Haie d'honneur à l'arrivée du corps de Colonna en Corse avant ses obsèques vendredi

Une femme met un drapeau corse devant le portrait d'Yvan Colonna, dans les escaliers de la cathédrale d'Ajaccio, le 22 mars 2022. (Photo, AFP)
Une femme met un drapeau corse devant le portrait d'Yvan Colonna, dans les escaliers de la cathédrale d'Ajaccio, le 22 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 mars 2022

Haie d'honneur à l'arrivée du corps de Colonna en Corse avant ses obsèques vendredi

  • Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio, avait été violemment agressé dans la salle de sport de la prison d'Arles
  • Au lendemain de l'annonce du décès d'Yvan Colonna le recueillement a prédominé sur l'île, contrastant avec les scènes de violences qui ont émaillé les différentes manifestations de soutien au militant corse pendant près de deux semaines

AJACCIO : La dépouille d'Yvan Colonna est arrivée à Ajaccio mercredi soir accueillie par une haie d'honneur de centaines de personnes, avant les funérailles vendredi à Cargèse du militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998.

Au moins 1.500 personnes, selon les autorités, étaient massées le long de la route quittant l'aéroport pour lui rendre hommage. Des lumignons rouges étaient alignés sur le bitume et des centaines de drapeaux corses représentant une tête de Maure coiffée d’un bandeau blanc étaient brandis, a constaté un journaliste de l'AFPTV.

Au passage du corbillard transportant le cercueil recouvert d'un drapeau corse, certains dans la foule silencieuse se sont approchés pour toucher le véhicule, d'autres faisant le signe de croix.

"On veut montrer à l'Etat français qu'il y a un peuple corse" et que "quand on touche l'un des nôtres, on est tous là, quelles que soient les divisions qu'on peut avoir", a réagi auprès de l'AFPTV Jean Mattei, figure connue de la scène musicale insulaire.

"Ce qui lui arrivé en prison c'est inadmissible", a poursuivi un peu plus loin Monique Antonietti, une retraitée de 63 ans qui dit ressentir "entre de la haine et de la tristesse".

Yvan Colonna a été violemment agressé le 2 mars dans la salle de sport de la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) par un codétenu qui purgeait une peine pour terrorisme.

Après presque trois semaines de coma, cet ancien berger est décédé lundi soir à 61 ans dans un hôpital marseillais.

Depuis l'annonce de son décès, le recueillement a prédominé sur l'île, contrastant avec les scènes de violences qui ont émaillé les différentes manifestations de soutien pendant près de deux semaines.

La Collectivité de Corse a mis dès mardi ses drapeaux en berne. Interrogé à ce sujet mercredi lors d'une interview à M6, le président Emmanuel Macron a dénoncé "une faute". "C'est inapproprié", a ajouté, sans autre commentaire, le chef de l’État.

Mercredi soir, une dizaine de drapeaux corses mis en berne ont été accrochés par des manifestants aux grilles extérieures de la préfecture d'Ajaccio, avec la banderole "Gloire à toi Yvan" en corse. 

Ses obsèques auront lieu vendredi à 15h00 à Cargèse, son village familial de quelque 1.300 habitants de l'ouest de la Corse, selon des sources proches du dossier et Me Patrice Spinosi, l'un des avocats de la famille du défunt.

Aucun détail n'a filtré à ce stade sur le déroulé de la cérémonie.

«J'ai agi seul»

Soucieux de calmer les tensions à moins de trois semaines de la présidentielle, le gouvernement a fait plusieurs gestes d'apaisement ces derniers jours: annonce de négociations sur une possible autonomie de la Corse, rapprochement d'ici mi-avril à la prison corse de Borgo des deux autres détenus du commando Erignac, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.

Yvan Colonna réclamait lui aussi son rapprochement de longue date en Corse mais n'avait jamais pu l'obtenir en raison de son statut de détenu particulièrement signalé (DPS).

Beaucoup de Corses estiment qu'en ayant refusé cette demande, l’État a une part de responsabilité, d'où le slogan "État français assassin" largement présent dans les manifestations des dernières semaines qui ont parfois été très violentes.

Différentes enquêtes doivent permettre d'éclaircir les circonstances de cette agression qui a duré près de huit minutes, filmée par une caméra, sans qu'aucun surveillant n'intervienne. 

"Yvan a tenu des propos blasphématoires envers Dieu" mais "il n'y avait rien de personnel" dans cette agression, a déclaré son agresseur, Franck Elong Abe, selon le premier procès-verbal d'audition consulté par l'AFP et dont des éléments ont été publiés mercredi par le quotidien Libération.

"Je considère que Dieu a frappé Yvan Colonna à travers mes mains", a-t-il répété, ajoutant: "Je n'ai agi pour le compte d'aucun groupe, qu'on soit bien clair. J'ai agi seul".

Il a aussi semblé écarter une préméditation pour commettre l'agression.

Les conclusions de l'inspection administrative sont elles attendues début avril et les auditions à l'Assemblée se poursuivent.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.