Picasso tombe le masque africain à Dakar dans une expo rare

L'exposition fait dialoguer une quinzaine d'oeuvres du maître, objets d'un prêt exceptionnel du musée Picasso à Paris (Photo, AFP).
L'exposition fait dialoguer une quinzaine d'oeuvres du maître, objets d'un prêt exceptionnel du musée Picasso à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 avril 2022

Picasso tombe le masque africain à Dakar dans une expo rare

  • Dans ses ateliers, Picasso s'est entouré toute sa vie de statuettes, masques, objets africains ou océaniens, dont certains dénués de valeur artistique
  • C'est la révélation de voies nouvelles qui l'intéressait, la forme et le rapport de celle-ci à son créateur

DAKAR: Devant le xylophone prêté par son musée à l'exposition Picasso, le Sénégalais El Hadji Malick Ndiaye parle de fierté: pas la sienne, mais celle que devrait ressentir tout Africain à voir l'oeuvre d'anonymes associée au nom d'un tel artiste.

M. Ndiaye, savant sec et gracieux, est un des commissaires de "Picasso à Dakar 1972-2022" qui vient d'ouvrir jusqu'au 30 juin dans la capitale sénégalaise.

L'exposition fait dialoguer une quinzaine d'oeuvres du maître, objets d'un prêt exceptionnel du musée Picasso à Paris, avec des créations africaines d'auteurs inconnus: des masques surtout, et ce xylophone, provenant du musée Théodore Monod d'art africain, dont El Hadji Malick Ndiaye est le conservateur à Dakar.

L'instrument balante (groupe humain d'Afrique de l'Ouest), avec ses lames de bois nouées de cuir que font résonner une douzaine de calebasses, renvoie un écho frappant à une large photo murale d'un Picasso âgé de 76 ans mais jouant comme un enfant d'un xylophone à La Californie, la villa de Cannes où il vivait.

En sortant du musée des Civilisations noires où a lieu la manifestation, le visiteur devrait emporter "un sentiment de fierté à l'endroit de ce que les artistes du continent ont donné, et de la diversité des styles qui ont engendré de nouvelles formes et ont nourri l'art moderne", voudrait M. Ndiaye.

"Picasso à Dakar" se propose de restituer dans un format resserré la fascination et l'influence que l'art africain, et plus généralement extra-occidental, a exercées sur le peintre-sculpteur-graveur-céramiste espagnol qui a passé presque toute sa vie en France.

L'attrait du fétiche

La découverte choc remonte à la période pré-cubiste, autour de 1907 et des "Demoiselles d'Avignon", en pleine époque coloniale: "Une version de l'histoire veut que (l'artiste André) Derain découvre, effaré, les sculptures africaines et océaniennes au British Museum et (de retour à Paris) entraîne ses amis au musée d'Ethnographie du Trocadéro", rappelle Cécile Debray, présidente du musée Picasso.

L'exposition met en regard une étude de 1907 pour les "Demoiselles d'Avignon" et un masque anthropomorphe siffleur, datant d'avant 1968 et prêté par le musée du Quai Branly, autre partenaire.

Cécile Debray voit dans cette étude le "rapport très décomplexé de Picasso à ses sources. Art roman, art ibérique, masques africains: c'est très picassien, cette manière qu'il a de faire miel de toutes les formes".

Dans ses ateliers, Picasso s'est entouré toute sa vie de statuettes, masques, objets africains ou océaniens, dont certains dénués de valeur artistique. C'est la révélation de voies nouvelles qui l'intéressait, la forme et le rapport de celle-ci à son créateur. L'historiographie récente a aussi mis en lumière l'attraction exercée sur lui par la dimension spirituelle voire magique des objets.

Picasso semblait peu sensible à la provenance ou la datation des oeuvres. "Picasso à Dakar 1972 - 2022" prend prétexte de l'exposition qui lui avait été consacrée il y a cinquante ans à Dakar, sous le président Léopold Sédar Senghor, dont il était proche.

Picasso, qui ne voyageait guère, n'a jamais foulé le sol de l'Afrique subsaharienne, dit Cécile Debray. Mais elle conteste que son intérêt pour l'Afrique aurait été exclusivement formel, et rappelle sa conscience politique et son engagement contre la colonisation.

Selfies avec le géant

L'accueil qui sera fait à l'exposition, soutenue au plus haut niveau au Sénégal et en France, est un des défis à relever par "Picasso à Dakar". Picasso n'est pas au Sénégal le géant qu'il est en Occident. Les organisateurs se sont employés, à travers les écoles par exemple, à toucher une population dont plus de la moitié a moins de 20 ans.

Daouda Sarr, 24 ans, étudiant en licence gestion de projets, avait "entendu parler de Picasso, mais je pensais que c'était seulement un artiste français ou européen".

"J'ai été surpris de voir que Picasso ait fait tout ça autour de la culture africaine sans avoir jamais mis le pied en Afrique", disait-il vendredi, jour d'ouverture, au milieu d'étudiants très enthousiastes du selfie devant un Picasso grandeur nature, immortalisé, très peu vêtu, par Robert Doisneau dans une pose de statuaire.

Aux Demoiselles d'Avignon, Daouda Sarr a préféré le masque siffleur "parce que c'est un masque africain".

Pour sa camarade Awa Dia, 27 ans, en licence de finances, ces liens entre Picasso et l'Afrique sont aussi une découverte. "Il y a nos artistes qui sont là, il y a nos ancêtres, c'est beaucoup de fierté".


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com