Les meilleurs moments du ramadan sur petit écran

Faten Amal Harby met en vedette Nelly Karim, Fadia Adel Ghany et Mohamed al-Tagy. (Fourni)
Faten Amal Harby met en vedette Nelly Karim, Fadia Adel Ghany et Mohamed al-Tagy. (Fourni)
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Publié le Jeudi 31 mars 2022

Les meilleurs moments du ramadan sur petit écran

  • William Mullally passe en revue les programmes dont tout le monde parlera pendant le mois sacré
  • Bab Al Hara, l'une des séries les plus populaires de l'histoire de la télévision arabe, revient pour sa 12e saison

Faten Amal Harby
feuilletonAvec Nelly Karim, Fadia Adel Ghany, Mohamed al-Tagy
À voir sur MBC Shahid

Lorsque l'on examine le paysage télévisuel du ramadan – bien qu’il soit difficile d’obtenir des informations sur chaque série avant qu'elle ne soit diffusée au début du mois sacré –, une question pertinente pourrait être: qui est la vedette? Après tout, il s'agit d'un business de stars et, en règle générale, les séries qui mettent en vedette les acteurs les plus populaires et les plus respectés de la région sont celles qui méritent d'être suivies. L'année dernière, Newton's Cradle, avec Mona Zaki, s'est révélée de loin la série en langue arabe la plus populaire de l'année. Programmée sur Netflix à la fin de l'année, elle a connu un succès renouvelé. Cette année, c’est une autre star égyptienne tout aussi appréciée, Nelly Karim, qui pourrait s’imposer. Faten Amal Harby retrace le parcours d’une mère divorcée qui entre en conflit avec son ancienne belle-mère au sujet de la garde de ses deux filles alors qu'elle tente de se remarier. Cette histoire semble poser un regard honnête sur les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes dans l'Égypte moderne.

Bab Al Hara

bab
Avec Najah Safkouni, Jalal Shammout, Salma al-Masri
À voir sur Starzplay

L'une des séries les plus populaires de l'histoire de la télévision arabe revient pour sa 12e saison. Bab Al Hara est une saga qui s'étend sur plusieurs décennies et qui suit une famille de Damas, en Syrie, pendant l'entre-deux-guerres, alors que le pays luttait pour se libérer de la domination coloniale française. La série fut un phénomène au milieu des années 2000; sa deuxième saison aurait été regardée par 50 millions de téléspectateurs, et elle a conservé sa popularité pendant plus de quinze ans après ses débuts en 2006. La dernière saison suit la même famille dans le quartier d'Al-Dabe. Bien que le casting se soit diversifié au fil des saisons – ce qui est rare avec les séries du ramadan –, la série, malgré ses hauts et ses bas, reste un rendez-vous incontournable pour de nombreuses familles de la région.

Al-Asouf

asouf
Avec Nasser al-Qasabi, Abdallah al-Sinani, Habib al-Habib, Reem Abdallah
À voir sur MBC Shahid

Le drame populaire saoudien revient pour sa troisième saison. Jusqu'à présent, chaque saison a donné vie à une décennie différente. La première série abordait les changements survenus dans le Royaume dans les années 1970; la deuxième se concentrait sur les années 1980. Cette fois, c'est au tour des années 1990, une décennie au cours de laquelle des événements politiques et culturels ont bouleversé la vie des habitants de Riyad et d'ailleurs. Si la série a braqué les projecteurs sur les luttes intergénérationnelles qui ont contribué à façonner l'Arabie saoudite d'aujourd'hui, elle a également suscité de nombreux débats sur les médias sociaux saoudiens, qui ont conduit à une dissection élargie de l'histoire récente du Royaume. Alors que la série se rapproche du présent, la troisième saison promet d'être la plus discutée. Elle est en tout cas racontée avec un style et un talent qui ont fait de la série un phénomène dans le Royaume.

El Meshwar

meshwar
Avec Mohamed Ramadan, Dina el-Sherbiny, Ahmed Magdy
À voir sur MBC Shahid

Mohamed Ramadan est sans doute la superstar la plus controversée de tout le monde arabe. Pourtant, cet acteur et rappeur égyptien est indéniablement l'une des personnalités les plus populaires de la télévision arabe. Chaque année, à l'occasion du ramadan, le jeune homme de 33 ans tend à se réinventer et à s'aventurer sur de nouveaux terrains. Dans Zelzal, en 2019, il jouait un homme qui a tout perdu dans un tremblement de terre. Dans The Prince, en 2020, il interprétait le rôle du nouveau chef réticent d'une famille tentaculaire après la mort de ses parents. Mousa, en 2021, explorait l'Égypte des années 1940, avec une trame pesante et un regard parfois comique. Dans El Meshwar, Ramadan a trouvé son partenaire le plus intéressant à l'écran à ce jour: il fait équipe avec l'actrice égyptienne Dina el-Sherbiny (Horoob Etirari: Forced Escape, Detention Letter). Il campe un mari qui fait face à une femme frappée d’une malédiction dans ce qui est présenté comme une série d'horreur et de suspense signée par la célèbre scénariste Mariam Naoum. Cette dernière est d’ailleurs en train d’écrire l’histoire de la série The Alexandria Killings, qui sortira bientôt.

Sanawat Al-Jarish

sanawat
Avec Hayat al-Fahad, Hamad al-Omani, Laila al-Samman
À voir sur Dubai TV

En 2020, la série koweïtienne Umm Haroun fut la série du ramadan qui a suscité le plus de débats. Cette année, tous les regards sont tournés vers la première dame de la fiction koweïtienne, Hayat al-Fahad, qui, à 73 ans, explore encore une fois les moments les moins connus de l'histoire du Golfe. Sanawat Al-Jarish («Les Années d'Al-Jarish») relate les années de sécheresse auxquelles la région du Golfe a été confrontée pendant la Seconde Guerre mondiale. Al-Fahad a affirmé elle-même que cette histoire s’inspirait de la réalité et qu'elle avait pour objectif d’informer les jeunes générations du Golfe sur la vie de leurs ancêtres, les difficultés qu'ils ont rencontrées et la tragédie que peuvent représenter les guerres. L'affiche du spectacle évoque les écrits du célèbre écrivain palestinien Mahmoud Darwich, avec son poème The War Will End: «La guerre prendra fin/Les dirigeants se serreront la main/Et cette femme continuera d’attendre son fils martyr.»

Suits Arabia

suits
Avec Asser Yassin, Ahmed Dawoud, Tara Emad, Saba Moubarak
À voir sur OSN

Une version de Suits faite sur mesure pour le monde arabe? Une adaptation de la série américaine populaire qui a connu un vif succès pendant neuf saisons de 2011 à 2019, Suits Arabia réunit certains des plus grands noms de la région devant et derrière la caméra, notamment Asser Yassin et Ahmed Dawoud dans le rôle du duo de tête de la série et, dans le rôle de Rachel, Tara Emad (photo). Cette dernière a un jour présenté Megan Markle au monde et au prince Harry lui-même. La série, coécrite par le producteur vedette Mo Hefzy (Perfect Strangers, Paranormal, Sheikh Jackson), se concentre sur deux hommes dans un cabinet d'avocats impitoyable; l'un est bardé de fausses qualifications et doté d’une mémoire photographique et l'autre, proche de l'élite, est déterminé à garder le secret de son ami. Les deux premières saisons de la série, dont l'avenir est planifié à long terme, seront diffusées sur trente épisodes pendant le ramadan. Le format du scénario original sera légèrement modifié afin d'offrir de nouvelles surprises tout en conservant ce que les téléspectateurs du monde entier ont aimé.

Lahme w Bas

lahme
Avec Mohammed Orfali
À voir sur Discovery+

Besoin d'une pause avec les séries télévisées? Le chef syrien Mohammed Orfali est là pour vous. Après tout, comment parler du mois de ramadan sans mettre en avant les formidables et incomparables saveurs qu’apportent l’iftar et le sahur? Dans l'émission Lahme w Bas, le chef primé et cofondateur de l'Orfali Bros Bistro – nommé en 2021 sixième meilleur restaurant de la région Mena par le classement 50 Best – emmène les téléspectateurs dans un voyage pour lequel il prépare un mélange de plats à base de viande à la fois traditionnels et internationaux.
Cette émission de cuisine proposera plusieurs cours sur les entrées, les salades, les accompagnements et les plats principaux. Tous sont conçus pour inspirer l'iftar et le sahur du lendemain. C'est l'occasion de découvrir l'une des étoiles montantes les plus remarquables de la région, qui vous aidera à imiter un style qui lui est propre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
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  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.