Ukraine: nouvelles négociations, situation «catastrophique» à Marioupol

Un volontaire patrouille à un poste de contrôle à Stoyanka, le 27 mars 2022. (Photo, AFP)
Un volontaire patrouille à un poste de contrôle à Stoyanka, le 27 mars 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 28 mars 2022

Ukraine: nouvelles négociations, situation «catastrophique» à Marioupol

  • Plus de 2 000 civils ont été tués à Marioupol, d'après un récent bilan communiqué par la mairie
  • Négociateurs ukrainiens et russes se retrouvent à Istanbul, lundi ou mardi, pour tenter d'arrêter ce conflit qui a déjà contraint plus de 3,8 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays

KIEV : Des négociations entre Kiev et Moscou s'ouvrent en début de semaine à Istanbul, l'Ukraine se disant prête à discuter "en profondeur" de sa neutralité, au moment où la situation humanitaire à Marioupol, dans l'est du pays, est décrite comme "catastrophique".

Dans la ville assiégée et bombardée depuis des semaines, "la population se bat pour survivre. La situation humanitaire est catastrophique", a affirmé dans la nuit de dimanche à lundi le ministère ukrainien des Affaires étrangères sur son compte Twitter.

"Les forces armées russes sont en train de transformer la ville en poussière", a-t-il ajouté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçant de son côté un blocus total de cette ville que l'armée russe tente de prendre depuis des semaines.

"Toutes les entrées et sorties de la ville sont bloquées (...) il est impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments", a-t-il affirmé dimanche soir. "Les forces russes bombardent les convois d'aide humanitaire et tuent les chauffeurs", a-t-il ajouté.

1

Quelque 2 000 enfants ont également été emmenés vers la Russie, a-t-il dénoncé. "Et cela veut dire enlevés. Parce que nous ne savons pas exactement où ils sont. Certains sont avec leurs parents, d'autres non. C'est une catastrophe", a-t-il lancé.

Plus de 2 000 civils ont été tués à Marioupol, d'après un récent bilan communiqué par la mairie. Selon le président ukrainien, quelque 100 000 personnes sont toujours bloquées dans ce port stratégique de la mer d'Azov. Plusieurs tentatives visant à établir des itinéraires sûrs pour les civils ont échoué, les deux parties s'accusant mutuellement de violations de cessez-le-feu. 

Et on ignore toujours, dix jours après le bombardement de son théâtre, le sort des centaines de civils qui y avaient trouvé refuge: une mission quasi-impossible, selon une élue municipale de Marioupol.

Le président français a indiqué dimanche qu'il parlerait à son homologue russe Vladimir Poutine lundi ou mardi pour organiser une opération d'évacuation de la ville.

Emmanuel Macron, qui s'est déjà entretenu à huit reprises avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, reste convaincu que la voie du dialogue avec Moscou est encore possible, "pour arrêter la guerre que la Russie a lancé en ukraine sans faire la guerre".

3,8 millions de réfugiés

Négociateurs ukrainiens et russes se retrouvent à Istanbul, lundi ou mardi selon les sources, pour tenter d'arrêter ce conflit qui a déjà contraint plus de 3,8 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays, selon un décompte de l'ONU dimanche.

Un des points importants des négociations porte sur "les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat", a déclaré dimanche le président ukrainien Voldymyr Zelensky à des médias indépendants russes, selon la chaîne Telegram de l'adminstration présidentielle ukranienne.

"Ce point des négociations est compréhensible pour moi et il est en discussion, il est étudié en profondeur", a-t-il affirmé. Mais il devra être soumis à référendum et il faut des garanties, a-t-il prévenu, accusant le président russe Vladimir Poutine et son entourage de faire "traîner les choses".

Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a intimé dans un communiqué aux médias russes de ne pas publier cet entretien et indiqué qu'une enquête était ouverte contre ceux qui avaient participé à l'interview.

Plus tard dans la journée, et cette fois devant des journalistes ukrainiens, M. Zelensky a rappelé ses priorités: la souveraineté de l'Ukraine et son intégrité territoriale, "qui ne font aucun doute".

Une séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais n'avait débouché sur aucune avancée concrète. Depuis lors, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées "difficiles" par les deux camps.

Ces nouveaux pourparlers, en présentiel, se tiennent après l'annonce de l'armée russe en fin de semaine qu'elle changeait "d'objectif principal" en Ukraine.

Vendredi, le commandement russe avait créé la surprise en annonçant "concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal: la libération" du bassin minier du Donbass.

Ce changement de stratégie fait craindre aux autorités ukrainiennes une volonté russe d'obtenir à terme "deux Ukraines" sur le modèle de la Corée du Nord et du Sud.

Après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien", Moscou "pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative" d'instaurer un séparation à la coréenne, a déclaré dimanche le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov.

Oscars: minute de silence en soutien à l'Ukraine

Les organisateurs de la cérémonie des Oscars ont demandé dimanche une minute de silence "en soutien au peuple ukrainien" lors d'une soirée de gala.

Parmi les vedettes de retour sur le tapis rouge d'Hollywood après deux ans de pandémie, certaines avaient ajouté aux smokings ou robes de soirée de rigueur un ruban bleu portant l'inscription #WithRefugees ("avec les réfugiés") pour exprimer leur solidarité avec les civils chassés par les conflits. Jason Momoa arborait sur scène une pochette bleue et jaune aux couleurs de l'Ukraine.

Durant la cérémonie, les organisateurs ont profité d'une pause publicitaire pour afficher un message appelant à "une minute de silence pour montrer notre soutien au peuple ukrainien, actuellement en butte à une invasion".

Referendum dans le Lougansk

Une crainte renforcée par l'annonce de la tenue "dans un avenir proche" d'un referendum pour rejoindre la Russie dans le territoire séparatiste de Lougansk (est), dont Moscou a reconnu l'indépendance.

"Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n'auront aucune légitimité", a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Sur le terrain, les combats continuent mais l'étau semblait se desserrer dans certaines villes assiégées, comme à Mykolaïv, ville-verrou sur la route d'Odessa, plus grand port d'Ukraine, pillonnée depuis des jours par l'artillerie russe.

De nouveaux incendies se sont toutefois déclarés dans la zone de la centrale nucléaire de Tchernobyl, occupée par les forces russes, selon les autorités ukrainiennes qui ont demandé la "démilitarisation" du secteur sous l'égide de l'ONU.

"Des feux importants ont commencé dans la zone d'exclusion, qui peuvent avoir de très sérieuses conséquences", a écrit la Première ministre adjointe ukrainienne Iryna Vereshuk sur son compte Telegram dimanche soir.

Selon les autorités régionales ukrainiennes, l'armée russe a pris le contrôle de la ville de Slavoutitch, où réside le personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl, arrêtant brièvement le maire et suscitant des manifestations pro-ukrainiennes.

A Mykolaïv, les habitants ont retrouvé un peu d'espoir, après des semaines terribles pendant lesquelles l'armée russe a tenté en vain de prendre la ville.

Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, seule ville d'importance dont l'armée russe ait revendiqué la prise totale depuis le début de son invasion de l'Ukraine le 24 février.

1

Plusieurs hommes d'affaires russes ont proposé leur aide à l'Ukraine, selon Zelensky

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé dimanche que plusieurs hommes d'affaires russes avaient proposé de donner de l'argent pour aider l'Ukraine, notamment pour soutenir son armée.

Lors d'un entretien en visioconférence avec plusieurs médias russes, M. Zelensky a déclaré avoir reçu "des signaux" de plusieurs hommes d'affaires russes, dont le milliardaire Roman Abramovitch, un proche de Vladimir Poutine visé par des sanctions de l'Union européenne et du Royaume-Uni.

"On a eu des signaux de lui et de quelques autres hommes d'affaires, proposant: 'on peut aider d'une manière ou d'une autre, on peut faire quelque chose'", a-t-il raconté. 

"Certains ont dit qu'ils étaient prêts à aider à la reconstruction du pays après la guerre. 'Nous sommes prêts à transférer nos affaires en Ukraine, nous vivons en Angleterre ou quelque part en Suisse, nous le voulons. Mais comment peut-on faire pour ne pas figurer sur la liste des sanctions'?", a relaté le président.

"Certaines personnes ne veulent pas donner leur nom et disent qu'elles veulent aider notre armée, tout en étant des citoyens de la Fédération de Russie", a-t-il poursuivi.

M. Zelensky a ensuite assuré que quels que soient les hommes d'affaires prêts à donner de l'argent pour soutenir l'armée ukrainienne, l'Ukraine était prête à "assurer leur sécurité, leur fournir du travail et permettre à leurs affaires de se développer".

"Je parle concrètement des sanctions dans notre Etat. On peut en discuter, on peut discuter du changement de citoyenneté de ces personnes", a-t-il expliqué, soulignant qu'il n'était pas "obligatoire de le faire publiquement".

Selon le Wall Street Journal de mercredi, M. Zelensky aurait demandé à Joe Biden de ne pas sanctionner Roman Abramovitch, estimant qu'il pourrait jouer un rôle dans les négociations de paix entre l'Ukraine et la Russie.

«Boucher»

En visite samedi à Varsovie, le président américain Joe Biden s'en était pris violemment au maître du Kremlin, le qualifiant de "boucher" et jugeant qu'il ne pouvait "pas rester au pouvoir" après son invasion de l'Ukraine.

"Je n’utiliserai pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine", a réagi M. Macron. "Il faut continuer à parler avec les Russes, il faut continuer à parler avec le président Poutine", a martelé dimanche son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, invité du Forum de Doha.

La Maison Blanche a dû nuancer très rapidement les propos tenu par M. Biden. "Ce que le président voulait dire, c'est que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région", a-t-elle indiqué : "Il ne parlait pas du pouvoir de Poutine en Russie, ni d'un changement de régime".

Sur le plan diplomatique, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a appelé à un boycottage des supermarchés français Auchan - qui ont fait le choix de rester en Russie - ainsi que des enseignes Leroy-Merlin (bricolage) et Décathlon (sport), détenues par le même groupe familial.

À Varsovie, vedettes de la musique et du sport se sont succédé sur scène dimanche lors d'un téléthon en faveur de l'Ukraine, diffusé par la chaîne publique polonaise TVP dans plus de 20 pays.

Pendant ce bref instant de recueillement, des écrans diffusaient des messages appelant à envoyer de l'aide en énumérant des besoins essentiels des Ukrainiens tels que de la "nourriture", des "soins médicaux" ou des "couvertures".


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
Short Url
  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Short Url
  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Short Url
  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.