Ukraine: la région de Kiev «libérée», Marioupol toujours dans l'étau russe

Un soldat ukrainien passe à côté de chars russes détruits dans le village de Dmytrivka près de Kiev le 2 avril 2022 (Photo, AFP).
Un soldat ukrainien passe à côté de chars russes détruits dans le village de Dmytrivka près de Kiev le 2 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 03 avril 2022

Ukraine: la région de Kiev «libérée», Marioupol toujours dans l'étau russe

  • Joe Biden a affirmé lundi qu'il ne retirait pas ses propos controversés suggérant qu'il souhaitait le départ de son homologue russe Vladimir Poutine du pouvoir
  • Des médias russes ont affirmé lundi que le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, un proche de Vladimir Poutine, s'était rendu à Marioupol

KIEV: Les autorités ukrainiennes se s'inquiètent d'une aggravation de la situation dans le port assiégé de Marioupol, où au moins 5.000 personnes auraient déjà péri, tandis que de nouveaux pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens se préparent à Istanbul.

Selon une conseillère de la présidence ukrainienne, Tetyana Lomakina, "environ 5.000 personnes ont été enterrées, mais les gens ne sont plus enterrés depuis dix jours à cause des bombardements continus". Elle a estimé qu'"au vu du nombre des personnes encore sous les décombres (...), il pourrait y avoir autour de 10.000 morts".

Plus d'un mois après le début de l'invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait dénoncé dimanche un blocus total de cette cité portuaire stratégique sur la mer d'Azov, dont l'armée russe tente de s'emparer depuis fin février, et où environ 160.000 personnes sont toujours coincées, selon son maire Vadim Boïtchenko.

"Toutes les entrées et sorties de la ville sont bloquées (...), il est impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments", a affirmé dimanche soir M. Zelensky, accusant les forces russes de bombarder les convois d'aide humanitaire.

Et avec l'annonce vendredi par Moscou d'"une concentration de ses efforts sur la libération" du Donbass, un conseiller de la présidence ukrainienne a dit redouter une "aggravation" de la situation dans cette ville située au sud de ce bassin minier.

Des médias russes ont affirmé lundi que le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, un proche de Vladimir Poutine, s'était rendu à Marioupol pour galvaniser ses troupes qui participent à l'assaut.

En outre, l'Ukraine a annoncé avoir des "preuves" de l'utilisation par les forces russes de bombes à sous-munitions, des armes interdites par les conventions internationales, dans deux régions du sud de son territoire, celles d'Odessa et de Kherson.

"Ce qui se passe en Ukraine est la répétition de ce qu'on a pu voir en Syrie", a déclaré à l'AFP la secrétaire générale d'Amnesty international Agnès Callamard, lors de la présentation mardi à Johannesburg de son rapport 2021-2022.

"Nous sommes dans des attaques intentionnelles d'infrastructures civiles, d'habitations", des bombardements d'écoles, a-t-elle fustigé, accusant la Russie de permettre des couloirs humanitaires pour les transformer en un "piège mortel".

Irpin libérée

L'Ukraine a annoncé lundi soir qu'Irpin, théâtre de féroces combats dans la banlieue de Kiev, avait été "libérée" des forces russes.

"Les occupants sont repoussés d'Irpin, repoussés de Kiev. Cependant, il est trop tôt pour parler de sécurité dans cette partie de notre région. Les combats continuent. Les troupes russes contrôlent le nord de la région de Kiev, disposent de ressources et de main-d'œuvre", a déclaré M. Zelensky dans une vidéo lundi soir.

Dans les régions de Tchernigiv, Soumy, Kharkiv, du Donbass, et dans le sud de l'Ukraine, "la situation reste partout tendue, très difficile", a-t-il souligné.

D'autres combats se déroulaient par ailleurs dans plusieurs localités autour de la capitale. 

"L'ennemi tente d'effectuer une percée autour de Kiev et de bloquer les routes", a affirmé Ganna Malyar, vice-ministre de la Défense, à la télévision ukrainienne, soulignant que "la défense de Kiev" se poursuivait.

Des combats acharnés se déroulaient aussi dans l'est. A la périphérie nord-est de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, proche de la frontière russe, Saltivka, quartier populaire de hautes barres d'immeubles pilonné quasi-quotidiennement par l'armée russe, n'est plus qu'une cité désertée balayée par les vents où ne survivent, terrés dans les caves, qu'une poignée de vieillards traumatisés, selon des journalistes de l'AFP.

Dans l'Est du pays sont aussi déployés des mercenaires russes du groupe Wagner, a indiqué lundi le ministère britannique de la Défense qui estime que plus de 1.000 combattants de la sulfureuse société paramilitaire pourraient être amenés à combattre dans le pays. 

Les soldats ukrainiens ont repris le contrôle de Mala Rogan, un petit village à environ quatre kilomètres à l'est de Kharkiv, a constaté l'AFP, qui a vu deux corps de soldats russes gisant dans une allée et plusieurs blindés russes détruits.

L'Ukraine affirme que la Russie a accepté oralement les propositions de Kiev

"La Fédération de Russie a donné une réponse officielle à toutes les positions (ukrainiennes), à savoir qu'elle les accepte, sauf en ce qui concerne la question de la Crimée", annexée par Moscou en 2014, a assuré M. Arakhamia. 

Il a ajouté que s'il n'y avait "aucune confirmation officielle par écrit", la partie russe l'ayant accepté "oralement".

Le négociateur a également déclaré que si une rencontre entre les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine devait finalement avoir lieu, celle-ci se déroulerait "très probablement" en Turquie. 

Dans le sud, l'étau russe semblait aussi se desserrer autour de certaines villes, comme Mykolaïv, une ville-verrou sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, dont les habitants semblaient retrouver un peu d'espoir, après des semaines terribles pendant lesquelles l'armée russe a tenté en vain de prendre leur cité.

"L'ennemi est affaibli, désorienté, la plupart n'a plus de soutien logistique et se trouve coupé du gros des troupes", a affirmé l'état-major ukrainien en début de nuit mardi. 

Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, seule ville d'importance dont l'armée russe ait revendiqué la prise totale depuis le 24 février.

La défenseure des droits ukrainienne Lyudmyla Denysova a appelé sur Facebook dans la nuit de lundi à mardi la communauté internationale à prendre "toutes les mesures possibles" pour faire partir les troupes russes des alentours de la centrale nucléaire désaffectée de Tchernobyl.

"En utilisant des centrales nucléaires comme abri et comme moyen d'influer sur le cours de la guerre, les troupes de la Fédération de Russie mettent délibérément en danger toute l'Europe", a-t-elle affirmé, évoquant le risque d'explosion de munitions pendant le transport et les manipulations. 

Biden ne s'excuse pas

A Washington, le président américain Joe Biden a affirmé lundi qu'il ne retirait pas ses propos controversés suggérant qu'il souhaitait le départ de son homologue russe Vladimir Poutine du pouvoir, car ils exprimaient son "indignation" personnelle et pas une "politique" en faveur d'un changement de régime.

"Je ne les retire pas" et "je ne m'excuse pas", a-t-il dit devant la presse. "J'exprimais simplement mon indignation", "mais cela ne signifie pas que nous ayons un changement de politique fondamental", a-t-il ajouté.

En visite samedi à Varsovie, il s'en était pris violemment au maître du Kremlin, le qualifiant de "boucher" et jugeant qu'il ne pouvait "pas rester au pouvoir" après le début de l'offensive russe en Ukraine.

La Maison Blanche a peu de temps après précisé qu'il n'avait pas appelé à un "changement de régime" en Russie. Le Kremlin a dénoncé lundi les commentaires "alarmants" de Biden.

La guerre en Ukraine pourrait coûter jusqu'à un point et demi de croissance à l'Europe Selon l'OCDE

L'invasion russe de l'Ukraine pourrait coûter "un point à un point et demi" de croissance à l'Europe, en fonction de la durée du conflit, tandis que l'inflation pourrait encore augmenter "de deux points à deux points et demi", a estimé la cheffe économiste de l'OCDE, Laurence Boone, auprès du Journal du dimanche.

Si la Française précise que "le degré d'incertitude est élevé" quant à ces estimations, elle considère qu'il faudra mener "une réflexion en profondeur concernant les sujets fondamentaux, dont la sécurité alimentaire, énergétique et numérique, ainsi que l'organisation des échanges commerciaux".

Neutralité de l'Ukraine sur la table

Sur le front diplomatique, les négociateurs russes sont arrivés lundi à Istanbul pour une nouvelle session de pourparlers avec les Ukrainiens qui devrait débuter mardi.

Une précédente séance de négociations en présentiel avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais n'avait débouché sur aucune avancée.

Les discussions s'étaient ensuite poursuivies en visioconférence pour tenter d'arrêter ce conflit qui a déjà contraint près de 3,9 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays selon l'ONU et causé plus de 500 milliards d'euros de pertes économiques à l'Ukraine, selon une estimation de Kiev.

Un des points importants des négociations porte sur "les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat", a déclaré dimanche le président Zelensky à des médias russes.

Ce point "est étudié en profondeur", mais il rendra nécessaires un référendum et des garanties de sécurité, a-t-il prévenu, accusant Vladimir Poutine et son entourage de faire "traîner les choses".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a cependant tempéré les attentes lundi, affirmant que les négociations jusqu'ici n'avaient pas produit d'"avancées significatives". 

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé qu'une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, que ce dernier appelle de ses voeux, serait pour l'heure "contre-productive". Il l'a fait dépendre de la satisfaction des exigences de Moscou dans les négociations, dont la "démilitarisation" et la "dénazification" de l'Ukraine.

Londres a mis en garde lundi contre des négociations avec la Russie revenant à "brader" l'Ukraine.

L'ONU va elle chercher à mettre en place un "cessez-le-feu humanitaire" entre la Russie et l'Ukraine.

A la veille des nouveaux pourparlers prévus en Turquie, l'oligarque russe Roman Abramovitch, qui tente de jouer les médiateurs entre Moscou et Kiev pour faire cesser la guerre en Ukraine, ainsi que deux négociateurs ukrainiens ont souffert de symptômes qui font penser à un possible "empoisonnement", a dit à l'AFP une source proche du dossier, confirmant des informations du Wall Street Journal.

En Russie, le journal indépendant Novaïa Gazeta, dont le rédacteur en chef Dmitri Mouratov a reçu en 2021 le Nobel de la Paix, est le dernier en date à avoir annoncé, lundi, suspendre ses publications en ligne et au format papier jusqu'à la fin de l'opération militaire en Ukraine.

M. Lavrov a de son côté annoncé qu'un décret était en préparation pour limiter l'accès au territoire russe aux ressortissants de pays auteurs d'actes "inamicaux" à l'égard de la Russie, visée par une multitude de sanctions depuis le déclenchement de son offensive. 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.