La fin du train Russie-Finlande, rare porte encore ouverte vers l'Europe

Des passagers débarquent d'un train Allegro en provenance de Saint-Pétersbourg, en Russie, à la gare centrale d'Helsinki, en Finlande, le 27 mars 2022. (AFP)
Des passagers débarquent d'un train Allegro en provenance de Saint-Pétersbourg, en Russie, à la gare centrale d'Helsinki, en Finlande, le 27 mars 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 28 mars 2022

La fin du train Russie-Finlande, rare porte encore ouverte vers l'Europe

  • Douze ans après le voyage inaugural de ce train moderne avec à son bord Vladimir Poutine, le trafic est interrompu sine die à partir de ce lundi entre Saint-Pétersbourg et Helsinki
  • Si certains ont confié faire un voyage sans prévoir de retour, la plupart des voyageurs russes étaient de facto des gens résidant, travaillant ou étudiant déjà en Europe

HELSINKI: 19H07, dimanche soir. Le train Allegro entre dans la gare centrale de la capitale finlandaise, et avec lui s'arrête la dernière ligne ferroviaire encore active entre la Russie et l'UE, un mois après l'invasion de l'Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou.


Douze ans après le voyage inaugural de ce train moderne avec à son bord Vladimir Poutine, alors un symbole de renouveau pour les relations euro-russes, le trafic est interrompu sine die à partir de ce lundi entre Saint-Pétersbourg et Helsinki, une ligne pourtant active même durant la Guerre froide.


"Maintenant que j'ai récupéré mes chats, je n'ai plus de raison de revenir, j'ai tout ce qu'il y a de plus précieux pour moi", confie à l'AFP Alex, un Moscovite installé à Helsinki depuis quelques années, en descendant avec une boîte contenant ses deux félins.


Derrière le jeune homme aux très reconnaissables cheveux bleus, il y a du monde sur le quai, tirant des grosses valises, quelques enfants.


Après l'arrêt du trafic aérien consécutif aux sanctions européennes, le gouvernement finlandais avait décidé de laisser la ligne ouverte dans un premier temps, en faisant un rare sas notamment pour des Russes désireux de rentrer chez eux en Europe ou de quitter leur pays.


Mais la compagnie nationale VR avait annoncé vendredi que la liaison serait arrêtée après le weekend, à la demande des autorités finlandaises, afin de respecter les sanctions.


Par prudence, les citoyens russes interrogés sur le quai préfèrent ne pas donner leurs noms de famille, alors que Vladimir Poutine a fustigé les "traîtres" quittant la Russie en temps de guerre.


"Je ne sais pas comment je vais rentrer à Moscou, on verra comment cette situation va pouvoir se résoudre", explique Ivan, un étudiant russe à l'université de Moscou, partant pour les vacances de Pâques chez ses parents au Portugal, accompagné de sa mère.


Ses examens sont prévus dans quelques semaines. "La situation en Russie est devenue plus compliquée", élude le jeune homme à la fine moustache, le visage emmitouflé dans sa capuche.


Depuis le début de l'invasion en Ukraine et la fin des liaisons aériennes, le train Allegro était subitement devenu bondé et près de 700 passagers l'empruntaient chaque jour, à raison de deux voyages quotidiens.

Trains de la Guerre froide 
Et ce alors que les conditions pour monter à bord sont très réduites: il faut soit être citoyen finlandais, soit être citoyen russe mais avec un visa Schengen valide et un vaccin anti-Covid reconnu dans l'UE - et donc pas le Sputnik majoritaire en Russie.


Si certains ont confié faire un voyage sans prévoir de retour, la plupart des voyageurs russes étaient de facto des gens résidant, travaillant ou étudiant déjà en Europe. 


Coexploité depuis décembre 2010 par les compagnies ferroviaires nationales finlandaise et russe, les trains Allegro à la livrée blanche - fabriqués par le groupe français Alstom - étaient devenus le symbole du partenariat finlando-russe.


Lors de son voyage inaugural, Vladimir Poutine avait parcouru avec la présidente finlandaise de l'époque Tarja Halonen les quelque 400 kilomètres du trajet transfontalier - parcourus en 3 heures et demie avec plusieurs arrêts.


"J'espère qu'il recirculera normalement très bientôt", dit Aliya, une Russe qui travaille à Helsinki mais rend régulièrement visite à sa famille et ses amis à Saint-Pétersbourg.
La fin du service va lui compliquer la vie "mais les gens trouveront le moyen de faire le voyage d'une façon ou d'une autre", pense la quinquagénaire aux cheveux courts et fines lunettes.
Les postes frontières terrestres entre la Russie et la Finlande restent ouverts.

L'arrêt de la ligne est toutefois lourd de symbole. Même durant la Guerre froide, un train de nuit circulait à travers le rideau de fer entre Helsinki et la Russie.

Allegro et ses rames à grande vitesse avaient pris la suite d'anciens modèles.


Guerre Iran-Israël: Paris, Berlin et Londres vont faire «une offre de négociation complète» aux Iraniens

Paris, Berlin et Londres vont faire vendredi à Genève "une offre de négociation complète" aux Iraniens incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes terroristes dans la région, a déclaré Emmanuel Macron. (AFP)
Paris, Berlin et Londres vont faire vendredi à Genève "une offre de négociation complète" aux Iraniens incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes terroristes dans la région, a déclaré Emmanuel Macron. (AFP)
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  • "Il faut absolument prioriser le retour à la négociation de fond qui inclut le nucléaire pour aller vers le zéro enrichissement, le balistique pour limiter les activités, les capacités iraniennes"
  • Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi doit rencontrer dans la journée à Genève ses homologues britannique, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne

LE BOURGET: Paris, Berlin et Londres vont faire vendredi à Genève "une offre de négociation complète" aux Iraniens incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes terroristes dans la région, a déclaré Emmanuel Macron.

"Il faut absolument prioriser le retour à la négociation de fond qui inclut le nucléaire pour aller vers le zéro enrichissement, le balistique pour limiter les activités, les capacités iraniennes et le financement de tous les groupes terroristes de déstabilisation de la région", a insisté le président français, en marge du salon aéronautique du Bourget.

Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi doit rencontrer dans la journée à Genève ses homologues britannique, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.

Les Européens doivent se coordonner lors d'un déjeuner, avant la rencontre prévue vers 15H00 locales (13H00 GMT).

Le nucléaire iranien "est une menace et il ne faut aucun laxisme en la matière" mais "personne ne peut sérieusement penser que cette menace, on y répond avec les opérations en cours uniquement", a jugé Emmanuel Macron.

"Il y a des centrales qui sont extrêmement protégées" et "nul ne sait aujourd'hui totalement dire où est l'uranium enrichi à 60% (...). Donc c'est un programme dont il faut reprendre le contrôle aussi par l'expertise technique et la négociation", a-t-il argumenté.

Selon une source diplomatique, cette solution complète consiste par exemple à "définir un cadre de vérification poussée des installations nucléaires iraniennes (...) On pourrait imaginer que l’AIEA (Agence internationale de l'Energie atomique) puisse entrer partout pour des inspections sans préavis".

"Ce serait un modèle d'inspections qui ressemblerait à quelque chose qu’on avait mis en place sur le nucléaire en Irak après 1991 et la guerre du Golfe qui avait vu la défaite de Saddam Hussein", a-t-on ajouté.

Emmanuel Macron a appelé aussi Israël à cesser ses frappes sur "les infrastructures civiles" iraniennes. "Rien ne justifie des frappes sur les infrastructures énergétiques et les populations civiles", a-t-il répété.

Le chef de l'Etat n'entend pas "oublier non plus la situation à Gaza qui exige aujourd'hui, pour des raisons humanitaires mais sécuritaires également, un cessez le feu le plus rapide, une reprise de l'aide humanitaire et une reprise du travail politique".

Affirmant que l'Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, Israël a lancé le 13 juin une attaque aérienne massive contre la République islamique, qui a déclenché la riposte iranienne. Depuis, les frappes israéliennes sur l'Iran et les tirs de missiles iraniens contre le territoire israélien se succèdent.

Jeudi, le président américain Donald Trump avait évoqué une possibilité "substantielle" de négociations avec l'Iran et déclaré qu'il déciderait "au cours des deux prochaines semaines" d'une intervention de son pays aux côtés d'Israël.

 


Gaza, RDC, Haïti... Des violences contre les enfants «sans précédent» en 2024, dénonce l'ONU

De Gaza à la République démocratique du Congo, les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux "sans précédent" en 2024, dénonce jeudi un rapport annuel de l'ONU. (AFP)
De Gaza à la République démocratique du Congo, les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux "sans précédent" en 2024, dénonce jeudi un rapport annuel de l'ONU. (AFP)
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  • L'ONU a "vérifié" 41.370 graves violations contre des enfants en 2024, dont 36.221 commises en 2024 et 5.149 commises précédemment mais confirmées en 2024, ce qui constitue le nombre le plus élevé depuis la mise en place de cet outil de surveillance
  • Avec notamment plus de 4.500 tués et plus de 7.000 blessés, les enfants continuent "de faire les frais des hostilités incessantes" à travers la planète, déplore l'ONU

NATIONS-UNIES: De Gaza à la République démocratique du Congo, les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux "sans précédent" en 2024, dénonce jeudi un rapport annuel de l'ONU.

"En 2024, la violence contre les enfants lors des conflits armés a atteint des niveaux sans précédent, avec une hausse sidérante de 25% des violations graves par rapport à 2023", indique le rapport du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

L'ONU a "vérifié" 41.370 graves violations contre des enfants en 2024, dont 36.221 commises en 2024 et 5.149 commises précédemment mais confirmées en 2024, ce qui constitue le nombre le plus élevé depuis la mise en place de cet outil de surveillance il y a près de 30 ans. Un record qui bat celui enregistré en 2023, qui lui-même représentait une hausse de 21% par rapport à l'année précédente.

Avec notamment plus de 4.500 tués et plus de 7.000 blessés, les enfants continuent "de faire les frais des hostilités incessantes" à travers la planète, déplore l'ONU.

En raison d'une hausse marquante du nombre d'enfants victimes de multiples violations, le nombre d'enfants concernés par ces violences atteint 22.495.

"Les cris de ces 22.495 enfants innocents qui auraient dû apprendre à lire ou jouer au ballon, mais au lieu de ça ont été obligés d'apprendre à survivre aux tirs et aux bombardements, devraient tous nous empêcher de dormir", a lancé dans un communiqué Virginia Gamba, représentante spéciale de l'ONU sur ce dossier. "Cela doit servir de signal d'alarme. Nous sommes au point de non-retour."

Chaque année, l'ONU répertorie dans ce rapport les violations des droits des enfants (moins de 18 ans) dans une vingtaine de zones de conflit dans le monde et dresse en annexe la "liste de la honte" des responsables de ces violations qui incluent enfants tués et mutilés, recrutements, enlèvements, refus d'accès humanitaire ou violences sexuelles.

Viols collectifs 

Les forces armées et de sécurité israéliennes, qui avaient été inscrites sur la liste l'an dernier, avec le Hamas, y sont toujours.

Les territoires palestiniens occupent d'ailleurs la première place de ce triste classement, avec plus de 8.500 violations graves en très grande majorité attribuées aux forces israéliennes, dont plus de 4.800 à Gaza.

Cela inclut 1.259 enfants palestiniens tués à Gaza, selon les chiffres confirmés par l'ONU qui dit être en train de vérifier des informations sur 4.470 enfants supplémentaires tués en 2024 dans le territoire palestinien ravagé par la guerre provoquée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Le rapport met également en cause les opérations d'Israël au Liban, où plus de 500 enfants ont été tués ou blessés par l'armée israélienne l'an dernier.

Après les Territoires palestiniens, la République démocratique du Congo (plus de 4.000 violations graves), la Somalie (plus de 2.500), le Nigeria (près de 2.500) et Haïti (plus de 2.200) ont enregistré le plus de violences contre les enfants en 2024.

En Haïti, où ces violations ont augmenté de 490% en un an, la principale coalition de gangs, "Viv Ansanm" (Vivre ensemble), a été ajoutée sur la "liste de la honte", pour le recrutement d'enfants, les meurtres ou encore les viols collectifs. Une première qui vise "probablement le plus brutal" des gangs qui ravagent le pays, a commenté un responsable onusien.

Nouveau sur la liste également le cartel colombien Clan del Golfo accusé d'enrôler des enfants. La Colombie enregistre plus généralement une hausse importante des cas de recrutements forcés, avec 450 enfants en 2024 contre 262 l'année précédente.

Sont d'autre part toujours sur "la liste de la honte" l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide qui s'affrontent au Soudan depuis plus de deux ans, ainsi que l'armée russe pour ses actions en Ukraine où le rapport enregistre une hausse de 105% des violations graves entre 2023 et 2024.

 


L'Iran accuse l'AIEA d'être un «partenaire» de «l'agression» israélienne

L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël. (AFP)
L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël. (AFP)
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  • Dans un rapport consulté par l'AFP fin mai, l'agence notait que "l'Iran n'a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux
  • Le Conseil des gouverneurs de l'Agence avait ensuite adopté le 12 juin une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires, élaborée par Londres, Paris et Berlin associés à Washington

TEHERAN: L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déploré, dans un rapport publié avant le début de la guerre Iran-Israël, le manque de coopération de Téhéran dans la surveillance du respect de ses obligations en matière nucléaire.

"Vous avez trahi le régime de non-prolifération; vous avez fait de l'AIEA un partenaire de cette guerre d'agression injuste", a écrit le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei sur X, dans un message à l'adresse du directeur de l'agence onusienne, Rafael Grossi.

"Nous avons affirmé dans mon rapport il y a une semaine que bien que l’Iran soit le seul pays au monde qui est en train d’enrichir l’uranium à des niveaux presque militaires (...) on n'est pas en capacité de dire qu’il existe un effort direct vers la fabrication d'une arme nucléaire", avait affirmé mercredi M. Grossi, sur la télévision française France 24.

Dans un rapport consulté par l'AFP fin mai, l'agence notait que "l'Iran n'a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux, "ce qui a entravé les activités de vérification de l'agence" dans trois sites non déclarés.

Le Conseil des gouverneurs de l'Agence avait ensuite adopté le 12 juin une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires, élaborée par Londres, Paris et Berlin associés à Washington.

Avant le vote de cette instance, l'Iran avait menacé de réduire sa coopération avec l'AIEA si une résolution était adoptée.