A Cargèse, Colonna dans les têtes et sur les murs avant ses obsèques

Des manifestants lancent des cocktails molotov à Bastia le 13 mars 2022, à la suite d'un rassemblement de soutien à  Yvan Colonna (Photo, AFP).
Des manifestants lancent des cocktails molotov à Bastia le 13 mars 2022, à la suite d'un rassemblement de soutien à Yvan Colonna (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

A Cargèse, Colonna dans les têtes et sur les murs avant ses obsèques

  • Vendredi, le cercueil d'Yvan Colonna partira en milieu de journée pour Cargèse
  • Devant l'entrée de l'église, des portraits au pochoir d'Yvan Colonna sur des planches en bois encadraient la porte d'entrée

CARGESE: Pavoisé de drapeaux corses, les murs couverts du visage d'Yvan Colonna et de slogans hostiles à l'Etat, Cargèse, berceau familial du militant indépendantiste et assassin du préfet Erignac, semblait retenir son souffle jeudi à la veille des obsèques de l'enfant du pays.

Rues désertées, vitrines de magasins fermées: "Ils sont tous partis à Ajaccio pour se recueillir sur le cercueil", explique un habitant, "revenez demain, ce sera différent".  

Vendredi, le cercueil d'Yvan Colonna, devant lequel des centaines de personnes se sont inclinées au funérarium d'Ajaccio, partira en milieu de journée pour Cargèse, où une cérémonie aura lieu à partir de 15h00 à l'église latine du village. Face à l'église grecque qui lui fait face, ce bâtiment illustre la double identité de cette terre corse.

Dressée à l'entrée du golfe de Sagone, à 50 km d'Ajaccio, l'ancienne cité bâtie en 1776 par le comte Marboeuf, premier gouverneur français de Corse, a depuis longtemps enterré la hache de guerre entre Grecs et Corses. Et c'est un archimandrite, prêtre capable d'officier dans les deux rites, latin et byzantin, le père Antoine Forget, dit père "Tony", qui conduira demain la cérémonie. 

"Un frère diacre dira quelques mots sur le défunt", a expliqué le prêtre à l'AFP, sans pouvoir préciser si des membres de la famille Colonna prendront également la parole dans la petite église capable d'accueillir 150 personnes au maximum.

Longtemps considéré comme un reflet des fractures de la Corse, Cargèse, 1.300 habitants officiellement --mais 6.000 en été--, avait jadis abrité l'association de la Corse française et républicaine (CFR), qui avait fait défiler plusieurs milliers de personnes à Ajaccio contre l'indépendantisme, mais aussi l'un des groupes armés les plus actifs du FLNC.

Devant l'entrée de l'église, blanche et jaune, des portraits au pochoir d'Yvan Colonna sur des planches en bois encadraient jeudi la porte d'entrée, fermée, à côté d'une cinquantaine de cierges. Sur la petite place encadrant l'édifice, un grand drapeau corse et les restes encore chauds d'un grand feu fait la veille étaient toujours visibles.

Il avait payé sa dette

Sur la route tortueuse menant d'Ajaccio à Cargèse, de nombreux graffitis "Gloria a tè Yvan" (NDLR: "Gloire à toi Yvan") ont refleuri, comme durant ses quatre ans de cavale. Yvan Colonna, l'homme le plus recherché de France, avait alors pris le maquis, après l'assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac à Ajaccio. Un crime qu'il a toujours nié mais pour lequel il a été condamné trois fois à la perpétuité.

"Statu Francese assassinu": au centre du village, entre tabac-presse et boucherie, une grande banderole dénonce, en langue corse, un "état français" assassin. Le même mot d'ordre est visible à plusieurs endroits, parfois accompagné de la photo du militant.

"Colons Fora" (NDLR: les colons dehors"): d'autres graffitis à la gloire du berger de Cargèse ou hostiles à la France, parfois agrémentés d'un dessin de cercueil et d'une bombe, étaient également visibles dans les ruelles étroites du village surplombant la mer.

Demandant l'anonymat, un commerçant d'une quarantaine d'années dénonce "une vengeance" d'Etat: Yvan Colonna "avait payé sa dette à la société, même si c'est pas lui. Cela fait longtemps qu'il aurait pu bénéficier d'un rapprochement, si cela avait été fait, il ne serait pas mort aujourd'hui".

Plus loin, une femme âgée préfère se rappeler "les bons moments" passés avec Yvan, qu'elle a connu adolescent lorsqu'il est venu s'installer à Cargèse après des études à Nice. "Il jouait au foot avec mes enfants. Il était comme un membre de ma famille", dit-elle. "Quand j'ai appris ce qui lui était arrivé en prison, j'étais au volant. Je me suis arrêtée et me suis dit: +c'est pas possible+". 

"Mais je gardais l'espoir qu'il s'en sorte. Depuis que j'ai appris qu'il était parti, j'en suis malade", ajoute-t-elle, avant qu'une voix anonyme lui conseille, en corse, de ne pas trop en dire. 

Une autre femme, encore plus discrète, prévient d'emblée: "Je suis pas très amie avec les Colonna, alors ne me demandez rien, je respecte leur deuil".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.