Au Trocadéro, mobilisation et polémique pour Eric Zemmour

Eric Zemmour a mobilisé des dizaines de milliers de partisans dimanche place du Trocadéro, à Paris, où il a adressé plusieurs clins d'œil à l'électorat des Républicains pour conjurer les sondages. (Photo, AFP)
Eric Zemmour a mobilisé des dizaines de milliers de partisans dimanche place du Trocadéro, à Paris, où il a adressé plusieurs clins d'œil à l'électorat des Républicains pour conjurer les sondages. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 27 mars 2022

Au Trocadéro, mobilisation et polémique pour Eric Zemmour

Eric Zemmour a mobilisé des dizaines de milliers de partisans dimanche place du Trocadéro, à Paris, où il a adressé plusieurs clins d'œil à l'électorat des Républicains pour conjurer les sondages. (Photo, AFP)
  • «Je suis venu vous livrer un secret... Nous sommes les seuls à être de droite. Je suis le seul candidat de droite», a-t-il lancé
  • La candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse et le patron des députés LREM Christophe Castaner ont reproché dimanche au candidat d'extrême droite Eric Zemmour d'avoir laissé la foule scander «Macron assassin»

PARIS: « Il nous reste 14 jours, c'est une éternité »: Eric Zemmour a mobilisé des dizaines de milliers de partisans dimanche place du Trocadéro, à Paris, où il a adressé plusieurs clins d'œil à l'électorat des Républicains pour conjurer les sondages. 

Mais à deux semaines du premier tour, une polémique a encore parasité le message du candidat d'extrême droite. Des « Macron assassin » sonores ont retenti dans la foule, au moment où Eric Zemmour listait des victimes d'attaques, dont Mireille Knoll, une femme juive de 85 ans tuée chez elle en mars 2018. 

Pécresse et Castaner accusent Zemmour d'avoir laissé scander «Macron assassin»

La candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse et le patron des députés LREM Christophe Castaner ont reproché dimanche au candidat d'extrême droite Eric Zemmour d'avoir laissé la foule scander « Macron assassin » pendant son meeting, sans intervenir. 

« E. Zemmour laisse une foule crier 'Macron assassin'. Je combats avec force le président sortant mais laisser traiter un adversaire de meurtrier, c'est dangereux pour la République », a déploré Valérie Pécresse dans un tweet.  

« Ce n'est certainement pas ça la droite ! Ce n'est pas ça ma France ! », a-t-elle ajouté, alors que le candidat Reconquête! s'est présenté pendant son meeting comme »seul candidat de droite ». 

« C'est une honte pour la démocratie et la République d'entendre de tels propos », a abondé le président des députés LR Damien Abad à propos du slogan entendu. 

Embarrassé, l’entourage d'Eric Zemmour a indiqué que le candidat n'avait « pas entendu » et «condamne ce qu'a dit la foule à ce moment-là. Il n'a jamais utilisé un tel terme et ne l'a jamais laissé entendre dans son discours ». 

« Laver les affronts »  

Devant des nuées de drapeaux français, il a évoqué le nombre de « 100 000 personnes » présentes, le même avancé une semaine plus tôt par les Insoumis lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon place de la République. 

« J'ai choisi le Trocadéro pour venir laver les affronts de la droite », a affirmé Eric Zemmour, alors que Nicolas Sarkozy et François Fillon y avaient tenu meeting en 2012 et 2017, perdant la présidentielle dans la foulée. 

Le candidat Reconquête!, donné autour de 10% dans les intentions de vote, a fait huer trois rivaux: la LR Valérie Pécresse, « une centriste déjà prête à voter Emmanuel Macron », la candidate RN Marine Le Pen, une « socialiste en économie qui ne veut plus prendre aucun risque sur les sujets régaliens ». Et Emmanuel Macron « qui ne sait toujours pas de quel bord il est ». 

Au coude-à-coude avec Valérie Pécresse dans les sondages autour de 10% des intentions de vote, distancé par Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et légèrement derrière Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour a fait applaudir plusieurs cadres de l'aile droitière de LR: Eric Ciotti, Francois-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez et Nadine Morano, ainsi que le RN Jordan Bardella. 

« Je suis venu vous livrer un secret... Nous sommes les seuls à être de droite. Je suis le seul candidat de droite », a-t-il lancé, bravache. 

Perché sur une estrade bleue monumentale, il a également repris son antienne anti-impôts car « trop c'est trop ». Ponctuant son discours de citations de Victor Hugo ou Jacques Brel, il a moins insisté que d'habitude sur l'immigration, laissant ce thème aux orateurs précédents, Marion Maréchal en tête. 

« Combien de temps avons-nous encore avant que la France ne devienne une France africaine, (...) combien de temps avant que l'islam ne soit majoritaire sur notre terre? », a questionné la nièce de Marine Le Pen sous les vivats. 

Parmi les oratrices, Laurence Trochu (Mouvement conservateur), issue de la Manif' pour tous, a exalté les valeurs de la famille face à ce « féminisme qui émascule les hommes et travestit les femmes ». 

Dakar dénonce le «racisme primaire » de Zemmour contre les Sénégalais

Le Sénégal a dénoncé dimanche, par la voix de son ambassadeur en France, des propos « d'un racisme primaire » prononcés par le candidat d'extrême droite à la présidentielle française Eric Zemmour à l'encontre des Sénégalais, traités de délinquants à expulser. 

Lors de l'émission « Face à l'info » sur Cnews le 13 mai 2021, Eric Zemmour avait déclaré que « tous les trafiquants de crack sont Sénégalais » à Paris. 

Par ailleurs, lors d'une visite médiatique agitée Porte de la Villette à Paris au milieu de toxicomanes et de migrants vendredi, Eric Zemmour a déclaré que « la plupart » des délinquants étrangers sont sénégalais et qu'ils seront « renvoyés chez eux au Sénégal » s'il était élu président. 

« Ces propos, d'un racisme primaire incontestable, relèvent d'une stigmatisation injurieuse, portant gravement atteinte à l'honorabilité de toute une communauté sénégalaise », écrit l'ambassadeur El Hadji Magatte Seye dans son communiqué. 

Selon M. Seye, les propos du candidat d'extrême droite relèvent d'un « acharnement obsessionnel » contre le Sénégal. Il condamne ce qu'il qualifie d'« attaques irresponsables contre une communauté exemplaire pour son intégration et son respect des lois de la République française ». 

Le diplomate ajoute, sans autre précision, que son pays « engagera les actions idoines » pour que le candidat « réponde des propos dégradant » qu'il a tenus. 

« Du mal à coexister »  

Dans la foule, entre Marseillaises, slogans « on est chez nous » ou « ils sont où les antifas ? », de nombreux militants ne croyaient pas aux sondages. 

Devant la scène, Tom Celcuk, 19 ans et drapeau de Normandie à la main, défend les valeurs « identitaires » et pense que le Trocadéro peut « donner un élan » face à Marine Le Pen « qui s'est beaucoup gauchisée ». 

Un peu à l'écart, Jean-Louis Faure, un élégant monsieur de 75 ans, est « venu en voisin » du XVIe arrondissement, comme il y a cinq ans pour François Fillon. Ce rapatrié d'Algérie hésite encore pour son vote mais pense qu'Eric Zemmour pose la « question essentielle », « celle de la civilisation. La civilisation musulmane est différente de la nôtre, on a du mal à coexister ». 


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
Short Url
  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

Short Url
  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
Short Url
  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.