Quand la pénurie d'huile de tournesol ukrainienne menace les pâtes à tarte en France

A Rochefort-sur-Nenon, dans le département du Jura, 700 000 bases de pizzas ou tartes, feuilletées, brisées ou sablées, sortent chaque jour de l'usine (Photo, AFP).
A Rochefort-sur-Nenon, dans le département du Jura, 700 000 bases de pizzas ou tartes, feuilletées, brisées ou sablées, sortent chaque jour de l'usine (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 avril 2022

Quand la pénurie d'huile de tournesol ukrainienne menace les pâtes à tarte en France

  • Les gestes sont précis, le rythme habituel, mais dans le regard des ouvriers, l'inquiétude affleure. Le patron lui-même confesse: en «40 ans» de métier, il n'a «jamais vu ça»
  • Le patron de Cérélia évalue à 60% l'augmentation de ses coûts variables, en cumulant la hausse des matières premières, de l'énergie et du transport pour l'usine du Jura

ROCHEFORT-SUR-NENON: "Ça fait 40 ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vu une crise d'une telle magnitude": les pâtes à tarte défilent sur la ligne de production de cette usine de l'Est de la France, mais l'huile de tournesol, ingrédient majeur importé d'Ukraine, fera défaut dans deux semaines.

A Rochefort-sur-Nenon, dans le département du Jura, 700 000 bases de pizzas ou tartes, feuilletées, brisées ou sablées, sortent chaque jour de l'usine du fabriquant de pâtes boulangères Cérélia, un grand du secteur qui a des usines en Europe, aux Etats-Unis et au Canada.

Dans un fracas mécanique assourdissant, chacune des huit lignes de production délivre 80 pâtes à la minute, pour lesquelles l'industriel utilise largement de l'huile de tournesol, "importée à 80% d'Ukraine". Pour le moment, "il n'y a pas de projet de réduire l'activité", affirme le président de Cérélia, Guillaume Réveilhac, blouse bleue et charlotte sur les cheveux.

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Un employé passe devant un tapis roulant avec des blocs de beurre dans l'usine de pâte à tarte Cerelia à Rochefort-sur-Nenon, dans l'est de la France, le 31 mars 2022. (AFP)

Dans la salle de stockage à 14 degrés, les briques de matières grasses solides sont empaquetés dans des sacs colorés pour différencier colza ou huile de palme. La pile verte - celle du tournesol - fait pâle figure.

"Dans deux semaines, il n'y en aura plus du tout", estime Chen-Liang Qian, le directeur de l'usine, "et nous aurons basculé complètement sur le colza". S'il reste des huiles disponibles sur le marché, elles s'échangent désormais à prix d'or et c'est ce qui pourrait à terme affecter la production, redoutent les responsables de l'entreprise.

Malgré tout, l'usine continue de tourner. Comme chaque jour, le pétrin, mixture d'eau et de farine de blé, se dépose sur le tapis roulant et enveloppe une couche solide de matière grasse. Ce savant mélange, aplati par une sorte de rouleau à pâtisserie puis plié en 54 couches, donnera sa fameuse texture à la pâte feuilletée.

Les gestes sont précis, le rythme habituel, mais dans le regard des ouvriers, l'inquiétude affleure. Le patron lui-même confesse: en "40 ans" de métier, il n'a "jamais vu ça".

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Un employé passe devant des palettes de margarine dans l'usine de pâte à tarte Cerelia à Rochefort-sur-Nenon, dans l'est de la France, le 31 mars 2022. (AFP)

Recettes modifiées

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En bout de ligne, les pâtes à tarte sont emballées et refroidies à 3 degrés. Certaines sont confectionnées à base de beurre et échappent donc à la pénurie d'huile de tournesol. (AFP)

En bout de ligne, les pâtes à tarte sont emballées et refroidies à 3 degrés. Certaines sont confectionnées à base de beurre et échappent donc à la pénurie d'huile de tournesol, mais d'autres dépendent à 100% de mélanges d'huiles végétales, où la part de tournesol ne cesse de diminuer.

Et se pose un autre problème: Comment informer le consommateur de la modification des préparations?  Désormais les pâtes incluent plus d'huile de palme ou de colza, quand les étiquettes sont déjà imprimées - et que papier et carton subissent eux-mêmes l'inflation? 

Le service de répression des fraudes "est en train de nous donner de la flexibilité pour simplement informer sur l'emballage que ces mélanges de matières grasses végétales sont sujets à évolution", explique Guillaume Réveilhac.

Autre source d'inquiétude, l'inquiétude de certains de ses 168 salariés qui font plus d'une heure de route pour se rendre à l'usine, encaissée au fond de la vallée du Doubs. "La facture énergétique de nos employés a pris 80 à 120 euros par mois. Certains me disent: +Comment je vais faire le plein pour aller au travail?+", raconte-t-il.

Le patron de Cérélia évalue à 60% l'augmentation de ses coûts variables, en cumulant la hausse des matières premières, de l'énergie et du transport pour l'usine du Jura.

Il aimerait pouvoir vendre ses pâtes plus cher à la grande distribution, mais il est tenu par des contrats signés annuellement, et la réouverture des négociations avec les supermarchés n'est pas assurée.

"Il faudra une répercussion de 30% sur le prix aux clients", calcule-t-il. "C'est simple: si les grandes surfaces n'augmentent pas leurs prix d'achat, on risque de ne plus pouvoir livrer. Dans ce cas-là, c'est l'usine qui s'arrête".


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com