouvez, quittez la Russie et ne payez pas vos impôts pour cette guerre", a-t-il dit.

Alors que l'invasion russe entre dans son deuxième mois, trois sommets - Otan, G7 et Union européenne - attendent en un seul jour à Bruxelles les chefs d'Etat et de gouvernement occidentaux.

Le président américain Joe Biden est arrivé à Bruxelles et a été accueilli par le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. 

Selon la Maison Blanche, il s'agira surtout de consolider l'arsenal de sanctions déjà prises, pour éviter les tentatives de contournement de Moscou, et de renforcer dans la durée le positionnement de l'Otan en Europe de l'Est.

"Ce que nous aimerions entendre est que cette fermeté partagée que nous avons vue au cours du mois dernier durera autant qu'il le faudra", a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, arrivé mercredi soir dans la capitale belge et qui doit ensuite se rendre en Pologne vendredi.

Washington doit par ailleurs annoncer jeudi "un ensemble de sanctions qui concernent à la fois des personnalités politiques" et "des oligarques", a fait savoir M. Sullivan.

L'Otan va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental, a annoncé son secrétaire général Jens Stoltenberg.

 

Boris Johnson appelle à cibler les réserves d'or russes

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé jeudi à accroître encore "la pression" sur le gouvernement du président russe Vladimir Poutine en raison de l'invasion de l'Ukraine, en empêchant notamment la Russie d'utiliser ses importantes réserves d'or.


"Nous devons faire plus et nous devons faire plus sur le plan économique", a déclaré le dirigeant à la radio LBC avant sa participation à un sommet extraordinaire de l'Alliance atlantique à Bruxelles, un mois après le début de la guerre. 


"Pouvons-nous faire plus pour l'empêcher d'utiliser ses réserves d'or, en plus de ses réserves de devises?", a-t-il poursuivi à propos du président russe Vladimir Poutine. 


Une partie des réserves de devises étrangères de la Banque centrale russe à l'étranger ont été gelées par les Occidentaux, limitant sa capacité d'action, mais celle-ci a accumulé d'importantes réserves d'or lui permettant de faire face aux sanctions économiques.


Après une vague de sanctions occidentales visant des intérêts russes, "mon message aujourd'hui à l'Otan est qu'il y a moyen pour le monde de continuer à intensifier la pression sur Poutine", a affirmé M. Johnson. 


"Plus nous faisons pression maintenant, surtout sur des choses comme l'or, plus je pense que nous pourrons abréger la guerre, abréger le massacre en Ukraine". 


Le sommet extraordinaire de l'Otan sera suivi jeudi par un sommet du G7 au siège de l'Alliance. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se réuniront ensuite pour un sommet de deux jours.


Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit intervenir en visioconférence durant les trois sommets, centrés sur la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine. 


"La machine de guerre russe est déjà coupable de crimes de guerre", a affirmé M. Johnson, estimant que la Russie devrait comparaître devant la Cour internationale de justice, et le président Poutine devant la Cour pénale internationale. 

Livraisons d'armes 

Le président Zelensky, qui doit s'exprimer par vidéoconférence lors des sommets de Bruxelles, a appelé l'Otan à fournir des armes à son pays. "Nettoyez notre sol des envahisseurs et restaurez la paix en Ukraine", a-t-il imploré.

Saluant la résistance "extraordinairement courageuse" des Ukrainiens, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait un peu plus tôt annoncé la livraison de 6 000 missiles antichar supplémentaires à Kiev. Londres a déjà livré à l'Ukraine 4 000 de ces armes.

La Suède et l'Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l'Ukraine de 5 000 et 2 000 nouvelles armes antichar respectivement. Les forces ukrainiennes ont déjà reçu 1 000 armes antichar et 500 lance-missiles sol-air de type Stinger pris dans les réserves de la Bundeswehr, l'armée allemande.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a accusé la Russie d'avoir "commis des crimes de guerre en Ukraine".

"Nous avons vu de nombreux rapports crédibles d'attaques aveugles et d'attaques visant délibérément des civils, ainsi que d'autres atrocités", a-t-il déclaré dans un communiqué, en soulignant qu'il reviendra aux tribunaux de déterminer les responsabilités.

M. Zelensky avait affirmé mercredi que près de 100 000 personnes étaient encore piégées dans les ruines de Marioupol, grande ville assiégée du sud du pays, "sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants".

Chandelles à l'hôpital

A l'hôpital numéro un de Marioupol, les patients sont soignés dans les sous-sols à la lueur des chandelles, a indiqué le conseil municipal.

"Les chandelles restent la principale source de lumière. Ils essaient d'économiser le carburant le plus possible, donc les générateurs diésel ne sont utilisés que pour les opérations complexes", a raconté le conseil sur Telegram, ajoutant qu'entre 600 et 700 habitants des environs se sont également réfugiés dans cet hôpital.

Le conflit est également meurtrier pour les forces russes, qui ont déjà perdu entre 7 000 et 15 000 soldats en Ukraine, selon un haut responsable de l'Otan, qui se base notamment sur des informations en provenance des autorités ukrainiennes et des services de renseignement occidentaux.

L'invasion russe "s'enlise malgré toutes les destructions qu'elle provoque jour après jour", a estimé le chancelier allemand Olaf Scholz.

Positions défensives

Selon Washington, l'offensive de l'armée russe piétine notamment dans les environs de la capitale Kiev.

"Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l'est et au nord-est de Kiev", a déclaré à la presse un haut responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat. "Ce n'est pas qu'ils n'avancent pas, c'est qu'ils ne tentent pas d'avancer. Ils prennent des positions défensives", a-t-il ajouté.

Faute de réussir à s'emparer des grandes villes, l'armée russe continue de les bombarder de façon intense. L'état-major ukrainien a recensé 250 sorties aériennes russes mercredi, 60 de plus que mardi. "Les principales cibles de l'ennemi restent les infrastructures militaires et civiles dans les oblasts de Kiev, Tcherniguiv et Kharkiv", a-t-il indiqué jeudi sur sa page Facebook.

A Kiev, une nouvelle frappe sur le parking d'un centre commercial a fait un mort et deux blessés mercredi, selon le maire Vitali Klitschko. Plus tôt dans la journée, quatre personnes avaient été blessées dans des bombardements sur des immeubles.

Une journaliste russe, Oksana Baulina, a été tuée mercredi dans un bombardement sur Kiev, a annoncé le média en ligne pour lequel elle travaillait, The Insider.

Plus de 3,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, indique le décompte de l'ONU publié mercredi. Au total, quelque dix millions de personnes, soit un quart environ de la population du pays, ont été forcées de quitter leur foyer.

L'Assemblée générale de l'ONU regroupant 193 Etats devrait adopter jeudi une nouvelle résolution qui va "exiger" de la Russie un arrêt "immédiat" de la guerre en Ukraine.

En attendant, les ambassades des pays impliqués dans la crise continuent de se vider. La Russie a décidé mercredi d'expulser des diplomates américains, en représailles à l'expulsion par Washington de 12 membres de la mission russe auprès de l'ONU.

La Pologne a quant à elle expulsé 45 diplomates russes soupçonnés d'espionnage. Et le Bélarus va expulser la plupart des diplomates ukrainiens en poste sur son territoire, accusant Kiev d'actions "inamicales" et "d'ingérence" dans ses affaires.

En Russie, le régulateur des médias (Roskomnadzor) a restreint l'accès au service en ligne News.Google, accusé de fournir l'accès à de "fausses" informations sur la guerre.

Depuis le début de l'invasion le 24 février, le pouvoir russe a considérablement renforcé son contrôle des informations diffusées sur internet.

De nombreux médias russes et étrangers, dont la BBC, ont été interdits d'accès et les réseaux sociaux américains Facebook et Instagram ont été déclarés "extrémistes" par un tribunal moscovite. L'accès à Twitter a également été restreint.

La semaine dernière, Roskomnadzor avait accusé Google et son service vidéo YouTube d'activités "terroristes", première étape vers un possible blocage.

Kiev affirme avoir détruit un navire russe de transport de troupes en mer d'Azov

La marine ukrainienne a affirmé jeudi avoir détruit un navire de transport de troupes russes ancré dans le port de Berdiansk, ville proche de Marioupol sur la mer d'Azov.


"Le navire de transport de troupes Orsk a été détruit dans le port occupé de Berdiansk. Gloire à l'Ukraine!", a écrit la marine dans un message sur son compte Facebook, accompagné de trois photos: un gros plan du navire non endommagé, et deux photos montrant, de loin, de la fumée dans le port et un bateau en feu, sans qu'on y distingue clairement le bateau.


Selon l'agence Tass, qui citait la chaîne de télévision Zvezda du ministère russe de la Défense, ce navire de transport de troupes et de matériel appartenant à la Flotte de la mer Noire était le premier navire russe de guerre russe à arriver à Berdiansk, le 21 mars. 


"L'arrivée de ce grand navire de débarquement dans le port de Berdiansk est un événement important, qui ouvre des possibilités pour la mer Noire en termes de logistique en utilisant pleinement l'infrastructure de Berdiansk", disait Zvezda en citant un officier de la flotte russe. 


Le navire, qui peut transporter jusqu'à 1.500 tonnes de cargaison, "est en train de décharger sous nos yeux des véhicules blindés qui renforceront notre déploiement", ajoutait la même source.


L'information était invérifiable dans l'immédiat. L'armée russe ne donne que très rarement des informations sur ses pertes.


Le port de Berdiansk est situé à 80 km à l'ouest du port stratégique de Marioupol, dont les Russes tentent de s'emparer depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février. Marioupol est assiégée depuis la fin février et pilonnée sans répit.


Si des milliers de véhicules chargés de civils ont pu quitter la ville la semaine dernière, quelque 100.000 personnes y sont toujours coincées dans des conditions de dénuement total, selon Kiev, et plus de 2.500 personnes y ont déjà péri.


Cette région du sud-est de l'Ukraine est l'une de celles où les forces russes ont le plus progressé depuis le début du conflit, même s'ils ne peuvent revendiquer le contrôle total que d'une seule ville d'importance, Kherson.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.