Présidentielle: la mort d'Yvan Colonna met le candidat Macron sous tension

Des lycéens manifestent suite à la mort d'Yvan Colonna devant la préfecture d'Ajaccio et chantent des chansons corses avec une banderole affichée sur les grilles «Yvan, martyr de la cause corse», le 22 mars 2022. (Photo, AFP)
Des lycéens manifestent suite à la mort d'Yvan Colonna devant la préfecture d'Ajaccio et chantent des chansons corses avec une banderole affichée sur les grilles «Yvan, martyr de la cause corse», le 22 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 22 mars 2022

Présidentielle: la mort d'Yvan Colonna met le candidat Macron sous tension

Des lycéens manifestent suite à la mort d'Yvan Colonna devant la préfecture d'Ajaccio et chantent des chansons corses avec une banderole affichée sur les grilles «Yvan, martyr de la cause corse», le 22 mars 2022. (Photo, AFP)
  • Le chef de l'Etat sortant a appelé sur France Bleu «au calme et à la responsabilité» en Corse
  • La mort dYvan Colonna signifie que «le djihad continue même en prison» et que «l’Etat d’Emmanuel Macron ne tient rien, ne maîtrise rien», a accusé l'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour

PARIS: Sujet brûlant de cette fin de campagne, le dossier corse, avec la mort d'Yvan Colonna lundi soir et l'ouverture prochaine de pourparlers avec les élus locaux, met sous tension le président-candidat Macron, au moment où les autres prétendants à l'Elysée se déploient tous azimuts. 

Le chef de l'Etat sortant a appelé sur France Bleu « au calme et à la responsabilité » en Corse, parce que « dans ce contexte, le plus important est que le calme se maintienne, que les discussions se poursuivent », a-t-il souligné en assurant que des « conséquences » seraient « tirées ». 

L'agression le 2 mars dans la prison d'Arles du militant condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac avait provoqué des manifestations parfois violentes, et poussé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à se rendre sur l'île. 

Le calme est depuis revenu, mais l'exécutif surveille la situation comme le lait sur le feu. 

Ce calme est le préalable qu'a posé Emmanuel Macron jeudi en définissant le cadre d'une discussion entre Etat et élus locaux qui s'ouvrira début avril: « débat sur l'inscription de la Corse dans la Constitution », « question des compétences et éventuellement de l'autonomie ». Avec « des lignes claires: dans la République française, la langue française est la langue ». 

Les concurrents d'Emmanuel Macron dans la course à la présidence de la République l'accusent depuis d'électoralisme, de faiblesse face à la violence et d'inaction depuis cinq ans. 

« Clarifier » rapidement  

« Le gouvernement doit s’expliquer » sur les « très nombreuses questions » posées par « les circonstances » de l'agression, a exhorté mardi dans un communiqué la candidate RN Marine Le Pen, donnée à 20% (+2 points) des intentions de vote par un sondage Elabe, dans lequel elle réduit son écart avec le chef de l'Etat, à 27,5% (-3,5 points). 

La mort dYvan Colonna signifie que « le djihad continue même en prison » et que « l’Etat d’Emmanuel Macron ne tient rien, ne maîtrise rien », a accusé l'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour (Reconquête!), lors d'un point presse à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).  

Après l'agression, une inspection a été diligentée, une information judiciaire ouverte et des auditions parlementaires prévues, dont celle de Marc Ollier, chef d’établissement de la Maison centrale d’Arles, qui était initialement prévue mercredi à l'Assemblée nationale mais a été repoussée au 30 mars après la mort du militant. 

La candidate LR Valérie Pécresse pose elle aussi le préalable du « retour à l'ordre » et se montre ouverte à la piste de l'autonomie, sous certaines conditions: « si on donne de l'autonomie, il faut que ce soit avec des obligations de résultat ». 

« Appel au calme » également de l'écologiste Yannick Jadot, qui dénonce encore la  « responsabilité » d'Emmanuel Macron pour avoir laissé « traîner » les discussions et prône une « autonomie de plein exercice, de plein droit, de la Corse ». 

« Le groupe de la France insoumise à l'Assemblée nationale est favorable » à la création d'une commission d'enquête « pour déterminer la réalité des événements et créer une situation d'apaisement », a expliqué pour sa part Manuel Bompard, directeur de la campagne de Jean-Luc Mélenchon (LFI). 

« quoi qu'il en coûte sur l'essence »  

Accusé de fuir le débat dans une campagne écrasée par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a défendu son bilan et répondu mardi aux questions des auditeurs de France Bleu pendant une heure. Sur le pouvoir d'achat, il a rappelé les mesures du gouvernement pour absorber la flambée des prix de l'énergie, vantant « un quoi qu'il en coûte sur l'essence ». 

Le candidat a rappelé sa promesse d'« un chèque alimentaire pour aider les ménages les plus modestes et les classes moyennes », et de davantage d'intéressement et participation dans les entreprises, avec l'idée d'un « dividende salarié » lorsque des profits sont réalisés et des dividendes versés aux actionnaires. 

A 19 jours du premier tour du 10 avril, les candidats, eux, se démultiplient. 

Marine Le Pen s'est rendue dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) avant d'être interrogée dans « La France dans les yeux » en soirée sur BFMTV, et le journal Valeurs Actuelles organise un « débat des valeurs » avec Eric Zemmour et Marion Maréchal, Jordan Bardella, Valérie Pécresse et son lieutenant Eric Ciotti. 

A gauche, Anne Hidalgo organise une réunion publique à Limoges avec l'ex-président François Hollande, tandis que Philippe Poutou sera en meeting à Alençon (Orne). 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».