Présidentielle: Macron en quête du «vote jeune»

 Emmanuel Macron sur scène à l'issue de son premier et unique meeting de campagne à la Paris La Défense Arena à Nanterre, le 2 avril 2022. (Photo, AFP)
Emmanuel Macron sur scène à l'issue de son premier et unique meeting de campagne à la Paris La Défense Arena à Nanterre, le 2 avril 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 07 avril 2022

Présidentielle: Macron en quête du «vote jeune»

 Emmanuel Macron sur scène à l'issue de son premier et unique meeting de campagne à la Paris La Défense Arena à Nanterre, le 2 avril 2022. (Photo, AFP)
  • Depuis, sa présence sur les réseaux a explosé. En cinq ans, son compte Twitter @EmmanuelMacron, relais de son action présidentielle, est passé de un à huit millions d'abonnés
  • Le 11 mars, son équipe a eu la mauvaise surprise de se voir interdire l'utilisation du compte @EmmanuelMacron pour la campagne

PARIS: En achevant vendredi soir sa campagne de premier tour par une interview sur Brut, média en ligne prisé des jeunes, Emmanuel Macron parie à nouveau sur les réseaux sociaux qui lui permettent aussi de s'affranchir des règles d'égalité de temps de parole. 

Cette émission, prévue à partir de 19h00, est une petite revanche pour le président-candidat, à la fois sur l'interdiction d'utiliser son compte personnel Twitter aux huit millions d'abonnés et sur l'égalité du temps de parole à la télévision et la radio. 

Brut, c'est un plateau familier pour Emmanuel Macron: en décembre 2020, en pleine polémique sur les futurs vaccins, il avait déjà choisi ce format, une première pour un chef de l'Etat. 

Pari gagné puisque son interview de 2h20 avait généré sept millions de vues, davantage que sur les chaînes d'infos. Sans oublier les millions de vues de ses questions-réponses sur Snapchat dans la foulée. Brut estimait avoir touché 50% des moins de 35 ans. 

Seul écueil, les journalistes Rémy Buisine et Thomas Snegaroff - qui l'interrogeront encore vendredi - l'avaient poussé à prononcer le terme de « violences policières », déclenchant un tollé à droite. 

Mais grâce à Brut vendredi, Emmanuel Macron s'affranchira des règles d'égalité de temps de parole qui s'imposent depuis deux semaines aux télés et aux radios, mais pas aux réseaux sociaux, occultant en bonne partie ses interventions. 

Il renoue aussi avec l'image de modernité mise en avant au début de son quinquennat. 

C'est sur les réseaux sociaux qu'il avait réussi, quinze jours après son arrivée à l'Elysée, son premier « coup » médiatique présidentiel: « Make our planet great again », un slogan parodique, publié à minuit en réaction à la décision de Donald Trump de sortir de l'Accord de Paris.  

En 24 heures son tweet avait battu tous les records de l'internet français avec 140 000 retweets. 

Mauvaise surprise 

Depuis, sa présence sur les réseaux a explosé. En cinq ans, son compte Twitter @EmmanuelMacron, relais de son action présidentielle, est passé de un à huit millions d'abonnés.  

Twitter, mais aussi Facebook, YouTube, Instagram et Snapchat, puis en 2020 le réseau des plus jeunes, TikTok, sont devenus des piliers de sa communication.  

Il s'appuie sur ses millions d'abonnés: 2,9 millions sur Instagram, 2,8 millions sur TikTok, 900 000 sur Snapchat... Si ses adversaires tweetent souvent davantage, ils ont bien moins d'abonnés - 2,7 millions pour Marine Le Pen et 2,4 pour Jean-Luc Mélenchon. 

A chaque déplacement, un vidéaste de l'équipe réseaux sociaux de l'Elysée le suit au plus près, filme et diffuse aussitôt la séquence. 

Avec parfois des dérives, comme cette vidéo tournée dans un hôpital de la région parisienne en avril 2020 qui montrait, à tort, le personnel l'applaudir. 

L'objectif est de s'adresser aux jeunes, l'une des catégories qui lui sont les plus favorables. Selon un récent sondage Ifop, les 18-24 ans placent Emmanuel Macron (33%) en tête au premier tour devant Marine Le Pen (22%). 

En mai 2021, il accepte un concours d'anecdotes tourné dans son bureau de l'Elysée avec les humoristes McFly et Carlito. La vidéo, publiée sur le compte du duo, dépasse en une journée les 10 millions de vues. 

Malade de Covid fin 2020, Emmanuel Macron donne de ses nouvelles aux Français par des selfies vidéo. Et c'est par des clips décontractés sur Instagram et TikTok qu'il répond aux jeunes sur le vaccin. Autant d'images relayées par les grands médias dont il peut ainsi se passer. 

Mais, depuis le début de sa campagne, le président-candidat a davantage de mal à se faire entendre. 

Le 11 mars, son équipe a eu la mauvaise surprise de se voir interdire l'utilisation du compte @EmmanuelMacron pour la campagne. 

La Commission nationale de contrôle de la campagne a jugé ce mélange des genres entre candidat et président proche d'une « propagande électorale ».  

Son équipe a dû se rabattre sur le compte de campagne @avecvous et ses maigres 30 000 abonnés. 

Quelques innovations ont cependant tenté de réveiller sa campagne numérique, comme la série hebdomadaire intitulée « Le candidat », ainsi qu'un « univers » Macron dans le très populaire jeu vidéo en ligne Minecraft. 


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.