La Mer des tyrannies, une installation de Kamel Yahiaoui, exposée à l'IMA

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Publié le Lundi 28 mars 2022

La Mer des tyrannies, une installation de Kamel Yahiaoui, exposée à l'IMA

  • Le plasticien s’approprie les objets du quotidien qui deviennent des supports de ses œuvres pour témoigner des difficultés de la vie des gens
  • «Lorsqu’on quitte son pays, on ne le quitte jamais avec plaisir; on le quitte parce qu’on fuit la mort»

PARIS: Né à Alger en 1966, Kamel Yahiaoui était considéré, entre 1987 et 1989, comme l’un des étudiants les plus remarquables et atypiques de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger.

 

On torture les torturés, l’une de ses premières œuvres, est le constat d’un jeune qui voit des émeutes réprimées (les émeutes d’octobre 1988 à travers tout le pays) avec des exactions similaires à celles endurées pendant la guerre de l’indépendance du pays.

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La mer des tyrannies,istallation exposée au musée de l'institut du monde arabe. Crédit Hakima Bédouani

Le plasticien, qui considère l’art comme politique, s’approprie les objets du quotidien – sacs de semoule, planches à laver, serpillières –, qui deviennent des supports de ses œuvres pour témoigner des difficultés de la vie des gens. «L’objet introduit du réel dans l’œuvre; plus qu’un support, il le considère comme une matrice qui porte, comme un système de signes, un fort pouvoir de suggestion, que le travail artistique va révéler, démultiplier ou réorienter vers une autre signification», précise-t-on à l’Institut du monde arabe (IMA).

La Méditerranée entre rêves et tourments

Plasticien et poète, Kamel Yahiaoui expose La Mer des tyrannies, une installation artistique en matériaux divers qui évoque les deux faces de la Méditerranée, entre rêves et tourments. Pour Anissa Bouayad, historienne, Kamel Yahiaoui «mène une recherche subversive de vérité, au prix d’un travail d’élaboration esthétique long et complexe, rendant l’œuvre signifiante bien au-delà du moment de sa production».

«Cette œuvre veut montrer les deux faces de la Méditerranée et les rêves qu’elle transporte sur ces frêles radeaux, de la force obscure du danger et le bleu isolant de cette mer attirante depuis deux siècles pour la villégiature et le tourisme; sa forme circulaire incite à envisager la Terre sans hiérarchie entre le Nord et le Sud, comme appartenant à tous, or, elle nous délivre un récit que personnifient les crânes de ceux qui sont perdus à jamais», mentionnent les organisateurs de l’exposition Algérie mon amour à l’IMA.

Sollicité par Arab News en français pour décrire son inspiration et le processus de création, Kamel Yahiaoui confirme: cette œuvre impressionnante relate les deux visages de la Méditerranée, avec ce qu’elle évoque comme rêves et cauchemars, entre vie et mort. L’installation artistique suscite de fortes émotions, entre compassion et colère, devant une des grandes tragédies qui a commencé au début du XXIe siècle et pris de l’ampleur depuis. Kamel Yahiaoui a voulu évoquer le voyage de la dernière chance de tous les candidats à la traversée de la méditerranée.

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"Ces femmes et ces hommes qui risquent leur vie et qui, souvent, meurent en pleine mer… la mer devient un cimetière." Photo Hakima Bedouani.

«La Mer des tyrannies, exposée à côté d’œuvres et d’objets datant du VIe ou du VIIe siècle, m’émeut beaucoup», révèle Kamel Yahiaoui. «Mon installation cohabite avec des pièces datant d’une autre époque; pour moi, c’est un peu comme une impression d’avoir traversé plusieurs siècles pour en arriver là», confie-t-il en désignant son œuvre. «Cette pièce est en effet grave, car j’évoque le frak (“la séparation”). Lorsqu’on quitte son pays, on ne le quitte jamais avec plaisir; on le quitte parce qu’on fuit la mort ou qu’on a peur de la mort», souligne-t-il. «Pour un artiste, c’est beaucoup plus frappant, car il va à la rencontre de son semblable, à la rencontre de l’autre. Ces femmes et ces hommes qui risquent leur vie et qui, souvent, meurent en pleine mer… la mer devient un cimetière.»

Une terre écorchée, mutilée

«Ces gens laissent derrière eux une tyrannie, et ils se retrouvent dans une tyrannie», poursuit-il. «Ces crânes que vous voyez dans mon installation sont, pour moi, comme des pierres tombales tournées vers ce radeau, au centre, qui représente la Terre, une Terre écorchée, car l’Histoire est mutilée et torturée. J’ai inconsciemment essayé d’inscrire, sur cette Terre qui tourne, comme un dernier journal de voyageurs qui n’arriveront pas, ne reviendront pas, car ils meurent», ajoute-t-il. «Cette œuvre est ma façon de garder cette mémoire en vie.»

Interrogé sur les symboles forts (souffrance, dureté, pénurie…) et les messages qu’il suggère autour de cette mer qui, à la fois, rassemble et désunit, Kamel Yahiaoui affirme vouloir introduire du réalisme dans ses créations. «Le radeau au centre de l’œuvre est un objet simple. Car ces voyageurs ne prennent pas des bateaux, ce ne sont pas des voyages de plaisance ou de croisière, ce sont des gens qui vont risquer leur vie, l’oppression est derrière et devant, on est dans une réalité concrète et non pas dans une forme de réalisme. Mon œuvre est un acte de résistance; elle résistera au temps, elle ne mourra pas, elle portera la vie de ceux qui ont péri en mer du fait de tyrannies», conclut-il.

Avec la particularité de cette création artistique, Kamel Yahiaoui suggère une forme de militantisme à travers l’art avec ce tout ce qu’il transcende: le sublime et le tragique à la fois.


Georgina Rodriguez nommée ambassadrice de la marque arabe Amara Lenses

Georgina Rodriguez est l’égérie d’Amara Lenses (AFP, Instagram).
Georgina Rodriguez est l’égérie d’Amara Lenses (AFP, Instagram).
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  • «Je suis tellement heureuse d’être l’égérie d’Amara Lenses», a déclaré le mannequin argentin sur la page Instagram de la marque
  • La marque arabe vend des lentilles dans différentes nuances de gris, de marron, de vert et de bleu

DUBAÏ: Le mannequin argentin Georgina Rodriguez a été annoncé jeudi comme l’ambassadrice de la marque arabe Amara Lenses, disponible dans la région du Golfe.

«Je suis tellement heureuse d’être l’égérie d’Amara Lenses et je suis ravie de travailler avec vous», a-t-elle déclaré dans une vidéo partagée sur la page Instagram de la marque.

Amara Lenses a déjà collaboré avec des influenceuses de la région, notamment la maquilleuse saoudienne Shouq Artist, la blogueuse de mode koweïtienne Fouz al-Fahad, la créatrice de contenu bahreïnie Zainab al-Alwan, l’influenceuse koweïtienne Fatima al-Momen et l’actrice égyptienne Nour Ghandour, entre autres.

Cependant, en collaborant avec Rodriguez, la marque s’associe pour la première fois à une star internationale. La marque arabe vend des lentilles dans différentes nuances de gris, de marron, de vert et de bleu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le gotha culinaire réuni à Monaco pour oublier les retrogradations du Michelin

Des prix spéciaux ont été remis au cours de cette cérémonie, dont le point d'orgue est l'hommage à Alain Ducasse, le chef le plus étoilé au monde (Photo, AFP).
Des prix spéciaux ont été remis au cours de cette cérémonie, dont le point d'orgue est l'hommage à Alain Ducasse, le chef le plus étoilé au monde (Photo, AFP).
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  • À Monaco, La Liste a invité les meilleurs chefs des pays de la Méditerranée pour célébrer le patrimoine culinaire commun «sans faire de classement»
  • Un sondage sera prochainement mené pour La Liste pour «savoir ce qui compte pour les restaurateurs et les clients» en termes de références

MONACO: Le classement La Liste a réuni jeudi à Monaco la crème de la gastronomie internationale pour célébrer la cuisine méditerranéenne et son doyen multi-étoilé Alain Ducasse, dans une cérémonie pour faire oublier les rétrogradations du guide Michelin.

Le gala se tient moins d'un mois après la perte de sa troisième étoile au Michelin du Français Guy Savoy, consacré pour la sixième fois meilleur chef au monde par La Liste, qui établit son classement à partir des guides et critiques gastronomiques.

"Les chefs sont assez terrorisés. Cela tombe sur Guy Savoy, mais qui sera le prochain ?", a déclaré Philippe Faure, diplomate, fondateur et PDG de La Liste. Dans ce contexte, "on veut faire quelque chose de sympathique et généreux".

"C'est triste, vous ne voulez pas que cela se produise avec les chefs qui vous inspirent", a dit la Britannique Clare Smyth, triplement étoilée, élue en 2018 meilleure femme cheffe au monde par le classement 50 Best même si elle nuance en remarquant que ce stress fait partie du quotidien des grands chefs.

"La méthode du Michelin pose un problème de fond. Il envoie des inspecteurs anonymes (...), ils ne produisent pas de factures, ne disent pas quand ils sont venus, ne veulent justifier en aucune manière ce qu'ils ont trouvé", fulmine Philippe Faure.

Des accusations qui reviennent après chaque rétrogradation et dont le Michelin se défend. "Le chien aboie, la caravane passe", résumait récemment à l'AFP son directeur Gwendal Poullennec.

"Le Michelin reste incontestablement une référence, mais il est de moins en mois compris par les chefs", estime Franck Pinay-Rabaroust, rédacteur en chef du média culinaire Bouillant(e)s.

"Le déclassement de Guy Savoy entre dans la stratégie du Michelin de déstabiliser un de ses concurrents" qui montent comme le britannique 50 Best ou La Liste, selon lui.

Un sondage sera prochainement mené pour La Liste pour "savoir ce qui compte pour les restaurateurs et les clients" en termes de références. Une façon de savoir si Guy Savoy peut rester en haut du classement.

Cuisine méditerranéenne

À Monaco, La Liste a invité les meilleurs chefs des pays de la Méditerranée pour célébrer le patrimoine culinaire commun "sans faire de classement".

Des prix spéciaux ont été remis au cours de cette cérémonie, dont le point d'orgue est l'hommage à Alain Ducasse, le chef le plus étoilé au monde, en présence de ses disciples dont Clare Smyth, l'Italien Massimo Bottura ainsi que du Prince Albert II de Monaco.

"Si nous avons aujourd'hui une cuisine gastronomique méditerranéenne, c'est essentiellement grâce à Alain Ducasse" qui était "le pionnier avec une cuisine italo-provençale", estime Jörg Zipprick, cofondateur de La Liste.

La révolution commence au restaurant Louis XV à l'Hôtel de Paris à Monaco, un palace dans lequel Ducasse fait entrer "une cuisine rurale" et introduit le premier menu de légumes en Europe.

Dans les années 80-90, le Louis XV "était à l'apogée de la perfection, les chefs étoilés à l'étranger voulaient être comme Ducasse, on voyait dans la cuisine méditerranéenne l'avenir", poursuit Jörg Zipprick.

Ce qui n'a pas empêché le Michelin de sanctionner le restaurant à deux reprises : la troisième étoile perdue en 1997 a été retrouvée en 1998, puis retirée en 2001 et regagnée en 2003.

"C'est mieux avec les étoiles, mais il faut savoir faire sans", a déclaré Alain Ducasse. "Le jugement humain est imparfait, (...) mais nous avons une chance extraordinaire que les guides parlent de nous. Peut-être mon garagiste aimerait-il bien qu'on parle de lui".


Khadija Mardi s'envole vers la finale des Mondiaux de boxe

Khadija Mardi représentant la sélection marocaine participant aux Mondiaux de boxe à New Delhi (Photo, @IBA).
Khadija Mardi représentant la sélection marocaine participant aux Mondiaux de boxe à New Delhi (Photo, @IBA).
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  • La vice-championne du monde, dans la catégorie des +81 kg, a terrassé la Russe Pyatak Diana sur décision unanime des juge
  • La finale, programmée pour dimanche prochain, verra la représentante marocaine des poids lourds se mesurer à la Kazakhe Kungeibayeva Lazzat

CASABLANCA: Il y a dans l'arène de la boxe féminine, une nouvelle étoile qui brille, la pugiliste marocaine Khadija Mardi. En cette soirée enflammée à New Delhi, où les Mondiaux de boxe féminine se déroulent du 15 au 26 mars, la vice-championne du monde, dans la catégorie des +81 kg, a terrassé la Russe Pyatak Diana sur décision unanime des juges. Les trois rounds ont été le théâtre d'une domination implacable de la Marocaine, face une adversaire russe qui n'a pu résister à la furie d’ElMardi.

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Séance d'entrainement de Khadija Mardi (Photo, MAP). 

La finale, programmée pour dimanche prochain, verra la représentante marocaine des poids lourds se mesurer à la Kazakhe Kungeibayeva Lazzat, qui a triomphé de l'Azerbaïdjanaise Rzayeva Aynur dans l'autre demi-finale à New Delhi. Elle exprimera dans une interview d’après match à nos confrères de l’agence Maghreb Arabe Presse les espoirs qu’elle ne s’interdit plus de formuler après sa qualification.  

«Mon objectif désormais est de décrocher l'or. Je vais me battre pour le titre mondial. J'ai envie d'aller au bout de mes rêves et de ceux de tous les Marocains et Marocaines».

Ajoutant à l’enthousiasme des mots de remerciement «Je salue encore une fois le coaching et la direction technique pour leur soutien, leur accompagnement et leur assistance sans faille».

Palmarès

Khadija Mardi se sera illustrée pour la première fois dans l'arène des Jeux olympiques de Rio en 2016, où elle réussira à triompher de ses adversaires jusqu'aux quarts de finale, sous les projecteurs et les acclamations d’une foule nombreuse venue l’encourager. Son parcours olympique, bien qu’il n’ait pas été couronné de succès, a marqué le début d'une ascension fulgurante dans sa discipline. Son talent et sa détermination finissent par porter leurs fruits lors des Jeux africains de Rabat en 2019, où elle s'empare de la médaille d'or dans la catégorie des moins de 75 kg. 

La suite de son parcours sportif l'emmène aux confins de la Sibérie, où elle gagnera sa place sur le podium des championnats du monde d'Oulan-Oude en 2019, arborant la médaille de bronze dans la catégorie des moins de 75 kg. Sa quête de médailles se poursuit aux Championnats du monde féminins de boxe amateur 2022 à Istanbul, où elle s'illustre une fois de plus en se hissant à la seconde place dans la catégorie des poids lourds. Elle enchaine ensuite à Maputo, où elle décroche la médaille d'or aux Championnats d'Afrique de boxe amateur 2022, consacrant ainsi sa domination à l’échelle du continent. 

Délégation marocaine aux Championnats du monde 

À l’inverse, et malgré un parcours honorable, Yassmine Moutaqui a été éliminée en demi-finale par l'Ouzbèke Fozilova Farzona dans la catégorie des -48 kg. 

La sélection marocaine de boxe participant à ces Mondiaux comprend également Widad Bertal (-54 kg) et Rabab Cheddar (-50 kg), toutes deux éliminées lors des précédents tours.

Les Championnats du monde de boxe féminine, qui se déroulent dans 12 catégories de poids, rassemblent environ 320 boxeuses représentant 70 pays, dont le Maroc. 

La précédente édition, en 2022 avait réuni 310 boxeuses de 73 pays à Istanbul.