Rester en Ukraine et semer: le «coup de poker» de deux agriculteurs allemands

Les agriculteurs allemands Tim Nandelstädt (G) et Torben Reelfs posent sur le champ de leur ferme à Dehrziv, Stryi Raion, Lviv Oblast, Ukraine occidentale, le 23 mars 2022. (AFP)
Les agriculteurs allemands Tim Nandelstädt (G) et Torben Reelfs posent sur le champ de leur ferme à Dehrziv, Stryi Raion, Lviv Oblast, Ukraine occidentale, le 23 mars 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

Rester en Ukraine et semer: le «coup de poker» de deux agriculteurs allemands

  • Pour Torben et Tim, inséparables depuis la fin de leur service civil, c'était aussi le choix de «l'aventure» et d'une destination où «tout était à construire»
  • Comme eux, de nombreux agriculteurs étrangers ont fait le choix de l'Ukraine après la chute de l'Union soviétique, attirés par des terres fertiles et bon marché

BERLIN: Retourner la terre, travailler les premiers semis de betteraves à sucre: jamais rituel agricole n'a semblé aussi émouvant à Torben et Tim, deux fermiers allemands qui veulent croire en l'avenir dans l'Ukraine en guerre.

"C'est très symbolique, quand la machine retourne la terre, c'est un sentiment différent de celui des années passées", confient les deux agriculteurs joints par l'AFP sur leur exploitation située à une soixante de kilomètres de Lviv, dans l'ouest du pays. 

Lorsque les troupes russes ont lancé l'offensive, le 24 février, Torben Reelfs et Tim Nandelstädt ont immédiatement pris la direction de l'Allemagne pour "s'éloigner des missiles, être sur le territoire de l'UE, de l'Otan".

"Au début, j'ai pensé que la Russie arriverait très vite jusqu'à la frontière polonaise", reconnaît Tim.

Trois semaines plus tard, tous deux étaient de retour à Derzhiv, "leur" village depuis plus de 10 ans.

"Ce que nous voyons ici, cette solidarité, ce qu'ils font militairement et humainement, c'est contagieux et ça donne de l'espoir", explique Torben.

Incertitude 
Aussi les deux complices, âgés de 43 et 41 ans, ont-ils décidé de lancer la saison, de semer malgré les incertitudes, dans cette région encore épargnée par les combats meurtriers qui font rage dans l'est et le sud du pays.

Pour l'instant, ils ont pu acheter diesel, engrais, semences.

"Nous commençons aujourd'hui avec les betteraves à sucre. Dans 5/6 jours, nous lancerons le soja et dans deux semaines, le maïs", détaillent-ils, apaisés par le sentiment d'avoir pris "la bonne décision".

Il en va aussi "d'une certaine responsabilité", souligne Torben, celle de "limiter le risque de famines catastrophiques" sur la planète. Avant le début de la guerre, l'Ukraine était le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé derrière la Russie et les Etats-Unis.

Ces dernières semaines, les prix des huiles et céréales ont déjà flambé et la situation sera explosive si "le grenier de l'Europe" ne peut fournir les volumes habituels.

D'un point de vue personnel, les deux quadragénaires reconnaissent que c'est un "coup de poker".

"Ce qui se passera dans six mois, quand nous récolterons, je n'en ai honnêtement aucune idée", confie Tim. "Des exploitations agricoles ont déjà été attaquées par des missiles, des troupes au sol, les champs brûlent et si cela arrive ici, ce sera fini".

Partis pour «l'aventure»
Dans leurs voix perce l'angoisse de perdre le fruit d'une décennie de travail durant laquelle ils ont bâti une entreprise solide exploitant 1 900 hectares de céréales et employant 25 personnes.

Comme eux, de nombreux agriculteurs étrangers ont fait le choix de l'Ukraine après la chute de l'Union soviétique, attirés par des terres fertiles et bon marché.

Pour les deux amis, inséparables depuis la fin de leur service civil, c'était aussi le choix de "l'aventure" et d'une destination où "tout était à construire".

Entre 2008 et 2009, "nous sommes allés dans près de 50 villages et il y avait encore des terres libres à cultiver partout", se souvient Torben.

Depuis, la concurrence s'est exacerbée.

"Quand nous avons commencé, l'hectare se louait 17 euros, souvent payés en nature, blé ou sucre. Aujourd'hui, nous dépassons ici largement les 100 euros et c'est plus de 200 euros dans de nombreuses régions", poursuit l'agriculteur.

Au-delà de la spéculation, c'est le signe d'un pays qui s'est modernisé: "Notre entreprise se trouve dans un Etat de droit qui a peut-être encore parfois quelques problèmes, mais la corruption a fortement diminué, les ministères travaillent et les habitants vivent de mieux en mieux".

"Pour la Russie, c'est une surprise de voir que les gens ne sont pas du tout mécontents de leur gouvernement, qu'ils soutiennent l'armée et défendent leur pays", affirment les deux entrepreneurs.

Ils ne sont pas revenus les mains vides de leur séjour en Allemagne, ayant récolté 130 000 euros de dons à destination de la population et mis en place un réseau d'accueil des réfugiés dans plusieurs villages près de Berlin où environ 170 personnes sont hébergées actuellement.

"Même si tous se sentent bien là-bas, ils veulent revenir en Ukraine le plus vite possible", assure Torben.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.