Photos satellites, clichés sur place : la version russe des événements à Boutcha mise à mal

Les images satellite publiées lundi par Maxar Technologies semblent réfuter les affirmations russes selon lesquelles les cadavres portant des habits civils découverts à Boutcha étaient apparus après le retrait des forces russes de cette ville ukrainienne dévastée. (Photo, AFP)
Les images satellite publiées lundi par Maxar Technologies semblent réfuter les affirmations russes selon lesquelles les cadavres portant des habits civils découverts à Boutcha étaient apparus après le retrait des forces russes de cette ville ukrainienne dévastée. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 05 avril 2022

Photos satellites, clichés sur place : la version russe des événements à Boutcha mise à mal

Les images satellite publiées lundi par Maxar Technologies semblent réfuter les affirmations russes selon lesquelles les cadavres portant des habits civils découverts à Boutcha étaient apparus après le retrait des forces russes de cette ville ukrainienne dévastée. (Photo, AFP)
  • Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dit mardi redouter la découverte «d'autres atrocités» lors de la reprise des territoires contrôlés par les Russes en Ukraine
  • La Russie a accusé mardi les autorités ukrainiennes de préparer des «mises en scène» de civils tués par les forces de Moscou dans plusieurs villes

PARIS/ BRUXELLES/ MOSCOU : Des images satellite publiées lundi par la société américaine Maxar Technologies et l’analyse de photos prises par l’AFP sur place mettent à mal les affirmations russes selon lesquelles les cadavres de personnes en vêtements civils trouvés dans la ville ukrainienne de Boutcha y ont été placés après que les troupes russes ont évacué les lieux. 

Les accusations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité (bombardements indiscriminés des villes ukrainiennes, enlèvements de civils, viols, tortures, meurtres, etc), qu'elles proviennent des autorités ukrainiennes, des médias ou d'ONG, se sont multipliées depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février par les Russes, qui sont depuis confrontés à une féroce résistance des forces de Kiev et nient les exactions. 

Sur les images de Maxar remontant jusqu'à la mi-mars, on peut distinguer plusieurs corps de civils étendus morts dans une rue de Boutcha ou sur le bas-côté. 

Le patron de l'Otan redoute la découverte «d'autres atrocités» commises par les forces Russes en Ukraine

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dit mardi redouter la découverte « d'autres atrocités » lors de la reprise des territoires contrôlés par les Russes en Ukraine et a dénoncé des « crimes de guerre ». 

« Je crains que nous soyons témoins d'autres atrocités. Les Russes contrôlent encore une partie du territoire ukrainien. Quand il sera repris, nous risquons de découvrir plus de fosses communes, plus d'atrocités, de crimes de guerre, et cela souligne l'importance d'enquêtes pour établir tous les faits afin que les responsables soient traduits en justice », a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Bruxelles. 

L'armée ukrainienne a repris il y a seulement quelques jours cette ville au nord-ouest de Kiev aux Russes et les autorités ukrainiennes ont affirmé au cours du week-end avoir trouvé à Boutcha de nombreux corps après le retrait des troupes ennemies. 

Ces « images haute résolution (...) corroborent de récentes vidéos et photos sur les réseaux sociaux révélant la présence de corps étendus dans les rues (de Boutcha) et abandonnés depuis plusieurs semaines », indique Maxar Technologies dans un communiqué. 

Dans une analyse de gros plans de la rue Iablonska fournis par Maxar, le New York Times a écrit lundi, après les avoir comparés avec des images vidéo des corps jonchant cette rue tournées les 1er et 2 avril, que nombre d'entre eux étaient là depuis trois semaines au moins, lorsque les forces russes contrôlaient la ville. 

Corroborant l’analyse du New York Times, l’AFP a également pu recouper ces images satellites avec les photos prises sur place samedi par son équipe, lorsqu’elle a vu les cadavres d'au moins 22 personnes portant des vêtements de civils. 

De nombreux corps présents sur une image satellite, fournie par Maxar et datée du 19 mars, apparaissent dans la même position au sol et au même endroit que dans les photos de l’AFP, prises deux semaines plus tard. 

Moscou accuse Kiev de préparer des «mises en scène» de civils tués

La Russie a accusé mardi les autorités ukrainiennes de préparer des « mises en scène » de civils tués par les forces de Moscou dans plusieurs villes, en pleine indignation internationale après la découverte de cadavres dans la ville de Boutcha. 

« Des membres du 72e centre ukrainien des opérations psychologiques ont tourné, le soir du 4 avril, une nouvelle mise en scène filmée de civils prétendument tués par des actions violentes de l'armée russe dans le village de Mochtchoun, à 23 km au nord-ouest de Kiev », a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. 

« Des événements similaires sont en train d'être organisés par les services spéciaux ukrainiens à Soumy (nord-est), Konotop (nord-est) et dans d'autres villes », a-t-il ajouté. 

Ces accusations interviennent en pleine indignation internationale après la découverte de nombreux cadavres à Boutcha à la suite du retrait des forces russes. 

La localité de Mochtchoun est située près de Boutcha. 

Mardi, le Kremlin a une nouvelle fois qualifié d'« infondées » les accusations contre la Russie en lien avec Boutcha et exprimé ses doutes quant à la possibilité d'une enquête « impartiale ». 

Les images de Boutcha sont « une mise en scène bien orchestrée », « une falsification monstrueuse », a clamé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que Moscou entendait bien « défendre énergiquement » sa propre version.

« Guerre de l'information »  

Ce démenti a été répété à New York (Etats-Unis) lors d'une conférence de presse de l'ambassadeur russe aux Nations unies, Vassily Nebenzia. 

« Tout à coup (ces corps) apparaissent dans les rues, étendus au sol, un par un, qui à droite, qui à gauche, certains bougeant, d'autres montrant des signes de vie », a déclaré M. Nebenzia, dénonçant une mise en scène « arrangée par la machine de guerre de l'information ukrainienne ». 

Mais là encore, une analyse des images diffusées sur les réseaux sociaux, ainsi que des photos de l'AFP et les témoignages de ses journalistes sur place mettent à mal cette version. 

Sur son compte Telegram, le ministère de la Défense russe soupçonne plus précisement deux corps de bouger, à partir d'une vidéo filmée dans la rue Iablonska et mise en ligne le 2 avril.  

Toutefois, une équipe AFP, sur place le 3 avril, a photographié ces deux corps immobiles exactement au même endroit et dans la même position que sur la vidéo. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu lundi à Boutcha, où il a dénoncé des « crimes de guerre » et un « génocide » après la mise à jour de dizaines de cadavres portant des vêtements civils dans la ville et dans d'autres localités près de la capitale ukrainienne. 

« Vous êtes ici et vous pouvez voir ce qui s'est passé. Nous savons que des milliers de personnes ont été tuées et torturées, ont eu des membres déchirés, des femmes ont été violées et des enfants tués », a-t-il déclaré lors d'un point de presse improvisé, après avoir fait quelques mètres dans une rue du centre-ville jonchée de carcasses déchiquetées de véhicules de transports de troupes et de blindés russes, au milieu de maisons détruites. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.