À quoi bon voter? A Vaulx-en-Velin, des jeunes préfèrent agir

À Vaulx-en-Velin, commune de 51 000 habitants, l'abstention a atteint 88% aux régionales, parmi d'autres taux élevés (Photo, AFP).
À Vaulx-en-Velin, commune de 51 000 habitants, l'abstention a atteint 88% aux régionales, parmi d'autres taux élevés (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 avril 2022

À quoi bon voter? A Vaulx-en-Velin, des jeunes préfèrent agir

  • Les bénévoles cuisinent des repas pour les distribuer au centre de Lyon deux samedis par mois
  • Les autres semaines, le dimanche, des colis alimentaires sont livrés dans des familles ou des foyers de Vaulx-en-Velin

VAULX-EN-VELIN, France : "Voter, ça fait de toi un citoyen ?" Jessim Hamza, 22 ans, en doute. Il préside une association d'entraide à Vaulx-en-Velin, banlieue lyonnaise qui bat des records d'abstention. Et pour lui, comme d'autres, l'engagement social a plus de sens que les urnes.

"Agir pour les autres, leur trouver des solutions, les respecter, c'est pas ça plutôt, être citoyen ?", ajoute celui qui n'envisage pas de se déplacer dans l'isoloir, le 10 avril, au premier tour de l'élection présidentielle.

"Pour caricaturer, je n'ai jamais voté parce que j'ai autre chose à faire. Une activité pédagogique à préparer, une maraude à organiser..."

Il n'est pas le seul. À Vaulx-en-Velin, commune de 51 000 habitants, l'abstention a atteint 88% aux régionales, parmi d'autres taux élevés: 48% de la population a moins de 30 ans, 37% des 15-24 ans sont au chômage, le taux de pauvreté est de 33% contre 16% en moyenne dans l'agglomération lyonnaise (chiffres Insee 2018).

Dans ce contexte, de nombreux jeunes préfèrent agir sur le terrain, sans intermédiaire. "Pourquoi je voterais pour des gens censés faire des choses que je fais à leur place ? Moi, tu me verras jamais sur une scène dire: +suivez moi, je vais tout changer+. Faut arrêter de vendre du rêve", lance Jessim Hamza. 

Action

Il préside l'association Vaulx Academia, qu'il a créée en 2021 avec une équipe âgée de 18 à 25 ans, pour intervenir auprès d'enfants et d'adultes dans différents secteurs - activités culturelles et sportives, soutien scolaire, aide à l'orientation et insertion. "Si ma petite action peut transformer une vie, c'est déjà une victoire".

"Pourquoi rester spectateur ?", s'interroge en écho le trésorier de Cœur Banlieu'Zhar. Mohamed Chaia a 22 ans, il en avait 17 quand l'association est née, en 2017, d'une discussion entre lycéens: "On était cinq-six au foyer des élèves, on parlait de la misère sur la ville, d'un cousin ou d'une voisine dans le besoin", se souvient-il.

Les bénévoles cuisinent des repas pour les distribuer au centre de Lyon deux samedis par mois. Les autres semaines, le dimanche, des colis alimentaires sont livrés dans des familles ou des foyers de Vaulx-en-Velin. Ils ont organisé un tournoi de foot cet hiver, une kermesse est prévue cet été.

Depuis peu, cette structure - dont le nom associe la banlieue à "la chance" ("zhar", en arabe) pour "prendre le contrepied des préjugés" - anime aussi des débats citoyens dans une salle de sport. Les deux premières réunions, consacrées à la place des banlieues et de la femme dans la société, ont attiré plusieurs dizaines de personnes.

Mohamed Chaia est partisan du vote mais constate autour de lui une "désillusion de plus en plus flagrante": "Il y a des gens dégoûtés par la politique, d'autres qui y ont cru, qui n'y croient plus et qui ont envie d'agir différemment".

Débrouille

Pour autant, ici comme ailleurs, abstention ne signifie pas dépolitisation. Dans "Jeunes de quartier", ouvrage de synthèse sur une recherche participative en région parisienne, des sociologues évoquent un nouveau rapport au politique, lié à une conscience aiguë des inégalités et fondé avant tout sur l'expérience sociale.

Démobilisation électorale d'un côté, foisonnement d'initiatives de l'autre. Paradoxal ? "Logique", répond Naïm Naili, 24 ans. "On est dans la merde depuis trop longtemps, on n'a aucune raison de croire aux politiciens. Il faut qu'on se débrouille par nous-mêmes".

Lui aussi a fondé une association, À Vaulx Ambitions, qui propose activités et sorties aux jeunes du Mas du Taureau, le quartier où il habite.

En 2020, il était candidat EELV aux municipales, la campagne l'a contrarié: "quand tu fais le porte-à-porte, on te donne la liste de ceux qui votent habituellement, en t'expliquant que c'est pas la peine de voir les autres..." Depuis, il s'est fait élire coprésident du Conseil de quartier en faisant venir des jeunes dans cette assemblée plutôt âgée, qui n'avait pas l'habitude d'en voir.

Pour Abdallah Slimani, 20 ans, engagé chez les Verts, beaucoup de jeunes rejettent la politique parce qu'ils ne s'estiment pas représentés. La moyenne d'âge des élus vaudais dépasse 50 ans et lui-même a dû "batailler" pour rajeunir - un peu - la liste écologiste aux municipales.

Mais il reste convaincu que si demain, plus de jeunes allaient voter, "ça changerait la donne".

Présidentielle: abstention, plus que jamais la grande inconnue

A une semaine du premier tour de la présidentielle, le niveau de l'abstention demeure plus que jamais la grande inconnue d'une élection atypique qui, selon les spécialistes, va se jouer dans la toute dernière ligne droite.

"Tout va se jouer dans les huit derniers jours et on a deux schémas possibles", résume le sondeur (Ipsos) Brice Teinturier. 

"Soit dans les dix derniers jours, comme en 2017, la mobilisation remonte et on peut espérer à ce moment-là une abstention contenue, on va dire à 25 %, soit on est vraiment sur un schéma différent, et là effectivement on peut être dans la zone des 28, 30% d'abstention", analyse-t-il pour FranceInfo.

Beaucoup de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d'une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu'en 2017 (22,2%) qui n'était déjà pas un bon cru.

"Mesurer et estimer correctement l'abstention avec les sondages est souvent délicat car déclarer que l'on s'abstient, c'est déroger à l'image du bon citoyen", met cependant en garde le politologue Bruno Cautrès (Cevipof), pour qui il "semble prématuré de faire cette prévision" d'une abstention à plus de 30%.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.