Présidentielle: Mélenchon se démultiplie, l'écart se resserre entre Macron et Le Pen

Jean-Luc Melenchon, candidat présidentiel du parti de gauche La France Insoumise (Photo, AFP).
Jean-Luc Melenchon, candidat présidentiel du parti de gauche La France Insoumise (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 avril 2022

Présidentielle: Mélenchon se démultiplie, l'écart se resserre entre Macron et Le Pen

  • Le candidat insoumis achève au Grand Palais de Lille son marathon de meetings hebdomadaires
  • Ce meeting intervient alors que M. Mélenchon consolide sa troisième place dans les sondages

PARIS : A cinq jours du premier tour, Jean-Luc Mélenchon tient mardi le dernier grand meeting de sa campagne présidentielle en se démultipliant dans onze autres villes grâce à des hologrammes pour tenter de s'immiscer dans le duel annoncé de plus en plus serré entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Troisième dans les sondages, le candidat insoumis achève au Grand Palais de Lille son marathon de meetings hebdomadaires entamé en janvier, qui ont rassemblé à chaque fois des milliers de personnes. 

Cette fois-ci, il compte toucher encore davantage d'électeurs en déployant, comme en 2017, ses "hologrammes" dans onze villes. Ainsi, pendant qu'il parlera en chair et en os dans la capitale nordiste, son image sera projetée en trois dimensions sur des scènes au Havre, à Vannes, Poitiers, Pau, Narbonne, Albertville, Montluçon, Besançon, Metz, Trappes et Nice.

"Nous avons visé un maillage territorial, il y aura Jean-Luc Mélenchon ou un de ses hologrammes à moins de 250 kilomètres de chaque Français", se félicite le député Bastien Lachaud, organisateur des meetings. 

"C'est une prouesse technologique qui nécessite des semaines de préparation", ajoute-t-il, promettant des hologrammes d'encore meilleure qualité qu'en 2017. 

Pour les Insoumis, l'objectif est d'enfoncer le clou et de s'imposer comme la seule campagne à gauche capable de qualifier son candidat au second tour, par son organisation méthodique, son programme et les talents de son candidat qui cherche à incarner le "vote utile" pour décrocher une place au tour suivant.

Ce meeting intervient alors que M. Mélenchon consolide sa troisième place dans les sondages, l'institut Ifop-Fiducial le situant lundi à 15,5% après avoir gagné 1,5 point en une semaine.

Mais il est toujours distancé par la RN Marine Le Pen qui reste sur sa dynamique ascendante de ces dernières semaines. Elle grimpe à 22% et réduit l'écart avec Emmanuel Macron qui cède du terrain à 27,5%.

«Héritière d'un clan»

Dans cette enquête, le rapport de force entre les deux candidats pour le second tour le 24 avril n'a pas changé en une semaine, avec Macron à 53% et Le Pen à 47%. Mais selon un autre sondage, d'Harris Interactive, le chef de l'Etat et la cheffe du Rassemblement national sont respectivement crédités de 51,5% et 48,5% des intentions de vote.

"Dans la marge d’erreur pour battre Emmanuel Macron. La dynamique en faveur de Marine Le Pen n'a jamais été aussi puissante. Un espoir se lève. Ne dispersez pas vos voix", a réagi le président par intérim du RN Jordan Bardella.

Mais "les derniers points qui vous séparent des 50% sont les plus difficiles à gagner", estime le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite.

Face au danger, le président sortant s'en est pris, dans un entretien lundi aux quotidiens régionaux du groupe Ebra, à sa rivale qu'il a renvoyée à "l'héritière d'un clan".

Après son meeting géant de La Défense samedi, le président sortant reprend la route avec un déplacement prévu dans le Finistère, sur les terres de Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale et soutien de la première heure.

Il s'y rend pour s'exprimer sur les thèmes de l'Europe et de la relation entre l'Etat et les régions, au terme d'un quinquennat marqué par des tensions entre l'exécutif et les collectivités, notamment sur la gestion de la crise sanitaire ou des questions fiscales. 

M. Macron, en revanche, ne participera pas à l'émission politique "Elysée 2022" sur France 2 pour des "problèmes d'agenda". Il était attendu avec la PS Anne Hidalgo, l'écologiste Yannick Jadot, la LR Valérie Pécresse, qui rentre de Guadeloupe, le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour et le NPA Philippe Poutou. 

Emmanuel Macron est le seul candidat à ne pas participer à l'un de ces deux numéros de l'émission hebdomadaire, qui ont lieu à une période où l'égalité stricte des temps de parole doit être respectée par les chaînes.

L'écologiste Yannick Jadot a prévu, pour sa part, de se joindre à la manifestation des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) avec un point presse prévu devant le secrétariat d'Etat qui en a la charge. 


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."