Recueillement et appels au calme en Corse après la mort de Colonna

Des personnes allument des bougies dans les escaliers de la cathédrale d'Ajaccio, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 22 mars 2022, après la mort du militant indépendantiste corse Yvan Colonna (Photo, AFP).
Des personnes allument des bougies dans les escaliers de la cathédrale d'Ajaccio, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 22 mars 2022, après la mort du militant indépendantiste corse Yvan Colonna (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Recueillement et appels au calme en Corse après la mort de Colonna

  • A Ajaccio, plusieurs centaines de jeunes, 250 selon les autorités, ont manifesté dans le calme mardi matin
  • «La Corse traverse une crise identitaire, et avec Yvan Colonna, elle a trouvé son incarnation, son martyr»

AJACCIO : L'heure était au recueillement mardi dans l'île de Beauté, sur fond d'appels au calme, notamment du chef de l'Etat, au lendemain de la mort d'Yvan Colonna, militant indépendantiste condamné pour l'assassinat du préfet Erignac.

A Ajaccio, plusieurs centaines de jeunes, 250 selon les autorités, ont manifesté dans le calme mardi matin, en partant de leur lycée pour aller déposer des bougies et chanter devant la cathédrale. Sur la banderole de tête du cortège, qu'ils ont ensuite accrochée aux grilles de la préfecture, un seul message: "Yvan martiriu di à causa corsa".

A travers la ville, les nombreux "Gloria à tè !" (NDLR: "gloire à toi") apparus dans la nuit sur les murs donnaient le ton de l'émotion suscitée par le décès, après trois semaines de coma du détenu corse le plus connu de France. Violemment agressé par un codétenu, le 2 mars, à la maison centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône), Yvan Colonna purgeait une peine de prison à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, en 1998, à Ajaccio. Des faits qu'il a toujours niés.

Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, sur Twitter, la mort d'Yvan Colonna "est une injustice et une tragédie, qui vont marquer l’histoire contemporaine de la Corse". 

La collectivité de Corse a mis ses drapeaux en berne "pour exprimer la tristesse collective ressentie (...) après la mort tragique d'Yvan Colonna" et l'Assemblée de Corse a annulé sa cession de jeudi pour respecter "le deuil de ses proches" en expliquant dans un communiqué que la Corse avait perdu "un fils patriote et soucieux de sa terre". 

"La Corse traverse une crise identitaire, et avec Yvan Colonna, elle a trouvé son incarnation, son martyr", confirme Dominique, 60 ans: "Je redoute qu'après le deuil, ça éclate", poursuit cette Corse, revenue s'installer il y a une vingtaine d'années dans l'île, interrogée par l'AFP dans les rues d'Ajaccio. 

"On veut montrer notre soutien à la famille", a expliqué Chjara Secondi, 17 ans, en espérant l'absence de violences jusqu'aux funérailles, dont la date n'a pas encore été annoncée. 

Pour France Battini, professeure d'anglais au lycée Fesch, présente à la manifestation pour s'assurer qu'elle se déroule dans le calme, il y a "un peu d'inquiétude quant à ce que seront les conséquences" de ce décès.

La peur des «pinzutti»

Une inquiétude partagée par Johanne, continentale de 53 ans installée en Corse depuis 16 ans: "On est plusieurs pinzutti (NDLR: terme corse pour désigner les continentaux) à se demander si on va rester", a-t-elle confié à l'AFP, regrettant le climat ambiant et craignant "de devenir une pestiférée".

En fin d'après-midi, d'autres rassemblements on eu lieu à Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio, Bonifacio ou Corte, où la faculté a été momentanément bloquée mardi matin par trois syndicats étudiants nationalistes. 

A Ajaccio dans la soirée, quelques 300 personnes se sont réunies devant la cathédrale où un prêtre a dit une prière, une main posée sur un portrait d'Yvan Colonna avant que des chanteurs n'entonnent le "Dio vi salvi Régina", l'hymne corse. Une messe a ensuite été dite dans l'église.

Dans ce contexte tendu, le président-candidat Emmanuel Macron a rappelé sur France Bleu que "le plus important est que le calme se maintienne", assurant que des "conséquences" seraient "tirées" de ce drame. Un appel "au calme" partagé par Valérie Pécresse (LR) et l'écologiste Yannick Jadot, quand Eric Zemmour et Marine Le Pen eux ont critiqué le rôle de l'Etat dans cette affaire.

L'agression d'Yvan Colonna par un codétenu radicalisé avait suscité la colère dans l'île, de nombreux Corses estimant qu'elle n'aurait pas eu lieu si le militant avait été transféré dans une prison insulaire, comme il le demandait de longue date.

Pour tenter d'apaiser la situation, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait passé trois jours sur l'île la semaine dernière, levant le tabou de discussions sur une possible autonomie de l'île. 

"Toute la lumière sera faite", a insisté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal mardi. Les conclusions de l'enquête administrative seront rendues publiques "début avril", a précisé mardi à l'AFP un conseiller de l'exécutif.

Dans un autre geste d'apaisement, le Premier ministre Jean Castex a annoncé mardi le rapprochement "d'ici la mi-avril" dans la prison corse de Borgo des deux autres membres du "commando Erignac", Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Ils purgent actuellement leur peine à perpétuité à Poissy, en région parisienne. 


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.