Le régiment Azov, au coeur de la guerre de propagande russo-ukrainienne

Des militaires du régiment "Azov" et de la Garde nationale ukrainienne en juin 2019 (Photo, AFP).
Des militaires du régiment "Azov" et de la Garde nationale ukrainienne en juin 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 26 mars 2022

Le régiment Azov, au coeur de la guerre de propagande russo-ukrainienne

  • Fondé par des militants d'extrême droite, il recrute des volontaires et arbore des emblèmes rappelant ceux de la division SS Das Reich
  • La propagande russe renvoie aussi à la lutte des ultranationalistes ukrainiens contre l'URSS

PARIS : Milice néonazie pour les uns, héros ukrainiens pour les autres: le régiment Azov, retranché dans Marioupol assiégée, est au coeur d'une guerre de propagande entre Kiev et la Russie, dont l'un des buts de guerre déclarés est la "dénazification" de l'Ukraine.

Les réseaux sociaux prorusses - à commencer par les comptes Twitter des ambassades de Russie à Paris ou Londres - bruissent de témoignages et commentaires sur les atrocités supposées de ce régiment, présenté comme "fasciste" ou "nazi".

Le 10 mars, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavov a justifié le bombardement d'une maternité à Marioupol, qui a choqué le monde entier, par la présence selon lui dans le bâtiment du "bataillon Azov et d'autres radicaux".

Depuis sa création en 2014, au début de la guerre contre les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, le bataillon, intégré depuis à la Garde nationale - qui relève du ministère ukrainien de l'Intérieur - alimente tous les fantasmes.

Fondé par des militants d'extrême droite, dont Andriï Biletsky, issu de l'organisation paramilitaire Patriotes d'Ukraine, il recrute au départ des volontaires et arbore des emblèmes, comme le "Wolfsangel" (crochet de loup), rappelant ceux de la division SS Das Reich.

"En 2014, ce bataillon avait effectivement un fond d'extrême droite. Mais le régiment s'est ensuite +dé-idéologisé+, il est devenu une unité régulière", explique Andreas Umland, expert au Stockholm Centre for Eastern European Studies.

«Mal absolu»

"Ceux qui le rejoignent n'y vont pas par idéologie mais parce qu'il a la réputation d'être une unité combattante particulièrement tenace", dit-il à l'AFP. 

Cette formation, qui tire son nom de la mer d'Azov baignant le port de Marioupol, a forgé sa légende en participant à la reconquête de cette cité portuaire stratégique face aux séparatistes, soutenus par les Russes, en juin 2014.

Huit ans plus tard, elle se retrouve dans le même face-à-face à Marioupol, pilonnée sans relâche et coupée du monde, où Vladimir Poutine entend bien signer la première grande victoire de son "opération militaire spéciale" après des débuts pour le moins difficiles.

Et justifier son objectif de "dénazification" de l'Ukraine, la propagande russe qualifiant les dirigeants ukrainiens, y compris le président Volodymyr Zelensky, pourtant juif, de "néonazis" et de "drogués".

Cette rhétorique s'appuie sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, ou Grande guerre patriotique, très ancrée dans la Russie contemporaine.

"Le mot +nazisme+ ou +fascisme+ renvoie, dans le contexte russe, à la figure du Mal absolu avec lequel on ne peut pas négocier: on ne peut que le combattre et chercher à l'éradiquer", relève Sergei Fediunin, politiste à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) à Paris.

«Nationalisme soft»

La propagande russe renvoie aussi à la lutte des ultranationalistes ukrainiens contre l'URSS après 1945 ainsi qu'à leur leader Stepan Bandera, qui collabora avec l'Allemagne nazie.

Le régiment Azov n'est pas en reste dans cette guerre de communication, multipliant sur sa chaîne Telegram les communiqués victorieux, accompagnés de vidéos de blindés russes en flammes, et accusant les Russes d'être les "vrais fascistes".

"Il est devenu un régiment comme un autre", affirme Viatcheslav Likhatchev, expert au Centre des droits de l'Homme ZMINA à Kiev. "Il a juste une meilleure com, une bonne image et n'a que l'embarras du choix pour recruter les meilleurs" , dit-il à l'AFP.

Le régiment Azov, fort de 2.000 à 3.000 hommes selon son estimation, a aussi gardé le même emblème, en mémoire de la victoire de Marioupol de 2014, semant la confusion sur ses liens avec son passé.

Mais en Ukraine, ce symbole n'a "pas la connotation d'un symbole fasciste", relève Andreas Umland. Et pour les Ukrainiens, "ce sont des combattants héroïques comme les autres", renchérit Viatcheslav Likhatchev.

Les dirigeants historiques d'Azov, dont Andriï Biletsky, ont rejoint après 2014 la vie politique ukrainienne, à la tête de formations d'extrême droite qui n'ont jamais percé au-delà de 2%. 

Ils ont repris les armes depuis le début de l'offensive russe au sein du régiment Azov ou dans d'autres unités. Andriï Biletsky, très actif sur Telegram, est de retour à Marioupol.

Nikolaï Kravtchenko, idéologue d'extrême droite, a été tué près de Kiev dans une unité de volontaires de la défense territoriale créée par des vétérans d'Azov, précise Viatcheslav Likhatchev.

"Mais les forces politiques ultranationalistes sont en constante diminution en Ukraine depuis 2014 (..) C'est aussi parce que le nationalisme soft, nourri par l'agression russe, est devenu +mainstream+" (le courant principal), relève Anna Colin Lebedev, enseignante-chercheuse à l'université de Nanterre, sur Twitter. 


Deux espions russes présumés à la solde du régime de Poutine arrêtés en Allemagne

Identifiés comme Dieter S. et Alexander J, ils sont accusés d'avoir effectué des repérages pour des cibles potentielles en vue d'attaques (Photo, AFP).
Identifiés comme Dieter S. et Alexander J, ils sont accusés d'avoir effectué des repérages pour des cibles potentielles en vue d'attaques (Photo, AFP).
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  • Les deux hommes, qui possèdent également la nationalité allemande, ont été interpellés à Bayreuth, ville de Bavière
  • Des policiers ont également perquisitionné les domiciles et les lieux de travail des deux hommes mercredi

BERLIN: Les autorités allemandes ont annoncé jeudi l'arrestation de deux espions russes présumés, soupçonnés d'avoir planifié des actes de sabotage y compris contre l'armée américaine pour soutenir le "régime criminel de Poutine" dans sa guerre contre l'Ukraine.

Les deux hommes, qui possèdent également la nationalité allemande, ont été interpellés à Bayreuth, ville de Bavière, dans le sud-est du pays, a précisé le parquet anti-terroriste dans un communiqué.

Identifiés comme Dieter S. et Alexander J, ils sont accusés d'avoir effectué des repérages pour des cibles potentielles en vue d'attaques, dont des "installations des forces armées américaines" stationnées sur le sol allemand.

Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, la grande base américaine bavaroise de Grafenwöhr, où des soldats ukrainiens sont formés à l'utilisation de chars américains de combat Abrams, était notamment dans leur viseur.

La ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser a salué le travail des services de sécurité qui ont "empêché de possibles attentats à l'explosif qui devaient frapper et saper notre aide militaire à l'Ukraine".

"Il s'agit d'un cas particulièrement grave d'activité présumée d'agents pour le régime criminel (du président russe Vladimir) Poutine", a-t-elle dénoncé sur son compte X.

«Prêt à commettre» des attentats

Des policiers ont également perquisitionné les domiciles et les lieux de travail des deux hommes mercredi.

Concrètement, ils sont soupçonnés "d'avoir été actifs pour un service de renseignement étranger" dans ce que les procureurs qualifient eux aussi de "cas particulièrement grave" d'espionnage.

Le principal accusé, Dieter S., échangeait des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes depuis octobre 2023 en vue d'éventuels actes de sabotage sur le territoire allemand.

"Les actions visaient en particulier à saper le soutien militaire apporté par l'Allemagne à l'Ukraine contre la guerre d'agression russe", ont déclaré les procureurs.

Dieter S. se serait déclaré prêt auprès de ce contact à "commettre des attentats à l'explosif et des incendies criminels, principalement contre des infrastructures militaires et des sites industriels en Allemagne".

À cette fin, il a rassemblé des informations sur des cibles potentielles, pris des photos et tourné des vidéos de certaines cibles potentielles comme des transports et d'équipements militaires, puis aurait ensuite communiqué ces informations à son contact.

Alexander J. s'est joint à lui à partir de la fin mars 2024, selon le parquet.

Dieter S. est également accusé d'appartenir à une organisation "terroriste" étrangère, les procureurs le soupçonnant d'avoir été un combattant d'une milice armée séparatiste de la "République populaire de Donetsk", dans l'est de l'Ukraine, entre 2014 et 2016.

Ne pas se laisser «intimider»

L'Allemagne ne va pas se laisser "intimider", a déclaré la ministre de l'Intérieur, ajoutant que son pays, plus gros fournisseur européen d'armes à Kiev, continuerait "à soutenir massivement l'Ukraine".

L'annonce des arrestations intervient alors que le ministre de l'Economie Robert Habeck effectue jeudi une visite surprise à Kiev.

L'Allemagne a fait face à plusieurs affaires d'espionnage présumé pour le compte de la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine au début de l'année 2022.

Un ancien agent secret allemand est actuellement jugé à Berlin pour avoir transmis des informations classées secrètes au services de sécurité russes (FSB) à l'automne 2022, accusation qu'il nie catégoriquement.

En novembre 2022, un Allemand a été condamné à une peine avec sursis pour avoir fait passer des informations aux services de renseignement russes alors qu'il travaillait comme officier de réserve pour l'armée allemande.

"Nous savons que l'appareil du pouvoir russe prend également pour cible notre pays, nous devons réagir à cette menace de manière déterminée", a commenté le ministre de la Justice Marco Buschmann.


Australie: le centre commercial rouvre ses portes, cinq jours après l'attaque au couteau

Le centre commercial de Sydney où six personnes ont été tuées lors d'une attaque à l'arme blanche a rouvert ses portes jeudi, des visiteurs attristés passant devant les rangées de boutiques encore fermées pour rendre hommage aux victimes. (AFP)
Le centre commercial de Sydney où six personnes ont été tuées lors d'une attaque à l'arme blanche a rouvert ses portes jeudi, des visiteurs attristés passant devant les rangées de boutiques encore fermées pour rendre hommage aux victimes. (AFP)
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  • Les magasins rouvriront normalement vendredi, près d'une semaine après qu'un homme de 40 ans a mené une attaque meurtrière dans le vaste complexe commercial
  • Tout au long de la semaine, de nombreuses personnes ont déposé des fleurs devant le centre commercial, généralement bondé de familles venues faire leurs courses

SYDNEY: Le centre commercial de Sydney où six personnes ont été tuées lors d'une attaque à l'arme blanche a rouvert ses portes jeudi, des visiteurs attristés passant devant les rangées de boutiques encore fermées pour rendre hommage aux victimes.

Les magasins rouvriront normalement vendredi, près d'une semaine après qu'un homme de 40 ans a mené une attaque meurtrière dans le vaste complexe commercial Westfield Bondi Junction.

Mais la réouverture partielle de jeudi a été présentée comme une occasion pour les habitants de Sydney choqués de se recueillir.

Cela permet d'exprimer notre solidarité, nos condoléances et de "tourner la page sur ce qui a été une période très difficile" pour la ville, a déclaré le chef du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns.

Il s'agit, selon lui, d'un "premier pas vers la guérison".


L'Iran assure aux Etats-Unis ne pas vouloir "une expansion des tensions" avec Israël (ministre

Un membre de l’armée israélienne passe devant un missile balistique iranien (R) qui est tombé en Israël le week-end dernier, lors d’une visite des médias à la base militaire de Julis près de la ville israélienne de Kiryat Malachi le 16 avril 2024.(AFP)
Un membre de l’armée israélienne passe devant un missile balistique iranien (R) qui est tombé en Israël le week-end dernier, lors d’une visite des médias à la base militaire de Julis près de la ville israélienne de Kiryat Malachi le 16 avril 2024.(AFP)
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  • "Ce qui peut accroître les tensions dans la région, c'est le comportement du régime sioniste", a dit Hossein Ami-Abdollahian à son arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à New York pour une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
  • A New York, M. Amir-Abdollahian a prévu de s'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et avec d'autres ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion du Conseil de sécurité

Téhéran : Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré que son pays avait fait passer plusieurs "messages" aux Etats-Unis pour assurer que l'Iran ne cherchait "pas une expansion des tensions" au Moyen-Orient avec Israël, a indiqué jeudi son ministère.

"Ce qui peut accroître les tensions dans la région, c'est le comportement du régime sioniste", a dit Hossein Ami-Abdollahian à son arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à New York pour une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Israël a indiqué mercredi qu'il se réservait "le droit de se protéger" face à l'Iran à la suite de l'attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche par Téhéran contre son territoire avec des drones et des missiles.

M. Ami-Abdollahian a insisté sur le fait que "des messages avaient été envoyés avant et après l'opération" aux Etats-Unis, essentiellement par l'intermédiaire de l'ambassade suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays. Ces échanges visaient "à établir une compréhension correcte de l'action de l'Iran", selon lui.

"Nous avons dit clairement aux Américains que la décision (...) de répondre au régime" israélien, à la suite de la frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, était "définitive", a dit le ministre.

"Nous avons essayé de dire clairement aux Etats-Unis dans ces messages que nous ne sommes pas à la recherche d'une expansion des tensions dans la région", a-t-il ajouté.

A New York, M. Amir-Abdollahian a prévu de s'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et avec d'autres ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion du Conseil de sécurité qui doit débattre d'une demande des Palestiniens de devenir un membre à part entière des Nations unies.