Les liens de Hunter Biden avec l’Ukraine de nouveau sous les feux des projecteurs

Hunter Biden est accusé d'utiliser la position de son père en tant que sénateur, vice-président et président à des fins lucratives par plusieurs responsables politiques américains, des médias et la Russie (Photo, Convention nationale démocrate/AFP).
Hunter Biden est accusé d'utiliser la position de son père en tant que sénateur, vice-président et président à des fins lucratives par plusieurs responsables politiques américains, des médias et la Russie (Photo, Convention nationale démocrate/AFP).
Hunter Biden est accusé d'utiliser la position de son père en tant que sénateur, vice-président et président à des fins lucratives par plusieurs responsables politiques américains, des médias et la Russie (Photo, AFP).
Hunter Biden est accusé d'utiliser la position de son père en tant que sénateur, vice-président et président à des fins lucratives par plusieurs responsables politiques américains, des médias et la Russie (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 28 mars 2022

Les liens de Hunter Biden avec l’Ukraine de nouveau sous les feux des projecteurs

  • La Russie affirme que le second fils de Joe Biden était directement impliqué dans les plans américains de déploiement d'armes de destruction massive
  • Selon un sondage, 66 % des électeurs potentiels estiment que les questions suscitées par la fuite des courriels de Hunter Biden sont « importantes »

CHICAGO : Lorsque le président américain Joe Biden a accusé lundi son homologue russe Vladimir Poutine de se préparer à utiliser des armes chimiques ou biologiques en Ukraine, il a involontairement levé le voile sur un scandale qui couve depuis longtemps et qui implique son fils, Hunter Biden.

Lors d'un point de presse à la Maison Blanche le 21 mars, le président Biden a déclaré que Poutine était « dos au mur » en Ukraine et qu'il pourrait orchestrer une opération « sous fausse bannière » pour justifier l'utilisation d'armes illégales contre des cibles civiles et militaires.

« Nous l'avons déjà vu auparavant », a déclaré le président Biden. « Il a mené beaucoup d'opérations sous fausse bannière. Chaque fois qu'il commence à évoquer quelque chose qu'il pense que l'OTAN, l'Ukraine ou les États-Unis sont sur le point de faire, cela signifie qu'il se prépare à le faire. »

Le Kremlin a répondu aux déclarations de Joe Biden en accusant son fils de contribuer à faciliter un programme d'armes biologiques en Ukraine, remettant ainsi sous les feux de la rampe les affaires douteuses de Hunter Biden lorsque son père était vice-président des États-Unis. Mais nous y reviendrons plus tard.

Les critiques conservateurs affirment que le second fils du président s'est associé à son oncle James Biden pour exploiter l'influence politique de Joe Biden, d'abord en tant que sénateur de longue date du Delaware, puis en tant que vice-président de Barack Obama pendant deux mandats, afin d'obtenir des contrats lucratifs en Ukraine − allégations que tous deux nient.

Peu de médias traditionnels ont publié cette histoire lorsqu'elle est apparue. Les géants des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter ont même bloqué les publications faisant référence à ces allégations, y compris les articles du New York Post, un journal à tendance conservatrice, avant l'élection de 2020.

La controverse a été rendue publique pour la première fois après que Hunter Biden a déposé son ordinateur portable personnel dans un magasin de réparation d'ordinateurs du Delaware en avril 2019 − le même mois où son père a officiellement lancé sa candidature à la présidence − mais a oublié de le récupérer.

Sur le plan juridique, l'ordinateur portable est devenu la propriété du patron du magasin, qui a récupéré son contenu, dont des milliers de courriels personnels de Hunter Biden, et l'a remis à des militants républicains.

Ces courriels, selon plusieurs comptes rendus publiés, comprennent les détails choquants d'un style de vie décadent, ainsi que des informations relatives aux contrats étrangers de plusieurs millions de dollars de Hunter Biden avec la Chine et l'Ukraine.

En 2014, Hunter Biden a rejoint l'entreprise publique ukrainienne de gaz naturel Burisma en tant que consultant à 1 million de dollars par an. Moins d'un mois après que son père, alors vice-président, ait visité l'Ukraine et rencontré les dirigeants de Burisma en avril de la même année, les contrats lucratifs ont commencé à affluer.

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Le vice-président américain de l'époque, Joe Biden, fait un geste de la main lors d’un discours le 22 juillet 2009 devant le peuple ukrainien à Kiev visant à réaffirmer le soutien des États-Unis aux ambitions du pays de s'intégrer davantage à l'Occident (Photo, AFP).

Burisma a été en proie à des accusations de corruption. En outre, les critiques affirment que Hunter Biden n'avait pas les qualifications nécessaires pour être consultant auprès de l'entreprise − à l'exception du fait que son père était vice-président et avait participé à l'élaboration de la politique de l'Ukraine.

Un diplomate américain de haut rang en poste à Kiev, dans un courriel classifié envoyé au département d'État en 2016, a averti que les transactions commerciales de Hunter Biden en Ukraine alors que son père était encore vice-président « sapaient » les efforts de lutte contre la corruption dans le pays.

Le courriel, daté du 22 novembre 2016, a été envoyé par George Kent, à l'époque chef de mission adjoint de l'ambassade américaine en Ukraine.

Il y détaillait une discussion sur une « saga » entourant l'affaire contre Mykola Zlochevsky, ancien ministre ukrainien des Ressources naturelles et fondateur de Burisma Holdings, selon le courriel.

Un rapport du New York Post du 4 octobre 2020, citant les courriels de l'ordinateur portable de Hunter Biden, affirme que Zlochevsky « a présenté le vice-président Joe Biden à un cadre supérieur de Burisma moins d'un an avant que l'aîné Biden ne fasse pression sur des responsables gouvernementaux en Ukraine pour qu'ils renvoient un procureur qui enquêtait sur la société ».

La rencontre est mentionnée dans un message d'appréciation que Vadym Pozharskyi, un conseiller du conseil d'administration de Burisma, aurait envoyé à Hunter Biden le 17 avril 2015, environ un an après que Hunter ait rejoint le conseil d'administration de Burisma.

En 2017, Hunter a également rejoint le conseil d'administration du fonds d'investissement privé basé en Chine, Bohai Harvest RST of Shanghai Equity Investment Fund Management Co. avec une participation de 10 %.

BHR a été fondé en 2013 par Bohai Industrial Investment Fund Management Co., qui est contrôlé par la Banque de Chine. Parmi ses fondateurs figure la société d'investissement de Hunter Biden, Rosemont Seneca Partners.

Il n'est pas rare que les enfants de puissants politiciens américains finissent par occuper des postes de premier plan où soient accusés de profiter de l'influence politique de leurs parents.

En Bref

« Beautiful Things », les mémoires de Hunter Biden publiées en 2021 par Gallery Books, ont été décrites comme étant à la fois une saga familiale, un récit de deuil et le cri d'un toxicomane.

Les fils et la fille du président Donald Trump ont constamment fait parler d'eux pour ce que les opposants appellent le « trafic d'influence » pendant et depuis son mandat.

Plusieurs enquêtes sont en cours sur les affaires des enfants de Trump, Ivanka et Donald Trump Jr, dont une lancée en janvier dernier par le procureur général de New York.

À leur tour, les républicains du Congrès ont présenté une résolution le 15 octobre 2019, qui fournissait des détails spécifiques extraits de l'ordinateur portable et ont exigé une enquête sur les transactions de Hunter Biden en Ukraine.

Dans les dernières semaines avant l'élection présidentielle de novembre 2020, le président Biden a rejeté les accusations portées contre son fils, estimant qu'elles n'étaient rien de plus que de la « désinformation russe » et « un ultime effort pour me salir, moi et ma famille ».

Cependant, le député républicain Darrell Issa du 50e district de Californie, qui a mené la bataille pour exposer le rôle de Hunter Biden en Ukraine et en Chine, a déclaré à Arab News qu'il y avait plus que suffisamment de preuves pour justifier une enquête du Congrès.

Issa a déclaré que les révélations pourraient être plus importantes que le Watergate, le scandale qui a fait tomber l'ancien président Richard Nixon en 1974.

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Lors d'un point de presse à la Maison Blanche le 21 mars, le président Biden a déclaré que Poutine était « dos au mur » en Ukraine et qu'il pourrait orchestrer une opération « sous fausse bannière » pour justifier l'utilisation d'armes illégales contre des cibles civiles et militaires (Photo, AFP).

« C'est le scandale que les Big Tech et le complexe industriel démocrate souhaitent voir disparaître », a déclaré Issa. « Ils savent ce qu'ils ont fait, et bien sûr, ils pensent qu'ils s'en sont sortis. C'est pourquoi il est essentiel que nous ne perdions pas l'occasion de demander des comptes. »

« Ce que je ne peux pas accepter, c'est le fait que Facebook, Twitter et les principaux acteurs médiatiques aient fait taire la vérité avec l'aide de plus de 50 personnes parmi les mieux informées du monde du renseignement, qui ont toutes conclu qu'il s'agissait de fausses informations. »

« C'est un complot de taille monumentale. C'est le scandale politique le plus conséquent depuis le Watergate, et il mérite une enquête au Congrès non moins robuste et non moins bipartisane que celle-là. »

Lorsque Joe Biden a accusé Moscou cette semaine de se préparer à utiliser des armes biologiques ou chimiques, les Russes sont entrés dans la mêlée de Hunter Biden, tirant parti des allégations de corruption pour accuser le fils du président américain de financer la production d'armes biologiques en Ukraine.

Igor Kirillov, responsable des défenses radiologiques, chimiques et biologiques au ministère russe de la Défense, a déclaré jeudi que Hunter Biden était directement impliqué dans les projets américains de déploiement d'armes de destruction massive en Ukraine.

Kirillov l'a accusé de financer « le programme d'armes biologiques du Pentagone en Ukraine » par le biais d'un fonds d'investissement, a rapporté l'agence de presse Sputnik International, soutenue par le Kremlin.

« Les matériaux reçus nous ont permis de retracer le schéma d'interaction entre les organes du gouvernement américain et les laboratoires biologiques ukrainiens », a déclaré Kirillov lors d'un point de presse.

« L'implication dans le financement de ces activités par des structures proches des dirigeants américains actuels, en particulier le fonds d'investissement Rosemont Seneca géré par Hunter Biden, attire l'attention. L'ampleur du programme est impressionnante. »

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Les médias libéraux ont rapidement pris la défense du président Biden après les allégations russes selon lesquelles l'USAID et le CDC, avec le soutien du philanthrope libéral George Soros, étaient responsables de la création de 31 laboratoires sur 14 sites en Ukraine (Photo, AFP). 

Citant une théorie du complot couramment utilisée par les médias russes soutenus par l'État, Kirillov aurait déclaré que l'USAID et le CDC, avec le soutien du philanthrope libéral George Soros, étaient responsables de la création de 31 laboratoires sur 14 sites en Ukraine.

Il n'existe aucune preuve crédible pour justifier cette affirmation.

Les médias libéraux ont rapidement pris la défense du président Biden à la suite des allégations russes. Julia Davis, une chroniqueuse du Daily Beast, a tweeté : « Si vous pensiez que la propagande russe était un jour "sophistiquée", je suis désolée de vous dire qu'elle a toujours été assez stupide. Elle l'est toujours. Voici leur dernière perle : Hunter Biden a financé des laboratoires biologiques en Ukraine. Fabriqué à la main pour Fox News. »

Cependant, les accusations de la Russie ont alimenté l'intérêt du public pour les activités de Hunter Biden en Ukraine. Selon un sondage Rasmussen publié cette semaine, 66 % des électeurs américains potentiels estiment que les questions suscitées par la fuite des e-mails de Hunter Biden sont « importantes ».

Ces allégations ont également ravivé la détermination des Républicains à faire pression en faveur d'une enquête, ce qui risque de coûter cher aux démocrates lors des élections de mi-mandat de novembre.

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Le député républicain Darrell Issa, du 50e district de Californie, qui a mené la bataille pour exposer le rôle de Hunter Biden en Ukraine et en Chine (Photo AN).

« Les Big Tech, les médias traditionnels et la communauté du renseignement de l'État profond des démocrates veulent soit réécrire l'histoire de leur collusion, soit l'effacer entièrement », a déclaré Issa à Arab News.

« Nous ne les laisserons pas faire. Ces lettres avertissent tout le monde : la vraie reddition de comptes va avoir lieu. Et nous ne nous arrêterons que lorsque toute la vérité sera dévoilée. »

« Nous savons déjà avec certitude que les Big Tech ont collaboré avec des médias parmi les plus puissants de la nation et des partisans démocrates parmi les plus influents de la communauté du renseignement pour supprimer la vérité, empêcher le public d'avoir accès à un journalisme fondé sur les faits, et couvrir les scandales de la famille Biden. »

La Maison Blanche n'a pas répondu aux demandes de commentaires d'Arab News.


Londres envisage une reconnaissance de l'État de Palestine en septembre

Des manifestants pro-palestiniens se rassemblent devant Downing Street avec des casseroles et des poêles le jour où le Premier ministre Keir Starmer a rappelé le cabinet de la pause estivale pour discuter de Gaza, Londres, 29 juillet 2025. (Reuters)
Des manifestants pro-palestiniens se rassemblent devant Downing Street avec des casseroles et des poêles le jour où le Premier ministre Keir Starmer a rappelé le cabinet de la pause estivale pour discuter de Gaza, Londres, 29 juillet 2025. (Reuters)
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  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza

LONDRES: Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, une décision vigoureusement condamnée par Israël.

"Je peux confirmer que le Royaume-Uni reconnaîtra l'État de Palestine d'ici à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza, convienne d'un cessez-le-feu et s'engage dans une paix durable et à long terme, ravivant la perspective d'une solution à deux Etats", a déclaré le dirigeant travailliste.

Il demande aussi à Israël de "permettre aux Nations unies de reprendre la fourniture d'aide et de s'engager à ce qu'il n'y ait pas d'annexions en Cisjordanie".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vivement réagi, estimant que "Starmer récompense le terrorisme monstrueux du Hamas et punit ses victimes".

"Un Etat jihadiste à la frontière d'Israël aujourd'hui menacera la Grande-Bretagne demain. L'apaisement à l'égard des terroristes jihadistes échoue toujours. Cela échouera pour vous aussi", a écrit M. Netanyahu sur le résau social X.

- "Le moment d'agir" -

Parallèlement, Downing Street a annoncé avoir procédé à des largages d'aide humanitaire sur la bande de Gaza, menacée de "famine", selon l'ONU.

La pression s'est intensifiée ces derniers jours sur le Premier ministre britannique, après que le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi que son pays allait reconnaître un Etat palestinien à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, devenant ainsi le premier Etat du G7 à le faire.

"J'ai toujours dit que nous reconnaîtrions un Etat palestinien comme une contribution à un véritable processus de paix, au moment où cela aurait le plus d'impact pour une solution à deux Etats. Maintenant que cette solution est menacée, c'est le moment d'agir", a poursuivi Keir Starmer à l'issue d'une réunion de son gouvernement, qu'il avait rappelé d'urgence mardi.

Il exige du Hamas la libération des otages restants  - 27 des 49 ont été déclarés morts par l'armée israélienne - ainsi que la démilitarisation totale de ce mouvement, afin qu'il "ne joue plus aucun rôle clé" dans la bande de Gaza.

Starmer s'est entretenu avec M. Netanyahu avant l'annonce, lui disant que "la situation à Gaza était intolérable", a déclaré une porte-parole de Downing Street.

"Il a exhorté le Premier ministre à prendre des mesures immédiates pour lever toutes les restrictions à l'accès à l'aide", a-t-elle ajouté dans un compte rendu de l'appel.

Starmer s'est également entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a "salué" l'annonce de la reconnaissance, a noté la porte-parole.

La veille, le président américain Donald Trump s'était abstenu de toute critique à propos d'une éventuelle reconnaissance, au cours d'une conférence de presse dans son complexe de golf de Turnberry, en Ecosse.

- Solution à deux Etats -

Quand les journalistes lui avaient demandé si Keir Starmer devait céder à la pression croissante des députés britanniques et reconnaître comme Paris l'Etat de Palestine, Trump avait simplement répondu: "Je ne vais pas prendre position, ça ne me dérange pas que lui (Starmer) le fasse".

Selon le décompte de l'AFP, au moins 142 des 193 Etats membres de l'ONU, dont la France, reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

Plus d'un tiers des députés britanniques avaient exhorté M. Starmer à emboîter le pas à M. Macron dans une lettre rendue publique vendredi.

La question n'est pas de savoir "si" l'Etat palestinien sera reconnu mais "quand", avait relevé mardi un porte-parole de Downing Street, quelques heures avant cette annonce, ajoutant que le Premier ministre cherchait une voie "durable vers une solution à deux Etats".

"Ensemble (...), nous enrayons le cycle infini de la violence et rouvrons la perspective de la paix" dans la région, a salué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot peu après l'annonce de Keir Starmer.

Le Labour, revenu au pouvoir au Royaume-Uni il y a un an après sa victoire aux élections législatives, s'était engagé dans son programme de campagne à "reconnaître un Etat palestinien comme contribution à un processus de paix renouvelé aboutissant à une solution à deux Etats".

En mai 2024, l'Irlande, l'Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient déjà sauté le pas en Europe.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine" était "en cours à Gaza" et Israël fait l'objet de pressions croissantes à l'échelle mondiale pour mettre fin à ces souffrances.


Solution à deux États : déclaration commune de l’Arabie saoudite et de la France

La France et l'Arabie saoudite ont publié une déclaration commune à l'ONU mardi, appelant à un arrêt immédiat de la guerre à Gaza et établissant une feuille de route internationale détaillée pour la mise en œuvre d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. (X/@KSAMOFA)
La France et l'Arabie saoudite ont publié une déclaration commune à l'ONU mardi, appelant à un arrêt immédiat de la guerre à Gaza et établissant une feuille de route internationale détaillée pour la mise en œuvre d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. (X/@KSAMOFA)
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  • Ils appellent à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, et à ce que le Hamas abandonne le pouvoir à Gaza et rende ses armes
  • Ils évoquent l’idée d’une future « Journée de la paix » pour marquer la fin officielle du conflit et le lancement d’une coopération régionale dans le commerce, l’énergie et les infrastructures

NEW YORK : La France et l’Arabie saoudite ont publié mardi une déclaration conjointe à l’ONU appelant à une fin immédiate de la guerre à Gaza, et présentant une feuille de route internationale détaillée pour la mise en œuvre d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.

Publiée à l’issue d’une conférence internationale de haut niveau à New York, co-présidée par les deux pays, la « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de la Palestine » définit un processus chronométré pour établir un État palestinien indépendant et souverain aux côtés d’Israël, avec des garanties de sécurité pour les deux parties.

La déclaration a été approuvée par un large groupe de partenaires internationaux, dont le Brésil, l’Égypte, le Japon, l’Irlande et l’UE, formant un « consensus mondial sans précédent » sur la nécessité urgente de résoudre ce conflit de longue date.

« La guerre à Gaza doit cesser maintenant », affirme la déclaration, qui condamne les attaques du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023 et les opérations militaires israéliennes qui ont suivi, causant d’importantes pertes civiles et la destruction d’infrastructures.

Elle avertit qu’un conflit prolongé, sans voie crédible vers la paix, « constitue une grave menace pour la stabilité régionale et internationale », et appelle à la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu progressif, négocié par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, afin de mettre fin aux hostilités, assurer la libération des otages et garantir le retrait des forces israéliennes de Gaza.

La déclaration appelle aussi à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, et à ce que le Hamas renonce au pouvoir à Gaza et rende ses armes. Un comité administratif transitoire, soutenu par les partenaires internationaux, serait mis en place sous l’autorité de l’AP, appuyé par une mission de stabilisation temporaire dirigée par l’ONU pour protéger les civils et accompagner les transitions de sécurité et de gouvernance.

« Seule une solution politique peut garantir paix et sécurité », réaffirme la déclaration, qui soutient la solution à deux États basée sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien à venir.

La déclaration promet également un large soutien international à la reconstruction de Gaza, approuve un plan de reprise élaboré par l’Organisation de la coopération islamique et annonce une prochaine conférence de reconstruction à Le Caire. Elle s’engage à créer un fonds fiduciaire international dédié, réaffirme le rôle de l’UNRWA et soutient le programme de réformes de l’Autorité palestinienne.

Les récents engagements du président palestinien Mahmoud Abbas pour organiser des élections et poursuivre un État pacifique, ainsi que les réformes démocratiques et l’amélioration de la gouvernance, ont été salués.

Les signataires appellent les autorités israéliennes à cesser la construction de colonies, mettre fin à la violence des colons et prendre un engagement public clair en faveur de la solution à deux États. « Les mesures unilatérales menacent de détruire la dernière voie possible vers la paix », avertit la déclaration.

Elle lie la reconnaissance de l’État palestinien aux efforts plus larges de normalisation et d’intégration au Moyen-Orient. Elle propose d’explorer un cadre régional de sécurité, inspiré de l’ASEAN et de l’OSCE, et évoque une future « Journée de la paix » pour marquer la fin formelle du conflit et le lancement d’une coopération régionale dans le commerce, l’énergie et les infrastructures.

Les co-présidents de la conférence se sont engagés à présenter un rapport de suivi lors de la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre et ont chargé les présidents des groupes de travail de mettre en place un mécanisme de suivi sous l’égide de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États.

« C’est une opportunité historique », conclut la déclaration. « Le temps de l’action décisive et collective est venu — pour mettre fin à la guerre, réaliser la création d’un État palestinien et assurer paix et dignité pour les deux peuples. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le sommet de paix franco-saoudien marque un consensus international croissant en faveur de la création d'un État palestinien

Au centre, au premier rang, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le coprésident de la conférence, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saud, et le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (devant, 5R), se tiennent pour une photo de groupe avec des ministres de haut niveau lors de la conférence des Nations Unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York City. (AFP)
Au centre, au premier rang, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le coprésident de la conférence, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saud, et le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (devant, 5R), se tiennent pour une photo de groupe avec des ministres de haut niveau lors de la conférence des Nations Unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York City. (AFP)
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  • Des représentants du monde entier participent à une conférence organisée par les Nations unies à New York pour relancer l'espoir d'une solution fondée sur la coexistence de deux États
  • Les délégués au sommet ont exigé un cessez-le-feu à Gaza, un acheminement sans restriction de l'aide et l'obligation de rendre compte des attaques israéliennes

DUBAI/LONDRES : Le premier jour de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine a envoyé un message unifié : la voie vers la création d'un État palestinien se dessine, les acteurs internationaux s'efforçant de tracer ce que le ministre français des affaires étrangères a décrit comme une "voie politique irréversible" vers une solution à deux États.

Organisée conjointement par l'Arabie saoudite et la France à l'ONU du 28 au 30 juillet, la conférence vise à relancer l'élan mondial en faveur de la reconnaissance de la Palestine, élan qui s'est essoufflé avec la campagne militaire israélienne à Gaza déclenchée par les attentats du 7 octobre 2023 menés par le Hamas.

"Il s'agit d'une étape historique qui reflète un consensus international croissant", a déclaré lundi le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, devant une salle presque comble, ajoutant que le rassemblement visait à faire évoluer l'atmosphère internationale de manière décisive vers une solution à deux États.

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Les participants se tiennent debout pendant un moment de silence lors d'une réunion ministérielle de haut niveau dans le cadre de la conférence des Nations unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York. (AFP)

"Il ne s'agit pas simplement d'une position politique. Il s'agit plutôt d'une conviction profondément ancrée selon laquelle un État palestinien indépendant est la véritable clé de la paix", qu'il a déclaré envisager sous la forme de l'initiative de paix arabe, présentée par l'Arabie saoudite et adoptée par la Ligue arabe à Beyrouth en 2002.

La conférence intervient quelques jours après que le président français Emmanuel Macron s'est engagé à reconnaître officiellement l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, ce qui ferait de la France le premier pays du G7 à le faire.

Les États-Unis ont toutefois refusé de participer, déclarant dans un mémo que la réunion était "contre-productive pour les efforts en cours et vitaux visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à libérer les otages."

Washington a ajouté qu'il s'opposait à "toute mesure qui reconnaîtrait unilatéralement un État palestinien conjectural", arguant que de telles démarches introduisaient "des obstacles juridiques et politiques significatifs" à la résolution du conflit.

Israël, qui fait face à une pression internationale croissante en raison de la crise humanitaire à Gaza, où la famine s'installe selon les Nations unies, a également boycotté la réunion.

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Naeema, une mère palestinienne de 30 ans, est assise avec son fils Yazan, âgé de 2 ans et souffrant de malnutrition, dans leur maison endommagée dans le camp de réfugiés d'Al-Shati, à l'ouest de la ville de Gaza, le 23 juillet 2025. (AFP)

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que la large participation à la conférence prouvait "le consensus et la mobilisation de la communauté internationale autour de l'appel à la fin de la guerre à Gaza". Il a exhorté les participants à considérer cette rencontre comme "un tournant, un moment de transformation pour la mise en œuvre de la solution à deux États".

"Nous avons entamé une dynamique sans précédent et imparable en faveur d'une solution politique au Moyen-Orient, qui commence déjà à porter ses fruits", a déclaré M. Barrot, citant des mesures tangibles telles que "la reconnaissance de la Palestine, la normalisation et l'intégration régionale d'Israël, la réforme de la gouvernance palestinienne et le désarmement du Hamas".

Alors que le plan de partage des Nations unies de 1947 proposait à l'origine des États juifs et arabes séparés, le gouvernement israélien d'extrême droite continue de rejeter toute forme d'État palestinien, préconisant plutôt l'annexion permanente de terres et, dans certains cas, l'expulsion des résidents palestiniens.

"Cette conférence ne promeut pas une solution, mais renforce plutôt l'illusion", a déclaré Danny Danon, l'ambassadeur israélien à l'ONU, lundi, accusant les organisateurs d'être "déconnectés de la réalité" en donnant la priorité à la souveraineté palestinienne plutôt qu'à la libération des otages et au démantèlement du Hamas.

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Des Palestiniens inspectent le site frappé par un bombardement israélien à Muwasi, Khan Younis, dans la bande de Gaza, lundi 28 juillet 2025. (AP)

L'avenir du Hamas et la violence des colons israéliens ont dominé les discussions le premier jour et devraient rester au centre des préoccupations tout au long de la conférence.

Juan Manuel Santos, ancien président colombien et lauréat du prix Nobel de la paix, a déclaré lors de la conférence que le gouvernement israélien actuel "cherche à créer un plus grand Israël par la destruction de Gaza, l'expansion illégale des colonies et l'annexion de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est".

Il a appelé les nations à reconnaître l'État de Palestine, affirmant que cela enverrait un message clair que "l'agenda expansionniste d'Israël ne sera jamais accepté et ne sert pas ses véritables intérêts".

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhan Al-Saud (C), s'exprime lors d'une réunion ministérielle de haut niveau dans le cadre de la conférence des Nations unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York. (AFP)

Intervenant sur la question, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a décrit Gaza comme la "dernière et la plus brutale manifestation" de la crise.

"L'idée que la paix peut passer par la destruction ou l'assujettissement de notre peuple est une illusion mortelle", a-t-il déclaré, affirmant que le peuple palestinien - et non le Hamas - "a fait preuve d'un engagement inébranlable en faveur de la paix face à la violence brutale".

Israël a défendu ses actions en les qualifiant d'essentielles à la sécurité nationale et a fait part de son intention de maintenir son contrôle militaire sur Gaza et la Cisjordanie après la guerre. Mais lundi, plusieurs orateurs ont insisté sur le fait qu'une véritable sécurité ne peut exister sans paix.

"De même qu'il ne peut y avoir de paix sans sécurité, il ne peut y avoir de sécurité sans paix", a déclaré la représentante italienne Maria Tripodi.

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Des personnes en deuil prient devant le corps de Soad Qeshtah, décédée quelques heures après avoir accouché par césarienne d'urgence de sa mère, Soad al-Shaer, enceinte de sept mois, tuée lors d'une frappe aérienne israélienne à Khan Younis dans la bande de Gaza, le lundi 28 juillet 2025. (AP)

Les participants ont proposé de construire un cadre de sécurité régional inclusif sur le modèle de l'OSCE ou de l'ANASE, axé sur les négociations et la politique plutôt que sur le contrôle militaire.

Le représentant du Qatar a souligné que si un cessez-le-feu et l'augmentation de l'aide humanitaire restent des objectifs immédiats, une paix durable passe par une solution à deux États, en s'attaquant aux causes profondes, en protégeant les médias indépendants et en luttant contre les discours de haine.

Le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdelatty, a déclaré que Le Caire avait "intensifié ses efforts" pour mettre fin à la guerre, reprendre l'aide et fournir une formation en matière de sécurité aux forces qui pourraient contribuer à créer les conditions d'un État palestinien viable.

La crise humanitaire à Gaza a dominé les discussions. Alors que les systèmes sanitaires et alimentaires du territoire se sont effondrés, les Nations unies ont prévenu que la famine était déjà en cours dans certaines parties de l'enclave, où des centaines de milliers de personnes restent prises au piège.

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Un char israélien entre en Israël depuis Gaza, le 28 juillet 2025. (REUTERS)

Malgré la pression internationale croissante, Israël a maintenu un contrôle étroit sur l'accès terrestre et les convois d'aide, augmentant dimanche l'autorisation d'entrée des convois humanitaires dans l'enclave - des efforts que les groupes humanitaires jugent insuffisants, irréguliers et dangereux.

Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a averti qu'"un nouveau Moyen-Orient ne naîtra jamais de la souffrance des Palestiniens". La paix, a-t-il ajouté, ne viendra pas "de la famine, de la déportation ou de la suppression totale" et ne peut exister tant que l'occupation et l'apartheid persistent.

Le prince Zeid Ra'ad Al-Hussein, ancien haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a exhorté la communauté internationale à définir un plan clair et pragmatique pour une Palestine nouvelle et indépendante.

"Une vision ne concerne pas l'audit émotionnel d'aujourd'hui", a-t-il déclaré, mais un nouvel avenir pour Israël et la Palestine. C'est pourquoi "une solution à deux États devrait être pratique pour obtenir un soutien" et "un flou total sur la finalité n'est pas stratégique, il est dangereux".

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Une fille palestinienne déplacée réagit alors qu'elle reçoit une soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture à Gaza City, dans le nord de la bande de Gaza, le 25 juillet 2025. (AFP)

Il a plaidé en faveur d'un "accord de sécurité intelligemment conçu et ancré dans la région pour empêcher une abrogation unilatérale en tant que première étape transitoire urgente", en plus d'une mission de reconstruction et de réhabilitation dotée d'un mandat international.

S'adressant aux délégués, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le conflit avait atteint un "point de rupture" et a exhorté à passer de la rhétorique à l'action concrète.

Rien ne justifie "l'anéantissement de Gaza qui s'est déroulé sous les yeux du monde", a-t-il déclaré, citant l'expansion illégale des colonies, la violence des colons, les déplacements massifs et la volonté d'annexion comme autant d'éléments d'une "réalité systémique qui démantèle les éléments constitutifs de la paix".

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Le soleil se couche sur le nord de Gaza, le 28 juillet 2025. (REUTERS)

Il a appelé à la cessation immédiate des actions unilatérales qui compromettent la solution des deux États et a réaffirmé la vision des Nations unies de deux États souverains et démocratiques vivant côte à côte dans la paix, sur la base des frontières d'avant 1967 et avec Jérusalem comme capitale commune.

"Cela reste le seul cadre ancré dans le droit international, approuvé par cette Assemblée et soutenu par la communauté internationale", a-t-il déclaré. "C'est la seule voie crédible vers une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Et c'est la condition sine qua non de la paix dans l'ensemble du Moyen-Orient".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com